Vernon Subutex tome 2
Ayant été déçu par le premier tome, car possédant à l'origine un profond respect pour l'oeuvre de Virginie Despentes, je commençai cette lecture avec appréhension.
Si je m'évertuai à lire cette suite c'était justement car je voyai le premier tome comme un accident, une simple erreur de parcours, ainsi je retrouverai la force de cette romancière dès la suite débutée.
Et je suis soulagé que ce soit le cas.
On retrouve la colère tranquille de l'auteure qui prend d'ailleurs de la hauteur sur pas mal de sujets sociaux et non plus politiques. C'est bien quand elle traite de la société d'un point de vue social et sociétal justement et non d'un point de vue politique, c'est bien plus percutant.
On retrouvé le style incisif ainsi qu'esthétique avec ce savant mélange d'argot, de familier qui s'oppose à des phrases plus subtiles plus ampoulées dans le bon sens du terme. Un roman chorale avec des styles pluriels voila ce à quoi nous avait habitués Despentes et qu'on, retrouve ici.
Les personnages sont bien plus subtiles, bien plus vulnérables aussi, ils sont diaboliquement complexes et on ne peut ni les détester vraiment ni les aimer sans retenue. Les clichés et poncifs ont disparu laissant place à de la nuance, de la nuance indignée mais équilibrée.
Je retiens entre autre ce passage où le père d'Aïcha, Sélim réfléchit sur l'évolution de sa fille, sur le rapport à la culture française et sur sa place de père. Quelle force dans le propos ! Et quel talent de la part de Despentes d'arriver à s'approprier les problématiques paternelles pour les décrire avec tant d'acuité. Un grand moment de littérature.
Vraiment un livre intéressant. Le seul bémol est qu'il ne m'a pas ému, je l'ai lu comme un entomologiste lirait le compte rendu d'une étude sur une colonie d'insectes. Avec un grand intérêt culturel, mais sans émotion particulière si ce n'est par fulgurances éparses. Mais c'est quand même un ouvrage d'une grande importance littéraire, je ne risque pas de bouder le plaisir que j'ai eu.