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 One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE]

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MessageSujet: One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE]   One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE] EmptySam 3 Sep 2011 - 9:14

Vous trouverez en spoiler l'index des livres commentés
(index arrêté page 29)

N'hésitez pas à utiliser les touches : Ctrl + f pour accéder à la fonction recherche.



Spoiler:

Communiquez efficacement avec les autres (2010) de John-Harvey Marwanny

One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE] Aff10

« Si vous avez ce guide entre les mains, c’est parce que vous êtes incapable de communiquer efficacement avec votre entourage. N’ayez pas honte, la plupart des gens sont comme vous et mènent leur petite vie tranquille, bien au chaud dans leur bergerie. La médiocrité de leur situation ne leur échappe pas, mais ils se laissent tondre gentiment. »


Parce que réussir à avoir des relations satisfaisantes avec les autres, c’est surtout réussir à manipuler efficacement les autres, cet ouvrage, qui ne s’embarrasse d’aucune morale et qui est bâti sur le précepte de « La fin justifie les moyens », donnera au quidam de la communication toutes les bases nécessaires pour qu’il parvienne à tirer le profit maximal de ses proches.

Evidemment, ce guide est à prendre avec un très haut degré d’ironie, au risque d’y laisser quelques plumes. Ici, les modèles de réussite en matière de communication sont Bernard Tapie, Adolf Hitler, Ronald McDonald’s, Barbie ou encore le Père Noël. Rien que du très lourd, donc.

One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE] 3_2_210

Les conseils prodigués par John-Harvey Marwanny, parodie des coachs d’accomplissement personnel, ont le mérite de ne rien laisser traîner sur leur sillage. Après les avoir appliqués, vous n’aurez plus de problèmes avec vos proches, tout simplement parce que vous n’aurez plus de proches. Qui résisterait en effet à de tels conseils :

« Votre vis-à-vis déblatère ? Pour lui couper la chique, formulez aussitôt un jugement définitif sur ce qu’il dit. En plus de couper court aux diarrhées verbales, cette attitude a l’avantage d’imposer votre supériorité. Attention, si votre interlocuteur se sent humilié, il risque de devenir menaçant. Notre conseil : rajoutez-en une couche ! S’il réagit aussi vivement, c’est que vous avez tapé dans le mille… »

« Comment orienter la discussion dans le sens voulu, tout en donnant l’impression à interlocuteur de s’intéresser à lui ? C’est bête comme chou, il suffit de le questionner. Flatté de susciter votre attention, il se laissera mener aussi facilement qu’un veau chez Charal ! Vous n’avez plus qu’à induire ses réponses en choisissant soigneusement la tournure de vos questions et le ton de votre voix. Tous les instituts de sondage vous le diront : succès garanti ! »

« Vos oreilles bourdonnent, agressées par les jérémiades d’importuns qui viennent y déverser leurs malheurs du jour ? Une technique simple va désormais vous permettre de couper court aux confidences ennuyeuses : dédramatisez ! Avec une formule bien placée, votre interlocuteur comprendra rapidement que la discussion est close. Apprenez ces phrases par cœur, elles vous seront d’un grand secours : « ça ira mieux demain », «  c’est pas si grave », « tu en verras d’autres », « c’est la vie », « un de perdu, dix de retrouvés », « il y a pire ailleurs », « tu devrais relativiser », etc. »


?

Malgré tout, si le livre de John-Harvey Marwanny reste aussi drôle, c’est aussi parce qu’en faisant mine de ne s’attaquer à rien, en mitraillant tout de ses vannes féroces, il vise souvent en plein dans le mille. C’est vrai que les pires crasses peuvent être exécutées à condition de bien savoir manier le langage, c’est vrai que les amis, la famille ou le conjoint mériteraient parfois qu’on leur dise le fond de notre pensée, et c’est réjouissant de lire dans ces pages la réalisation de tous les pires scénarios que nous n’avons jamais osé imaginer.

Ce livre est tout simplement bête et méchant. A classer quelque part entre la bande dessinée et le livre d’accomplissement personnel, ses conseils sont accompagnés de tests totalement idiots, de bandes dessinées illustratives, de schémas simplificateurs et de faux diplômes que tout bon élève de Marwanny pourra lui-même s’accorder.

One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE] 3_1_210   One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE] 320

Communiquez efficacement avec les autres est un livre drôle, méchant et pertinent que l’on a envie de faire partager aux autres. Même s’il est finalement déroutant de voir ses proches rire devant le bilan intransigeant que Marwanny dresse des relations que les hommes tissent entre eux… On aurait bien aimé être le seul à être d’accord avec les propos de Communiquez efficacement avec les autres….
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MessageSujet: Re: One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE]   One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE] EmptySam 3 Sep 2011 - 9:51

C'est du rire bête et méchant quoi, ça pourrait le faire planté dans ma bibliothèque !
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MessageSujet: Re: One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE]   One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE] EmptySam 3 Sep 2011 - 11:16

Ouais, ouais, d'ailleurs, j'ai pensé que ça pourrait te plaire en rédigeant mon petit commentaire !
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MessageSujet: Re: One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE]   One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE] EmptySam 3 Sep 2011 - 11:19

Jackpot.
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MessageSujet: commentaire   One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE] EmptySam 3 Sep 2011 - 11:26

Yep. Reste plus qu'à te procurer le bouquin. Wink
Curieuse de voir ce que t'en penses quand même...
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MessageSujet: One-shot Essais/Documents [index dans le premier message]   One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE] EmptyVen 26 Oct 2012 - 20:00

Psychiatrie et antipsychiatrie (1970) de David Cooper


One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE] Psychi10

La psychiatrie à peine née, voici qu’apparaît son versant opposé : l’anti-psychiatrie. Ne nous méprenons pas sur l’objet des griefs portés par ses chefs de file, David Cooper et Ronald Laing en tête : l’anti-psychiatrie ne vise pas à l’abolition de la psychiatrie mais se considère comme un de ses courants. Elle conteste la psychiatrie « classique » considérée comme une force d’oppression institutionnelle élaborée par et pour des gens « normaux » (Donald Cooper nous montrera au passage que la normalité, si elle se situe à l’opposé de la folie, se situe aussi à l’opposé de la santé).


Dans son essai court mais convaincant, David Cooper commence en revenant sur les fondements de la discipline : sa terminologie. Suffit-il de désigner une chose par un terme pour que le sujet soit clos ? Les patients principalement ciblés par la psychiatrie, ceux qu’on nomme « schizophrènes », souffrent-ils tous, réellement, d’un seul et même trouble ? Le doute apparaît dès l’instant où l’on essaie de donner une définition de cette pathologie, que David Cooper juge avoir été inventée de toutes pièces par les membres de l’institution psychiatrique classique… A la base de la schizophrénie, une palette de causes qui semble infinie… A sa suite, des réactions qui, bien que stéréotypées, s’expriment à travers des propos et des idées qui traduisent l’empreinte d’une personnalité propre. Rien à voir, donc, avec une pathologie classique telle qu’un rhume ou qu’une angine.


David Cooper dénonce le subterfuge de l’invention de la schizophrénie en redéfinissant cette dernière non plus en termes de pathologie mais en termes sociaux et culturels. La schizophrénie serait la réaction de survie exprimée par un individu ayant grandi dans un univers aliénant et incohérent, à la base d’une violence d’autant plus sournoise et diffuse qu’elle ne se verbalise pas, qu’elle provient des membres de la famille proche –qui eux-mêmes n’en sont pas conscients, qui eux-mêmes sont également victimes d’une situation qui leur échappe- et qu’elle existe depuis toujours dans le cadre du développement de la personne que l’on étiquettera plus tard sous le terme de « schizophrène ». David Coooper emploie souvent ce terme : « étiqueter », pour désigner le nouveau processus d’aliénation qui frappe la personne souffrante lors de son arrivée dans l’institution psychiatrique. C’est ici que le bât blesse : alors que la psychiatrie devrait prendre en charge le patient pour lui proposer une rédemption complète de ses dysfonctionnements psychiques, elle ne fait que perpétrer sur lui une aliénation et une violence initialement subies dans le milieu familial. La psychiatrie serait donc un instrument de la « normalité », utilisé pour légitimer la souffrance qui fut à la cause de la formation du trouble psychique. Ce paradoxe ultime expliquerait les causes des échecs nombreux connus dans le milieu de la psychiatrie : absence de résorption des troubles, récidives, réhospitalisations…
par David Cooper et ses confrères est la plus importante. En effet, leur ouverture d’esprit, caractérisée par une absence de certitudes qui ne les pousse pas à abuser de la

Après avoir défini ces dysfonctionnements et lancé la réflexion sur des termes novateurs, David Cooper relate ses expériences de psychiatrie alternative. On connaîtra peut-être le récit de Mary Barnes et son Voyage à travers la folie. Ce texte et l’essai de David Cooper se rejoignent puisque tous deux ont fait partie de l’expérience du Pavillon 21, un établissement anti-psychiatrique expérimental fondé à Londres dans les années 60. David Cooper et ses collègues mettent en place les bases d’un fonctionnement psychiatrique novateur qui ne se baserait plus sur une hiérarchie péremptoire de type médecin/patient, sur l’obligation de mener des activités constructrices ou sur un traitement répressif. David Cooper est lucide et n’affirme pas que cette expérience aura été révélatrice, ni qu’elle aura connu des succès fracassants. La prise en charge des personnes considérées comme schizophrène aura certes été plus efficace, mais elle aura également été marquée par des échecs et des désillusions. Là n’est pas le plus important toutefois, et il semble surtout que la démarche de réflexion menée position de supériorité que leur confèrent leurs titres de docteurs, les mène à considérer le patient sous un angle innovant : celui de la victime isolée d’un groupe de victimes associées. En d’autres termes, annoncés d’emblée dans son essai, David Cooper écrit :


« Ce que j’ai essayé de faire dans ce livre, c’est de regarder dans son contexte humain réel l’individu qu’on a étiqueté comme « schizophrène », de rechercher comment cette étiquette lui a été donnée, par qui elle a été posée, et ce que cela signifie, à la fois pour celui qui l’a posée et pour celui qui l’a reçue. »



Malgré des résultats contestables et une absence de relève immédiate, force est d’admettre que David Cooper et ses pairs ont éveillé des consciences et poussé à une nouvelle analyse des termes de la psychiatrie classique. Leurs réflexions, foncièrement dérangeantes à l’époque à la fois pour le domaine médical mais aussi pour le domaine social, ont peut-être mis du temps pour être acceptées et digérées mais on en retrouve aujourd’hui des germes dans certaines approches thérapeutiques du trouble mental.


Avec cet essai revigorant, traduction d’un esprit original –perturbé-, David Cooper nous prouve implicitement une des autres théories exposées dans son livre : la santé, lorsqu’elle se manifeste dans toute son ampleur, se situe dans une proximité étroite avec la folie. « Mais un blanc décisif, une différence, demeure toujours. C’est le point oméga. »


One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE] Avt_da10

Une définition des caractéristiques retrouvées chez la plupart des familles des "schizophrènes" :

Citation :
« Dans les familles des patients schizophrènes, les intentions liées aux « actes psychotiques » du patient sont niées ou même se trouvent (par une sorte d’antithèse) retournées de manière telle que les actions du patient prennent l’apparence d’un pur processus, coupé de toute praxis, et peuvent même être vécues par le sujet sous cette forme.
Quand les choses arrivent là, le patient –celui qu’on a identifié comme tel- doit, afin de donner à sa vision du monde une certaine cohérence, une certaine « santé », inventer une représentation imaginaire de ces mystérieuses influences qui agissent sur lui. C’est ici que trouvent sens les « hallucinations » relatives à l’influence exercée par des sujets venus d’autres planètes, ou par des institutions plus proches, telles que l’Eglise catholique, le parti communiste ou les francs-maçons. »


Citation :
« Dans la famille du futur « schizophrène », nous observerons une sorte d’extrémisme particulier. Même les questions apparemment les plus banales sont articulées sur les pôles santé/folie, vie/mort. Les lois du groupe familial qui règlent non seulement le comportement mais aussi les expériences autorisées, sont à la fois inflexibles et confuses. Dans une telle famille, un enfant doit apprendre un certain mode de relation avec sa mère (par exemple), mode dont on lui enseigne que dépend entièrement son intégrité mentale et physique. On lui dit que s’il viole les règles, et l’acte autonome apparemment le plus innocent peut constituer une telle violation, il provoquera tout à la fois la dissolution fatale du groupe familial, la destruction de ce qui est la personnalité de sa mère, peut-être celle d’autres personnes encore. Du coup, […] il est progressivement placé dans une position intenable. Son choix, au dernier point critique, est entre la soumission totale, le complet abandon de sa liberté d’un côté, et d’un autre côté, le départ hors du groupe, avec l’angoisse d’assister à la dévastation prophétisée et de se heurter au sentiment de culpabilité qu’on lui a inculqué à travers tant de soin affectueux. »


Dans cette tentative de cerner des traits communs, David Cooper fait apparaître la notion de "double contrainte" :
Citation :

« On a noté que le malade dit schizophrène avait dû à plusieurs reprises faire face à des exigences contradictoires dans sa famille, et parfois même à l’intérieur de l’hôpital psychiatrique. Certains chercheurs américains ont employé ici le vocable de « double contrainte ». […] on peut dès maintenant l’illustrer par l’exemple banal de la mère qui fait une déclaration contredite par sa conduite : elle dit à son fils : « Va, trouve toi-même tes propres amis et ne sois pas si dépendant de moi », mais en même temps elle montre (hors de toute verbalisation) qu’elle serait bouleversée s’il la quittait vraiment, fût-ce dans cette faible mesure. »


Qu'il précise un peu plus loin dans son essai:

Citation :
« Les caractéristiques générales de cette situation (de double contrainte) sont les suivantes :
1. Quand un individu est engagé dans une relation intense ; c’est-à-dire une relation dans laquelle il sent être d’une importance vitale pour lui de distinguer avec précision quelle sorte de message lui est communiquée, afin de pouvoir y donner la réponse appropriée ;
2. et lorsque cet individu est mis dans une situation où son partenaire, à l’intérieur de la relation, émet deux ordres de messages dont l’un contredit l’autre ;
3. alors l’individu est incapable de commenter les messages émis pour mieux distinguer auquel des deux il doit répondre ; c’est-à-dire qu’il est incapable de formuler un jugement qui relève de la métacommunication. »


Et une définition intéressante de l'individu dans son rapport au monde :

Citation :
« Il y a d’abord les actes par lesquels une personne se présente elle-même à nous ; dans ces actes, nous décelons une ou des intentions qui se rattachent à un choix antérieur et plus fondamental de soi : cette présentation de soi (de soi qui est pur écoulement excédant perpétuellement la perpétuelle objectivation de soi dans le monde), c’est la dialectique constituée. D’une description phénoménologique de ce moment constitué, nous passons, par un mouvement régressif, à une dialectique constituante : par ce dernier terme, nous entendons tous les facteurs de conditionnement socio-environnementiels (intra-familiaux, extra-familiaux, socio-historiques, de classe économique) dans la plénitude de leur interpénétration. Mais nous ne pouvons en rester là. Par un mouvement progressif nous devons atteindre la synthèse personnelle, la totalisation totale –la totalisation unique faite par la personne de la totalisation conditionnante, sur la base de sa totalisation de soi. Nous avons alors atteint la « vérité » de la vie de la personne, ou d’un secteur particulier de cette vie. »


Dernière édition par kenavo le Sam 23 Mai 2015 - 7:01, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE]   One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE] EmptyVen 26 Oct 2012 - 20:54

Plutot d' accord avec toi, Coli. "L' antipsychiatrie" a été un jalon dans l' histoire de la psychiatrie. Un parmi tant d' autres en ce qui concerne la contestation meme de la psychiatrie telle qu' elle était appliquée dans les années 60 à 80 un peu partout dans le monde. Parmi ceux qui ont participé à cette critique, on peut citer Basaglia, Foucault, Castel, Lourau, Chomsky, Goffman et Thomas Szasz.

Quant à Laing, Cooper et Berke, on peut leur reprocher beaucoup de choses, mais certainement pas de s' etre impliqués profondément dans leur tache envers leurs patients. Sans doute trop, puisqu' ils n' en sont pas sortis tous indemnes. En tout cas l' ouvrage de Mary Barnes en est un bon témoignage.
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MessageSujet: Re: One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE]   One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE] EmptyVen 26 Oct 2012 - 21:56

Oui, et je ne te remercierais jamais assez de me l'avoir fait découvrir !
J'ai beaucoup aimé l'état d'esprit de David Cooper. Je vais poursuivre avec un autre de ses ouvrages, La mort de la famille.
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MessageSujet: Re: One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE]   One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE] EmptyVen 26 Oct 2012 - 22:50

Ce qui me dérange toujours en lisant ces ouvrages "historiques" contestataires c'est qu'ils donnent une vision manichéenne de la psychiatrie. Comme s'ils étaient sensés venir apporter de façon inédite et salvatrice un regard plus humain et lucide sur la maladie mentale à l'inverse d'une psychatrie plus traditionnelle jugée répressive ou maltraitante dans sa volonté normative. C'est presque arrogant finalement cette façon de s'ériger en sauveurs de la condition humaine souffrante qui serait selon eux injustement étiquetée et enfermée dans des cases diagnostiques figées par des conservateurs aveugles (je caricature à peine leur propos). Car en réalité il n'y a jamais eu un diagnostic unique de schizophréni(e) mais bien toute une variété de schizophrénie(s) prenant des formes diverses (et estimées d'étiologies et de déterminismes biologiques, psychologiques ou sociaux tout aussi divers). Ces différentes formes ayant un point commun se traduisant par une perte de l'unité psychique et un morcellement de la personnalité. Il ne s'agissait pas de définir les critères de "normalité" et de vouloir à tout prix soigner ceux qui s'éloignaient de cette norme mais bien de soulager la souffrance, l'agitation et la désorganisation destructurantes et dangereuses pour les patients et leur entourage. Laing, Cooper and co, à l'inverse, se sont trompés et ont fait du tort à bien des familles de schizophrènes en les culpabilisant, en partant du principe que la double contrainte générait la souffrance alors qu'on s'est rendu compte plus tard que c'est bien la psychose elle-même qui générait ce mode de communication contradictoire. Double contrainte existant d'ailleurs d'une manière plus générale sous des formes plus atténuées dans bien des échanges humains sans que cela provoque nécessairement un trouble mental. Il est intéressant de voir un film comme Vol au-dessus d'un nid de coucou, qui s'inspire en droite ligne de ces théories, puis de regarder le documentaire qui a été fait à l'époque et qui montrait le véritable fonctionnement de l'institution où l'action prenait place. Le film dénonçait un espace coercitif et aliénant alors que la réalité était bien plus rassurante et montrait une approche humaniste et lucide.

C'est bien de s'intéresser à ces auteurs et à leurs théories mais il est surtout souhaitable d'avoir une vue d'ensemble en lisant des approches plus critiques et globales si l'on souhaite avoir une vision plus complète et actuelle de ce qu'est (et a été) la psychiatrie. Le risque en se limitant à ces "vieux" auteurs étant d'être séduit sur l'instant en retenant certaines contre vérités. Laing et Cooper ont eu néanmoins (avec d'autres) le mérite de vouloir mieux faire connaître l'univers psychiatrique et les malades. Leur donner une visibilité et encourager une ouverture des asiles. Mais des gens comme Pinel s'y étaient déjà attelé depuis le XVIIIe siècle. L'approche humaniste dans la maladie mentale n'a pas attendu les années 1970 et l'antipsychiatrie.

J'en profite pour conseiller un ouvrage formidable bien actuel (depuis 1990/2000 en tout cas) d'une femme chercheur spécialisée dans le trouble de la personnalité bordeline. Marsha Linehan a été elle-même atteinte de ce trouble et a passé bien des années dans les institutions psychiatriques. Elle s'est longtemps auto-mutilée et a beaucoup souffert pendant ces longues années de traversée du désert. Mais elle s'en est sortie avec l'aide de psychiatres auxquels elle rend hommage. Elle a étudié la psychiatrie, est devenue professeur et a voulu aider à son tour ceux qui souffraient. Elle a développé une approche cognitivo-comportementale originale et novatrice qui est parfois contestée en partie mais qui fait avancer la compréhension de ces troubles qui représentent 30 à 50% des patients hospitalisés en psychiatrie. C'est un travail énorme mais qui est destiné autant aux médecins et psychologues qu'aux patients eux-mêmes et leurs familles. Je crois que si l'on veut avoir une vision éclairée de ce qu'est la psychiatrie aujourd'hui il vaut mieux lire des auteurs comme Marsha Linehan que d'en rester à Freud, Laing ou Cooper même s'ils gardent un intérêt historique. Il y a tellement d'auteurs formidables à découvrir dans ce domaine. Et ils s'appuient sur des connaissances actuelles qui ont tellement évolué depuis 60 ans.

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MessageSujet: Re: One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE]   One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE] EmptyDim 28 Oct 2012 - 22:12

Comment rabattre mon enthousiasme... Wink tout ceci avec justesse.

Marko a écrit:
C'est presque arrogant finalement cette façon de s'ériger en sauveurs de la condition humaine souffrante qui serait selon eux injustement étiquetée et enfermée dans des cases diagnostiques figées par des conservateurs aveugles (je caricature à peine leur propos).

Tentative de donner un autre sens à la définition... En lisant cet essai, je ne suis jamais partie du postulat que les autres médecins ne toléraient qu'une seule schizophrénie, mais la différence qui ressort de l'essai de Cooper tient en ce qu'il fait éclater définitivement la définition.

Citation :
Il ne s'agissait pas de définir les critères de "normalité" et de vouloir à tout prix soigner ceux qui s'éloignaient de cette norme mais bien de soulager la souffrance, l'agitation et la désorganisation destructurantes et dangereuses pour les patients et leur entourage.

C'est exact, les malades souffrent. Mais ils trouvent aussi un certain apaisement dans leur délire. Je crois plutôt que Cooper cherchait à montrer que traiter sans guérir aux sources environnementales du développement de la pathologie était inutile et contraignant. Le malade était décrédibilisé et désigné comme seul responsable de son trouble, alors que d'autres facteurs auraient également dû être traités (notamment au niveau de la famille, donc). C'est culpabilisant pour l'entourage, c'est certain, mais ce n'est peut-être pas forcément injuste. Sans se limiter au seul cadre de la double contrainte... (intéressant quand même d'essayer de considérer ce phénomène comme conséquence de la pathologie plutôt que comme cause...)

Citation :
Il est intéressant de voir un film comme Vol au-dessus d'un nid de coucou, qui s'inspire en droite ligne de ces théories, puis de regarder le documentaire qui a été fait à l'époque et qui montrait le véritable fonctionnement de l'institution où l'action prenait place. Le film dénonçait un espace coercitif et aliénant alors que la réalité était bien plus rassurante et montrait une approche humaniste et lucide.

Je ne me suis pas attardée sur l'aspect dramatisant de l'essai de Cooper concernant la description des établissements psychiatriques "classiques" parce que je considérais comme acquis que le propos de Cooper accentuait certaines facettes de la réalité pour mieux servir son discours. Mais c'est vrai qu'il peut véhiculer des idées fausses...

Si tu as d'autres auteurs dans le domaine qui viennent compléter ta vision plus nuancée du milieu, je suis preneuse...
Pas trouvé de références pour Marsha Linehan malheureusement...
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MessageSujet: Re: One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE]   One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE] EmptyDim 28 Oct 2012 - 22:59

Je te proposerai quelques auteurs actuels incontournables avec plaisir.

En ce qui concerne la fonction apaisante du délire je crois que c'est une illusion quasi romanesque. Je n'ai jamais vu un patient délirant y trouver un réconfort ou un mieux être. C'est souvent une torture, des angoisses terribles, une peur ou une menace, souvent de la culpabilité. Il n'y a que quelques délires mégalomaniaques ou mystiques chez des patients en phase maniaque de bipolarité pour ressembler à une quelconque échappatoire. Mais à quel prix et avec quels dégâts! Les descentes dépressives sont ensuite tout aussi massives. Le cerveau s'étant épuisé par cette agitation désordonnée. Laisser un patient délirer relève de l'inconscience pure aujourd'hui. En tout cas d'une méconnaissance des processus en jeu. Et notamment du caractère destructeur sur la plasticité neuronale de ces épisodes comme on l'a démontré deuis quelques temps. On sait par exemple que plus un jeune patient fait d'épisodes delirants non traités plus le pronostic est péjoratif. Laing et Cooper appartiennent à une époque révolue sur le plan théorique.

Tu peux jeter un oeil à cet article qui explique relativement simplement cet aspect: Altération de la neuroplasticité dans la schizophrénie et la neuro-régénération due aux effets des antipsychotiques atypiques
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MessageSujet: Re: One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE]   One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE] EmptyLun 29 Oct 2012 - 15:41

Ce dont tu parles, Marco, est le reflet de ton expérience et de ta pratique en tant que psychiatre dans un milieu particulier qui est le tien. C'est bien normal et en cela c' est interessant.

La psychiatrie est une branche de la médecine et son histoire est, comme celle de toute science, le résultat de son évolution. A l' intérieur de cette branche, il y a eu (il y a) des des individus, des courants qui agissent et réagissent différemment en fonction des troubles à traiter et du cadre où ils travaillent.

En face d' eux, il y a des patients souffrant de diverses pathologies, plus ou moins graves, plus ou moins durables. Ce qu' ils attendent, sans pouvoir toujours le formuler, c' est de l' attention, du respect, de la dignité. Si on considère le cadre où ces patients sont soignés, ils sont souvent loin de cette attente et pour diverses raisons. La situation des hopitaux publics ne cesse de se dégrader sur tous les plans et notamment le secteur psychiatrique. Il est évident que dans ce cadre-là, les patients sont assez éloignés de ce qu' ils pourraient attendre. Sans qu' on puisse forcément incriminer les personnels hospitaliers.

Sur le plan matériel et humain les cliniques privées sont beaucoup mieux dotées de toute évidence. Mais les patients ne sont pas forcément mieux traités. Tout dépend de la clinique et des soignants. Mais il suffit d' y avoir accès et de parler avec les patients pour se rendre compte qu' ils se plaignent souvent de n' etre pas assez écoutés, d' avoir des traitements invalidants, d' avoir l' impression de vivre dans un cadre répréssif et aliénant qui les fait souvent replonger lorsqu' ils sortent. Conditionnés qu' ils sont par leur séjour et leur traitement et, à l' extérieur, trop souvent privés d' un milieu familial ou social actif et positif, ils sont condamnés à faire la navette entre la clinique et l' extérieur.

Je pense que pour équilibrer le débat, il faudrait donc que le psychiatre puisse s' exprimer comme tu le fais, mais aussi d' autres psychiatres (et d' autres personnels médicaux ou paramédicaux) travaillant dans d' autres milieux, outre ceux qui ont un cabinet médical, ceux qui exercent dans le milieu carcéral ou celui du travail. Et aussi des patients, des témoins. Ils seront peut etre partisans, forcément subjectifs, mais leur témoignage vaut tout autant que ceux des thérapeutes et traitants.

Enfin, je pense qu' il est trop facile de disqualifier les psy de l' antipsychiatrie ou de nombrdeux autres milieux sous prétexte qu' ils seraient forcément dépassés à cause de nouvelles découvertes. Certes ces découvertes sont essentielles et sont appelées à connaitre toujours de nouveaux développements. Reste à savoir comment ces nouvelles découvertes, ces nouveaus traitements, se répercutent dans des milieux aussi difficiles que ceux que j' ai évoqué : hopital, clinique, milieu du travail, carcéral, enseignement... Pour conclure, je pense qu' il est sain qu' une institution, quelle qu' elle soit, évolue (accepte cette évoution) en acceptant ausssi d' etre contestée de l' intérieur et de l' extérieur pour mieux progresser. Et notamment en essayant toujours de tenir compte au mieux des personnes en souffrance et de leur environnement.

Toute évolution dans ce sens sera la bienvenue.


Dernière édition par bix229 le Mar 30 Oct 2012 - 22:24, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE]   One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE] EmptyLun 29 Oct 2012 - 16:07

bix229 a écrit:
POur conclure, je pense qu' il est sain qu' une institution, quelle qu' elle soit, évolue (accepte cette évoution) en acceptant d' etre contestée de l' intérieur et de l' extérieur pour mieux progresser. Et notamment en essayant toujours de tenir compte au mieux des personnes en souffrance et de leur environnement.

Toute évolution dans ce sens sera la bienvenue.

Mais je suis d'accord avec toi et je pense que les choses vont bien dans le sens que tu précises. Je n'ai cependant pas une vision aussi alarmiste que la tienne au sujet des institutions. J'en ai connu de nombreuses et des plus variées à travers mon parcours. Le patient m'a toujours semblé au centre des préoccupations. Et il existe maintenant bien des alternatives aux hospitalisations même si c'est dans ce domaine qu'on manque le plus de moyens. C'est depuis un moment la fin de l'époque "asilaire".

Oui les connaissances évoluent et certaines approches sont dépassées même si elles ont eu leur intérêt à une époque. Ce n'est pas une facilité que de les critiquer mais une réalité nécessaire.

La plainte est humaine et elle est aussi parfois l'expression d'un mal être qu'on projette autour de soi (y compris dans sa vision du soin ou des institutions). Besoin de revendiquer une insatisfaction, quête de davantage d'attention et de considération. C'est légitime et parfois sous tendu par de réelles carences mais aussi souvent déformé et amplifié par un besoin de déplacer sa souffrance. Des patients se plaindront d'une mauvaise nourriture alors que d'autres diront que c'est très bon. Certains se diront incompris et mal traités alors que d 'autres auront eu le sentiment d'avoir été aidés au mieux. Il y a la réalité et il y a le filtre individuel. Le besoin pour certains de se plaindre et de se révolter contre tout et d'abord contre eux mêmes. Reste que des carences peuvent exister. De soins, d'ecoute, de compétence... Mais je vois davantage de progrès que de régression. On soigne mieux les gens aujourd'hui et la recherche nous aide beaucoup. Le reste est affaire d'individus, de caractères, d'altruisme ou de manque d'empathie. Il y a autant de patients et de soignants que d'humains.

P.S. Pour info, il existe maintenant dans la plupart des établissements un comité qu'on appelle le CRU (comité de relation avec les usagers) qui examine les plaintes ou remarques (écrites ou orales) des patients et de leurs familles pour y apporter des réponses et des aménagements (et les rencontrer). Ce comité comprend un représentant des usagers (chez nous quelqu'un de l'UNAFAM) qui assiste à toutes les réunions. Le but étant justement d'entendre les problèmes rencontrés au quotidien s'l y en a. De la même façon il y a chaque semaine une réunion où les patients peuvent exprimer leurs remarques à la direction et à la surveillante... Il ressort de ces réunions que les plaintes sont finalement rares et portent davantage sur des problèmes hôteliers ou matériels ponctuels que sur les soins eux-mêmes ou la relation aux soignants. Sans parler des confidences de patients directement auprès de chacun de nous. Ces CRU sont devenus obligatoires dans le cadre des accréditations qui surveillent toutes les étapes de la filière de soin.
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MessageSujet: Re: One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE]   One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE] EmptyMar 30 Oct 2012 - 22:05

Marko a écrit:


Tu peux jeter un oeil à cet article qui explique relativement simplement cet aspect: Altération de la neuroplasticité dans la schizophrénie et la neuro-régénération due aux effets des antipsychotiques atypiques

Merci. Je prendrai le temps de le lire cette semaine.

Marko a écrit:


La plainte est humaine et elle est aussi parfois l'expression d'un mal être qu'on projette autour de soi (y compris dans sa vision du soin ou des institutions). Besoin de revendiquer une insatisfaction, quête de davantage d'attention et de considération.

Très juste...
Mais comment faire la part des choses et distinguer ce qui relève des causes (sensibilité accrue, manque de résistance aux affronts de l'extérieur, besoin de recevoir de la considération) et des conséquences (véritable déficit de l'attention du personnel, aménagements inadaptés) ?

Mais tout comme Bix l'a fait remarquer, j'approuve le fait que des mouvements parallèles apparaissent et remettent en question la psychiatrie "classique". Sans cautionner à 100% leur thèse de l'antipsychiatrie, ils posent des questions qui permettent d'éviter à la doctrine principale de s'imposer sur un mode péremptoire...
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MessageSujet: Re: One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE]   One-shot Essais/Documents [INDEX 1ER MESSAGE] EmptyMar 30 Oct 2012 - 22:23

colimasson a écrit:
Mais tout comme Bix l'a fait remarquer, j'approuve le fait que des mouvements parallèles apparaissent et remettent en question la psychiatrie "classique". Sans cautionner à 100% leur thèse de l'antipsychiatrie, ils posent des questions qui permettent d'éviter à la doctrine principale de s'imposer sur un mode péremptoire...
Mais il n'y a pas de doctrine principale justement. La psychiatrie est multiple et la résultante de diverses influences théoriques que chacun s'approprie à des degrés divers. ça relève parfois de l'artisanat dans cette façon de composer avec tellement de paramètres pour se forger sa propre approche personnelle. Il y a les connaissances et l'intuition. On donne beaucoup de soi dans ce métier. En bien ou en mal forcément. ça n'est pas une science exacte et pourtant on dispose d'outils psychothérapeutiques ou médicamenteux qui aident réellement et qu'on doit connaître parfaitement. Sans compter sur tout un apport culturel ou sociologique plus global. C'est mouvant et ça nécessite des réajustements permanents. Reste l'essentiel qui est la rencontre avec quelqu'un qui va mal et à qui on tend la main.

Pour ce qui est de la plainte il suffit de prendre le temps de l'écouter et on arrive assez vite à faire la part (mutuellement) de ce qui relève de véritables manquements institutionnels et de ce que la personne dramatise ou projette. Dans ce domaine il ne sert à rien d'avoir un a priori et de vouloir convaincre l'autre qu'il a tort. ça ne fait que créer une escalade et renforcer le malentendu. On parle, on essaie de se comprendre, d'expliquer le pourquoi du comment, de s'excuser s'il y a eu erreur ou dommage. Encore une fois c'est finalement très rare. L'échange avec les patients est souvent très bon. C'est parfois plus compliqué avec les familles qui ne vivent pas l'hospitalisation et fantasment parfois beaucoup, culpabilisent leur proche ou sont hostiles aux soignants sans les connaitre. Quand on peut (et que le patient veut ou demande) on s'explique tous ensemble. Mais là ça devient compliqué bien que parfois nécessaire! Il y a des familles toxiques et des familles aidantes, des gens qui ont besoin d'aide aussi parce que c'est dur d'avoir un proche qui va mal. Parfois on manque de temps parce que la priorité est d'abord le patient. On se rend compte aussi qu'il y a plus de familles qui ne veulent rien entendre de ce qui se passe à l'hôpital ou qui ne veulent pas s'impliquer que de familles qui partagent un projet de soin. C'est compliqué!
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