Un autre petit métier occupait la scène de nos rues: le "caramélier", dont les clients étaient des picciotelli vêtus de loques. L’homme, monté sur un tabouret, tenait dans sa main droite une ficelle d’un mètre de long, au bout de laquelle était fixée une sucette en sucre candi et, dans sa main gauche, un gros réveille-matin. Un tribut infime donnait à ses jeunes clients le droit de sucer le caramel aussi fort qu’ils le pouvaient durant tout juste une minute, après quoi, à la sonnerie du réveil, la sucette leur était arrachée d’un coup sec de la ficelle pour être aussi enfournée, toute brillante de sucre er de salive, dans la bouche la plus proche. Inutile de dire que le caramellaro ne se gênait pas pour envoyer des claques au gamin qui refusait de lâcher prise. Le slogan de cette entreprise d’une hygiène discutable était : « une sucée, un sou ».
Une enfance Sicilienne de Edmonde Charles-Roux d'après Fulco di Verdura