Chang-Rae Lee

topocl a écrit:

Excuse moi, je n'avais pas compris qu'il y avait une réelle question
Quand je dis fumeux, c’est que je ne "sens" pas du tout les personnages, je comprend mal leurs réactions (le héros surtout, mais aussi son amie Mme Burns, et le lien entre ces différents épisodes de vie. Je ne leur trouve pas de cohérence. Personnellement ils me sont une énigme alors que je pense que l'auteur présuppose que le passé explique le présent.

Eh topocl, pas besoin de souligner comme ça dans chaque post que c'est ton avis personnel . On dirait presque que tu t'en excuses.
Tu as quand même le droit de ne pas aimer ce livre, et quand bien même l'aurais-tu détesté que je n'aurais rien trouvé à y redire. Ce n'est qu'un livre !

Monsieur Hata, même si l'on connaît son passé, même s'il livre ses pensées les plus intimes, n'en a pas moins des réactions étranges aux yeux du lecteur, une attitude à la fois très impliquée et totalement détachée des événements qui déroute, comme je l'ai noté dans mon commentaire. Je conçois que cela puisse laisser perplexe, mais j'ai trouvé que c'était au contraire l'une des grandes forces du livre.
Contrairement à toi, je ne pense pas que l'auteur "présuppose que le passé explique le présent" ; certes, les événements passés éclairent bon nombre de choses, mais tout l'intérêt réside justement dans le fait qu'on aura beau fouiller jusqu'au tréfond des âmes, les réaction d'un être n'en garderont pas moins leur part d'irrationalité. Pour moi, cette part de mystère est totalement volontaire de la part de l'auteur.

Spoiler:

Invité a écrit:

et je croise les doigts pour qu'Epi, qui a acheté Les sombres feux du passé, partage notre plaisir de lecture !

C'est ma prochaine lecture, je l'ai déjà feuilleté et lu quelques passages qui m'ont bien plu, je pars donc avec un a priori positif. J'espère que le reste me plaira autant.

Invité a écrit:

Eh topocl, pas besoin de souligner comme ça dans chaque post que c'est ton avis personnel   . On dirait presque que tu t'en excuses.
Tu as quand même le droit de ne pas aimer ce livre, et quand bien même l'aurais-tu détesté que je n'aurais rien trouvé à y redire. Ce n'est qu'un livre !

]

Non, je ne m'excuse pas du tout de ne pas l'avoir aimé. Seulement, je trouve qu'un avis négatif a vite fait de prendre le pas sur les autres, et aussi le dernier avis sur les premiers. Et autant certains livres je les trouve mauvais , autant celui-là ce n'est pas le cas, je pense surtout qu'il ne me convient pas mais qu'il ne faut pas décourager à le lire. d'où ce qui voudrait être des nuances et qui devient des lourdeurs, peut-être

Invité a écrit:

Contrairement à toi, je ne pense pas que l'auteur "présuppose que le passé explique le présent" ; certes, les événements passés éclairent bon nombre de choses, mais tout l'intérêt réside justement dans le fait qu'on aura beau fouiller jusqu'au tréfond des âmes, les réaction d'un être n'en garderont pas moins leur part d'irrationalité. Pour moi, cette part de mystère est totalement volontaire de la part de l'auteur.

Là je pense que tu as mis le doigts dessus.   c'est l'irrationalité qui m'a gênée

Invité a écrit:

Puis il ne faut pas oublier (concernant les réaction de Mary et Sunny) que l'histoire est narrée du point de vue de monsieur Hata,

Oui, et cela donne une distance, car il veut nous faire croire qu'il est lisse alors qu'il est très complexe, et cela m' a mise mal à l'aise

Les sombres feux du passé

Ce n’est pas si souvent que l’on tombe sur un roman qui d’emblée séduit à la fois par son écriture fine et belle et par son histoire exceptionnelle. L’apparente banalité du début, le ton doux et mélancolique des premières pages, sont trompeurs et laissent deviner que quelque chose de plus sombre et d’infiniment triste se cache derrière la trop grande politesse de ce docteur Hata, personnage un peu trop lisse pour être authentique.

D’origine coréenne, adopté par une famille japonaise, il va dès son plus jeune âge essayer de se fondre dans le décor. Adopter l’attitude qui convient pour se faire accepter et aimer, il sait faire. Après la guerre, il s’installe aux Etats-Unis dans une petite ville cossue de l’état de New York où il jouit d’une bonne réputation et de l’estime de ses concitoyens, son petit magasin de matériel médical a bien marché, il est propriétaire d’une maison qui suscite les convoitises, bref, l’intégration est parfaitement réussie.

Ce qui dérange bientôt, c’est l’attitude de Hata, son extrême courtoisie et sa retenue en toutes circonstances, même les plus infâmantes. Hanté par un passé qui le force à paraître ce qu’il n’est pas, son obsession est de vivre avec dignité et grâce, d’être reconnu comme un homme bon et tranquille. Ses souvenirs douloureux sont examinés par lui avec une certaine distance, presque avec froideur, comme s’il disait « ce n’est pas ma faute ». Le fait qu’il ait tenu absolument à adopter une petite fille coréenne et la façon dont il l’a élevée, ressemblent pourtant à une sorte d’expiation, comme s’il avait voulu réparer ses faiblesses passées.

C’est un homme qui toute sa vie a été un étranger et peut-être à cause de cela, il est resté étranger à toute émotion, choisissant toujours la solution de facilité, celle qui heurtera le moins. Cette incapacité à s’investir entièrement l’a empêché de créer une véritable intimité avec ceux chers à son cœur et finalement, c’est un sentiment de pitié et un peu de dégoût qu’il inspire. Il en devient très antipathique à force de bienveillance, de cet air serein et stoïque qu’il affiche alors que derrière se cache une vérité horrible.

Certains passages, notamment ceux sur la guerre sont parfois insupportables et pourtant il se dégage de tout le roman une incroyable tendresse, en grande partie due à un style retenu, lent, subtil, tout en nuances. J’ai rarement autant aimé un roman dont le personnage principal m’est si antipathique mais Lee a un réel talent et nous livre une histoire d’obsession tragique et poignante qui touche par sa belle sincérité. Même si le personnage de Hata m’a paru odieux à bien des égards, il m’a aussi inspiré de la tristesse et m’a émue, parce qu’on ne peut qu'être touché par la solitude, la nostalgie et le besoin de reconnaissance de ce vieil homme dont la vie n’a finalement été qu’un mensonge.

Citation :

Certains estimeront, je le sais, que j’ai un peu trop recherché l’approbation de tout le monde ; mais si, au cours des années, j’ai péché par excès de gratitude, eh bien, tant pis ! On ne peut jamais vraiment comprendre le comportement d’un autre, pourquoi l’autre a mené sa vie de telle façon, quelles sont les raisons qui l’ont poussé à telle action, ni s’il regarde son passé avec plaisir, avec dégoût ou avec sérénité. Il est déjà difficile pour soi-même de considérer en toute vérité ses propres échecs et ses propres réussites, car – ce n’est un secret pour personne – le passé est un miroir très capricieux, à la fois beaucoup trop sévère et beaucoup trop flatteur, et jamais aussi nettement fidèle qu’on se plaît généralement à le croire.

Je n’ai qu’un seul regret, celui de ne pas l’avoir lu en anglais.

Des avis aussi "tranchés" me donnent envie de mettre mon casque de poilu pour lire Chang-Rae Lee...
Et dans la LAL ...

Kannskia, je crois qu'il y a eu un léger souci lorsque tu as voulu poster ta réponse...

Invité a écrit:

Néanmoins, je suis bien déterminée à découvrir d'autres romans de l'auteur.

Pareil parce que je pense que c'est un auteur qui en vaut vraiment la peine mais je vais laisser Les vulnérables pour le moment et essayer plutôt Aloft.

Armor-Argoat a écrit:

Kannskia, je crois qu'il y a eu un léger souci lorsque tu as voulu poster ta réponse...

Mince, je voulais mettre le commentaire d'Epi dans mes brouillons pour le lire plus tard ! J'ai fait n'importe quoi

Kannskia a écrit:

Invité a écrit:

Kannskia, je crois qu'il y a eu un léger souci lorsque tu as voulu poster ta réponse...

Mince, je voulais mettre le commentaire d'Epi dans mes brouillons pour le lire plus tard ! J'ai fait n'importe quoi

pas grave du tout, je l'ai effacé