Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 George Samuel Schuyler

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kenavo
Exini
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Exini
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MessageSujet: George Samuel Schuyler   George Samuel Schuyler EmptyDim 18 Sep 2016 - 10:12

George Samuel Schuyler A37

George S. Schuyler (1895-1977) était journaliste et écrivain. Militant actif de la NAACP (Association nationale pour la promotion des gens de couleurs), opposant farouche aux discriminations raciales, il était connu pour ses satires et son esprit mordant.


"BLACK NO MORE, ou le récit d'étranges et merveilleux travaux scientifiques au pays de la liberté entre 1933 et 1940 après J.-C." fut publié en 1931.

Citation :
Mon professeur de sociologie avait un jour déclaré que le Noir n'avait que trois manières de traiter son problème en Amérique. (Il se mit à les compter sur ses longs doigts fins.) "Foutre le camp, devenir blanc ou serrer les dents." Vu qu'il ne veut ni ne peut partir, et qu'il ne serre les dents qu'à contrecoeur, à mon avis, il ne lui reste plus qu'à devenir blanc.
Au début des années 30 aux Etats-Unis, la ségrégation raciale fait rage et le racisme est prégnant. Le docteur Crookman, aidés par ses deux "mécènes", un agent immobilier et un ancien bookmaker, compte exploiter son invention, une méthode pour blanchir la peau des clients irrémédiablement, à l'échelle de toute la population noire américaine. Max Disher décide, sur un coup de tête, d'être le premier cobaye.
Certes, il y a des longueurs sur la fin, à partir du début de la course à la Maison Blanche, et le fait que l'argent est le principal moyen et le but de pas mal de tout un chacun dans cette fiction peut agacer certains lecteurs. Mais les 150 premières pages , alternant à chaque chapitre, l'histoire de son héros et les effets du "Black no more" sur la société américaine débordent d'ingéniosité et de clairvoyance pour démonter, en creux, tous les tenants et aboutissants de la ségrégation raciale, ses causes et conséquences économiques, sociales et politiques.

Et les vingt dernières pages relancent l'histoire - notamment deux pages qui rappellent, sans concession ni exagération, les lynchages "selon l'ancienne tradition"(sic).

L'auteur porte un regard certes tranché, mais ironique et acéré sur l'Amérique au temps de la ségrégation raciale. A croire, en refermant le livre, que ces lois infamantes étaient quasiment, à l'époque, un pilier pourri du système américain.

Citation :
"Comme il n'y avait jamais eu plus de deux millions de Noirs dans le Nord, le processus de blanchiment y avait été perçu avec indifférence par les masses car les faiseurs d'opinion sentaient que le pays réglait un problème très épineux à un coût nul, ce qui n'était pas le cas dans le Sud.
Lorsque les vilains fils d'Ham constituaient un tiers de la population de l'ancienne confédération, ils y avaient une grande valeur économique, sociale et psychologique. Non seulement ils accomplissaient le sale boulot et étaient à la base de la richesse des Etats du Sud, mais ils servaient aussi de chiffon rouge chaque fois que le prolétariat blanc ne supportait plus de se faire exploiter. La présence des Noirs au bas de l'échelle sociale donnait à Dixie un caractère unique aux Etats-Unis. Là-bas, en dépit de l'industrialisation galopante, la vie était un peu différente, un peu plus agréable, un peu plus douce. Il y avait du contraste et de la variété, ce qui était rare dans une nation où la standardisation s'était tant répandue que le voyageur ignorait dans quelle ville il se trouvait aussi longtemps qu'on ne l'avait pas renseigné. Le Sud avait toujours été identifié aux Noirs, et vice-versa, et ses plus beaux souvenirs, préservés dans les histoires et les chansons, s'étaient construits autour de cette caste de parias.
Si les Caucasiens du Sud étaient fascinés par la chevalerie, s'ils étaient obsédés par la protection de la féminité blanche, s'ils exaltaient la fierté raciale, s'ils faisaient tous preuve de la même arrogance étudiée, c'était dû à la présence du Noir. Virées et affamées par leurs seigneurs de l'industrie et de l'agriculture, les masses blanches tiraient leur seule consolation et leur seul bonheur du fait qu'elles était de la même couleur que leurs oppresseurs et, par conséquent, supérieures aux misérables Noirs.
Les pertes économiques occasionnées par l'émigration ethnique dans le Sud étaient considérables. Des centaines de wagons en bois, depuis longtemps interdits pour leur vétusté dans d'autres parties du pays, furent envoyés à la casse par les compagnies de chemin de fer quand il n'y eut plus de Noirs à y entasser."


Dernière édition par Exini le Dim 18 Sep 2016 - 11:41, édité 2 fois
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kenavo
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MessageSujet: Re: George Samuel Schuyler   George Samuel Schuyler EmptyDim 18 Sep 2016 - 10:34

rhoo... merci pour cette découverte, hébergé tout de suite après avoir lu ton commentaire Very Happy
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Bédoulène
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MessageSujet: Re: George Samuel Schuyler   George Samuel Schuyler EmptyDim 18 Sep 2016 - 11:14

merci Exini, je note !
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domreader
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MessageSujet: Re: George Samuel Schuyler   George Samuel Schuyler EmptyDim 18 Sep 2016 - 16:46

Vraiment intéressant, je note aussi !
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MessageSujet: Re: George Samuel Schuyler   George Samuel Schuyler EmptyDim 18 Sep 2016 - 20:20

C'est vrai que ça semble très intéressant, tout ça !
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topocl
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MessageSujet: Re: George Samuel Schuyler   George Samuel Schuyler EmptyDim 18 Sep 2016 - 20:36

L'ingéniosité humaine n'a vraiment pas de limites :apeur: .
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MessageSujet: Re: George Samuel Schuyler   George Samuel Schuyler EmptyDim 18 Sep 2016 - 23:06

kenavo a écrit:
rhoo... merci pour cette découverte, hébergé tout de suite après avoir lu ton commentaire Very Happy
Merci pour le fil ! Vu qu'un seul de ses livres est traduit en français, je n'avais pas osé.

Et tant mieux si ça vous tente. Pour moi, c'est un vrai coup de coeur ! Very Happy
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shanidar
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MessageSujet: Re: George Samuel Schuyler   George Samuel Schuyler EmptyLun 19 Sep 2016 - 11:30

Ça me fait penser aux romans de Boris Vian quand il écrivait sous pseudonyme (On tuera tous les affreux...). Le livre est à la médiathèque. Je vais le réserver.
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shanidar
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MessageSujet: Re: George Samuel Schuyler   George Samuel Schuyler EmptyVen 4 Nov 2016 - 11:25

George Samuel Schuyler Schuyl10 Black no more

Je suis absolument d'accord avec le commentaire d'Exini. Black no more a certes quelques défauts mais ils sont bien légers au regard du texte politiquement engagé qui nous est proposé.

Je vais commencer par un reproche, histoire d'évacuer immédiatement cette question : ce n'est pas exactement ce qui s'appelle de la 'grande littérature' mais au fond ce n'est pas très important. L'important c'est la manière dont Schuyler nous embarque dans sa drôle d'aventure et réussit à nous garder à flots. On a un peu le sentiment d'être dans une pantomime ou d'assister à un spectacle de jazz quand les blancs, pour égaler les noirs, se grimaient le visage et changeaient de nom. On prend les mêmes et on inverse. Cette fois ce sont les noirs qui vont se comporter comme des blancs et ce n'est ni joyeux, ni reluisant, ni intellectuellement extravagant. C'est même légèrement nauséeux ce spectacle-là. Et emprunt d'un cynisme ravageur qui touche à une lucidité effrayante. Car si Schuyler ne fait pas de la 'grande littérature' il sait parfaitement bien utiliser son cerveau et nous montrer voire nous démontrer la manière dont les blancs vivent (assoiffé de pognon, de jolies femmes et de pouvoir) et la manière dont les noirs vont se couler dans leurs nouveaux habits tout blanc, déstabilisant l'économie globale d'une Amérique raciste. Ce qui est attaqué par la moelle, c'est bien l'organisation complète d'un pays qu'on noyaute pour ne pas laisser aux pauvres, aux déclassés, à la lie de la terre, qu'elle soit blanche ou noire les moyens de s'exprimer. C'est aussi une société où l'argent domine l'intelligence, où la parole n'a de sens qu'à partir du moment où elle se transforme en billets verts et en puissance. Cynisme total. Parfois même dur à encaisser, parce que tout le monde y passe et pas seulement les blancs. Oui, les noirs ne sont pas meilleurs que les autres, en tout cas pas ceux qui veulent devenir des exploiteurs, des hommes riches, des 'décideurs', des blancs. Si la caricature est mordante, si on a parfois (et c'est peut-être mieux) l'impression d'assister à une comédie burlesque, à une pièce de boulevard (celle dans lesquelles on aime tant inverser les rôles, prendre la place du roi comme pour le carnaval), c'est au prix d'une éthique et au mépris de soi.

J'aurais aimé que Schuyler développe encore un peu plus son propos. Par exemple qu'il nous raconte pourquoi les découvreurs du 'blanchiment des noirs' n'utilisent pas sur eux-mêmes cette formidable découverte qui annihile les différences et rend dignité à l'indigne. Qu'il nous dise ce qu'il pense de ceux (à peine un millier) qui ont renoncé au blanchiment. Qu'il soit aussi un peu moins naïf dans le tirage parfois grossier de ficelles narratives (les retrouvailles avec la blanche croisée dans Harlem alors qu'elle venait s'encanailler et refuser toutes ses chances à un noir). Mais cela compte bien peu au regard de ce que ce texte soulève comme questions et surtout ce qu'il montre d'une Amérique raciste, bête et vile.

Alors que nous sommes à l'heure de lire un premier bilan des années Obama (et que Schuyler n'a pas osé aller jusqu'à l'élection d'un faux blanc à la présidence suprême), on peut s'interroger sur les différences de traitements entre les noirs et les blancs aux Etats-Unis comme ailleurs et ici. Faire le bilan de ce que ces travailleurs de force ont légué à nos économies, de sueurs, de morts et de richesses. Voir ce que le métissage apporte à une culture que l'on dit asphyxiée voire mourante et relire Schuyler avec intérêt, grand intérêt. On lira aussi avec soin sa critique de tout fondamentalisme religieux, de toute association de personnes et de tout ce qui touche, de près ou de loin au lucratif.


Cette dissection quasiment sociologique et économique, éminemment politique, laisse un goût désagréable dans le gosier et les narines, rappel des effluves des corps brûlés et de ces 'strange fruits' dont les arbres se paraient il n'y a pas si longtemps.

Merci Exini d'avoir parlé de cet ouvrage et bravo aux éditions Wombat pour leur bel objet.
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Bédoulène
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MessageSujet: Re: George Samuel Schuyler   George Samuel Schuyler EmptyVen 4 Nov 2016 - 15:57

eh bien ton commentaire me laisse en suspens.................................il faudra que je lise ce livre !
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shanidar
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MessageSujet: Re: George Samuel Schuyler   George Samuel Schuyler EmptySam 5 Nov 2016 - 18:37

Il devrait beaucoup t'intéresser Bédou.
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MessageSujet: Re: George Samuel Schuyler   George Samuel Schuyler EmptyMer 9 Nov 2016 - 21:16

C'est tout à fait ça ! Content qu'il t'ai plu Shanidar, et merci pour "Strange fruit", que je ne connaissais que de nom. Je ne l'écoute pas en boucle, mais souvent. La mélodie est vraiment unique pour un blues et les paroles, glaçantes.
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shanidar
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MessageSujet: Re: George Samuel Schuyler   George Samuel Schuyler EmptyMer 9 Nov 2016 - 21:47

Ceux qui me connaissent un peu savent que je ne suis pas fan de musique vocale mais pour ce qui est de Billie Holiday et de cette chanson, elle exprime, à mon avis, comme nulle autre ce que personne ne peut dire de ce que fut le Klu Klux Klan, les lynchages, les pendaisons... En ce jour d'élections présidentielles américaines, je ne peux que recommander son écoute. Encore et encore. Et en donner ici une traduction :


Paroles et traduction de «Strange Fruit»

Strange Fruit (Fruit Etrange *)


Southern trees bear strange fruit

Les arbres du Sud portent un fruit étrange
Blood on the leaves and blood on the root
Du sang sur leurs feuilles et du sang sur leurs racines
Black bodies swinging in the southern breeze
Des corps noirs qui se balancent dans la brise du Sud
Strange fruit hanging from poplar trees
Un fruit étrange suspendu aux peupliers


Pastoral scene of the gallant South
Scène pastorale du vaillant Sud
The bulging eyes and the twisted mouth
Les yeux révulsés et la bouche déformée
Scent of magnolia sweet and fresh
Le parfum des magnolias doux et printannier
Then the sudden smell of burning flesh
Puis l'odeur soudaine de la chair qui brûle


Here is a fruit for the crows to pluck
Voici un fruit que les corbeaux picorent
For the rain to gather, for the wind to suck
Que la pluie fait pousser, que le vent assèche
For the sun to ripe, to the tree to drop
Que le soleil fait mûrir, que l'arbre fait tomber
Here is a strange and bitter crop !
Voici une bien étrange et amère récolte !

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kenavo
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MessageSujet: Re: George Samuel Schuyler   George Samuel Schuyler EmptyMer 9 Nov 2016 - 21:56

ah mais il y a un sublime livre pour cette chanson: David Margolick, strange fruit
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shanidar
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MessageSujet: Re: George Samuel Schuyler   George Samuel Schuyler EmptyMer 9 Nov 2016 - 22:03

et une version chantée de l'immense Nina Simone qui dit à quel point la ségrégation est un problème aussi bien pour les noirs que pour les blancs et combien cette chanson est 'ugly' (affreuse) ! respect

attention la video est un peu 'ugly'

strange fruit

(merci pour la mention du livre, kenavo, je vais regarder)
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