| Parfum de livres… parfum d’ailleurs Littérature, forum littéraire : passion, imaginaire, partage et liberté. Ce forum livre l’émotion littéraire. Parlez d’écrivains, du plaisir livres, de littérature : romans, poèmes…ou d’arts… |
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| Christian Bobin | |
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Auteur | Message |
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kali Main aguerrie
Messages : 419 Inscription le : 18/06/2007 Age : 40
| Sujet: Re: Christian Bobin Lun 18 Juin 2007 - 18:23 | |
| J'ai lu "tout le monde est occupé" de Bobin. J'avais noté après ma lecture que j'avais trouvé le roman "frais" et "loufoque" mais pas mémorable non plus. | |
| | | monilet Sage de la littérature
Messages : 2658 Inscription le : 11/02/2007 Age : 75 Localisation : Essonne- France
| Sujet: Re: Christian Bobin Lun 18 Juin 2007 - 19:16 | |
| Avis mitigés donc, mais je pense qu'il faut en avoir lu au moins un pour l'originalité du style de l'auteur et surtout de sa thématique. Après ... | |
| | | Babelle Zen littéraire
Messages : 5065 Inscription le : 14/02/2007 Localisation : FSB
| Sujet: Re: Christian Bobin Lun 18 Juin 2007 - 21:05 | |
| Je suis entrée chez Christian Bobin il y a bien des années (si ça me semble loin, c'est sans doute parce que, comme vous, je n'y suis pas retournée en lecture depuis longtemps), j'y suis entrée suite à un moment rempli d'émotion au cours duquel Daniel Pennac l'avait présenté très intelligemment (non pas en parlant de lui, mais en faisant la lecture d'un extrait d'un de ses textes). Peut-être, cela se passait-il encore sur un plateau d' Apostrophe? Le lendemain, je courais à la Fnac. J'entrai chez Christian Bobin. En 1993 au stand Lettres Vives du Salon du Livre j'achetai l' Eloignement du Monde : les pages assemblées en feuillets n'avaient pas été massicotées et c'est avec une clef plate que j'en lascérais la hauteur, parfois la longueur, sur un strapontin du métro qui me ramenait. L'Eloignement du monde, il est encore là, quelque part, pas très loin. Je vous livre mon émotion. Tout d'abord, on y entrait comme ça : Dessin à l'encre de Chine (Bénédicte Caillot)Et puis comme ça : - Citation :
- Une longue épée de silence s'enfonçait parfois dans mon coeur, et je ne pouvais l'enlever sans aussitôt provoquer une hémorragie : je choisissais de me taire et d'écrire ce genre de phrases gouvernées par le blanc. Chacune m'était délivrante au temps où elle venait. Je n'ai jamais écrit que pour résoudre une crise, traverser une forêt, rejoindre le temps limpide dessous le temps obscure. Je n'ai jamais écrit que pour vous et pour moi, pour un "vous" et un "moi" à venir, non encore apparus en ce monde où il n'y a jamais eu personne.
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| | | monilet Sage de la littérature
Messages : 2658 Inscription le : 11/02/2007 Age : 75 Localisation : Essonne- France
| Sujet: Re: Christian Bobin Lun 18 Juin 2007 - 21:07 | |
| Oui mais, comme on est plusieurs à l'avoir dit, : ça ne marche qu'un temps. | |
| | | Babelle Zen littéraire
Messages : 5065 Inscription le : 14/02/2007 Localisation : FSB
| Sujet: Re: Christian Bobin Lun 18 Juin 2007 - 21:37 | |
| Mais c'est quoi, ça : " ça ne marche qu'un temps"? Est-il inscrit quelque part qu'il faut absolument que ça marche indéfiniment? Ci-joint un copié-collé des meilleurs-vendus depuis le dernier Livres Hebdo : - Citation :
- LES MEILLEURES VENTES TOP 10
Mes amis, mes amours Marc Levy 2 La femme fatale Raphaëlle Bacqué Ariane Chemin 3 Les enfants de la liberté Marc Levy 4 Boule et Bill, vol. 31: Graine de cocker Laurent Verron 5 Seras-tu là ? Guillaume Musso 6 Parce que je t'aime Guillaume Musso 7 One Piece Eiichiro Oda 8 Death note, vol. 4 Takeshi Obata , Tsugumi Ohba 9 Cette chanson que je n'oublierai jamais Mary Higgins Clark 10 Nous, les dieux, vol.2 Bernard Werber Et ce top là, ça marche depuis des années. Et ça n'est pas près de changer. Alors quand viendra-t-il, le temps de réaliser et d'apprécier (sans la plainte du "ça n'a pas durer"), qu'à un moment, à une heure précise nous nous sommes arrêtés sur une page, un grain de page, une voix sortie de la médiocrité ambiante et marchande? Relis-moi : - Citation :
- Je suis entrée chez Christian Bobin il y a bien des années
(si ça me semble loin, c'est sans doute parce que, comme vous, je n'y suis pas retournée en lecture depuis longtemps), | |
| | | monilet Sage de la littérature
Messages : 2658 Inscription le : 11/02/2007 Age : 75 Localisation : Essonne- France
| Sujet: Re: Christian Bobin Lun 18 Juin 2007 - 22:01 | |
| Oui, tu as raison, l'émotion demeure, en souvenir. Il faut sans doute y retourner comme tu le dis à petites doses, en laissant le temps au temps. | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Christian Bobin Mar 19 Juin 2007 - 1:51 | |
| - Babelle a écrit:
On dirait que c'est un livre des Editions L'Echoppe? | |
| | | Babelle Zen littéraire
Messages : 5065 Inscription le : 14/02/2007 Localisation : FSB
| Sujet: Re: Christian Bobin Mar 19 Juin 2007 - 21:02 | |
| Je ne connais pas l'Echoppe. Sur cet exemplaire : éditions Lettres Vives / Collection Entre 4 yeux / Presses de l'imprimerie Darantière à Dijon-Quetigny (5000 ex.). J'ignore si la collection existe toujours. Beau grain de page ligneux à l'horizontale, grain plus épais sur la couverture ligneux à la verticale... (je ne dois pas employer les bons termes!) - D'autre part, 10 exemplaires ont été tirés sur Ingres d'Arches. P-S : si quelqu'un a le temps, ce serait sympa de créer un fil sur ces petits éditeurs-artisans , et un autre autour du livre-physique (il y a un vocabulaire spécifique au papier, à l'imprimerie, que nous n'employons presque jamais). | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Christian Bobin Mer 20 Juin 2007 - 0:01 | |
| - Babelle a écrit:
- -si quelqu'un a le temps, ce serait sympa de créer un fil sur ces petits éditeurs-artisans , et un autre autour du livre-physique (il y a un vocabulaire spécifique au papier, à l'imprimerie, que nous n'employons presque jamais).
Ily a un fil Maisons d'Editions déjà...sur lequel figurent des petites maisons, dont l'Echoppe. cliquer ici | |
| | | Sophie Sage de la littérature
Messages : 2230 Inscription le : 17/07/2007 Age : 48 Localisation : Tahiti
| Sujet: Re: Christian Bobin Mer 18 Juil 2007 - 21:50 | |
| J'ai lu il y a peu Autoportrait au radiateur, dans lequel Bobin tient une sorte de journal suite à la mort de sa compagne. Forcément, c'est triste, introspectif et parfois certains de ses pensées sont assez éloignées des miennes( notamment les passages concernant Dieu), mais dans l'ensemble, c'est beau et touchant. | |
| | | Chatperlipopette Zen littéraire
Messages : 7679 Inscription le : 24/02/2007 Age : 59 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: Christian Bobin Ven 20 Juil 2007 - 14:11 | |
| Grâce à vous, j'ai acheté mon premier Bobin...que je compte lire très bientôt. | |
| | | feuilllle Sage de la littérature
Messages : 1285 Inscription le : 04/08/2007 Age : 70 Localisation : un trou normand
| Sujet: Re: Christian Bobin Lun 8 Oct 2007 - 11:59 | |
| je n'avais pas lu ce fil... Oui, je connais et j'aime, et je crois que si son style semble répétitif, c'est juste car c'est le sien.
Il se sert de son écriture simplement comme d'une échappée de lui-même, je ne pense pas qu'il l'utilise pour vendre. | |
| | | Chatperlipopette Zen littéraire
Messages : 7679 Inscription le : 24/02/2007 Age : 59 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: Christian Bobin Sam 10 Nov 2007 - 14:41 | |
| Hier matin, le texte "Le mal" du recueil "L'inespérée", me laissait "toute chose"....ce qui y était écrit possédait une soudaine force tant la réalité quotidienne est imprégnée de la présence télévisuelle. Je me permets de copier ce texte que j'ai trouvé percutant:
"Elle est sale. Même propre elle est sale. Elle est couverte d'or et d'excréments, d'enfants et de casseroles. Elle règne partout. Elle est comme une reine grasse et sale qui n'aurait plus rien à gouverner, ayant tout envahi, ayant tout contaminé de sa saleté foncière. Personne ne lui résiste. Elle règne en vertu d'une attirance éternelle vers le bas, vers le noir du temps. Elle est dans les prisons comme un calmant. Elle est en permanence dans certains pavillons d'hôiptaux psychiatriques. C'est dans ces endroits qu'elle est le mieux à sa place: on ne la regarde pas, on ne l'écoute pas, on la laisse radoter dans son coin, on met devant elle ceux dont on ne sait plus quoi faire. Les jours, dans les hôpitaux comme dans les prisons, sont plus longs que les jours. Il faut bien ls passer. On lui fait garder les invalides mentaux, les prisonniers et les vieillards dans les maisons de retraite. Elle a infiniment moins de dignité que ces gens-là, assommés par l'âge, blessés par la Loi ou par la nature. Elle se moque parfaitement de cette dignité qui lui manque. Elle se contente de faire son trvail. Son travail c'est salir la douleur qui lui est confiée et tout agglomérer - l'enfance et le malheur, la beauté et le rire, l'intelligence et l'argent - dans un seul bloc vitré gluant. On appelle ça une fenêtre sur le monde. mais c'est, plus qu'une fenêtre, le monde en son bloc, le monde dans sa lumière pouilleuse de monde, les détritus du monde versés à chaque seconde sur la moquette du salon. Bien sûr on peut fouiller. On trouve parfois, surtout dans les petites heures de la nuit, des paroles neuves, des visages frais. Dans les décharges on met la main sur des trésors. Mais cela ne sert à rien de trier, les poubelles arrivent trop vite, ceux qui les manient sont trop rapides. Ils font pitié, ces gens. Les journalistes de télévision font pitié avec leur manque parfait d'intelligence et de coeur - cette maladie du temps qu'ils ont, héritée du monde des affaires: parlez-moi de Dieu et de votre mère, vous avez une minute vingt-sept secondes pour répondre à ma question. Un ami à vous, un philosophe, passe un jour là-dedans, dans la vitrine souillée d'images. On lui demande de venir pour parler de l'amour, et parce qu'on a peur d'une parole qui pourrait prendre son temps, peur qu'il n'arrive quelque chose, parce qu'il faut à tout prix qu'il ne se passe rien que de confus et de désespérant - c'est à dire moins que rien -, en raison de cette peur on invite également vingt personnes, spécialistes de ceci, expertes de cela, vingt personne soit trois minutes la personne. La vulgarité, on dit aux enfants qu'elle est dans les mots. La vraie vulgarité de ce monde est dans le temps, dans l'incapacité de dépenser le temps autrement que comme des sous, vite, vite, aller d'une catastrophe aux chiffres du tiercé, vite glisser sur des tonnes d'argent et d'inintelligence profonde de la vie, de ce qu'est la vie dans sa magie souffrante, vite aller à l'heure suivante et que surtout rien n'arrive, aucune parole juste, aucun étonnement pur. Et votre ami, après l'émission, il s'inquiète un peu, quand même, pourquoi cette haine de la pensée, cette manie de tout hacher menu, et la réalisatrice lui fait cette réponse, magnifique: je suis d'accord avec vous mais il vaut mieux que je sois là, si d'autres étaient à ma lace, ce serait pire. Cette parole vous fait penser aux dignitaires de l'Etat français durant la Seconde Guerre mondiale, à cette légitimité que se donnaient les vertueux fonctionnaires du mal: il fallait bien prendre en charge la déportation ds juifs de France, cela nous a permis d'en sauver quelques uns. Même abjection, même collaboration aux forces du monde qui ruinent le monde, même défaut absolu de bon sens: il y a des place qu'il faut laisser désertes. Il y a des actes qu'on ne peut faire sans aussitôt être défait par eux. La télévision, contrairement à ce qu'elle dit d'elle-même, ne donne aucune nouvelle du monde. La télévision c'est le monde qui s'effondre sur le monde, une brute geignarde et avinée, incapable de donner une seule nouvelle claire, compréhensible. La télévision c'est le monde à temps plein, à ras bord de souffrance, impossible à voir dans ces conditions, impossible à entendre." | |
| | | Chatperlipopette Zen littéraire
Messages : 7679 Inscription le : 24/02/2007 Age : 59 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: Christian Bobin Sam 10 Nov 2007 - 15:29 | |
| la suite.....
" Tu es là, dans ton fauteuil ou devant ton assiette, et on te balance un cadavre suivi du but d'un footballeur, et on vous abandonne tous les trois, la nudité du mort, le rire du joueur et ta vie à toi, déjà si obscure, on vous laisse chacun à un bout du monde, séparés d'avoir été aussi brutalement mis en rapport - un mort qui n'en finit plus de mourir, un joueur qui n'en finit plus de lever les bras, et toi qui n'en finis pas de chercher le sens de tout ça, on est déjà à autre chose, dépression sur la Bretagne, accalmie sur la Corse. Alors. Alors qu'est-ce qu'il faut faire avec la vieille gorgée d'images, torchée de sous? Rien. Il ne faut rien faire. Elle est là, de plus en plus folle, malade à l'idée qu'un jour elle ne pourrait plus séduire. Elle est là et elle n'en bougera plus. Un monde sans images est désormais impensable. Il y aura toujours des jeunes gens dynamiques pour la servir, pour faire la sale besogne à ta place, à la place de tous les autres, au nom de tous les autres. Il faut laisser le bas aller jusqu'au bas, laisser la décomposition organique du monde se poursuivre. C'est la fin déjà, ça va vers sa fin, il ne faut rien toucher à l'agonie en cours, ne surtout pas réparer ce qui se détraque - autant mettre du fond de teint sur les joues cireuses d'une morte. Laisser proliférer les images aveugles: quelque chose vient à notre rencontre. Il y a dans la douleur une pureté infatigable, la même que dans la joie, et cette purteté est en route dessous les tonnes d'imaginaire congelé. En attendant, les images vraies, les images pures de vérité trouvent asile dans l'écriture, dans la compassion de solitude de celui qui écrit, Velibor Colic, par exemple. Un écrivain yougoslave, il ne fait pas de belles images, il dit ce qu'il voit, c'est aussi simple que ça. Il dit une chose qui se passe à Modrica, en Bosnie-Herzégovine, le 17 mai 1992. Il la dit comme une chose éternelle. Il voit dans la singularité d'un lieu et d'un acte l'éternel du monde depuis ses débuts de monde: ainsi tu peux lire sans que le courage s'en aille, sans que tu te dises à quoi bon, ainsi tu donnes à la phrase le temps de s'écrire, à la douleur du monde le temps d'entrer dans ton esprit pour y délivrer son sens. Tu lis: "Le tsigane Ibro gaganit sa vie en revendant de vieux papiers et des bouteilles vides. Il possédait une charrette déglinguée et plusieurs générations d'ahitants de Modrica l'avaient entendu dans le petit matin pousser son célèbre : "Transports en tout genre! on charge les morts comme les vivants!" Il habitait une étrange chaumière, dans une rue à proximité de la Maison médicale. Il avait une femme sourde-muette et un fils d'une quinzaine d'années, débile mental. Le 17 mai, quand l'armée serbe entra définitivement dans Modrica, le tsigane Ibro refusa de fuir, bien qu'il fut musulman. On n'eut pas de pitié pour lui. Les soldats serbes lui coupèrent le cou, ainsi qu'à sa femme et à son fils et, comme au "temps des Turcs", plantèrent leurs têtes sur les piquets de la palissade qui entourait la maison. D'après ce que nous ont raconté les témoins, il y avait, sur la table, dans la cour, une bouteille de raki et du café tout frais. Pour accueillir les militaires, au cas où ils viendraient." Tu lis ça et tu le vois, lui, sa femme, son fils, la gaieté juvénile des meurtriers, les têtes sur les piquets et le café frais. La télévision, elle t'aurait peut-être montré le café mais elle aurait insisté sur les têtes, avec un marmonnement du genre: "nous avons hésité à vous le montrer", et en avant la suite, on n'a pas que ça à faire, dépression sur la Corse, accalmie en Bretagne. Et tu serais resté dans ta salle à manger, stupide, trois têtes sur la table. Là tu as tout - et la pureté tragique du tout: l'hospitalité accordée aux assassins. Le mal de la télévision, ce n'est pas dans la télévision qu'il est, c'est dans le monde, et si on les confond c'est qu'ils ne font plus qu'une masse perdue, souffrante." | |
| | | Chatperlipopette Zen littéraire
Messages : 7679 Inscription le : 24/02/2007 Age : 59 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: Christian Bobin Sam 10 Nov 2007 - 15:44 | |
| suite et fin du texte...
"Le mal du monde est là depuis toujours, dans le refus de l'hospitalité, premier feu sacré de l'histoire humaine, avant même le surgissement de Dieu. C'est le mal du monde et c'est celui dont souffre la folle repue d'images: ne rien accueillir des image sfaibles de la douleur, méconnaître les lois élémentaires de l'hospitalité qui veulent que l'on donne de l'eau à qui vient de si loin. Je distrait, dit la télévision, et elle ne fait plus rire depuis longtemps. On ne peut pas faire de la culture pour tout le monde, dit la télévision, et on n'ose pas lui répondre que ce n'est pas un problème de culture mais d'intelligence, ce qui n'est pas du tout du même ordre. L'intelligence n'est pas affaire de diplômes. Elle eput aller avec mais ce n'est son élément premier. L'intelligence est la force, solitaire, d'extraire du chaos de sa propre vie la poignée suffisante de lumière pour éclairer un peu plus loin que soi - vers l'autre là-bas, comme nous égaré dans le noir. Je donne dans le sentiment, dit la télévision, et on n'a pas le courage de lui montrer l'abîme qu'il y a, entre le sentiment et la sensiblerie. C'est pas moi, dit la téélvision à bout de course, c'est le peuple, je fais ce que veut le peuple - et qu'il n'y a plus qu'à se taire devant l'analphabétisme grave de la télévision et de ceux qui la font. Le mot de peuple est un de splus beaux mots de la langue française. Il dit le manque et l'entêtement, la noblesse des gueux sous l'incurie des nobles. il dit le contraire exact de ce que dit la télévision. Et pour l'instant on en est là: la douleur arrive affamée dans les bras de la télévision qui la fourre aussitôt dans tes bras sans l'avoir nourrie - écoutée, vue. Alors elle repart, la douleur, elle cherche un droit d'asile dans l'encre avant de le trouver un jour dans l'église des images - car c'est sûr et certain: il y aura un jour un homme assez intelligent pour savoir filmer une bouteille de raki et du café tout frais, et cet homme prendra son temps, dira ce qu'il croit juste ou se taira, parce qu'il est parfois nécessaire de se taire pour délivrer une parole juste - et montrer, longtemps montrer, simplement montrer, calmement montrer une bouteille de raki et du café tout frais." | |
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