Christophe Donner

Un truc que je ne comprends pas avec Donner, c'est que visiblement, il a une idée très précise de ce que devrait être la littérature (qu'il expose dans le très recommandable "Contre l'imagination"), mais que dans la pratique, il écrit tout le contraire. Je partage complètement sa vision lorsqu'il dit que l'imaginaire ne vaut pas tripette en comparaison du vécu, mais qu'est-ce qu'il fait dans ses bouquins ? Hormis quelques romans plus autobiographiques, il me semble donner en plein dans la fiction, ou l'autofiction.

Je publie cette photo car je trouve qu’elle va mieux avec son dernier livre que celles beaucoup plus austères qu’on voit parfois (dont fait partie celle proposé par Aériale en tête de ce fil). La mienne a un côté joueur et désinvolte qui se retrouve dans :


Vivre encore un peu

Comme Christophe Donner, le narrateur s’appelle Christophe et est un passionné de courses hippiques ; sa femme (sans doute celle que Christophe Donner évoque chaque semaine dans ses critiques littéraires du Monde 2) s’appelle Dora , est née au Liban où elle garde d’intenses attaches familiales. Cela convient bien à Christophe, qui s’est ainsi trouvé « une petite famille » (alors qu’il ne parle plus à son propre père depuis 20 ans), et qui est aussi sans doute assez soulagée qu’elle habite au Liban, car même s’il l’adore, elle est parfois un peu envahissante.

Ce qu’il raconte dans le livre c’est que son beau-père a 104 ans, sa belle-mère 85 , qu’ils se sont plus ou moins haïs toute leur vie. Maintenant que l’ancêtre perd la tête la situation devient explosive…Comme on redoute une mort prochaine, tous les enfant appelés à la rescousse vont se retrouver à Beyrouth pour fêter Noël. C’est l’occasion de ressasser les anciennes haines et les bons souvenirs, les petites rivalités. C’est aussi un moment crucial pour réfléchir au sens de la vie, au naufrage de la vieillesse, à sa propre mort, à son identité même puisque l’aïeul ne reconnaît plus ses proches…
Christophe aime bien toute cette famille mais garde un certain recul en tant que pièce rapportée (et adulée : « Il n’y a pas mieux pour un Libanais que de marier sa fille à un Français. C’est encore plus honorable que de se marier avec la fille d’un prêtre. »). Il dresse des portraits à la fois tendres et ironiques de chacun , de ces relations où malgré les traces parfois amères du passé, l’amour s’enflamme et s’exprime avec des débordements très orientaux, des interrogations existentielles qui saisissent chacun.

Au delà de son côté badin, Vivre encore un peu nous interroge avec finesse et humour sur nous-mêmes, sur nos parents, et d ‘une façon plus générale sur la mort, la vieillesse et la transmission.