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| Charles Baudelaire | |
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Auteur | Message |
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LacrimaD Plume timide
Messages : 11 Inscription le : 14/08/2010 Age : 29 Localisation : Reims
| Sujet: Re: Charles Baudelaire Dim 15 Aoû 2010 - 2:20 | |
| Je n'aime pas l' Albatros... mais vraiment pas. Trop raconter, je ne sais pas. Mais j'aime Baudelaire, vraiment énormément. Ces poèmes comme Le Poison, Le revenant, Une Charogne, Les Plaintes d'un Icare, La Fontaine de Sang, L'héautontimorouménos... (en gras mes vers préférés, cliquez sur pour faire apparaitre le texte) Le poison - Spoiler:
Le vin sait revêtir le plus sordide bouge D’un luxe miraculeux, Et fait surgir plus d’un portique fabuleux Dans l’or de sa vapeur rouge, Comme un soleil couchant dans un ciel nébuleux.
L’opium agrandit ce qui nà pas de bornes, Allonge l’illimité, Approfondit le temps, creuse la volupté, Et de plaisirs noirs et mornes Remplit l’âme au delà de sa capacité.
Tout cela ne vaut pas le poison qui découle De tes yeux, de tes yeux verts, Lacs où mon âme tremble et se voit à l’envers... Mes songes viennent en foule Pour se désaltérer à ces gouffres amers.
Tout cela ne vaut pas le terrible prodige De ta salive qui mord, Qui plonge dans l’oubli mon âme sans remord, Et, charriant le vertige, La roule défaillante aux rives de la mort !
Le revenant - Spoiler:
Comme les anges à œil fauve, Je reviendrai dans ton alcôve Et vers toi glisserai sans bruit Avec les ombres de la nuit ; Et je te donnerai, ma brune, Des baisers froids comme la lune Et des caresses de serpent Autour d'une fosse rampant. Quand viendra le matin livide, Tu trouveras ma place vide, Où jusqu'au soir il fera froid. Comme d'autres par la tendresse, Sur ta vie et sur ta jeunesse, Moi, je veux régner par l'effroi.
Les Plaintes d'un Icare - Spoiler:
Les amants des prostituées Sont heureux, dispos et repus; Quant à moi, mes bras sont rompus Pour avoir étreint des nuées.
C'est grâce aux astres nonpareils, Qui tout au fond du ciel flamboient, Que mes yeux consumés ne voient Que des souvenirs de soleils.
En vain j'ai voulu de l'espace Trouver la fin et le milieu; Sous je ne sais quel oeil de feu Je sens mon aile qui se casse;
Et brûlé par l'amour du beau, Je n'aurai pas l'honneur sublime De donner mon nom à l'abîme Qui me servira de tombeau.
La fontaine de sang - Spoiler:
Il me semble parfois que mon sang coule à flots, Ainsi qu'une fontaine aux rythmiques sanglots. Je l'entends bien qui coule avec un long murmure, Mais je me tâte en vain pour trouver la blessure.
À travers la cité, comme dans un champ clos, Il s'en va, transformant les pavés en îlots, Désaltérant la soif de chaque créature, Et partout colorant en rouge la nature.
J'ai demandé souvent à des vins captieux D'endormir pour un jour la terreur qui me mine ; Le vin rend œil plus clair et l'oreille plus fine !
J'ai cherché dans l'amour un sommeil oublieux ; Mais l'amour n'est pour moi qu'un matelas d'aiguilles Fait pour donner à boire à ces cruelles filles !
L'héautontimorouménos - Spoiler:
Je te frapperai sans colère Et sans haine, comme un boucher, Comme Moïse le rocher! Et je ferai de ta paupière,
Pour abreuver mon Sahara, Jaillir les eaux de la souffrance, Mon désir gonflé d'espérance Sur tes pleurs salés nagera
Comme un vaisseau qui prend le large, Et dans mon cœur qu'ils soûleront Tes chers sanglots retentiront Comme un tambour qui bat la charge!
Ne suis-je pas un faux accord Dans la divine symphonie, Grâce à la vorace Ironie Qui me secoue et qui me mord?
Elle est dans ma voix, la criarde! C'est tout mon sang, ce poison noir! Je suis le sinistre miroir Où la mégère se regarde!
Je suis la plaie et le couteau! Je suis le soufflet et la joue! Je suis les membres et la roue, Et la victime et le bourreau!
Je suis de mon cœur le vampire, — Un de ces grands abandonnés Au rire éternel condamnés, Et qui ne peuvent plus sourire!
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| | | aden Posteur en quête
Messages : 83 Inscription le : 25/06/2011 Localisation : Londres - Paris
| Sujet: Re: Charles Baudelaire Mer 2 Nov 2011 - 19:01 | |
| Un poème que je trouve intéressant et très "symbolique", c'est le cas de le dire: Alchimie de la douleur - Citation :
- L'un t'éclaire avec son ardeur,
L'autre en toi met son deuil, Nature ! Ce qui dit à l'un : Sépulture ! Dit à l'autre : Vie et splendeur !
Hermès inconnu qui m'assistes Et qui toujours m'intimidas, Tu me rends l'égal de Midas, Le plus triste des alchimistes ;
Par toi je change l'or en fer Et le paradis en enfer ; Dans le suaire des nuages
Je découvre un cadavre cher, Et sur les célestes rivages Je bâtis de grands sarcophages. Voilà un poème d'une rare puissance, car il résume en 14 vers seulement tout le drame du genre humain. La phrase clé est probablement « Par toi (Hermès) je change l'or en fer Et le paradis en enfer ». Nous parlons bien ici du thème si cher à Baudelaire qu'est celui de la déchéance, puisque nous voyons l'homme procéder à une sorte d'alchimie inversée. Si la transformation du fer en or est le symbole de l'élévation spirituelle, l'inverse ne peut signifier que la chute. La référence à Midas, plus tôt dans le poème, est très symbolique, car c'est le personnage de la mythologie grecque qui transformait tout ce qu'il touchait en or, devenant ainsi le symbole de la cupidité. Nous n'avons qu'à regarder notre monde contemporain pour constater à quel point Baudelaire avait raison : la cupidité de l'homme est bien capable de transformer n'importe quel paradis en enfer. Parfois, celui qui croit s'élever s'engage en réalité sur le chemin de la déchéance, à l'instar du légendaire Docteur Faust. Celui qui cherche à bâtir devient le plus grand des destructeurs. Celui qui promet le paradis apporte l'enfer. La conséquence de l'acte destructeur de l'homme est claire : Dans le suaire des nuages Je découvre un cadavre cher, Et sur les célestes rivages Je bâtis de grands sarcophages. | |
| | | SCOman Envolée postale
Messages : 102 Inscription le : 08/06/2012 Age : 38 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Charles Baudelaire Jeu 23 Aoû 2012 - 10:40 | |
| Les Fleurs du Mal
Les Fleurs du Mal, au même titre que Les Trophées de Heredia, sont un des plus grands chefs-d’œuvre de la poésie. Charles Baudelaire, en cherchant à extraire la beauté du mal, nous livre des vers à jamais ancrés dans la mémoire collective. Il serait trop facile de citer pour exemple L’Albatros, appris par cœur par plusieurs générations d’écoliers, tant les poèmes qui composent ce recueil s’avèrent plus éblouissants et émouvants les uns que les autres. De prime abord, ce livre peut surprendre par le côté extrêmement sombre des sphères explorées. Il n’y est pas question d’amour parfait, mais de femmes fatales, de monstruosités, de mort, de putréfaction des corps et des âmes. Certains passages, tels Les métamorphoses du vampire (p. 197), convoquent même un registre des plus horrifiques : « Quand elle eut de mes os sucé toute la moelle, Et que languissamment je me tournai vers elle Pour lui rendre un baiser d’amour, je ne vis plus Qu’une outre aux flancs gluants, toute pleine de pus ! » Ce n’est pas pour rien que Baudelaire fut en son temps traîné devant les tribunaux – et condamné ! – pour outrages aux bonnes mœurs, comme le fut Flaubert pour Salammbô. Mais la puissance d’écriture de l’auteur ne se complaît jamais dans l’abject ou le laid, restituant le malaise de la condition du poète grâce à un lyrisme poignant, nullement éthéré. Si la menace de la damnation sourde à chaque rime, son talent de peintre n’est jamais aussi évocateur que lorsqu’il saisit le choc des épées (Duellum p. 69) : « Deux guerriers ont couru l’un sur l’autre ; leurs armes Ont éclaboussé l’air de lueurs et de sang. Ces jeux, ces cliquetis du fer sont les vacarmes D’une jeunesse en proie à l’amour vagissant. Les glaives sont brisés ! Comme notre jeunesse, Ma chère ! Mais les dents, les ongles acérés, Vengent bientôt l’épée et la dague traîtresse. » Un talent de peintre qui lui permet également de restituer la couleur et la lumière des lieux les plus anodins : « Et le soleil, le soir, ruisselant et superbe, Qui, derrière la vitre où se brisait sa gerbe, Semblait, grand œil ouvert dans le ciel curieux, Contempler nos dîners longs et silencieux, Répandant largement ses beaux reflets de cierge Sur la nappe frugale et les rideaux de serge. » Les Fleurs du Mal se respirent sans modération ; leur scansion envoûtante exhale un parfum capiteux qui ne peut laisser indifférent. Grisé par le rythme et la mélancolie irrépressible du spleen, le lecteur ne peut que s’incliner devant la geste poétique du poète maudit. À plusieurs reprises je me suis retrouvé à en débiter les vers intérieurement, sans chercher à en comprendre le sens, pour le pur plaisir de voir l’harmonie jaillir de leurs rimes. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Charles Baudelaire Mar 8 Oct 2013 - 19:19 | |
| Merci pour l'analyse de Alchimie de la douleur. C'est un poème très fort de sens.
Un de mes préférés pour ma part :
Le balcon
Mère des souvenirs, maîtresse des maîtresses, Ô toi, tous mes plaisirs ! ô toi, tous mes devoirs ! Tu te rappelleras la beauté des caresses, La douceur du foyer et le charme des soirs, Mère des souvenirs, maîtresse des maîtresses !
Les soirs illuminés par l'ardeur du charbon, Et les soirs au balcon, voilés de vapeurs roses. Que ton sein m'était doux ! que ton coeur m'était bon ! Nous avons dit souvent d'impérissables choses Les soirs illuminés par l'ardeur du charbon.
Que les soleils sont beaux dans les chaudes soirées ! Que l'espace est profond ! que le coeur est puissant ! En me penchant vers toi, reine des adorées, Je croyais respirer le parfum de ton sang. Que les soleils sont beaux dans les chaudes soirées !
La nuit s'épaississait ainsi qu'une cloison, Et mes yeux dans le noir devinaient tes prunelles, Et je buvais ton souffle, ô douceur ! ô poison ! Et tes pieds s'endormaient dans mes mains fraternelles. La nuit s'épaississait ainsi qu'une cloison.
Je sais l'art d'évoquer les minutes heureuses, Et revis mon passé blotti dans tes genoux. Car à quoi bon chercher tes beautés langoureuses Ailleurs qu'en ton cher corps et qu'en ton coeur si doux ? Je sais l'art d'évoquer les minutes heureuses !
Ces serments, ces parfums, ces baisers infinis, Renaîtront-il d'un gouffre interdit à nos sondes, Comme montent au ciel les soleils rajeunis Après s'être lavés au fond des mers profondes ? - Ô serments ! ô parfums ! ô baisers infinis ! |
| | | GrandGousierGuerin Sage de la littérature
Messages : 2669 Inscription le : 02/03/2013
| Sujet: Re: Charles Baudelaire Mar 8 Oct 2013 - 19:26 | |
| @Antoine. merci pour le partage! Riche idée que tu poursuivras j'espère par de larges extraits ou passages selon ton humeur du moment | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Charles Baudelaire Mar 8 Oct 2013 - 19:36 | |
| Tout à fait. Et j'ai même envie de partager ce qui n'est pas de la poésie également. Les journaux intimes de Baudelaire sont assez délicieux à lire. |
| | | marc et cie Main aguerrie
Messages : 479 Inscription le : 01/12/2013 Age : 58 Localisation : lyon
| Sujet: Re: Charles Baudelaire Mar 3 Déc 2013 - 20:10 | |
| quand j'étais plus jeune j'ai écrit quelques poèmes l'un d'eux disait:
J'ai plongé en héros au fond des gouffres noirs j'étais jeune et confiant je me jouait de la peur j'ai raillé mes amis certain de ma victoire vous me traitez de fou je vous parle d'honneur etc...
j'ai présenté cela comme un poème de Baudelaire, personne ne m'a cru. J'en suis encore vexé. | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Charles Baudelaire Mer 4 Déc 2013 - 12:30 | |
| Peut-être à cause de la faute d'orthographe... | |
| | | églantine Zen littéraire
Messages : 6498 Inscription le : 15/01/2013 Age : 59 Localisation : Peu importe
| | | | marc et cie Main aguerrie
Messages : 479 Inscription le : 01/12/2013 Age : 58 Localisation : lyon
| Sujet: Re: Charles Baudelaire Mer 4 Déc 2013 - 19:11 | |
| je cherche et je ne trouve pas | |
| | | Sullien Sage de la littérature
Messages : 1591 Inscription le : 23/10/2012
| | | | marc et cie Main aguerrie
Messages : 479 Inscription le : 01/12/2013 Age : 58 Localisation : lyon
| Sujet: Re: Charles Baudelaire Mer 4 Déc 2013 - 21:43 | |
| j'ai bien fait de devenir technicien. poète, c'est finalement assez difficile comme métier. | |
| | | Thierry Cabot Envolée postale
Messages : 103 Inscription le : 10/10/2013 Age : 66
| Sujet: Re: Charles Baudelaire Mar 7 Jan 2014 - 18:33 | |
| Voilà un sonnet que j'apprécie particulièrement :
Remords posthume
Lorsque tu dormiras, ma belle ténébreuse, Au fond d'un monument construit en marbre noir, Et lorsque tu n'auras pour alcôve et manoir Qu'un caveau pluvieux et qu'une fosse creuse; Quand la pierre, opprimant ta poitrine peureuse Et tes flancs qu'assouplit un charmant nonchaloir, Empêchera ton coeur de battre et de vouloir, Et tes pieds de courir leur course aventureuse, Le tombeau, confident de mon rêve infini (Car le tombeau toujours comprendra le poète), Durant ces grandes nuits d'où le somme est banni, Te dira: "Que vous sert, courtisane imparfaite, De n'avoir pas connu ce que pleurent les morts?" — Et le vers rongera ta peau comme un remords.
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| | | GrandGousierGuerin Sage de la littérature
Messages : 2669 Inscription le : 02/03/2013
| Sujet: Re: Charles Baudelaire Mar 7 Jan 2014 - 19:22 | |
| Merci Thierry ! Beau mais ... cela m'a complètement plombé .... | |
| | | Heyoka Zen littéraire
Messages : 5026 Inscription le : 16/02/2013 Age : 36 Localisation : Suède
| Sujet: Re: Charles Baudelaire Mar 7 Jan 2014 - 19:59 | |
| - GrandGousierGuerin a écrit:
- Merci Thierry ! Beau mais ...
cela m'a complètement plombé .... Pareil... Mais merci quand même Thierry. | |
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| | | | Charles Baudelaire | |
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