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| Anita Nair [Inde] | |
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Auteur | Message |
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Cassiopée Main aguerrie
Messages : 347 Inscription le : 28/07/2011 Localisation : France
| Sujet: L'inconnue de Bangalore Jeu 4 Juil 2013 - 18:22 | |
| Traduit de l’anglais (Inde) par Dominique Vitalyos Editions : Albin Michel (10 Mai 2013) 360 pages L'inconnue de Bangalore (Livre policier) C’est dans le monde très particulier et très fermé des eunuques que ce roman se déroule. Nous sommes dans une Inde aux castes bien déterminées, approchée par l’auteur sous de multiples angles, comme un prisme aux nombreuses facettes. En effet tour à tour, nous suivrons des personnages aussi originaux que troublants et il sera nécessaire de rester attentif au maximum pour ne pas perdre le fil. D’autant plus que des expressions comme Abba, Akka, Appa, Amma sont employés régulièrement. Comme ces termes peuvent désigner des membres de la famille mais aussi être destinés à marquer la respectabilité, il y a de quoi embrouiller le lecteur. Ajouter à ceci, le « il » et le « elle » utilisés pour définir les eunuques et vous allez penser « trop compliqué pour moi, pas envie de me prendre la tête. »
Ne vous arrêtez surtout pas à cette impression et partez dans cette Inde multicolore, aux individus ambigus mais attachants. Les chapitres courts permettent de passer rapidement de l’un à l’autre sans se lasser et donne un rythme intéressant à une intrigue complexe sans être trop torturée non plus.
L'inspecteur Borei Gowda, dont la femme est dans une autre ville pour accompagner leur fils qui y fait ses études, est un homme aimant son métier mais appréciant par-dessus tout de mener les choses comme il l’entend au grand dam de ses supérieurs. Voilà qu’on lui adjoint Santosh qui a demandé à faire équipe avec lui. Il faudra que les deux collègues se comprennent (bien qu’ils soient issus de la même caste), s’apprivoisent pour qu’ils s’écoutent et avancent ensemble et non pas séparément. C’est une belle approche de la difficulté de ces hommes un peu « ours », un peu plus âgés, lorsqu’ils doivent collaborer qui nous est offerte en filigrane de ce roman. Ses rapports avec son fils et avec une ancienne amie de faculté, sont décortiqués aussi car ils nous montrent les maladresses masculines lorsqu’il faut parler d’amour….
Mais le fil conducteur le plus important, est bien cet eunuque, qui au fil des pages, devient tour à tour captivant, détestable, équivoque mais surtout fascinant pour le lecteur, scotché au texte, porté par une écriture de qualité, tout à fait adaptée au contenu. Bangalore est une grande ville indienne dans laquelle, suivant les protagonistes, nous marchons, déambulons, courons, nous cachons. Il a sans doute été difficile pour Anita Nair de ne pas écrire un roman ethnique tout en donnant suffisamment d’éléments au lecteur pour qu’il s’approprie les êtres rencontrés au fil des pages ainsi que l’atmosphère particulière de cette ville en plein Ramadan. En les appréhendant, on peut concevoir leurs réactions, les « accepter » car elles sont liées à leur vie, à leur cheminement, à leur passé….
Parfois, on pense qu’un livre qui se déroule à l’étranger, pourrait être transposé ailleurs car les lieux pourraient être facilement inter changés et hop au lieu de la froide Islande, on se retrouverait en Ecosse ou au Portugal (en dehors des villes, on adapterait météo et paysages et le tour serait joué…)
Anita Nair en nous plongeant dans l’univers des eunuques, dans leurs pensées, leur mode de vie, réussit un tour de force. Tout est bien dosé et nous passons rapidement de l’un à l’autre, gardant en mémoire les lignes précédentes pour mieux comprendre celles qui suivent.
J’ai eu beaucoup de plaisir à cette lecture. Je ne sais pas si l’auteur a l’intention de nous faire retrouver Gowda et Santosh mais je pense qu’ils ont encore de beaux jours devant eux sous la plume de cette jeune femme, journaliste et poétesse (ce qui explique des descriptions courtes, fines, imagées, nous donnant l’impression de découvrir des photos de cette ville qu’elle habite).
Une mention « excellent » à la traductrice, qui vit plusieurs mois par an en Inde et qui a si bien sur faire vivre les mots pour nous transmettre l’atmosphère de ce pays.
Dernière édition par Cassiopée le Dim 21 Juil 2013 - 17:26, édité 1 fois | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Anita Nair [Inde] Jeu 4 Juil 2013 - 23:09 | |
| Merci pour ton commentaire Cassiopée. Ce livre me tente depuis que je l'ai vu, tu m'as convaincue de guetter la sortie en poche, ou de l'emprunter si possible.
Si tu t'intéresses aux hijras et que tu veux en savoir plus, je te conseille le livre de Zia Jaffret : Les derniers eunuques, en Inde avec les hijras, témoignage des plus intéressants d'une jeune femme qui est allée à leur rencontre. J'ai également vu que l'on trouve sur youtube (en 5 parties) le passionnant documentaire Des saris et des hommes qui avait été diffusé sur Arte. |
| | | traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Anita Nair [Inde] Mar 23 Juil 2013 - 16:00 | |
| - Cassiopée a écrit:
Traduit de l’anglais (Inde) par Dominique Vitalyos Editions : Albin Michel (10 Mai 2013) 360 pages
L'inconnue de Bangalore (Livre policier)
C’est dans le monde très particulier et très fermé des eunuques que ce roman se déroule. Nous sommes dans une Inde aux castes bien déterminées, approchée par l’auteur sous de multiples angles, comme un prisme aux nombreuses facettes. En effet tour à tour, nous suivrons des personnages aussi originaux que troublants et il sera nécessaire de rester attentif au maximum pour ne pas perdre le fil. D’autant plus que des expressions comme Abba, Akka, Appa, Amma sont employés régulièrement. Comme ces termes peuvent désigner des membres de la famille mais aussi être destinés à marquer la respectabilité, il y a de quoi embrouiller le lecteur. Ajouter à ceci, le « il » et le « elle » utilisés pour définir les eunuques et vous allez penser « trop compliqué pour moi, pas envie de me prendre la tête. »
Ne vous arrêtez surtout pas à cette impression et partez dans cette Inde multicolore, aux individus ambigus mais attachants. Les chapitres courts permettent de passer rapidement de l’un à l’autre sans se lasser et donne un rythme intéressant à une intrigue complexe sans être trop torturée non plus.
L'inspecteur Borei Gowda, dont la femme est dans une autre ville pour accompagner leur fils qui y fait ses études, est un homme aimant son métier mais appréciant par-dessus tout de mener les choses comme il l’entend au grand dam de ses supérieurs. Voilà qu’on lui adjoint Santosh qui a demandé à faire équipe avec lui. Il faudra que les deux collègues se comprennent (bien qu’ils soient issus de la même caste), s’apprivoisent pour qu’ils s’écoutent et avancent ensemble et non pas séparément. C’est une belle approche de la difficulté de ces hommes un peu « ours », un peu plus âgés, lorsqu’ils doivent collaborer qui nous est offerte en filigrane de ce roman. Ses rapports avec son fils et avec une ancienne amie de faculté, sont décortiqués aussi car ils nous montrent les maladresses masculines lorsqu’il faut parler d’amour….
Mais le fil conducteur le plus important, est bien cet eunuque, qui au fil des pages, devient tour à tour captivant, détestable, équivoque mais surtout fascinant pour le lecteur, scotché au texte, porté par une écriture de qualité, tout à fait adaptée au contenu. Bangalore est une grande ville indienne dans laquelle, suivant les protagonistes, nous marchons, déambulons, courons, nous cachons. Il a sans doute été difficile pour Anita Nair de ne pas écrire un roman ethnique tout en donnant suffisamment d’éléments au lecteur pour qu’il s’approprie les êtres rencontrés au fil des pages ainsi que l’atmosphère particulière de cette ville en plein Ramadan. En les appréhendant, on peut concevoir leurs réactions, les « accepter » car elles sont liées à leur vie, à leur cheminement, à leur passé….
Parfois, on pense qu’un livre qui se déroule à l’étranger, pourrait être transposé ailleurs car les lieux pourraient être facilement inter changés et hop au lieu de la froide Islande, on se retrouverait en Ecosse ou au Portugal (en dehors des villes, on adapterait météo et paysages et le tour serait joué…)
Anita Nair en nous plongeant dans l’univers des eunuques, dans leurs pensées, leur mode de vie, réussit un tour de force. Tout est bien dosé et nous passons rapidement de l’un à l’autre, gardant en mémoire les lignes précédentes pour mieux comprendre celles qui suivent.
J’ai eu beaucoup de plaisir à cette lecture. Je ne sais pas si l’auteur a l’intention de nous faire retrouver Gowda et Santosh mais je pense qu’ils ont encore de beaux jours devant eux sous la plume de cette jeune femme, journaliste et poétesse (ce qui explique des descriptions courtes, fines, imagées, nous donnant l’impression de découvrir des photos de cette ville qu’elle habite).
Une mention « excellent » à la traductrice, qui vit plusieurs mois par an en Inde et qui a si bien sur faire vivre les mots pour nous transmettre l’atmosphère de ce pays. Bon sang, mais c'est bien sûr ! Quel autre pays pourrait se prêter mieux à un polar contrasté, flamboyant, social et chamarré que l'Inde ? On n'attendait certes pas le nom d'Anita Nair aux commandes d'un ouvrage de genre mais qu'importe les préjugés, on ne demandait qu'à être séduit, emporté, choqué s'il le fallait. Alors oui, c'est un roman plus qu'intéressant mais qui donne parfois l'impression d'avoir le QI entre deux chaises. L'enquête policière d'un côté, la plongée dans un monde souterrain (transsexuels, travestis et eunuques) de l'autre. On passe de l'un à l'autre sans transition mais pas toujours sans peine. Un manque d'huile dans les rouages du récit ? Peut-être ! L'inspecteur Gowda, homme imparfait s'il en est, semble prendre ses traits physiques et de caractère chez bon nombre de ses confrères littéraires : d'Adamsberg à Maigret, en passant par Bosch ou Wallander. A vrai dire, ce n'est pas tellement gênant et l'on se laisse assez benoîtement emporter dans des descriptions plus vraies que nature avec un style dont la violence et la crudité étonnent parfois, tout du moins pour ceux qui pensent que l'Inde est (seulement) le pays de la douceur et de la sérénité. L'aspect réaliste du livre, l'explication de la complexité des strates sociales sont d'un intérêt indéniable et, de ce point de vue là, Anita Nair ne rate pas sa cible. | |
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