Iain Levison

UN PETIT BOULOT

La société que nous décrit Iain Levison est aussi celle de Donald Westlake dans Le Couperet.
Celle que nous connaissons, que nous subissons et qui a déjà fait tellement de dégats.
Décervelage et esprit de compétition, humiliations, harcelement, précarisation, délocalisation, licenciments, chomage... et j' en passe.

Jake Skowan est victime de cette société-là. La seule usine de la ville a fermé, délocalisée au Mexique.
Et Jake a tout perdu. Meme l' espoir de fonder une famille et de rembourser les crédits qui lui permettaient de vivoter.
A ce niveau d' absurdité, on est pret à tout. A tuer ou à se tuer.
Il choisit de tuer et devient tueur à gages et s' en tire en toute impunité.
J' ai beaucoup ri et éprouvé une jublilation sans mélange dans ce pamphlet drole et féroce.

On passe un bien agréable moment de lecture avec ce roman où l'humour noir a évidemment une place de choix

- Iain LEVISON : Arretez-moi là. - Liana Levi

... Avec son efficacité habituelle, son style au carré, son humour vinaigré, I. Levison parvient à faire
d' une impitoyable dénonciaition un roman réjouissant par sa force vitale et sa capacité d' indignation.
Télérama.

Tribulations d'un précaire

Paru en 2002 aux Etats-Unis et édité en 2007 aux éditions Liana Levi, pour la traduction française.

Toujours (tristement) d'actualité, je dirais même plus que jamais.

"Au cours des dix dernières années, j'ai eu quarante-deux emplois dans dix états différents. J'en ai laissé tomber trente, on m'a viré de neuf, quant aux trois autres, ça a été un peu confus. C'est parfois difficile de dire exactement ce qui s'est passé, vous savez seulement qu'il vaut mieux ne pas se représenter le lendemain. Sans m'en rendre compte, je suis devenu un travailleur itinérant, une version moderne du Tom Joad des Raisins de la colère. A deux différences près. Si vous demandiez à Tom Joad de quoi il vivait, il vous répondrait :"  je suis ouvrier agricole ". Moi, je n'en sais rien. L'autre différence, c'est que Tom Joad n'avait pas fichu quarante mille dollars en l'air pour obtenir une licence de lettres".

En résumé, ce récit autobiographique, c'est un peu (beaucoup) comment survivre quand on est fraîchement diplômé et que ce diplôme ne sert à rien dans un pays très dur envers les travailleurs, tel les Etats-Unis, auprès duquel nos chômeurs font quasiment un parcours de santé.

Très intéressant ce bouquin, on se réjouit que Iain Levison ait pu trouver sa voie, l'écriture. Son témoignage est édifiant et terrible sur le devenir de notre société impitoyable envers les exclus du système : " Je suis incasable pour la moitié du monde, et l'autre moitié ne m'intéresse pas. Ils auraient du nous en dire quelques mots le jour de la remise des diplômes au lieu de nous raconter que nous étions l'avenir du monde, la lumière... blablabla. En réalité, je n'ai pas assisté à la remise des diplômes parce que je savais depuis l'année précédente que je m'étais fait baiser et parce que je n'avais pas envie d'échanger du bon argent contre de la monnaie de singe en louant une toge de deux cents dollars ni de me griller le cul au soleil tandis que je pouvais me prélasser au bord d'une piscine."

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"Ce n'est pas une question d'argent. Le véritable problème c'est que nous sommes tous considérés comme quantité négligeable. Un humain en vaut un autre. La loyauté et l'effort ne sont pas récompensés. Tout tourne autour des résultats financiers, un terme aussi détestable pour tout travailleur que "licenciement" ou "retraite forcée"........"

Iain Levison est né en Ecosse et a grandi aux Etats-Unis. Il vit en Caroline du Nord.  A la fin de son parcours universitaire il a exercé toutes sortes de métiers et ce sont ses expériences qu'il relate dans ce livre.

Une canaille et demie

Pas mal ! Le braqueur qui trouve asile chez un prof, tous les sépare et d'ailleurs rien ne les rapprochera...le plus redoutable des deux n'est pas celui qu'on pense...

On en vient à aimer ce pauvre Dixon, ex-taulard, qu'un malentendu a amené en prison et qui en a vu tout sa vie chamboulée. Pas de chance, blessé après un braquage de banque, pour échapper aux flics, il jette son dévolu sur la maison d'Elias, un professeur ambitieux et dépourvu de scrupules, prêt à (quasiment) tout pour réussir   .

Roman un rien désabusé mais qui sonne juste, hélas   

Au final, pas très réjouissant, toujours l'humour assez noir de Iain Levison..... mais un bon roman.

J'avais bien accroché avec Un petit boulot, trouvant le concept original, et la plume agréable.

J'ai fait une nouvelle incursion dans le monde d'Iain Levison, en lisant d'une traite ses Tribulations d'un précaire.
Toujours agréable, moins original cependant, cette litanie de petits boulots, rappelant Bukowski, sans le sexe et l'alcool.
En tout cas ça m'a rappelé ma période d'intérimaire dans les usines, Levison décrit parfaitement, avec cynisme et humour grinçant, les errances d'un travailleur désabusé, cherchant simplement à survivre. J'ai bien aimé les références littéraires, notamment celle à Tom Joad, des Raisins de la colère.

-Un petit boulot-



Un type au chômage après le fermeture de son usine se retrouve embarqué dans une plan diabolique par son bookmaker: Liquider sa femme infidèle. Décidé à tout pour sortir de sa sinistrose, sans état d'âme autre que celui de faire payer ceux qui l'ont mis à terre, il va vite trouver des avantages à sa nouvelle fonction et se laisser griser par la puissance qu'elle procure...

Si l'idée de base est complètement immorale et bien que Jake soit un type à priori droit dans ses bottes, on ne peut s'empêcher de rire lorsque surgit le burlesque. Iain Levison maniant la dérision comme d'autres l'équilibre, il retombe toujours sur ses pieds et au final rien ne nous paraît monstrueux. Suivre Jake formenter ses plans, voire improviser si la situation dérape, ou y ajouter une dose de surréalisme, est un petit moment de bonheur qui m'a effectivement fait penser aux films des frères Coen, comme il est dit sur la couverture, avec ce qu'ils contiennent de bonne humeur mêlée au sordide le plus extrême.

En bref, un roman jubilatoire, plein de cynisme et de férocité, qui fait presque oublier le drame qui se cache derrière: celui d'hommes ayant perdu jusqu'à leur dignité et prêts à tout pour retrouver foi en eux. Grand merci Arturo pour cette découverte, encore bien joué pour cette chaîne de lecture!