Gus Van Sant

Je n'ai pas vu le film, heing....

colimasson a écrit:

De même, ils ne fréquentaient pas uniquement d'autres homosexuels, d'où l'impression "cliché" que j'ai ressentie en regardant Harvey Milk. S'il existait une "exception" dans mon entourage, il doit en exister beaucoup d'autres, et je ne sais pas comment ces gens-là réagissent devant un film tel que Harvey Milk.

Oui, mais indirectement, ils profitent des avancées dues à ceux qui ont eu le courage de s'exposer.

colimasson a écrit:

Après, c'est vrai que l'homosexualité n'est plus récriminée autant que par le passé mais qu'elle subit encore les petites remarques ou piques du quotidien qui peuvent user à long terme.

Pour le coup, je te dirais ça dépend d'où tu parles... Chez les ados, l'insulte number one est toujours tapette et sâle pédale. C'était le top en banlieue, et en zone rurale, ça a encore plus la classe (avec aussi sale arabe ...).
Accessoirement, j'ai des collègues qui m'épatent par leur propos... je n'ose même pas les retranscrire (sur le sida entre autre).
J'espère qu'ils ne les tiennent pas en classe devant les élèves, parce que ce n'est pas ce qui réduira le taux de suicide chez les jeunes homos.
Je suis pourtant face à des gens qui ont fait des études.

Citation :

Je suis pourtant face à des gens qui ont fait des études.

Et tu crois que faire des études rend intelligent?? Ca se saurait
J'ai beaucoup aimé ce film, tu lui trouves, Coli, un côté un peu trop pédagogique? Pas vraiment d'accord, mais en tout cas, il devrait alors être projeté dans tous les lycées. Comme tous les films qui racontent la lutte- jusqu'à la mort, ce n'est quand même pas rien!- de personnages qui ont eu le courage de lutter pour faire reculer la bêtise de leurs contemporains!

Marie a écrit:

Citation :

Je suis pourtant face à des gens qui ont fait des études.

Et tu crois que faire des études rend intelligent?? Ca se saurait

Oui, je m'explique mal, je suis vilaine.
Je voulais dire qui sont supposé apporter le message de tolérance (!) de l'educ' nat'.

colimasson a écrit:

[...]Donc, film d'actualité, encore, dans un sens, mais je ne sais pas qu'il saura toucher les bonnes personnes ?

Le problème de tout film politico-social, c'est que c'est déjà un public "convaincu" qui fait le déplacement pour aller le voir. Comme le disent Marie (et en un sens Maryvonne), c'est plutôt aux profs de le diffuser largement.

Le nouveau Van Sant à Cannes ? C'est plus que probable.

traversay a écrit:

Le nouveau Van Sant à Cannes ? C'est plus que probable.

Chouette alors! Par contre il a l'air d'avoir remis au placard ses expérimentations. Retour au formatage hollywoodien... Le résultat pour quand??

Pas avant l'automne, sans doute.

Synopsis :

Deux hommes, nommés tous deux Gerry, traversent en voiture le désert californien vers une destination qui n'est connue que d'eux seuls. Persuadés d'atteindre bientôt leur but, les deux amis décident de terminer leur périple à pied.
Mais Gerry et Gerry ne trouvent pas ce qu'ils sont venus chercher ; ils ne sont même plus capables de retrouver l'emplacement de leur voiture. C'est donc sans eau et sans nourriture qu'ils vont s'enfoncer plus profondément encore dans la brûlante Vallée de la Mort. Leur amitié sera mise à rude épreuve.

Gerry aurait-il reçu autant de reconnaissance si Elephant n’avait pas fait la gloire de Gus Van Sant auparavant ?
Je suis surprise de voir à quel point ce film est encensé. A mon avis, le succès qu’il a remporté auprès des critiques ne doit rien à son sujet, ni même à l’originalité ou à la qualité de son traitement. Je pense qu’il provient surtout de l’austérité de son traitement, qui fournit un contrepoint libérateur face à l’overdose provoquée par ce que Gus Van Sant lui-même appelait « les films MTV ».
Si Gerry plaît, ce n’est pas pour ce qu’il est mais pour tout ce qu’il ne représente pas. Alors je suis d’accord, on peut saluer l’audace de Gus Van Sant, on peut lever le chapeau devant la prise de risque que constitue son film, mais on ne peut pas dire pour autant que Gerry soit une œuvre qui remue et qui provoque la réflexion. Au contraire, elle laisse un grand vide dans la tête… Œuvre méditative à souhait, certes, mais la vraie méditation ne s’encombre pas de cinéma.

Au niveau symbolique, on pourrait donner une foule de significations à Gerry . La principale, celle qui conférerait un semblant de sens à toute cette histoire, voudrait que Gus Van Sant ait cherché à nous parler métaphoriquement de la déliquescence d’une amitié. Pourquoi pas… Mais le sujet est déjà assez chiant comme ça pour nous le refourguer au milieu d’un long film plombant.

Est-ce parce qu’il revient de droit au spectateur de donner lui-même du sens à ce film creux que Gerry a malgré tout reçu l’approbation des critiques ? Je ne vois pas d’autres explications… Un film qui ne dit rien et qui laisse croire au spectateur que c’est à lui, et à lui seul, de lui donner le droit d’exister, ne vaut pas la peine de d’être regardé. Autant écrire directement son propre scénario…

L'éternelle opposition entre cinema narratif et cinema abstrait qui doit s'investir comme une expérience sensorielle contemplative Le sens nait de cette immersion dans un monde qui confronte 2 corps au paysage minéral et désert qui les entoure. Les clés ne sont pas narratives mais poétiques. J'essaierai de développer quand je serai devant mon ordinateur (avec l'iPhone c'est laborieux). J'aime énormément Gerry!

Marko a écrit:

J'aime énormément Gerry!

Et moi donc ! elle m'a clouée la petite coli avec son post
J'essaierai aussi de développer un peu plus tard

Ouch, je sens que je vais m'en prendre plein les dents...

Restless

Citation :

Bien qu’en phase terminale d’un cancer, la jeune et jolie Annabel Cotton est animée d’un amour profond de la vie et de la nature. De son côté, Enoch Brae a cessé d’avoir envie de faire partie du monde depuis que ses parents sont tragiquement morts dans un accident. Lorsque ces deux êtres à part se rencontrent à un enterrement, ils se découvrent d’étonnants points communs.

Mettez-vous un moment à la place de Gus Van Sant. Votre mission, si vous l'acceptez, est de réaliser un film à partir du sujet suivant : une jeune fille, qui n'a plus que quelques mois à vivre, rencontre un garçon en dépression sévère, après avoir perdu ses parents et survécu à trois mois de coma. Et ils vont s'aimer, le temps que ça durera ! C'est un sujet impossible, qui rappelle Love Story et quelques autres avatars du genre, dont le but est de tirer les larmes jusqu'à la lie. Van Sant aux commandes, c'est Elephant dans un magasin de porcelaine, non ? Non, justement, car bien que quelque peu gêné aux entournures, le cinéaste s'en sort avec les honneurs, même si le film a souvent l'air d'un compromis, qui n'ose pas franchement choisir un ton définitif. Beaucoup de scènes sont en apesanteur et, quand il est à bout de ressources, Van Sant fait entendre une B.O qui évite les dialogues signifiants et poétise la chose. Entre le morbide fun qui pointe le bout de son nez et la guimauve melliflue, Van Sant opte pour une posture médiane. Moyennant quoi, il s'interdit de s'attendrir, tout en restant classique dans sa narration. Et ajoute un personnage imaginaire, idée un peu lourde et commune, chargé de symboles dont on se serait passé. Si Restless reste plus que regardable, il le doit en grande partie à ses interprètes, Henry Hopper (fils du regretté Dennis) et l'angélique Mia Wasikowska, dont l'alchimie crève l'écran. Tout en délicatesse et en maladresses, Restless est un Van Sant à part, qui laisse un peu dubitatif et songeur. Mais ça, vu l'argument de départ, c'était hautement prévisible. Oui, tiens, essayez un moment de vous mettre à la place du Gus, pour voir !

traversay a écrit:

Tout en délicatesse et en maladresses, Restless est un Van Sant à part, qui laisse un peu dubitatif et songeur.

Après "La Guerre est déclarée", Restless est un autre film qui tente de traiter de la maladie et de la mort avec décalage et légèreté. Ici on est du côté du conte de fée qu'un Tim Burton n'aurait pas renié (Danny Elfman est d'ailleurs à la musique). J'ai eu l'impression qu'il y avait eu erreur de distribution pour la mise en scène tellement ce film était fait pour le grand dadais gothique. Mais c'est Gus Van Sant qui s'y colle et je dois avouer qu'à part 2 ou 3 moments assez gracieux et touchants l'ensemble m'a semblé un peu fade, parfois mièvre, à la limite de l'inconsistance. Même le flou photographique contribue à tenir à distance. De jolis adolescents qui vivent une brève et cruelle histoire d'amour très artificielle. De Gus Van Sant il ne reste qu'une façon assez juste de capter des émotions à fleur de peau, cet appétit de vie et ce mal être qui coexistent un peu en marge de la réalité. L'indulgence critique m'étonne mais on pardonne beaucoup à Gus Van Sant qui n'est pas à un film de commande près entre deux films plus expérimentaux.

Restless

Des impressions contrastées, mais j'en sors plus enthousiaste. J'ai trouvé que Gus Van Sant parvenait à donner à ce projet un ton personnel, et à lui apporter sa sensibilité. Restless peut s'épanouir grâce aux très belles interprétations de Mia Wasikowska et Henry Hopper : leur couple exprime une grâce lunaire, funambulesque, qui se renouvelle tout au long du film sans s'affaiblir. C'est un charme insistant, peu évident à cerner entre la légèreté de l'apparence et la fragilité de l'éphémère, qui permet de compenser beaucoup de faiblesses (un scénario improbable, des baisses de rythme, des personnages secondaires inexistants).
Pour Gus Van Sant, il s'agit en effet d'une parenthèse, mais qui a suffi à me combler sur le moment.

Avadoro a écrit:

Restless peut s'épanouir grâce aux très belles interprétations de Mia Wasikowska et Henry Hopper : leur couple exprime une grâce lunaire, funambulesque, qui se renouvelle tout au long du film sans s'affaiblir.

Oui c'est le principal intérêt du film qui se regarde agréablement.