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| Sarah Marylou Brideau | |
| | Auteur | Message |
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jack-hubert bukowski Zen littéraire
Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 43
| Sujet: Sarah Marylou Brideau Lun 22 Fév 2016 - 8:38 | |
| (40 ans de Prise de Parole, 2013) À la bibliothèque, je suis tombé sur Coeurs nomades de Sarah Marylou Brideau (1983-...). J'appris donc son existence à ce moment précis. Elle a fait publier le recueil à la maison d'édition où Patrice Desbiens a fait publier quelques recueils de poésie éponymes. Le hic est que Sarah Marylou Brideau a déjà publié il y a plusieurs années deux autres recueils. Elle a entre-temps étudié. Elle a une maîtrise en Langue et littérature française à l'Université McGill à Montréal. Voici sans plus tarder son oeuvre : Romanichelle, 2002 Rues étrangères, 2005 Coeurs nomades, 2013 | |
| | | jack-hubert bukowski Zen littéraire
Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 43
| Sujet: Re: Sarah Marylou Brideau Lun 22 Fév 2016 - 9:12 | |
| Coeurs nomades (2013) : Sarah Marylou Brideau était une parfaite inconnue pour moi au moment où j'ai lu son recueil. J'avais bien recensé le fait qu'elle avait publié deux recueils antérieurement, mais seul Coeurs nomades devait faire l'objet d'un test. Pour le moment, je dois dire que la poésie est longuement travaillée et que oui, il y a des fulgurances. Disons que son côté ample n'est pas nécessairement prompt à me conquérir a priori. Il faut néanmoins ajouter que Sarah Marylou Brideau s'inscrit dans la lignée laissée par Patrice Desbiens et qu'il est difficile de faire autrement que face à une empreinte de cette taille sur le paysage de la communauté francophone en terre d'Amérique. Sarah Marylou Brideau peut être considérée comme une poétesse beat. À ce trait, je ne disputerai pas sa place dans le corpus. À peu près sans cérémonie, elle annonce : - Sarah Marylou Brideau, Coeurs nomades, 2013, Sudbury : Prise de parole, coll. «Poésie», p. 15. a écrit:
- Je te retrouve
dans la cruelle brutalité de Bukowski une mélodie qui s'agrippe aux vestiges de mon corps abandonné
Je revois tes vêtements déchus sur le plancher la voie lactée sur ton dos la pluie qui tombe et coule une douche froide faisant disparaître la ville et ses péchés matinaux la toile de nos vies éparpillées une dentelle éparse et ombragée
Jamais plus pareille après ton passage après la douceur de tes ravages la putréfaction de mes paysages Là-dessus, oui, je sentais bien la matière qui suivait la référence poétique mais je demandais à en voir plus. Comme Sarah Marylou Brideau est passée par Montréal, elle lui a dédié un poème : - Ibid., p. 24. a écrit:
- «Montréal»
Amoureuse des trous noirs des lumières de la ville la chaleur souterraine les questionnements sans réponse les inside jokes les énormes flocons en contraste avec le orangeish-purple night sky
Un jazz musician debout dans le métro écrit ses mélodies sur papier
Sa flute et ma musique en conversation fluidité sans fin et silences paisibles transperçant le brouillard urbain Il y a une poésie assez poignante mais je sais pas... du clinquant... peut-être... passons : - Ibid., p. 57. a écrit:
- Plus d'océans à découvrir
que de silences sordides d'impitoyables questions
Promesses écrasées sur les côtes de nos corps brisés
Your minimalist instrumentations shattered sounds burning desire awakened by your taciturn whispers
Les grands échos sons qui éclatent sanglots en pistes cachées et l'ardent désir éveillant tes taciturnes soupirs Don't ever think that je vais minimiser ma sensibilité face à ce qui émane de la poésie : - Ibid., p. 66. a écrit:
- «Stupeurs et tremblements III»
On le sent se déchirer le coeur et couler se déchaîner comme une rivière après l'hiver se ruer sur les rochers sortir de son nid douillet inonder la terre
Ça peut détruire un coeur en crue ça peut faire chavirer Sarah Marylou Brideau est portée par la danse et la musique. Elle se réfère au jazz comme quelque chose d'assez vital dans la quête qu'elle mène : - Ibid., p. 107. a écrit:
- Le jazz
ce que tes doigts font à mon âme qu'ils ne pourront jamais faire à mon corps chante à mon coeur ce que l'amour ne saurait dire
Tes doigts sur mes touches sur mon âme comme jamais sur mon corps
Le jazz me joue
Je m'épuise comme l'encre d'une plume sur le dos d'un oiseau Une sérénade que j'inspire profondément Je vous réfère à «Imagine doors», p. 53-54, pour contempler ce qu'une poésie anglaise peut inspirer. Là-dessus, je vous laisse avec un dernier essai, question de voir si ça vous plaît... : - Ibid., p. 49. a écrit:
- Silence de toutes mes confidences
silence de mes sanglots d'enfant silence du bonheur qui refuse de se taire le gémissement douloureux d'une bouteille qui s'ouvre
Silence d'un bonheur étouffé d'un cri poussé pendant que le cauchemar t'engloutit d'une soif qui abuse silence agressé une mélodie qui fait monter les larmes
Silence une cacophonie créée pour masquer une porte que l'on referme to hold in the collapse
Dernière édition par jack-hubert bukowski le Mar 23 Fév 2016 - 5:28, édité 1 fois | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: Sarah Marylou Brideau Lun 22 Fév 2016 - 10:28 | |
| j' aime précisément : le coeur en crue sanglots en pistes cachées
ce que tes doigts font à mon âme qu'ils ne pourront jamais faire à mon corps
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| | | jack-hubert bukowski Zen littéraire
Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 43
| Sujet: Re: Sarah Marylou Brideau Ven 26 Fév 2016 - 8:35 | |
| Rues étrangères (2004) : Sarah Marylou Brideau est entrée dans ma collection de poétesses à lesquelles je me référerai le temps venu, surtout qu'elle est beat. Elle a fait un travail aux cycles supérieurs sur l'oeuvre de Gérald Leblanc qui est vu comme le poète acadien ultime. À l'instar de ce dernier, Sarah Marylou Brideau s'est établie au Nouveau-Brunswick. Au niveau du recueil et de la production poétique de Sarah Marylou Brideau, il est important de la considérer comme une écrivaine acadienne et canadienne francophone. Nous ne pouvons pas vraiment la considérer comme québécoise, étant donné que sa production poétique est passablement mâtinée d'usage de l'anglais. Cette propension à utiliser plus que de coutume l'anglais est considérée comme sacrilège chez les puristes de la langue française au Québec. Sarah Marylou Brideau a publié jusqu'à maintenant exclusivement dans des maisons d'édition en français hors-Québec et ce même malgré le fait qu'elle ait séjourné un certain temps à Montréal et au Québec. Dans Rues étrangères, je reconnais la plume de Sarah Marylou Brideau si je compare mes impressions avec Coeurs nomades.Je dirai tout de même que la plus grande partie des poésies écrites dans le recueil me paraissent un peu plus brèves que dans Coeurs nomades. J'ai remarqué qu'elle avait progressé au moment d'écrire Coeurs nomades. Néanmoins, ça vaut la peine de revenir sur certains extraits du recueil qui est quand même bien travaillé comme l'autre. - Sarah Marylou Brideau, Rues étrangères, 2004, Moncton : Perce-Neige, coll. «Poésie», p. 24. a écrit:
- «Never Over»
"It's never over She's the tear that hangs inside my soul forever" JEFF BUCKLEY My love tu tourbillonnes frôlant doucement my skin
The softness of your touch the sweetness of my lust tu vagabondes dans mes pensées bohèmes qui voguent dans ma tête
Romanichel de mes rêves déchire ce silence avec tes paroles ce chant inspirant
Cette douceur de café [parcourt] mes pensées
Comme je voudrais m'y fondre dans ce douillet café
Lover, you should've come over Nous voyons d'emblée l'usage de l'anglais qui peut devenir plus problématique pour une littérature francophone qui se soucie de garder la qualité d'une langue. Néanmoins, il faut dire que l'usage de l'anglais n'est jamais gratuit et est même au service de projet poétique. - Ibid., p. 42. a écrit:
- «Fumer»
Je fume j'inspire
Qu'est-ce que j'inspire?
Je fume as if que l'occasion ne reviendrait jamais
Je brûle je tape du beat qui résonne et les cendres tombent et la boucane monte sensuellement dans les airs I can only dream to get that high
J'écrase ce qui reste de mon envie de fumer tos et j'en veux encore Dans Coeurs nomades, j'avais lancé l'hypothèse selon laquelle Sarah Marylou Brideau était influencée par Patrice Desbiens. Nous pouvons creuser l'hypothèse un peu plus loin quand nous prenons connaissance de «Rêve de Joni Mitchell» : - Ibid., p. 49. a écrit:
- «Rêve de Joni Mitchell»
Je voudrais être le soleil la guitare les nuages
Je voudrais être Joni Mitchell son air mélancolique sa joie de l'être son sourire de côté
Un paysage la rivière lointaine un air solitaire voyageant à l'allure d'une bohémienne
Je voudrais tant voyager et pouvoir l'écrire pour le chanter let go and getting high on that feeling Un peu plus terre-à-terre et non pas moins poétique, «Gypsy» trace un sentier existentiel : - Ibid., p. 55. a écrit:
- «Gypsy»
De déménagement en déménagement je deviens une romanichelle ma vie dans une boîte
À un rythme trop constant qui m'éparpille plusieurs endroits à la fois je suis tannée de m'enraciner je veux rester plantée ça sert à quoi d'avoir une maison sans avoir de chez-soi
Je devrais peut-être devenir une gypsy apprendre à jouer de la guitare porter des robes et des foulards devenir poète et écrire des livres Sarah Marylou Brideau a une conscience de la frontière. Que ce soit en amour ou en suivant le trajet de ses errances : - Ibid., p. 64. a écrit:
- «Frontières»
Tu m'emportes aux frontières du désert et tu me laisses t'y découvrir
Les battements de coeur Le tempo risqué de ton flirt avec moi
Tu me parles sans arrêt du vide de ton incompréhension de toi-même et du sexe opposé
Tu les déguises en métaphores tu les emportes au party tu les laisses danser avec mes idées you pick me up so subtle et tu t'endors en grinçant des dents et en parlant dans tes rêves Je vous laisse à vos impressions en vous signalant l'opportunité de lire le recueil. Il y a notamment un poème de trois pages sur la fête annuelle de l'Acadie et une commémoration de la survivance acadienne en terre canadienne à la fin du recueil. Cette préoccupation quand même habituellement présente en filigrane, m'a surpris de sa part. Elle n'est pas tellement centrée sur une revendication politique mais j'imagine que son exil et ses méditations l'ont menée à écrire de la poésie en ce sens... | |
| | | jack-hubert bukowski Zen littéraire
Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 43
| Sujet: Re: Sarah Marylou Brideau Ven 26 Fév 2016 - 10:00 | |
| Je viens de terminer la lecture de Romanichelle (2002). On ne parle pas du tout de la même envergure. Sarah Marylou Brideau a commencé sur le plancher des vaches. Le livre m'est quasiment tombé des mains à sa conclusion. Il y a quelques éclats, mais trop brefs pour être considérés comme prenant part à la Sarah Marylou Brideau de la maturité. Elle a vécu un événement dur, le suicide d'une amie qu'elle mentionne au passage... on sent que l'expérience l'a meurtrie. Elle s'exprime plus en prose que d'une voie poétique bien décidée... Heureusement, ses deux recueils subséquents m'ont suffisamment convaincu pour la suivre. Il faudra tout de même qu'elle se renouvelle dans ses thèmes mais je sais pas... j'ai l'impression que la musique l'a fait renaître en écriture. Elle semble y avoir trouvé une voie d'accès. | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: Sarah Marylou Brideau Ven 26 Fév 2016 - 10:13 | |
| merci pour ton ressenti Jack ! | |
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| Sujet: Re: Sarah Marylou Brideau | |
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| | | | Sarah Marylou Brideau | |
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