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| François Saintonge | |
| | Auteur | Message |
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tom léo Sage de la littérature
Messages : 2698 Inscription le : 06/08/2008 Age : 61 Localisation : Bourgogne
| Sujet: François Saintonge Jeu 5 Nov 2015 - 22:35 | |
| François Saintonge
est le pseudonyme utilisé par un mystérieux auteur déjà connu pour d'autres oeuvres sous un autre nom, souhaitant garder anonyme sa véritable identité. Son roman Dolfi et Marilyn a paru en 2013 aux Éditions Grasset. Un article dans le Figaro se demandait récemment qui pourrait se cacher derrière ce "brilliant auteur".
Choix du nom ? Peut-être : https://fr.wikipedia.org/wiki/Saintonge (ein Ort Saintonge kommt im Roman vor!) oder ein phonetisches Wortspiel um « saint ange » ?
Le métier de vivant
Originale: Français, 2015
CONTENU : Ils se connaissent depuis l'enfance : les deux cousins de la haute bourgeoisie, Max et Léo, et puis Lothaire, issu d'une famille aristocratique. Ils forment un trio soudé. La première guerre mondiale va les séparés : ils la vivent différemment. Mais ensuite ils se retrouvent.
Pied-botte, Lothaire n'a pas du rendre un service militaire. Léo par contre est un pilote engagé dans l'armée, un homme de devoir qui, après la guerre, va faire de la politique, de plus en plus à droite. Max reste longtemps protégé par sa mère aux influences multiples dans certains milieus, mais enfin, las, il va encore entrer en guerre en 1917. Plus tard il deviendra galériste, spécialisé dans le surréalisme.
Tôt se pose la question de sa relation avec la mystérieuse Dionée Bennett, une journaliste américaine d'origine française. Elle apparaît comme une sosie féminin de Max, avec une ressemblance stupéfiante: qu'est-ce que cela signifie pour une relation ? Y-t-il un lien qui les unit ?
REMARQUES : S'il s'agit alors ici vraiment – comme l'a prétendu le « Figaro littéraire » récemment – comme encore une autre pseudonyme d'Andreï Makine ou pas, je ne peux pas le décider ni juger . Mais indépendamment de cela il s'agit, selon moi, d'un livre fort intéressant et de par ses sujets comme aussi de par son style maîtrisé, fluide, extrêmement agréable à lire.
Le livre consiste de deux grandes parties de 22 et 24 chapitres, avec toujours autour de 5-7 pages de longeur. Par le style très rythmé, fluide, lisible (mais pas simpliste), on pourrait même avoir l'impression d'une certaine forme de construction symmétrique (sans que je puisse expliquer trop cette impression) et harmonique. Malgré des questionnements essentiels et forts, il s'y dégage une légereté, voir même une dose d'humour. Des descriptions, surtout brèves, de caractères, sont des fois très pertinentes !
On peut séparer lesdites deux parties par le temps raconté : - la première partie joue essentiellement en quelques mois de 1917. Les trois amis forment un cercle de personnes avec, ici, la question peut-être pricipale de leurs différentes formes de s'engager (ou pas, ou comment) dans la participation à la guerre. Deuxième ensemble central : en particulier Max et Dionée, qui font connaissance. Une ressemblance incroyable les unit, mais tandisque chez Max croit le malaise, Dionée semble l'ignorer ou, plus tard, prendre cela à la legère.
- la deuxième partie est d'un point de vue du temps plus large : elle va alors de l'après guerre, 1919, jusqu'à la deuxième. Mais les deux cercles de personnes restent avec, même dans le flux du temps, certaines données semblables, certaines évolutions. En ce qui concerne les amis, leurs différences trouveront par exemple une expression dans leurs choix politiques (ou pas), dans la façon de vivre le couple (ou pas).
A mon avis c'est comme lecture superficielle qu'on pourrait aborder certainement le livre, mais… ce serait passer à coté d'une multitude de questions, de suggestions, de pensées. Mais tout cela est présenté la plupart du temps avec une telle élégance, facilité, que cela n'a rien de lourd, tout en étant extrêmement poussé.
Je vais en relèver deux sujets centraux, fort intéressants :
- différence et amitié : les trois amis sont assez différents sous certains égards. Ils se comporteront différemment face au défi de la guerre, de l'engagement immédiat à la lassitude, du « boff » ou « eh bien, allons-y ». Pareil constat pour les opinions politiques, l'amour dans la vie etc. MAIS justement ils sont inséparables, resteront unis malgré des divergences. Quel lécon ?!
- mais le sujet pricipale (peut-être dans une prolongation du premier point?) se trouve peut-être dans cette relation plus qu'ambigue, mystérieuse entre Max et son sosie Dionée. Leur ressemblance laisse Max se sentir constamment réflété. Il y a absence d'alterité, dans un certain sens. Mais est-ce qu'une telle alterité n'est pas essentielle pour une relation d'amour ? Est-ce qu'un pur reflet de nous-memes est aimable, ou est-ce qu'il s'agira alors – comme son ami l'exprime lapidairement - « comme une forme supérieure d'onanie » ? Quels problèmes se posent ?
Donc, questions (entrre autres) d'alterité et de proximité, de communion.
Quels points de départ intéressants que je relate seulement maladroitement et partiellement. Donc, en ce qui me concerne :
Cela vaut la peine !
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| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: François Saintonge Sam 7 Nov 2015 - 10:01 | |
| Intéressant, ton commentaire, tom léo ; en particulier sur la relation mimétique, gémellaire entre Max et Dionée qui semble trouver un écho (!) dans le livre Dolphi et Marylin dont j'avais fait un commentaire placé dans le one-shot. On notera également la ressemblance entre les prénoms des quatre protagonistes... Tu évoques le nom de Makine, que je n'ai jamais lu : Est-ce un auteur attiré par les doubles, les reflets et les ressemblances dans son œuvre littéraire ?? - shanidar a écrit:
- Dolfi et Marilyn - François Saintonge
François Saintonge est le pseudonyme d'un écrivain désireux de garder l'anonymat, nous dit l'éditeur Grasset. Parce que le livre est très mauvais ? Ou parce qu'il s'agit plutôt d'une récréation ?
Je penche plutôt pour la deuxième solution. Non pas que le livre soit formidable, ni particulièrement bien écrit, mais pas mauvais au point de le jeter dans le champ d'orties des parfumés. Pas extraordinaire mais pas inintéressant. Pas fulgurant mais au moins fortement documenté.
L'histoire ? Ah oui l'histoire. Quelque peu déjantée, il faut dire. Imaginez un très classique professeur d'histoire, la cinquantaine, divorcé, père d'un jeune garçon passionné (tout comme papa) par la seconde guerre mondiale. L'histoire commence en 2030, en banlieue parisienne, alors que les premiers clones font leurs apparitions dans les maisons cossues du voisinage. Une Marilyn se balade même ostensiblement au bras d'un vieux notaire... Tycho Mercier (c'est le nom de notre historien) par le jeu d'une fatalité assez funeste va se retrouver détenteur du dernier clone d'un certain A.H. (= Adolf Hitler). Que faire ? Remettre le clone aux autorités avec la certitude qu'il sera tué ou le garder chez soi secrètement, ce clone n'ayant commis aucun des actes du véritable Adolf ?
De péripéties en péripéties, le récit avance cahin-caha sans renverser des montagnes mais en soulevant malgré tout quelques questions éthiques non dénuées d'intérêt. Comment fonctionnent ces êtres sans famille, qu'elle peut être leur utilité en dehors d'une forme abjecte d'esclavage, quel reste génétique possèdent-ils par rapport à celui dont ils procèdent, quels sont leur moyen de rébellion, leur intimité, leur capacité d'autogestion, de déterminisme etc. ?
Sans être puissamment innovant ni même particulièrement étonnant, le livre se lit tout seul (et vite) comme une récréation. Ce qu'il est donc, en tout cas à mes yeux. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: François Saintonge Sam 7 Nov 2015 - 13:04 | |
| une adaptation littéraire de Replicant ? | |
| | | tom léo Sage de la littérature
Messages : 2698 Inscription le : 06/08/2008 Age : 61 Localisation : Bourgogne
| Sujet: Re: François Saintonge Jeu 12 Nov 2015 - 7:36 | |
| Merci aux deux contributeurs! Je dois encore une petite réaction à Shanidar: - shanidar a écrit:
- Intéressant, ton commentaire, tom léo ; en particulier sur la relation mimétique, gémellaire entre Max et Dionée qui semble trouver un écho (!) dans le livre Dolphi et Marylin dont j'avais fait un commentaire placé dans le one-shot. On notera également la ressemblance entre les prénoms des quatre protagonistes... Tu évoques le nom de Makine, que je n'ai jamais lu : Est-ce un auteur attiré par les doubles, les reflets et les ressemblances dans son œuvre littéraire ??
Je ne connais(sais) pas encore ce livre dont tu me parles. La couverture ne me plaît pas trop, cela fait un peu mauvais goût. Néanmoins: même si tu n'as pas était emballée outre mesure, il me semble que le sujet n'est pas seulement une forme de satire sans fonds, mais peut-être une contribution autre sur cette question que nous avions, les deux, soulevée dans nos lectures respectives: - relation mimétique, gémellaire dans ces deux relation/couple: ici des clônes, là des...ressemblances qui laissent planer le doute sur un inceste. J'y vois des questionnement très importants autour de l'identité, la différence et la ressemblance ainsi que la neccessité d'une alterité pour former un couple sain. Sinon, cela risuqe d'être un jeu de miroir (en ce qui concerne certaines interrogations du livre lu par moi). Mais certainement Saintonge ne donne pas finalement un avis, un jugement tranché: il soulève des points. L'origine de nos identités: est-elle finalement choisie par moi, et est-ce que cela me tombe dessus (littéralement une métaphore finale du texte)...? Si tu ne connais pas encore Makine, fouille un peu sur son fil d'auteur. Je pense qu'on est plusieurs ici à l'apprécier. A mon avis un des auteurs francophones le plus grand, disons: je suis pas loin de penser qu'il EST le plus grand. Et néanmoins d'une discrétion troublante, voir: entouré d'un mystère lui-même. Je ne peux que le recommander! Si jamais il s'agit ici d'un pseudonyme pour cet auteur, je pense qu'il pourrait y avoir aussi la raison qu'ici il exploite sous ces angles mentionnées les question sur l'origine, l'identité. Je ne pense pas que cela avait été présent de TELLE façon dans son travail accompli. Mais ne choisit-on peut-être aussi un pseudo pour aller dans des nouvelles directions??? | |
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| | | | François Saintonge | |
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