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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
Littérature, forum littéraire : passion, imaginaire, partage et liberté. Ce forum livre l’émotion littéraire. Parlez d’écrivains, du plaisir livres, de littérature : romans, poèmes…ou d’arts…
Edgar Lee Masters (1868-1950) est un écrivain, poète et dramaturge américain, inspiré dans sa jeunesse par Whitman, Shelley, Swinburne, et rendu mondialement célèbre par Spoon River.
Fils d’avocat du Kansas, homme de loi lui-même, il est également l’auteur de douze pièces de théâtre, vingt-et-un recueils de poésie, six romans et six biographies, dont celles d’Abraham Lincoln, Mark Twain et Walt Whitman.
Source : Editeur
kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
Sujet: Re: Edgar Lee Masters Mer 29 Juin 2016 - 16:28
/ Spoon River Anthology / Spoon River – Catalogue des chansons de la rivière
Citation :
Présentation de l’éditeur Les chants de Spoon River sont ceux des habitants du village de Spoon River (Illinois), enterrés sur la colline au-dessus d’une rivière, qui forment une constellation de fantômes ferraillant de leurs passé, de leurs commerces, de leurs ambitions et de leurs amours…
Spoon River Anthology (1915) est un classique aux États-Unis, mais aussi en Italie, où ce titre fait figure de best-seller et a même été adapté en chansons par le Génois Fabrizio de André dans son disque Non al denaro non all’amore né al cielo (1971). Il a été traduit à deux reprises en français : une première fois par Michel Pétris et Kenneth White sous le titre Spoon River (Champ Libre, 1976), une deuxième fois par Patrick Reumaux sous le titre Des voix sous les pierres. Les épitaphes de Spoon River (Phébus/Elisabeth Brunet, 2000).
C’est une troisième version que vous lirez ici, plus fidèle à l’esprit comme à la lettre… même si certains textes ont été recréés — humains et même animaux cités dans l’œuvre de Masters, mais qui n’avaient pas d’épitaphe spécifique — et des cartes ajoutées. Sous l’égide du Général Instin, un soldat s’est attelé à la tâche de les traduire dès leur parution.
« Rappelle-toi, ô mémoire de l’air, je ne suis plus rien qu’un petit tas de poussières. »
Une annonce de la maison d'édition m'a fait connaitre ce livre... au début j'avais des doutes que ce soit une lecture "agréable"... toutes ces voix de morts, est-ce que cela ne serait pas démoralisant?
Mais non, ce n'est pas le cas!
362 personnes prennent parole, 362 personnes qui ont vécu dans ce village imaginaire, Spoon River.
Chacun devient 'héros' à tour de rôle d'un poème qui porte son nom.
Ainsi on devient témoin de cette vie (et oui, avant leur mort, il y a eu leur vie), on fait connaissance de cet petit village, presque tous se sont connus, quelques-uns étaient mariés (marrant quand le conjoint raconte un fait qui va être montré d'un tout autre angle dans le poème suivant par sa partenaire) … et ce séjour à Spoon River est tout à fait réjouissant!
Je ne peux malheureusement pas donner plus d’exemple en français, j’ai lu le livre en anglais… ceux que je vais poster ici, je les ai trouvé sur le net…
kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
Sujet: Re: Edgar Lee Masters Mer 29 Juin 2016 - 16:29
Introduction:
Où sont Elmer, Herman, Bert, Tom et Charley, Le veule, le costaud, le clown, le pochard, le boxeur? Tous, tous, ils dorment sur la colline. Celui qui fut enlevé par la fièvre, Celui qui a brûlé dans la mine, Celui qui fut tué dans une rixe, Celui qui est mort en prison, Celui qui tomba d’un pont, qui trimait pour femme et enfants- Tous, tous ils dorment, dorment, ils dorment sur la colline. Où sont Ella, Kate, Mag, Lizzie et Edith, Le cœur tendre, l’âme simple, la tapageuse, l’orgueilleuse, la joyeuse?- Toutes, toutes, elles dorment sur la colline. Celle qui est morte dans un accouchement clandestin, Celle d’un amour contrarié, Celle entre les mains d’une brute de bordel, Celle d’une fierté brisée, écoutant le désir de son cœur; Celle qui au bout d’une vie lointaine entre Londres et Paris Fut ramenée à sa petite place aux côtés d’Ella de Kate et de Mag- Toutes, toutes elles dorment, dorment, elles dorment sur la colline. Où sont Oncle Isaac et tante Emily, Et le vieux Towny Kincaid et Sevigne Houghton, Et le Commandant Walker qui avait parlé Avec les vieux honorés de la révolution?- Tous, tous, ils dorment, sur la colline. On leur a ramené des fils morts à la guerre, Et des filles dont la vie fut broyée, Et leurs enfants sans père, pleurant- Tous, tous, ils dorment, dorment, ils dorment sur la colline. Où est le Vieux Fiddler Jones Qui jouait avec la vie de tous ses quatre-vingt dix ans, Défiant la neige à pleine poitrine, Buvant, tonnant, et ne pensant jamais ni à la femme ni à l’enfant, Ni à l’or, ni à l’amour, ni au ciel? Chut! il parle des poissons frits d’autrefois Des courses de chevaux d’autrefois à Clary’s Grove, De ce qu’Abe Lincoln a dit Une fois à Springfield.
kenavo Zen Littéraire
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Sujet: Re: Edgar Lee Masters Mer 29 Juin 2016 - 16:29
Lecture d'un extrait de "Spoon River" (Le Nouvel Attila, 2016) par Général Instin. Lucie Taïeb et Patrick Chatelier, à l'occasion des soirées "Poèmes en cavale" organisées par la Maison de la Poésie de Nantes. Jeudi 2 juin au lieu unique, Nantes
kenavo Zen Littéraire
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Sujet: Re: Edgar Lee Masters Mer 29 Juin 2016 - 16:30
Omaggio a Spoon River, une série photographique de Mario Giacomelli inspirée du poème dédié à Caroline Branson.
je ne l'ai malheureusement pas trouvé en français
Caroline Branson WITH our hearts like drifting suns, had we but walked, As often before, the April fields till star-light Silkened over with viewless gauze the darkness Under the cliff, our trysting place in the wood, Where the brook turns! Had we but passed from wooing Like notes of music that run together, into winning, In the inspired improvisation of love! But to put back of us as a canticle ended The rapt enchantment of the flesh, In which our souls swooned, down, down, Where time was not, nor space, nor ourselves— Annihilated in love! To leave these behind for a room with lamps: And to stand with our Secret mocking itself, And hiding itself amid flowers and mandolins, Stared at by all between salad and coffee. And to see him tremble, and feel myself Prescient, as one who signs a bond— Not flaming with gifts and pledges heaped With rosy hands over his brow. And then, O night! deliberate! unlovely! With all of our wooing blotted out by the winning, In a chosen room in an hour that was known to all! Next day he sat so listless, almost cold, So strangely changed, wondering why I wept, Till a kind of sick despair and voluptuous madness Seized us to make the pact of death.
A stalk of the earth-sphere, Frail as star-light; Waiting to be drawn once again Into creation’s stream. But next time to be given birth Gazed at by Raphael and St. Francis Sometimes as they pass. For I am their little brother, To be known clearly face to face Through a cycle of birth hereafter run. You may know the seed and the soil; You may feel the cold rain fall, But only the earth-sphere, only heaven Knows the secret of the seed In the nuptial chamber under the soil. Throw me into the stream again, Give me another trial— Save me, Shelley!
kenavo Zen Littéraire
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Sujet: Re: Edgar Lee Masters Mer 29 Juin 2016 - 16:30
Non al denaro, non all‘amore né al cielo, un disque de Fabrizio de André sorti en 1971, inspiré de neuf poèmes de l’anthologie. La première piste est une réécriture du poème « La collina »:
kenavo Zen Littéraire
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Sujet: Re: Edgar Lee Masters Mer 29 Juin 2016 - 16:31
Doc Hill
À toute heure du jour et de la nuit j’arpentais les rues, allant ici et là, soignant les pauvres frappés par la maladie. Savez-vous pourquoi ? Ma femme me détestait, et mon fils allait à la dérive. Je me suis donc tourné vers les gens, pour déverser mon amour. Comme il m’était doux de voir les foules sur les pelouses le jour de mes funérailles, et de les entendre murmurer leur amour et leur chagrin. Mais, ô mon dieu, mon âme a tressailli, à peine capable de se tenir au bastingage de la nouvelle vie, quand j’ai vu Em Stanton derrière le chêne qui abrite ma tombe se cachant, elle et sa peine !
kenavo Zen Littéraire
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Sujet: Re: Edgar Lee Masters Mer 29 Juin 2016 - 16:31
Andy le veilleur de nuit
Avec mon manteau espagnol mon vieux chapeau mou, mes souliers enveloppés de feutre, Tyke, mon chien fidèle et mon bâton noueux de noyer blanc, j’allais de porte en porte sur la place muni de ma lampe-tempête. Les étoiles de minuit tournoyaient dans le ciel, la cloche de l’église tintait doucement au souffle du vent, les pas fatigués du vieux Doc Hill sonnaient comme ceux d’un noctambule, et au loin un coq chantait. À l’heure qu’il est, un autre veille sur Spoon River, comme d’autres veillèrent avant moi. Et nous voici, le vieux Doc Hill et moi, là où personne ne cambriole et où le veilleur est inutile.
kenavo Zen Littéraire
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Sujet: Re: Edgar Lee Masters Mer 29 Juin 2016 - 16:32
Sonia la Russe
Née à Weimar d’une mère française et d’un père allemand, savant, professeur, orpheline à quatorze ans, je suis devenue danseuse sous le nom de Sonia la Russe. À Paris j’ai fait les Boulevards, maîtresse d’une flopée de ducs et de comtes, et plus tard de rapins et de poètes. À quarante ans, finie, je me suis dirigée vers New-York. Sur le bateau j’ai fait la connaissance du vieux Patrick Hummer, plein de verdeur malgré sa soixantaine qui s’en retournait chez lui après avoir vendu un plein bateau de bétail dans la ville de Hambourg. Il m’a amenée à Spoon River et nous avons vécu ici vingt ans — on nous croyait mariés ! Ce chêne près de moi est le rendez-vous favori des geais qui babillent tout le long du jour. Pourquoi pas ? Car ma poussière même rit en pensant à cette affaire drôle qu’est la vie.
kenavo Zen Littéraire
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Sujet: Re: Edgar Lee Masters Mer 29 Juin 2016 - 16:32
Minerva Jones
J’étais Minerva Jones, la poétesse du village, la risée des rustauds de la rue à cause de mon corps lourdaud, de mon oeil qui louchait et de ma démarche dandinante. Mais ce fut bien pis encore quand «Butch» Weldy m’eut prise à l’issue d’une chasse brutale. Il m’a laissée à mon sort chez le docteur Meyers, et j’ai sombré dans la mort, sentant le froid me gagner depuis les pieds, comme quelqu’un qui avance pas à pas dans un ruisseau glacé. Quelqu’un ira-t-il au journal du village rassemble dans un livre les vers que j’écrivais ? J’avais si soif d’amour ! J’avais si faim de vie !