Essais parfumés

Bien le bonjour à toutes et à tous et... voici l'idée.

Nous lisons tous (1re nouvelle n'est-ce-pas ?) et nous apprenons de nos lectures mais, plus important encore, nous faisons des déductions qui ne viennent pas d'elles mais du monde qui nous entoure, de notre expérience, de nos interrogations.

Le but de tout Homme n'est-il pas de mieux comprendre le monde, la société, les autres Hommes ? (hum... bon d'accord, selon les êtres, il y a d'autres buts, tel le bonheur, la richesse, la célébrité, les prouesses physiques...).

J'ai lu, et il m'arrive encore de lire des essais de philosophes, sociologues, psychanalystes/iatres/ologues, historiens et, souvent, je me dis qu'ils enfoncent des portes ouvertes. En somme, ils ne font que confirmer (tout dépend du crédit qu'on leur porte) ce que l'on avait déjà déduit.


Je vous propose donc ici de faire part de nos compréhensions de l'être, de son existence et de ce qui gouverne ce qui nous entoure. En résumé, un parfumé développe une de ses déductions et les autres font état de leurs avis (qu'ils soient argumentés par des lectures ou pas, nous ne sommes pas obligés de jouer aux perroquets ignorants ou aux singes savants...).


Cela étant posé, je vous propose dans le prochain message, le premier sujet de réflexion : l'influence primordiale de nos rencontres sur notre devenir.

Nous connaissons tous des êtres incompétents aux plus hauts postes et d'autres talentueux qui sont à des postes très subalternes.

Nous connaissons également des êtres doués d'un très fort potentiel qui ne l'ont jamais exploité ou qui se sont brûlés au soleil.

A ce titre, je ne saurais trop vous conseiller la lecture de "Sincèrement votre, Chourik" de Ludmila Oulitskaïa. Histoire d'un enfant, puis d'un jeune homme, enfin d'un adulte du nom de Chourik, issu d'une famille russe cultivée (année 70-2000) et qui, par trop grande gentillesse, en aidant toujours les autres, aura ruiné toute sa vie, toutes ses compétences et finira ses jours dans un état lamentable sans jamais n'avoir exploité qu'une petite part de ses talents. Un énorme gâchis. Et en lisant ce livre, vous savez que le danger ultime duquel il faut se prémunir, c'est de devenir un Chourik ! Et j'en connais, malheureusement pour eux.


Revenons à notre sujet, quelle est la raison principale (en excluant la santé quoique...) qui fait que nous réussissons dans notre vie ?

Réponse : nos rencontres !

Je ne reprendrais pas le livre de Luc Ferry "Qu'est-ce qu'une vie réussie ?" (relativement bien écrit mais qui n'apprend rien que l'on ne sache déjà et qui ne mène pas à de nouveaux questionnements que ceux que nous nous posons naturellement).

Une vie réussie est tout simplement, se réaliser. Or, "se réaliser", est différent selon les individus, cela peut être professionnel avant tout ou familial...voire spirituel.

Or, dans ces acceptions, ce qui va nous permettre d'y parvenir, ce ne sera pas nous (nous ne sommes que secondaires), ce seront les autres.

Je n'abonde pas là dans le dogme de la prédestination cher aux protestants des siècles passés (et qui permis de faire la fortune de beaucoup d'entre eux jusqu'aux milieu du 20e siècle), non, l'individu a une sérieuse marge de manœuvre mais cette dernière passe par les autres, et plus précisément par ses rencontres.


Commençons par des postulats:

1. A la naissance, un bébé a déjà, génétiquement, un certain nombre de facultés et facilités. C'est son patrimoine génétique (on ne décide pas de ses géniteurs et encore moins de la majorité des gènes qui ne dépendent pas d'eux), les rencontres ne jouent donc là aucun rôle mais le bébé non plus, il n'a pas encore l'âge de raison.

2. L'enfant ensuite se définit selon son entourage proche (sa famille et en premier lieu ses parents, sa fratrie) et c'est là que naît l'inégalité qu'on n'arrête pas de nous rabâcher tout le temps, à savoir les catégories sociaux-professionnelles et le fait que des enfants ont plus de culture que d'autres. Là encore, les rencontres ne jouent aucun rôle, on ne décide pas de sa famille et l'enfant peut là aussi jouer un rôle, certains particulièrement éveillés ou curieux peuvent combler cette différence, il n'y a pas de fatalisme. Le rôle des parents n'est pas tant d'apporter la culture que de donner envie à l'enfant de la rechercher.

3. Il arrive un âge où l'enfant a des amis (école ou en dehors), ce sont les premières rencontres, monde nouveau en dehors de la sphère familiale. Ces premières fréquentations l'orientent déjà mais faiblement, le poids de la famille reste prépondérant. Ces amis d'un jeune enfant vont donc, un tout petit peu, soit le mener à s'améliorer, soit lui faire prendre une mauvaise pente. Toutefois, l'effet restera limité.

4. Arrive l'adolescence et la rupture du mimétisme familial, l'influence des amis voire des parangons (stars, héros télés, de littérature) devient prépondérante. Cela peut mener à l'échec scolaire d’enfants doués (en cas de mauvaises fréquentations) ou de réussite d'enfants qui partaient avec moins de bagages (rencontres enrichissantes), le rôle des parents est alors d'aider le jeune a faire un tri (pas facile).

Faisons une 1re pause : les rencontres à adolescence peuvent donc déjà avoir une forte importance (sur les résultats scolaires, les goûts, l'orientation...).

5. Voici venu le temps des 1res relations amoureuses, encore plus déterminantes que les amis. Elles orienteront aussi les résultats scolaires, les goûts et l'orientation mais d'une façon bien plus forte, le jeune faisant passer l'autre, ses désirs, ses choix, bien avant lui-même. De mauvaises rencontres peuvent donc condamner son avenir ou, d'heureuses rencontres, lui ouvrir de nouveaux horizons (j'avais par exemple pour habitude de placer les élèves en rupture scolaire à côté d'une jolie fille intello, et bien, pour lui plaire, ses résultats montaient en flèche et ceux de la fille ne baissaient pas pour autant, soit, je ne dis pas que cela fonctionne toujours mais cela montre le poids de la rencontre).

6. Voilà notre individu devenu jeune adulte, diplômé (brillamment ou pas selon ses rencontres car il peut très bien avoir tout arrêté pour gagner vite de l'argent car il en fallait pour son couple ou autres raisons) et qui recherche du travail. Là encore, la place des rencontres va être déterminante. Une étude canadienne d'il y a quelques années avançait le chiffre de 70 à 80% (je tacherai de vous la retrouver ou d'en trouver une analogue) des offres d'emplois étaient pourvues par relations. Cela ne veut pas toujours dire du piston mais tout au moins d'être informé qu'un poste va se libérer avant les autres (ce qui permet d'être le seul à postuler avant que l'annonce ne soit publiée). Au final, la personne qui aura un grand cercle d'amis, de connaissances aura bien plus de chance de réussir professionnellement que les autres et surtout s'ils sont à des postes stratégiques.

Si je ne m'abuse, l'ancien président du Conseil Constitutionnel, Jean-Louis Debré a été contacté par une société qui désirait l'embaucher dès sa sortie du Conseil. Il a refusé car il savait que ce qui intéressait la société était ses relations mais pas sa personne, pas ses capacités. D'ailleurs aujourd'hui, un nombre important d'embauches sur des hauts postes dépendent du carnet d'adresse du postulant, on n'attend pas de lui qu'il soit compétent dans don travail mais qu'il ouvre de nouveaux débouchés ou qu'il puisse servir d’intermédiaire vers ceux qui savent répondre aux problématiques de la société.

Et de façon plus pragmatique, on peut prendre l'exemple du couple, celui où l'autre encourage son partenaire à aller de l'avant et celui où on préfère qu'il se contente de ce qu'il a, voire en fasse moins.

In fine, l'individu se sera essentiellement construit par ses rencontres, ses capacités propres (génétiques et d'enfance) comptent, bien entendu, mais une seule rencontre majeure peut tout autant les sublimer que les annihiler.

merci pour le fil !

avant de réagir (c'est possible), je déplace le fil par ici (humain, société, nature, ...).

une rencontre déterminante, souvent, la chance !

Et bien justement, je voudrais la différencier de la chance.

La chance (ou malchance), c'est elle qui fait que l'on est à un certain endroit à un certain moment mais ensuite, c'est nous qui choisissons les personnes avec qui on veut se lier ou pas et c'est là que l'individu forge petit à petit son avenir (pour le meilleur ou pour le pire).

Pour te suivre, rejoindre ta discussion, ne pas te laisser seul au risque d'animer un peu trop le sujet (pas de problème, je connais ), je commence par ce qui est le commencement de tout un chacun : la rencontre due à la naissance, celle du lieu où l'on naît, des mentalités qui y règnent
Lieu déterminant, milieu social aussi, personnellement (puisqu'une discussion implique que l'on donne de soi sinon cela risque de n'être qu'un bavardage, une suite de mots), ma naissance a eu lieu en Tunisie à l'époque coloniale, ce n'est pas anodin non..? et comme vous devez vous en douter d'y naître je n'ai pas demandé, cependant imaginez ce que cela a pu impliquer dans les futures relations sociales...?
Je serai né en Ardèche, au Périgord ou dans la banlieue parisienne les implications auraient été différentes, bien que différentes entre elles, naître dans un pays dont vous serez orphelin (et oui je le sais et en suis d'accord : c'est tant mieux) vous amène à une auto analyse future à saveur exotique et quelques fois piquante au propre comme au figuré....

Pour moi une vie réussie, elle l'est grâce aux rencontres, c'est sûr. Pour m'enrichir en tant qu'être humain, et toujours apprendre.
Mais je n'aspire pas à la réussite telle que décrite dans ton sujet. J'aspire à n'être rien, comme disait Bukowski, ou comme Jean-Pierre Martinet : « Parti de rien, Martinet a accompli une trajectoire exemplaire : il est arrivé nulle part ».

Bon bien... je suis proche de Bourdieu dans mon analyse et approche du phénomène...

La première rencontre est à la naissance, puis vient le milieu familial et/ou l'entourage immédiat...

Les rencontres au sens standard du phénomène sont archétypales.

Il y a ceux, celles qui s'entourent. D'autres personnes privilégieront un cercle restreint. Oui, l'information est importante afin de cheminer au-travers des opportunités que nous rencontrons dans la vie.

Tout est question de trajectoire. J'aime privilégier l'usage d'une boule de billard pour définir par l'image ce que représente l'aspect d'un environnement et le contact avec les gens, les collisions qui en résultent parfois...

Nous faisons la somme des rencontres que nous effectuons. Elles ont parfois un effet fugace, d'autres fois elles auront un effet cumulatif, mais la somme est plus grande que la totalité des parties... accidentellement, certaines de ces rencontres détermineront la portée donnée à une trajectoire donnée.

Dans l'expérience de vie que j'ai accumulée, j'ai eu la chance de condenser ça dans l'expression «option sourde» voilà une dizaine d'années. Il y a un certain côté aveugle, des angles morts avec lesquels nous devons composer, et la conviction doublée d'une prudence liée à quelque sagesse face aux synchronismes qui peuvent survenir périodiquement pour venir bouleverser le cours de quelques vies. Il survient de ces expériences qui nous font révéler des parties non encore résolues sur notre parcours. Je dirais même que si nous sommes réceptifs face à ces expériences qui éveillent notre conscience, nous risquons d'être mieux guidés dans la suite des choses.

Donc, entre étude de la trajectoire des individus, la phénoménologie et le synchronisme jungien, nous pouvons trouver plusieurs applications possibles de l'étude d'une quête de vie.

Le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales a écrit:

rencontre,(...) « action de trouver quelque chose ou quelqu'un par hasard sur son chemin

Par hasard.
donc, je ne pense pas qu'on puisse assimiler la naissance et la famille à des rencontres.

Pourquoi est-ce qu'on naît... c'est le produit d'une rencontre.

Oui, mais ça n'est pas une rencontre , la naissance. On mélange, là.

Rencontre, plusieurs rencontres, amour, etc. chromosomes, et ainsi de suite...

Je vous remercie pour votre participation et pour la nourriture à la pensée que vous apportez

En ce qui concerne la rencontre, c'est celle où l'individu est acteur qui m'importe surtout, où il décide de ce qu'il va en faire ou pas (et où l'autre réagit de la même façon).

Il y a des rencontres, comme l'indique Topocl, qui sont liées au hasard (mais est-ce véritablement le hasard, si on décide d'aller à tel endroit à un moment donné, il y a bien une action de l'individu sous-jacente... mais là on s'éloignerait du sujet et on plongerait sur les fondements du hasard).

Il y a les rencontres provoquées, aller dans tel lieu pour rencontrer telle personne ou tel type de personnes (conférences, cafés...).

Enfin, une fois le contact établi, il y a le choix, va-t-on s'investir dans cette rencontre (= prendre de son temps pour l'entretenir) ?


Je vais prendre un exemple personnel:

Alors que j'étais encore jeune, fringant et innocent étudiant (temps où la vanité et le désenchantement de la vie ne m'avait pas encore touché... en somme, où je me berçais de douces illusions et d'une belle morale sans faille), j'ai, comme d'autres, été appelé à passer le concours pour être enseignant (aucun lien avec le désenchantement, le métier d'enseignant est un beau métier).
Un de mes camarades de promo, à qui j'avais laissé mon numéro, m'envoie un sms la veille de son oral pour me poser une question d'interprétation. Je lui réponds.
Le lendemain, au cours de son oral, la question lui est posée. Il a ses oraux au dixième de point près.

Aujourd'hui, il est marié, a 3 enfants et rien de cela ne serait arrivé (dans cet ordre) si un insignifiant sms n'avait pas été envoyé à la personne qui avait la réponse. Et là, ce fut bien un choix, on avait choisi d'échanger nos numéros et c'était un des rares de la promo qui avait le mien.
Pour la petite histoire, cette année là, je n'ai pas eu mes oraux, ma copine de l'époque n'ayant rien trouvé de mieux que de sortir avec un de ses professeurs la veille de mes oraux (là encore, poids de la rencontre que l'on ne pouvait prévoir).

Lui avait fait un bon choix d'entretien de rencontre, moi... non.

jack-hubert bukowski a écrit:

Pourquoi est-ce qu'on naît... c'est le produit d'une rencontre.

tout à fait d'accord avec toi et j'aime bien l'analyse que tu en fait, pour moi aussi le fait de naître est une rencontre, "initiale", et si elle n'avait pas eu lieu....

Notre Vie ? Une succession de hasards qui ne permettent pas de penser qu' on a une once de choix ou de libre arbitre...