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| Karin Boye | |
| | Auteur | Message |
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bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Karin Boye Dim 3 Jan 2016 - 23:02 | |
| "Karin Boye (1900-1941). Déchirée, jusqu’au suicide – elle écrit : « Toi, ma douce, douce mort, je te bénis à chaque instant où tu tortures » –, païenne ou chrétienne ? Féministe,solitaire, Karin Boye se confie à l’Arbre mythique, battu par le Temps, mais à l’ombre duquel elle retrouve vie et songe. La nature lui était le havre d’une vivante mythologie où se protéger des peurs. Œuvre étonnante par son pouvoir magique, son désespoir et sa force. Un demi-siècle après sa disparition, sa poésie est devenue l’une des voix majeures de la Suède." Editions de la Différence BIBLIOGRAPHIE - La Kallocaine, roman. - Ombres - L' Amour de l' arbre, poèmes. - Orphée/La Différence
Dernière édition par bix229 le Lun 4 Jan 2016 - 20:31, édité 1 fois | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Karin Boye Dim 3 Jan 2016 - 23:08 | |
| Choix de textes Les anges sombres… Les anges sombres avec des flammes bleues comme des fleurs de feu dans leurs cheveux noirs connaissent la réponse à d’étranges questions blasphématoires – et peut-être savent-ils où va la passerelle des gouffres de la nuit à la lumière du jour – et peut-être savent-ils tout havre d’unité – et peut-être y a-t-il dans la maison du père une claire demeure qui porte leur nom.
(Pour l’amour de l’arbre, traduit du suédois par Régis Boyer)
Calme du soir
Sens comme est proche la Réalité. Elle respire tout près d'ici dans les soirs sans vent. Elle se montre peut-être quand nul ne le croit.
Le soleil glisse sur les herbes et les roches. Dans son jeu silencieux se cache l’esprit de vie. Jamais il ne fut si proche que ce soir.
J’ai rencontré un étranger qui se taisait Si j’avais tendu la main j’eusse effleuré son âme quand nos pas timides se sont croisés.
(Pour l’amour de l’arbre, traduit du suédois par Régis Boyer)
Les pierres
Dieu nous avait donné de lourdes âmes de pierre. Puis nous fûmes sur le rivage de la mer, où les rayons bondissaient, où l'écume dansait, où les mouettes voguaient dans la lumière. Alors nous lançâmes les pierres pour jouer à mourir. Il faut faire quelque chose des pierres.
Elles rasèrent la surface, elles ricochèrent en arcs, elles glissèrent sur les abîmes comme des vents ! Et notre sommeil est heureux : l'effleurent des ailes, des hirondelles en chasse au-dessus des eaux.
(Pour l’amour de l’arbre, traduit du suédois par Régis Boyer)
Comment la confiance peut-elle vivre ? Autour de nous tout s’effondre et s’effondrera plus encore jusqu’à ce qu’il ne reste pas pierre pour soutenir notre pied. Comment peux-tu croire encore, toi qui n’as pas d’objet de foi ? Comment la confiance peut-elle vivre ainsi, sans aucune racine ?
Est-elle elle-même racine ? Est-elle elle-même la graine et l’arbre du monde lui-même croît-il d’elle ? En ce cas notre destin réside chez les cœurs taciturnes. Pour l’amour de leur silence le jour peut poindre de nouveau.
Pour l’amour de leur plénitude le chaos peut fleurir de la puissance des merveilles – qui se taisent mais veulent être crues. Tout peut être brisé. Il guérira de nouveau tant que reste vivant notre germe le plus intime.
Venez, tout ce qui croît intégralement dans une transparente évidence, à nous, nous qui comptons et sommes sur nos gardes, apprenez-nous que ce jour où nous cesserons de compter sera l’accomplissement de notre vie et notre puissance d’avenir !
(Pour l’amour de l’arbre, traduit du suédois par Régis Boyer) L’arbre
Quand ma porte est fermée, que ma lampe est éteinte et que je reste enveloppée dans l'haleine du crépuscule, je sens bouger tout autour de moi des branches, les branches d'un arbre. Dans ma chambre que nul autre n'habite, l'arbre étend une ombre douce comme un voile. Il vit silencieux, il croît sans doute, il devient ce que veut un inconnu.
Une puissance spirituelle, une puissance secrète a mis sa volonté dans les racines cachées de cet arbre. Parfois, j'ai peur, je demande anxieusement : Sommes-nous si sûrement amis ? Mais il vit calmement, il pousse tranquille, ne sais vers où il tend, vers où il veut aller. Il est doux et magique d'habiter si près de quelqu'un que l'on ne connaît pas...
(Pour l’amour de l’arbre, traduit du suédois par Régis Boyer)
Il pousse un arbre sous la terre ; un mirage me poursuit, un chant de vivant cristal, d’argent incandescent. Comme les ténèbres devant la lumière, toute pesanteur doit s’évanouir pour peu qu’une goutte de ce chant tombe de son feuillage.
Une angoisse me poursuit. Elle sourd de la terre. C’est là que vit un arbre dans l’effroi des sédiments pesants. Ô vent ! Lumière du soleil !
Connais son effroi : promesse du parfum des miracles en paradis. Où passez-vous, pieds qui foulez si doucement ou durement, l’écorce terrestre pour lui faire rendre gorge ?
Pour l’amour de l’arbre, ayez pitié ! Pour l’amour de l’arbre, ayez pitié ! Pour l’amour de l’arbre, je vous appelle de tous les horizons ! Ou devons-nous attendre un dieu – et lequel ?
(traduction Émile Baudet)
La chute de l’étoile du matin "Tombe", dit le Seigneur ,"tombe, étoile obstinée! Je te laisse volontiers les ténèbres. Tu es ce que j'ai de plus cher au monde."
"Tombe", dit le Seigneur, "tombe, ardente flamme bleue! Brille dans le tourment des profondeurs, et bâtis une ville de cristal noir!"
"Tombe", dit le Seigneur, "tombe! Toi qui veux goûter à tout le mal, reviendras-tu bientôt? Tu es ce que j'ai de plus proche au monde".
(Traduit en français par Caroline Chevallier ) Dédicace 14 Je voudrais rester là, dans la rue froide pour voir deux fenêtres allumées sur une façade. Celle qui demeure ici m’est très chère. Mon cœur est malade, lorsque c’est éclairé. Marcher jusqu’au coin, revenir lentement, pour te voir apparaître, qui sait. Te savoir si proche... Pourquoi resté-je ici? Mon cœur est malade, lorsque c’est éclairé. (Traduit en français par Caroline Chevallier ) Je remercie une fois de plus l' indispensable site poétque qu' est "Esprits Nomades". Vous pourrez y lire un texte lyrique sur Karin Boye et des références bibliographiques. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Karin Boye Lun 4 Jan 2016 - 7:03 | |
| et quelles impressions ça te fait ? comment tu places ça parmi d'autres lectures ? | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Karin Boye Lun 4 Jan 2016 - 18:41 | |
| "Il n' est pas possible de définit la poésie, pas plus q' il ne l' est de définir la réalité. Mais peut-on définir la vie, l' amour, la mort, la musique, la douleur, le reve ? Peut-on définir quoi que ce soit ? Ou tout se résume-t-il finalement à une petite approche de l' insaisissable, au reve d' une formulation de l' inaccessible ?... Roberto Juarroz
Ta question est simple, Animal, mais la réponse est complexe. Le gout pour la poésie m' est arrivé tardivement après un long temps de maturation. Un gout qui doit autant à la spontanéité d' une phrase, d' une suite de phrases, qu' à une forme d' apprivoisement progressif mais sélectif. En fin de compte, ce que j' aime n' est qu' une très faible partie de ce qu' on nomme poésie. Et qui est aussi bien présente dans la prose d' auteurs tels que Faulkner ou Chateaubriand.
Pourquoi Karin Boye ? Parce que comme quelques autres poètes, il me semble qu' elle traduit un malaise intérieur, une douleur d' etre et des limites, une tension extreme, une aspiration au bonheur, souvent démentie, et qu' elle ne parvient pas vraiment à vivre sauf dans l' écriture. Ce qui m' attire vers cette poésie c' est justement cette forme d' expression mettant en relief aussi bien la douleur que le chaos intime dans lequel nous vivons. Ce qui ne peut que rester inaccompli dans la vie. Quelque chose de très intime et de très personnel. Ce qui m' apparait à la lecture, c' est la beauté de l' expression, une grande simplicité et une grande force de persuasion.
A lire aussi ce qui concerne sa vie et ses aspirations poétiques, on se rend compte à quel point un écrivain novateur comme elle, peut se trouver en décalage par rapport à la vie et à ses contemporains et proches. D' autant que sa vision tragique de l' existence l' exposait à des tensions d' autant plus vives que Karin Boye croyait en l' amour, à la confiance, en l' humanité. Et que cette croyance, comme celle de tous les idéalistes éperdus, est forcément vouée à l' échec. Sauf peut etre dans son attachement vital qu' elle avait pour la nature et l' arbre. Et cela je peux parfaitement le comprendre !
"Vivre c' est rompre et briser pour que quelque chose puisse croitre." | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Karin Boye Lun 4 Jan 2016 - 22:39 | |
| ça ressemble assez à l'impression que donne sa Kallocaïne. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Karin Boye Mar 5 Jan 2016 - 22:31 | |
| et voilà le fil pour les romans : clic. | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Karin Boye Jeu 14 Jan 2016 - 20:13 | |
| Je crois que la mort est comme toi, haute, pale et droite comme toi, des tempes formées dans la meme voussure, avec des yeux de mer, des yeux de lointain comme toi et les memes lèvres serrées à en souffrir. Tu es la mort. Je suis tienne, ta main, ton esprit. Toutes les forces de vie tu les as endormies, assoupies d' une torpeur affligée en reve et en acte qui aurait à peine éprouvé son aile. Mais je t' aime, ma mort, toi ma longue mort amère, dans la main close de qui dépérit ma vie. Toi, ma douce douce mort - Je te bénis à chaque instant où tu tortures. Pour l' amour de l' arbre. - Orphée/La Différence Traduit du suédois par Régis Boyer | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Karin Boye Mer 25 Mai 2016 - 20:17 | |
| COMMENT PUIS-JE DIRE
Comment puis-je dire si ta voix est belle. Tout ce que je sais, c' est qu' elle me transperce et m' amène à trembler comme une feuille et me met en lambeaux et me fait éclater.
Que sais-je de ta peau et de tes membres. Je suis seulement bouleversée qu' ils soient tiens, en sorte que jen n' aurai ni sommeil ni repos tant qu' ils ne seront pas miens.
Pour l' amour de l' arbre. Ed. de la Différence.
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| Sujet: Re: Karin Boye | |
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| | | | Karin Boye | |
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