Ils sont six enfants, filles et garçons, parmi tant d' autres, à suivre les cours d' une école primaire de Kensington, une banlieue noire de Chicago, quasiment un ghetto. Heureusement pour eux, ils sont amis.
Dans cette cité, vivent aussi des pauvres blancs qui n' ont pas troué de place ailleurs. Tels les parents du narrateur, les seuls juifs de la communauté.
Devenus ados, ils sont encore plus soudés par la nécessité de faire face à l' ennui, à la pauvreté, au monde des adultes.
On est à la fin des années 60 et la guerre du Vietnam commence à plomber l' atmosphère et à menacer les garçons qui vont etre en
age de la conscription.
La guerre, elle est aussi dans leur foyer familial, où règnent la colère, les disputes et le silence.
En attendant, ils écoutent du rock, le Jefferson Airplane, et se nomment les Kensington Krazies. Ils ont un code, une certaine désinvolture,
et de l' ironie pour masquer leurs faiblesses.
Ils découvrent l' amour et l' amitié, la sexualité et vivent de grands moments de pureté, d' exaltation, d' idéalisme.
Leur vie aurait pu ainsi se poursuivre jusqu' à ce que le destin les sépare.
Mais un jour, l' un deux, un garçon, est sauvagement assassiné par une brute et sous leurs yeux.
La police fait son travail avec conscience, mais sans aboutir. Et le procès, contre toute attente, relache l' assassin. On apprendra plus tard que l' avocat de la défense et le président ont délibérément faussé les débats et prononcé le non lieu final.
Ce jugement inique et incroyable, les assomme littéralement. Et puis, le ver est dans le fruit. Ils ont assisté au crime sans intervenir et
la culpabilité les ronge. Quelque chose d' essentiel est mort en eux.
Ils ont perdu l' esprit d' enfance, l' amitié et la complicité. Et, de la pire façon, ils chutent dans le monde des adultes.
A contre temps et pour essayer de sauver ce qui peut encore l' etre, ils choisissent la vengeance et la violence justicière, la seule réponse
à leur désarroi.
David Homel a connu une adolescence semblable et ses malheureux ados représentent bien une partie de cette génération sacrifiéedans leur innocence, leurs espoirs, leurs délires et leurs contradictions.Et c' est ce tableau désolant qu' il montre à son pays.