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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Messages : 16 Inscription le : 18/04/2008 Localisation : Rhone-Alpes
Sujet: Christophe Tarkos Ven 4 Juil 2008 - 19:35
Christophe Tarkos [CC BY-SA 3.0 (http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0)], by charles pennequin (Own work), from Wikimedia Commons
Je le lisais en 1998 et depuis je l'avais oublié. Il s'appelait Christophe Tarkos. Je viens de retomber dessus, mu et poussé par je ne sais quoi. Il etait resté vivant inside me. Je vous livre un premier extrait puis mes souvenirs de lectures redevenus présents...
« Cela ne peut plus durer. Ça ne peut plus durer comme ça. Ce n'est pas possible. C'est n'importe quoi. Il faut faire quelque chose. Ça ne veut plus rien dire, on ne sait plus ce qu'on fait, il y a tout et rien, ça part dans tous les sens. Ce n'est plus de la poésie. » (Christophe TARKOS ).
Lorsqu’en 1998, j’ai découvert Christophe Tarkos et ses écrits, le poète n’était pas mort. Il décèdera quelques six ans plus tard, en décembre 2004, entouré de ses quelques amis qui l’accompagneront au Cimetière Montparnasse, entrée 3, Boulevard Quinet. Cette découverte de Tarkos, je la dois au numéro 1 de la Revue « La Polygraphe », éditée par les Editions Compact. Il y était noté que Christophe Tarkos était « un fabricant de textes et de performances », qu’il était né à Marseille et qu’il vivait en France. La suite disait qu’il fabriquait des textes et des poèmes, des poèmes présentés sous forme de textes imprimés ou de lectures ou de performances avec pour titres par exemple : la vache et le trou, le bidon, le pneu. Les ouvrages, eux, avaient pour titre : le train, l’oiseau vole, farine, Oui (chez « Ulysse en fin de siècle »), processe ». Il était à la recherche d’un éditeur qu’il trouvera avec POL (« Pan » et « Anachronisme ») et une plus petite maison d’édition (Al Dante). Parmi les 12 textes présentés dans cette revue de 1998, sous le titre de « Cases du damier », deux d’entre eux m’avaient frappés mais, vous savez comment vont et viennent les pensées : elles entrent en vous, y restent cachées avant qu’à la faveur fortuite de l’arrivée d’un temps printanier ou d’un soleil d’été, elles resurgissent brutalement à la lumière. A redécouvrir ces deux textes, j’ai su alors qu’ils entrés en moi, y étaient restés pour, un jour, y affleurer et me bouleverser. C’est ainsi que renaît un peu BiBi à la vie . A la lecture de Christophe Tarkos, on se dit tout de suite qu’il n’y a rien eu auparavant de quelque chose qui puisse lui être comparé. biBi avait eu cette même impression de jamais-vu avec les images singulières de Jean Eustache ou d'Abbas Kiarostami. On oscille entre l’ahurissement, la jouissance de voir ainsi les choses nommées et la surprise d’avoir instantanément des palpitations. C’est presque rien ce déferlement, cette langue ralentie, ce flux en quatrième vitesse qui fait que ça caracole aussitôt à l’intérieur de nous. Ce presque-rien nous affole, nous suffoque. Les amis de Parfums de Livres reconnaitront à leur fin odorat ce que j'avance en lisant ces deux extraits :
1......................................................................................................... « Je suis blanc, je suis tout blanc. Je ne sais plus ce que ma pensée pense. Je ne comprends plus ce qu’elle veut penser, ce qu’elle pense, si ce qu’elle pense est juste ou non, est bon ou mauvais ou autre chose, je suis entièrement blanc, je ne peux plus juger de ma pensée, je pense sans pouvoir savoir, elle peut penser ce qu’elle veut, je suis blanchi, je n’ai plus aucun moyen de savoir ce qu’elle est, ce qu’elle veut, je ne peux plus la juger, e ne la juge pas, elle fait ce qu’elle veut, elle me détache, je ne juge plus, je ne sais plus ce qu’elle pense, comment elle pense, elle pense sans que je puisse juger, de son côté elle peut bien penser ce qu’elle veut, je n’ai plus de regards sur ma pensée, je suis tout blanc, je ne sais plus maintenant ce que je fais, ma pensée me devance, elle est loin devant, elle est laissée, elle se balance comme elle l’entend, je suis entièrement blanchi, dire si ce qu’elle pense est juste est fini, je ne juge plus, elle pense, je suis entièrement blanc, je suis d’une grande blancheur ». 2......................................................................................................... « En Allemand je ne sais plus je ne comprends plus je deviens sourd et niais je suis perdu je n’ai plus moyen de comprendre je ne comprends pas un mot je ne sais plus entendre je n’entends plus rien je ne lis plus rien je ne sais pas lire je ne sais pas un mot je ne comprends pas ce qu’on me dit je suis têtu et sourd je ne peux plus parler je suis muet je n’ai pas le moindre moyen de langue je ne comprends plus rien j’entends qu’on m’adresse la parole je vois des inscriptions tout ce qu’on me dit je ne le comprends plus je ne peux rien répondre je ne comprends simplement rien au langage je ne peux que faire le geste que je suis sourd que je suis muet que je suis complètement en dehors que rien ne me parvient que je ne peux pas l’écrire que je suis absolument sans moyen de me faire comprendre qu’il ne me reste que des gestes pour gesticuler pour faire celui qui n’y entend rien et qui n’a pas la parole je suis sans entente je suis sans parole je ne vois plus rien de tout ce qui est écrit je ne sais plus rien lire je ne vois plus je suis dans l’invisible je suis dans la surdité j’entends des sons inintelligibles je ne peux pas m’expliquer je suis sourd et muet et aveugle toutes les langues m’ont quitté je ne comprends plus rien ».
BiBi
Dernière édition par animal le Sam 24 Oct 2015 - 20:27, édité 1 fois (Raison : edition photo pour raisons de droits.)
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Sujet: Re: Christophe Tarkos Jeu 12 Mai 2016 - 16:37
Ah, je me demandais s'il y aurait un fil pour lui, mais il y a tout sur Parfum. (merci Bibi)
Aujourd'hui, au fil de mes pérégrinations internautiques, j'aperçois un mot : Tarkos. Alors forcément je clique dessus. C'est que j'ai lu de nombreux textes fabuleux de lui. J'avais aussi lu qu'il proposait des lectures et performances, mais bizarrement je n'avais jamais eu la curiosité de chercher sur internet. Et là un grand coup d'émotion :
Alors je creuse un peu et découvre qu'un film "hommage" a été réalisé :
Au final, c'est peut-être le seul auteur que je préfèrerai désormais voir-entendre plutôt que lire.