Patrick Modiano

domreader a écrit:

Alors, je ne sais pas si je renouvellerai l'expérience Modiano, comme dit kenavo à propos de certains écrivains : 'Je ne crois pas que c'est un auteur pour moi.'

Peut-être ce titre était-il le mauvais pour nouer ou renouer avec cet auteur.

bien que beaucoup de lecteurs adorent Dora Bruder, à mon avis tu as déjà eu pas la meilleure 'entrée' dans son monde.. en tout cas à mon avis un livre qui laisse un peu perplexe si on ne connait pas sa façon de raconter..
et puis Voyages de noce n'était vraiment pas le livre à continuer ou renouer.. voilà un livre qui est pour moi un 'dessert' si on a mangé 'entrée-plat principale-Modiano' et connait son monde, sa façon d'écrire,...

Mais si tu ne le sens pas, je ne dirais pas que tu devrais te forcer..
Si tu veux absolument retenter l'expérience - je dirais Rue des boutiques obscures.. tu accroches où pas.. en tout cas dans ce livre tu as 90% de ce qui est Modiano: Paris, la mélancolie des années 50/60, un narrateur qui se perd et essaie de se rechercher à partir de N°de téléphone (il est obsédé par les vieux bottins téléphoniques ) ou des adresses griffonnées sur des vieux bouts de papier... alala.. je pourrais tout de suite me mettre à en lire un.. je suis en manque

domreader a écrit:

J'avais déjà lu un livre assez plaisant de Modiano Dora Bruder il y a très, très longtemps, et vous voyant tous si enthousiaste, j'en ai embarqué un de la bibli cet été Voyage de Noces. Je l'ai trouvé assez quelconque sur le moment, et comme je n'ai pris aucune notes, j'ai complètement oublié de quoi il s'agissait.

Alors, je ne sais pas si je renouvellerai l'expérience Modiano, comme dit kenavo à propos de certains écrivains : 'Je ne crois pas que c'est un auteur pour moi.'

Peut-être ce titre était-il le mauvais pour nouer ou renouer avec cet auteur.

Cela arrive parfois chez des lecteurs de Modiano de ne pas se souvenir de l'histoire. Cela doit tenir au fait que c'est plutôt une atmosphère. L'histoire est souvent assez floue. Je n'ai pas encore lu celui que tu cites donc je ne peux juger. Les autres sont pas mal du tout par contre. Comme il n'écrit que des romans courts, tu devrais peut-être tenter une dernière fois.

Le Magazine Littéraire Octobre est sorti:




si vous appréciez les dossiers bien fournis du Magazine Littéraire et que vous vous intéressez à Modiano - faut se précipiter dessus
presque 30 pages de pure délice

Wahou!

D'habitude je l'achète de temps en temps mais là je vais courir chez le marchand de journaux

Je viens de finir Dora Bruder, mon deuxième Modiano... Mes impressions à chaud :

J'ai un peu moins apprécié que Dans le café de la jeunesse perdue, mais je sais aussi que ce livre est un peu à part dans l'oeuvre de Modiano, donc je ne m'arrêterai pas là pour autant...

Dans Dora Bruder, Modiano raconte l'enquête qu'il a menée pour tenter de reconstituer l'itinéraire d'une jeune fille juive sous l'occupation avant qu'elle ne soit déportée à Auschwitz. La figure de Dora Bruder, dont on ne sait presque rien et dont on doit presque tout deviner, hante toutes les pages comme elle hante l'esprit de Modiano et les lieux de Paris qui lui sont si familiers... C'est comme si on ne pouvait jamais la voir elle, mais que son empreinte était restée visible sur tous les endroits qu'elle a connu.

C'est donc en grande partie grâce aux lieux et à la déambulation dans Paris, thèmes qui sont chers à Modiano, qu'on suit les traces de cette jeune fille pour tenter d'en savoir un peu plus sur elle... La poésie liée aux lieux, qui m'avait déjà touchée chez cet auteur, est ici toujours présente, même si elle l'est un peu moins à cause du côté "réel" du récit. Et en même temps, ce côté réel est ce qui fait la force du livre : à travers Dora Bruder, c'est non seulement l'atmosphère de l'Occupation, et toutes ses injustices, que Modiano nous livre, mais aussi des parcelles de lui-même, car son identité est liée à cette période et à Dora Bruder.

Donc presque aussi touchée que lors de ma première lecture de cet auteur, mais avec un petit quelque chose en moins, l'aspect "enquête" qui enlève un peu à l'aspect "poétique" je trouve. Mais en même temps la force essentielle de ce livre se trouve ailleurs que dans la poésie.

Et surtout, on retrouve le même désespoir lié à l'oubli et au temps qui passe, avec tous les efforts qui sont faits pour effacer ces obstacles.

Voilà mes impressions à chaud un peu confuses peut-être je reviendrai peut-être en parler dans quelques jours

oulala!! je n'avais pas vu la sortie de ce numéro spécial Modianooo.. j'y cours dès demain. Je suis fan.

Camille, tu montres bien ce que l'on ressent à la lecture de Dora Bruder. C'est le premier que je lisais de lui et j'ai été enthousialmée. Cela n'a l'air de rien comme écriture, c'est tout simple, presque trop évident mais cela a une grande force: dénoncer presque sans effet. Du grand art.

Tout à fait d'accord Madame B. Très simplement, sans aucun ornement, des documents de l'époque font irruption dans le récit, des noms inconnus, déportés à tel âge, mais qui ont vraiment existé, on sort de la fiction, et on est bien plus choqué que si on avait lu de longues phrases tragiques...

Après 20 Modiano, je suis toujours impatient du prochain, alors....

traversay a écrit:

Après 20 Modiano, je suis toujours impatient du prochain, alors....

de même..

et pour adoucir le temps d'attente - je vais faire une relecture de certains de ces livres - avec ce "guide":


Lectures de Modiano

Citation :

Présentation de l'éditeur
Lire Modiano est le premier ouvrage collectif denvergure consacré à lauteur de La Place de létoile, Rue des boutiques obscures ou, plus près de nous, Dora Bruder et Un pedigree. Les thèmes majeurs qui sous-tendent ses romans quelque vingt-cinq titres à ce jour sont abordés par des spécialistes de la littérature contemporaine : la question fondamentale de la mémoire et du genre autofictionnel, le rapport quasi obsessionnel de lécrivain à lHistoire, son imaginaire, tout en pointillés, de la ville et de quelques objets du quotidien. Autant détudes attentives et minutieuses qui éclairent les contours dune uvre faite dombres et de lumières et qui sest imposée comme lune des plus originales de ces quarante dernières années. Lire Modiano pour mieux le relire, en somme.

Dans LIRE de mars: grand entretien et extrait de son nouveau roman qui va paraître le 4 mars

Je viens de repérer ce numéro Kenavo.

L'Horizon

Un nouveau roman de Patrick Modiano est pour les 'modianistes' l'événement de l'année
Et même si on sait le plus souvent à quoi s'attendre, on veut le lire, on veut plonger dans ce monde qui est un peu sa 'marque', c'est comme retrouver un vieil ami et renouer la conversation avec lui.
Dans ce roman on retrouve Paris d'il y a 40 ans et -oui, Darkanny a raison- il y a des numéros de téléphones, des rues, des noms de personnes disparues.. et le début pourrait être un de ses 25 autres romans:

Depuis quelques temps Bosmans pensait à certains épisodes de sa jeunesse, des épisodes sans suite, coupés net, des visages sans noms, des rencontres fugitives.

Mais il y a aussi cette magie 'modiano' qui agit à partir de cette phrase, on veut savoir, rencontrer ce Bosmans et ses souvenirs..

Moi, je ne pourrais jamais écrire de commentaire sur un de ses livres qui ne lui fait pas justice de tout le bonheur que j'éprouve pendant ma lecture, je suis passionnée de ses mondes perdues et nostalgiques, je suis 'modianiste' à 100%

..il n'oubliait jamais le nom des rues et les numéros des immeubles. C'était sa manière à lui de lutter contre l'indifférence et l'anonymat des grandes villes, et peut être aussi contre les incertitudes de la vie

contente aussi de voir un petit changement dans ce livre - les personnages n'ont plus seulement l'âge de 20/25 ans.. mais 60 et plus.. tout comme l'auteur

et parle-t-il un peu automobile ? parce qu'il est aussi sur ce fil. huhu.

animal a écrit:

et parle-t-il un peu automobile ? parce qu'il est aussi sur ce fil. huhu.

non.. pas de mention d'automobile.. bien sûr il y a des voitures, il parle aussi d'un garage (il les aime plus que les voitures).. mais pas assez qui vaudrait une mention spéciale