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| Historicité : fiction, témoignage, ouverture des archives? | |
| | Auteur | Message |
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Babelle Zen littéraire
Messages : 5065 Inscription le : 14/02/2007 Localisation : FSB
| Sujet: Historicité : fiction, témoignage, ouverture des archives? Ven 5 Oct 2007 - 21:39 | |
| En parallèle au fil consacré à la lecture des Bienveillantes ici : ICIet des questions que soulève la fiction quand elle tente d'éclairer l'histoire... Des nouveautés qui s’imposent : - Ce que savaient les Alliés -Christian Destremau (éd. Perrin) - La Waffen SS. Soldats politiques en guerre -Jean-Luc Leleu (éd. Perrin) - Les Origines de la solution finale. L'évolution de la politique antijuive des nazis. Septembre 1939-mars 1942 -Christopher Browning, Jürgen Matthäus (éd. Les Belles Lettres) La revue Lire titre en pages intérieures au 4 octobre : « Du neuf sur Hitler » (François Busnel, Marc Riglet) - Citation :
- Le nazisme suscite une inflation éditoriale. Pourtant, loin des pseudo-révélations, de jeunes historiens signent plusieurs livres importants. Et démontrent que tout n'a pas été écrit sur l'origine de la solution finale, le rôle de la SS ou ce que savaient vraiment les Alliés.
Mise en perspective du phénomène Littell -Goncourt 2006 qui s’est vendu en France à plus de 700 000 exemplaires en réamorçant chez ses lecteurs ou non-lecteurs la question de la nécessité d’une œuvre de fiction autour de cette page d’histoire. Importance du nombre de publications qui ont suivi, jouant artificiellement du coude pour venir seulement « nourrir le dernier sujet inscrit à l'ordre du jour des dîners en ville ». La fascination du Da Vinci Coda entraîna de même toutes sortes de publications… L'article pose clairement la question et y répond : - Citation :
- « avons-nous encore quelque chose à apprendre, aujourd'hui, sur le nazisme? Oui. »
-Oui mais en dehors des visions sensationnalistes, mystiques, irrationnelles, qui n’auraient pas fini de plonger de niais ou mauvais lecteurs sur les publications émanant de piètres auteurs prétendant sortir une quelque « pépite documentaire »… « A l'opposé de cette vision sensationnaliste, trois genres littéraires permettent d'apprendre quelque chose de nouveau sur le IIIe Reich, ou de le comprendre autrement: le roman (voir l'interview de Norman Mailer) , le témoignage (voir l'aveu de Günter Grass ou la sublime odyssée de Daniel Mendelsohn, Les Disparus, l'un des livres phares de cette rentrée littéraire,et le livre d'histoire. » Si la page d’histoire est en mutation, c’est qu’une nouvelle génération d’historiens, « non émotionnellement connectés à l'époque qu'ils étudient », ont aujourd’hui la possibilité de plonger dans les archives qui commencent seulement à s’ouvrir. Il en sort en énoncé clairement défini comment l’ensemble de la presse américaine, New York Times inclus, dissimula en temps réel ce qu’elle savait sur l’extermination des juifs d'Europe.
Dernière édition par le Mer 24 Oct 2007 - 0:04, édité 1 fois | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Historicité : fiction, témoignage, ouverture des archives? Sam 6 Oct 2007 - 11:30 | |
| Parmi les romans qui traitent du sujet, je conseille les livres suivants : La Douleur - Marguerite Duras La mort est mon métier - Robert Merle Le Choix de Sophie - William Styron Le Liseur - Berhard Schlink Le non de Klara - Soazig Aaron Le roi des aulnes - Michel Tournier Le témoin oculaire - Ernst Weiss Les Bienveillantes - Jonathan Littell Maus, un survivant raconte (BD) - Art Spiegelman ( Indispensable !) En dehors du nazisme mais aussi important selon moi, Récits de la Kolyma de Varlam Chalamov. Chaque nouvelle représente un fragment de l'expérience de Varlam Chalamov dans les camps du Goulag où se sont écoulées dix-sept années de sa vie. ( Indispensable !) Ceux qui je compte lire : Le rapport de Brodeck de Philippe CLAUDEL Les Disparus de Daniel Mendelsohn Tout est illuminé de Jonathan Safran Foer Pelure d’oignon de Gunter Grass Et certainement d’autres aussi… - Citation :
- « avons-nous encore quelque chose à apprendre, aujourd'hui, sur le nazisme? Oui. »
Oui, oui et encore oui ! Et l’ouverture des archives y contribuera très certainement J’espère n’avoir jamais assez de témoignages, d’études, de recherches sur les horreurs qui se sont passées. Chaque ouvrage m’apporte un éclairage différent sur cette tendance génocidaire de l’humanité et un des plus impressionnants qui soit, de part son ampleur, son organisation et sa proximité dans le temps, j’ai nommé le nazisme, qui m’échappera encore et toujours. Mais il faut lire, lire et encore lire, ne jamais se dire « je ne savais pas », ne pas oublier, être à l’affût car on sait que l’histoire se répète sans cesse. |
| | | sousmarin Zen littéraire
Messages : 3021 Inscription le : 31/01/2007 Localisation : Sarthe
| Sujet: Re: Historicité : fiction, témoignage, ouverture des archives? Sam 6 Oct 2007 - 15:21 | |
| En terme d’histoire ce qui est sûr, c’est qu’aucun camp d’extermination n’a jamais été bombardé…et les cheminées dégageant des fumées continuellement, les alliés (y compris la presse) ne pouvaient que savoir ce qui se passait…et ceci dés le début ou presque. Les dirigeants alliés ont choisi de « laisser faire » pour des raisons stratégiques, comme ils ont choisi de parquer les américains d’origine japonaise dans des camps, de raser Dresde, de lâcher 2 bombes atomiques et de signer les accords de Yalta…en fait, les alliés ont gagné la guerre par leur puissance de feu démesurée, « malgré » leurs incompétences teintées d’amoralité… | |
| | | Babelle Zen littéraire
Messages : 5065 Inscription le : 14/02/2007 Localisation : FSB
| Sujet: Re: Historicité : fiction, témoignage, ouverture des archives? Dim 7 Oct 2007 - 13:37 | |
| L’Ennemi intime de Florent-Emilio Siri est une fiction (en salle) tirée du travail de documentariste de Patrick Rotman (voir DVD disponible, 3h20 de documentaire). Ici la question se pose encore, non de ce qu'il est souhaitable de "donner à voir" de l'histoire, mais de quelle manière et par quel biais. L'oeuvre de fiction serait, de nos jours, un élément pédagogique qui aurait davantage de poids pour la captation des publics jeunes, très fortement reliés à l'image? Afin de les émouvoir? Mais est-ce suffisant, d'être ému? - Je ne suis qu'à moitié convaincue. Le risque étant de mettre en avant chez de jeunes générations le poids d'une seule responsabilité individuelle incarnée par un personnage aussi atypique que celui des Bienveillantes de Littell. Ce qui de tous temps fut bien pratique. Ici encore la fiction semble donner à un personnage stéréotype la fonction du bourreau : le lieutenant Terrien. Alors que le documentaire de Rotman balayait plus large, interrogeant tous les témoins et protagonistes. | |
| | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: Historicité : fiction, témoignage, ouverture des archives? Mar 23 Oct 2007 - 3:55 | |
| - Citation :
- Ici encore la fiction semble donner à un personnage stéréotype la fonction du bourreau : le lieutenant Terrien.
Je ne suis pas tout à fait d'accord... En fait, je voudrais dire déjà que sur le plan historique je ne connais rien à la guerre d'Algérie....sauf certains faits très vagues , sans doute lus, ou dont ont peut être parlé mes parents, et puis, plus récemment, l'étrange livre d'Aussares parlant de la torture en Algérie. Etrange, car je me suis demandé le pourquoi de ce livre. Son intérêt. La confession d'un vieillard? Et puis , j'avoue jusqu'à quel point je suis ignare, c'est sur un forum d'actualité que j'ai fait connaissance avec une association créé à la mémoire de Frantz Fanon, et de là, j'en ai appris plus. Enfin, un peu. En particulier, j'ai été attirée par l'expression " Les porteurs de valise". Un ami m'a conseillé il y a 6 mois de lire le document de Patrick Rotman, Les porteurs de valise , j'ai commencé, je progresse très, très lentement, car , encore une fois, le contexte historique m'est très étranger. Et puis ce film....là encore, conseillé. Et j'en viens à ce que dit Babelle du lieutenant Terrien qui est un volontaire, diplômé, idéaliste , tout à fait différent du personnage des Bienveillantes. Il essaie, Terrien. Et il craque. C'est assez classique, on a vu ça dans toutes les guerres. Ce qui m'a semblé moins classique, si l'on peut dire , ce n'est même pas la représentation filmée de la torture, que celle des massacres perpétrés par l'armée française. Femmes, enfants, bébés, des villages entiers. Enfin, c'est ce que montre le film, et je suppose qu'il ne ment pas. Bien sûr, en face, ils sont féroces , mais quand même...je crois que la France a bien du mal avec son passé récent, qui n'a rien de très brillant. Quelqu'un peut-il parler de façon un peu plus construite de cette guerre d'Algérie? J'y reviendrai sans doute, je continue Les porteurs de valise, et ai acheté le dernier numéro d'Historia qui parle de cette guerre et de ces dérives ( et c'est un mot faible...) Quelques liens http://www.lennemi-intime-lefilm.fr/ http://www.lennemi-intime-lefilm.fr/faits.html | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Historicité : fiction, témoignage, ouverture des archives? Mar 23 Oct 2007 - 10:55 | |
| L'ouvrage que j'ai envie de citer immédiatement sur ce fil est celui qui s'intitule Lettres de Westerbork de Etty Hillesum. Ce n'est pas un roman. Il s'agit bien de lettres authentiques... Sous la plume d'une jeune fille pétrie d'espoir, d'intelligence, de lucidité et surtout d'amour, la vérité de ce que fut le quotidien du camp de transit de Westerbork (au Pays-Bas)... Un document d'histoire aussi puisqu'à travers ces Lettres de Westerbork et le journal d'Etty qui est parfois édité dans le même volume Une vie bouleversée, on voit comment peu à peu s'est installée l'horreur dans la vie d'une jeune juive hollandaise...jusqu'à une dernière lettre jetée du train qui l'emmène vers la mort, lettre retrouvée par des villageois sur la voie ferrée... C'est pour moi un des plus marquants ouvrages que j'aie jamais lus... Un fil pour Etty Hillesum sur Parfum de Livres est ouvert ICI | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Historicité : fiction, témoignage, ouverture des archives? Mar 23 Oct 2007 - 13:44 | |
| Milena de Margarete Buber-Neumann
Margarete Buber-Neumann, militante communiste allemande, fut envoyée à Ravensbrück. Là, elle rencontra Milena Jesenska, la traductrice et amie de Kafka (elle lui inspira Les lettres à Milena), une journaliste célèbre, communiste elle aussi (exclue du parti pour impertinence) qui avait organisé l'émigration des Juifs et fut pour cela déportée.
Elisabeth Buber- Neumann consacre ce bel ouvrage à Milena : " Je remercie le sort de m'avoir conduite à Ravensbrück car j'y ai rencontré Milena." Milena, son amie, qui lui disait au camp: " Je sais que, grâce à toi, je peux continuer à vivre. Tu diras aux hommes qui j'étais." | |
| | | Babelle Zen littéraire
Messages : 5065 Inscription le : 14/02/2007 Localisation : FSB
| Sujet: Re: Historicité : fiction, témoignage, ouverture des archives? Mer 24 Oct 2007 - 1:17 | |
| Je crois qu'au fond nous sommes assez d'accord pour conforter le travail des historiens, chercheurs des faits. Eux-même doivent enrichir leur construction en y aposant les témoignages des survivants, mais aussi les témoignages des enfants dont les parents ne sont pas revenus. Il revient aussi à l'historien d'étayer la vérité par des documents créés clandestinement dans un camp en 1943 (poésie, chants, écrits, dessins -je pense même à cet opéra qui a été réédité en fac similé il y a peu (le nom m'échappe) opéra qui fut composé par et pour des enfants dans les conditions qu'on n'ose imaginer. Si le négationisme a pu enfreindre la loi en énonçant des contre-vérités, c'est que, ici ou là, bien après la guerre, les témoins et rescapés de tous âges, ceux revenus en France, ont malheureusement dû se taire. - D'abord parce qu'ils ne savaient pas comment faire partager ce qu'ils avaient subi, ce qu'ils avaient vu, à leur propre famille bien souvent. Et parce que, durant le temps que dura le malaise le plus dégueulasse (celui de savoir qu'au sein de l'État on serrait encore des mains qui n'étaient pas très propres...) "on" ne leur a pas donner à parler (sauf dans les cercles politisés, de gauche souvent, où beaucoup apprenaient déjà à raconter pour élaborer le travail de mémoire. Les mains sales, se sont elles qui, en 1961 et 62, commanderont de jeter à la Seine les Algériens défilant silencieusement dans Paris. - Lorsque les pouvoirs se remettent en place après la guerre, les pétainistes sont encore en nombre à des postes clefs. Les archives évidemment sont bouclés. - Ce qui a été occulté trop longtemps doit se dire un jour dans une autre forme, sous toutes les formes, et la littérature en est une. L'explosion littéraire et documentaire est d'autant plus lourde qu'on y a mis le temps. 2006 : Les Bienveillantes. 2007 : Les Disparus
Guerre d'Algérie : 1958. "La Question" de Henry Alleg dénonçant déjà la torture est interdite de publication; elle sortira clandestinement édité chez Minuit, rééditée en 61. 8 février 1962 : au métro Charonne (Papon préfet de police de la Seine!) neuf personnes sont tuées durant la manifestation organisée par le parti communiste en faveur de l'indépendance de l'Algérie.
C'est seulement en 1998 que le roman "Meurtres pour mémoire" de Didier Daeninckx sera parmi les livres à l'étude des classes de 3è. | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Historicité : fiction, témoignage, ouverture des archives? Sam 27 Oct 2007 - 22:14 | |
| - Babelle a écrit:
- La revue Lire titre en pages intérieures au 4 octobre :
« Du neuf sur Hitler » (François Busnel, Marc Riglet)
Le Magazine Littéraire traitait du même sujet en septembre: 60 ans de romans sur le nazisme. Un document passionnant. | |
| | | Babelle Zen littéraire
Messages : 5065 Inscription le : 14/02/2007 Localisation : FSB
| Sujet: Re: Historicité : fiction, témoignage, ouverture des archives? Dim 29 Juin 2008 - 10:34 | |
| Histoire et cinéma, quand faut-il s’abstenir ? Le Dernier roi d'Ecosse - Citation :
- in Afrik : "Une relation imaginaire pour rendre compte de la complexité d’un dictateur ? « Forest Whitaker apparaît sous les traits du dictateur ougandais Idi Amin Dada dans le Le Dernier roi d’Ecosse du réalisateur britannique Kevin Macdonald. Son interprétation magistrale du dictateur, vu à travers les yeux de son médecin personnel écossais, nous plonge dans la réalité d’un régime qui a endeuillé l’Ouganda entre 1971 et 1979. ».
Le film, sorti en février 2007 et tiré d’un roman de Giles Foden (éd. de l’Olivier), est disponible en DVD. J’ai tenu une petite heure. A mon sens les premières images confirment que la soupe d’un très mauvais cinéma vient puiser dans l’horrifique de l’historicité : un charmant jeune écossais en quête d’aventure arrive en Ouganda avec la prétention de venir en aide aux plus démunis, femmes, enfants, dans une ONG pour y exercer ses fonctions de médecin. Vision d’emblé très adolescente vu qu'on ne voit pas grand chose de la population en question. Le médecin chef a une femme charmante : petite page sentimentale, je couche, je couche pas, oui, non, si, mélo de 3 sous. D’entrée le jeune homme, sous une bande son rythmée de tam tams (!) jouissait entre les bras d’une belle africaine rencontrée dans le bus. Les clichés ont la vie dure. C'est donc tout naturellement que notre protagoniste, qui se dit apolitique face aux sbires d’Amin, se retrouve naïvement embringué auprès du dictateur sanguinaire qui en fait non seulement son médecin personnel mais aussi… son conseiller ! Dans la même veine qu’un Blood Diamond venu faire larmoyer pour pas cher, le film ne vaut pas un tiers de notre billet UGC. Et j’apprends que Kevin Macdonald (primé aux Oscars britanniques comme meilleurs acteur dans cette bienheureuse prestation) serait le petit-fils de Pressburger ??? Oui, donc, où voulais-je en venir… à la fiction lorsque l’imaginaire nous rend le fait historique guimauve! Le mauvais ciné : un mauvais plan pour revisiter l’histoire. Le nombre de cadavres faisant monter l'audimat. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Historicité : fiction, témoignage, ouverture des archives? Dim 29 Juin 2008 - 20:19 | |
| Je ne sais pas si je manque totalement de sens critique, ou si j'ai été si subjuguée par l'interprétation de Forrest Whitaker que je n'ai pas vu le reste, mais j'ai aimé ce film, que je n'ai pas trouvé si caricatural que ça. Les images gore auraient pû être évitées, c'est le seul reproche que je lui fais. |
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| Sujet: Re: Historicité : fiction, témoignage, ouverture des archives? | |
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