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| Pierre Pelot | |
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+8mimi54 GreatGatsby Aeriale Hexagone coline Le Bibliomane kenavo Alfred Teckel 12 participants | |
Auteur | Message |
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Alfred Teckel Envolée postale
Messages : 259 Inscription le : 16/11/2007 Localisation : Lorrain en exil à Paris
| Sujet: Pierre Pelot Ven 16 Nov 2007 - 23:38 | |
| Pierre Pelot est né en 1945 dans les Vosges. Il y vit toujours. Et il écrit des livres. Il est bourru mais sympathique, et c'est un grand écrivain. Voilà pour sa biographie, il n'y a pas grand chose d'autre à dire sur cet homme discret. INDEX des livres chroniqués - Bédoulène - Cliquez sur les chiffres pour accéder au lien
C'est ainsi que vivent les Hommes : 1, 2
L'ombre des voyageuses : pages 1
Méchamment Dimanche : pages 1
L'été en pente douce : pages 1, 2
Maria : pages 2
arrêté à la page 2 le 22/03/2012
Voici quelques mots sur quelques uns de ses livres, que je considère comme les meilleurs de sa production: " Pelot, depuis quelques années, nous livre régulièrement un petit bijou. Dans sa (très) vaste production d’autrefois, on trouvait quelques pépites (L’été en pente douce, etc…). Et puis, il y a eu la collaboration avec Coppens et le cycle de « Sous le vent du monde ». Déjà, pour ceux qui l’auraient ignoré, on voyait poindre, derrière le surproductif Pelot, l’ombre d’un très grand homme de lettres. Et puis le choc vint. Il travailla plusieurs années à un seul ouvrage « C’est ainsi que les hommes vivent ». Une œuvre rude, immense, son chef-d’œuvre, LE livre qui restera s’il ne doit en rester qu’un. La certitude était désormais acquise pour les derniers qui en doutaient : Pelot est un de nos plus grands auteurs ! Depuis, il y eut « Méchamment Dimanche », et désormais ce nouveau roman « L’ombre des voyageuses. » Moins épais, et plus digeste sûrement pour les estomacs fragiles que « C’est ainsi que les hommes vivent », ce livre en conserve le même souffle romanesque sans trêve, le goût du drame (voire de la violence ordinaire), le fond historique irréprochable, et des personnages très forts. Pour la première fois, Pelot se glisse, avec aisance, dans la peau d’une femme. Esdeline Favier, née dans la campagne accrochée aux contreforts des Vosges. Rousse flamboyante, farouche et déterminée, elle a la haine bien accrochée, puis aussi l’amour, sous la forme de ce beau Cauvin Sauvé, son « presque cousin ». Ils parlent d’Amérique, de Louisiane, de colonisation, d’une autre vie. Mais sa vie est marquée par le malheur et la trahison. Tout raconter serait une gageure insurmontable et un crime contre l’auteur… Je vous laisse le plaisir de découvrir les multiples rebondissements de ce roman incroyable… Tout est tellement beau, bien écrit, bien amené… On dirait Dumas, mais pas exactement tout de même… Pelot retrouve, pour écrire le journal de son héroïne, les mots et le phrasé du XVIIIème… Jamais Esdeline n’est simplement « rousse », elle est «fauvaine ». Patois, vieux et nouveau français, tout se mêle avec un bonheur relevant de l’alchimie. Pelot est inimitable, et définitivement, il appartient, qu’il l’admette ou non, au cercle fermé de nos très grands écrivains, loin, très loin devant les pathétiques Houellebecq, Angot et consorts… Et tant pis si ses habitudes de vieil ours déplaisent au petit monde germanopratin. Ses lecteurs s’en foutent, ils ont la confirmation de l’immense talent du « Petit Pierre » avec ce nouveau livre, à lire d’urgence ! (Pierre Pelot. Photo Olivier Roller)" | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Pierre Pelot Ven 16 Nov 2007 - 23:46 | |
| Merci de me faire découvrir cet auteur que je ne connaissais pas. Son visage m'est vraiment sympathique en tout cas (j'aime bien en général les gens bourrus, ce sont souvent de grands tendres qui se protègent comme ils peuvent des aspérités de la vie ). |
| | | Alfred Teckel Envolée postale
Messages : 259 Inscription le : 16/11/2007 Localisation : Lorrain en exil à Paris
| Sujet: Re: Pierre Pelot Ven 16 Nov 2007 - 23:48 | |
| Sur "C'est ainsi que les hommes vivent", son chef-d'oeuvre: N'ayons pas peur des mots, ce livre est un chef-d'œuvre. Toutefois, quelques avertissements sont de rigueur : Attention aux âmes sensibles, certains passages sont très violents. Attention aux paresseux, le bouquin en question fait 1111 pages. Attention aux puristes de la jolie langue française classique, le livre contient des tournures archaïques ou vosgisantes. Attention aux groupies de C.M., C.L. et C.A (j'ai cru comprendre que c'était ces trois Grâces qui créaient le débat actuellement !), c'est un vrai livre d'aventure, sans introspection ni nombrilisme de l'auteur. Attention aussi aux amateurs de Beigbeder ou Sollers, notre écrivain ne passe pas à la télé, ou alors de façon homéopathique. Attention aux parisianistes, notre homme gîte à Saint-Maurice, au fin fond des Vosges. Si après tout cela, vous lisez encore ces quelques mots, c'est que le livre peut vous intéresser. Et il faut s'y intéresser. C'est le grand roman français de la rentrée, peut-être même de l'année. Une amie m'a fait la réflexion qu'il était tellement exceptionnel qu'on dirait presque un roman étranger. A ce moment, vous me direz : Oui, mécékoiki raconte le Pelot, dans son gros bouquin? Voyons donc l'histoire. Ou plutôt les histoires. Car il y en a deux, au départ sans grand lien entre elles : Fin de l'année 1599, on brûle une sorcière dans Remiremont. Une pauvre femme victime de la méchanceté des hommes de son village. Au passage, peu avant le bûcher, la femme accouche d'un petit garçon (scène difficile que celle de l'accouchement en prison !). Une jeune dame, Apolline d'Eaugrogne, arrive dans la cité des chanoinesse le même jour, pour devenir religieuse auprès de sa tante. L'enfant de la sorcière sera déposé devant la porte d'Apolline qui recueillera le jeune Dolat, qui deviendra plus tard son amant. A partir de là, à grands coups de chapitres de 100 pages, Pelot nous donne à voir une immense histoire d'amour, deux destins liés, dans une époque troublée et violente. Fuite éperdue, vie paysanne, attaques de malandrins divers, brèves étreintes sensuelles, à l'époque où Français et Suédois ravageaient le duché de Lorraine, suivis par des hordes sauvages de barbares et de renégats menant les pires exactions (un estomac bien accroché est conseillé pour la lecture de certains "crimes de guerre"). L'extrême violence de l'époque, et même de Dolat, en permanente reconstruction mnésique, contraste avec l'image du geste désespéré d'une musaraigne a demi "amortée" pour se protéger, image qui revient régulièrement. 400 ans plus tard, soit la fin 1999, dans les alentours d'un autre drame, celui de la tempête. Lazare Favier, de son vrai nom Grosdemange, enfant du pays qui a réussi dans le journalisme de guerre, est de retour dans son village natal. Installé chez son frère à l'occasion de l'enterrement de leur mère, cela fait plusieurs mois qu'il y est. Car depuis, il a été victime d'une attaque cardiaque, et enquête sur Victor Favier, un ancêtre bagnard en Nouvelle-Calédonie. Triple quête de la mémoire : mémoire personnelle, mémoire familiale, mémoire du pays. Et quelques passages bien sentis sur les chasseurs ou les magouilles (enfin, les "arrangements") politiques du département (le nom de l'omnipotent sénateur-maire de Remiremont, M. Vancelet, est transparent) sont un vrai régal. Peu à peu, les deux histoires, en dehors du simple cadre géographique, présentent de multiples similitudes : perte de mémoire, rencontres imprévues, etc. Se rejoindront-elles ? (question purement rhétorique). Bon, je sais ça peut paraître terriblement foisonnant, mais je rassure les anxieux, pas besoin de dresser une liste des personnages pour s'y retrouver. Malgré un vocabulaire d'une grande richesse et la faiblesse du petit lexique de fin d'ouvrage, pas besoin d'un dictionnaire du XVIème siècle ou d'un arrière-grand-père bressaud, la compréhension des mots inconnus est facile et intuitive, même pour celui qui a d'incurables lacunes en patois vosgien. Et puis, j'en suis certain, vous vous laisserez emporter par les longues phrases pelotiennes, chantournées de mots évocateurs et migrabonds, et la beauté des paysages décrits avec patience, et les scènes violentes, dures, racontées avec force et réalisme ; le tout porté par un art de la métaphore et de "l'expression" assez rare aujourd'hui. Au final, que dire de plus, sans raconter toute l'histoire ? On peut dire que Lazare Grosdemange, c'est Pierre Pelot, du moins en partie. Grosdemange est le vrai nom de Pelot, et comme il a réchappé lui aussi d'une attaque, le prénom de Lazare est significatif, bien que Pelot se défende d'y avoir pensé en écrivant. Alors à tous les gens qui veulent un vrai bon roman français, roboratif, qui tienne au ventre et fasse plaisir au cerveau, je veux faire partager mon enthousiasme pour un très grand auteur trop mal connu. Faites l'effort de le lire, et je suis prêt à deux paris : si vous le commencez, vous irez au bout, à coup sûr. Si vous allez au bout, vous ne serez pas déçu et serez heureux d'avoir découvert quelque chose d'aussi magnifique. En somme, si vous ne devez lire qu'un livre cette année, lisez celui-ci. En sortant de ce tourbillon foisonnant, votre tête vous tournera peut-être encore un peu, tout abasourdi d'en avoir oublié jusqu'à votre vrai nom. J'espère que mon résumé n'est pas trop embrouillé. Mais j'en ai déjà dit beaucoup, trop sans doute. Mieux vaut lire et se taire." Extraits: Alsaciens "- Vous êtes pas alsaciens, dit l'homme. - Non. - J'vois ça, dit l'homme. Pis j'entends, aussi. [...] - J'les aime pas, ajouta-t-il — demandant : Savez pourquoi, mon homme ? (Mansuy fit un signe de tête pour signifier qu'il ne savait pas.) Parce qu'ils nous prennent tout su' la montagne. Sont riches à en crever, mais y crèvent pas, au contraire, y sont à cens et arrentés pour tout c'qui s'arrente sur les pâtis et les chaumes d'Monseigneur, tout c'qu'est pas du finage des villages. V'là pourquoi. Les mynes, c'est eux et pis des gens d'Autriche. Les marcairies c'est eux. Les chaumes où qu'y font pâturer leurs troupeaux d'rouges bêtes, c'est eux. Qu'est-ce qui nous restera ? Où qu'on va aller, bientôt, nous autes ?" p. 268 Récuse-poto "Il revit Turficon qui déjà à l'école était insupportable, et dont le patronyme interactif n'arrangeait pas la sociabilité, déjà sournois, adipeux, les lèvres ourlées d'une salive soulignant chaque mot, le premier à ricaner en douce quand un malheur arrivait à quiconque, un cafardeur, un «récuse-poto», un qui sans hésiter aurait vendu du beurre aux boches, et sa mère avec, si la guerre ne l'avait pas pris de vitesse. Turficon, un sale con." p. 371 Les vieux "C'était jouer avec son coeur une dangereuse partie. Mais n'en redoutant pas alors le risque purement physique encouru, il sua et rauqua en parfaite inconscience, la meute de vieux opiniâtres sur les talons et leur bourdonnement qui le poussait au cul — même dans les raidillons les plus rudes il y en avait toujours au moins un pour lâcher quelque considération, y aller de quelque plaisanterie. Ces gens-là, se dit Lazare plusieurs fois et jusqu'à la totale conviction, devraient être interdits. Lui qui n'était pas encore de leur nombre s'en trouvait exclu à jamais et ne se souvenait étonnamment pas avoir autant peiné dans les montagnes du Kosovo, sur les sentes du Panshir à la rencontre de Massoud." p. 535 Patrimoine "Qu'est-ce qu'elle a donc, ma maison, que vous avez l'air de plus pouvoir vous en passer ? que je lui demande. Et le voilà qui se lance dans ses grandes phrases tellement tarabiscotées qu'on dirait un patois inventé tout exprès pour qu'on y comprenne rien. Pour me dire la valeur historique, le patrimoine, tout ce bordel, et pis l'étang, etc... Et enfin pour me dire que ça serait un sacré pavillon de chasse. Faudrait savoir. Où qu'ils vont le caser leur patrimoine, dans leur pavillon de chasse ? Je t'en fous, moi, tiens." p. 814 Paysage de guerre "Ici, l'ouragan avait transformé la forêt en paysage de guerre, laissant de loin en loin un arbre à demi plumé dressé droit comme un malheureux survivant condamné de toute façon à une mort imminente ; pour le reste, ce n'était que troncs brisés à une hauteur de deux ou trois mètres, tordus et hachés par un même abattement, une même poussée, un fléau tout à coup appelé d'un autre âge, et les fûts en travers ici et là, en tous sens, et les cadavres gris exsangues jonchant la scène du carnage. Et là-dessus béant d'une infinie indécence la fente grise du ciel qui pleurait". p. 946 | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Pierre Pelot Sam 17 Nov 2007 - 6:00 | |
| Quelle joie de retrouver cet auteur ici! Je l'ai découvert en Septembre avec le livre Les Normales saisonnières (Dans une critique on avait mentionné que ce livre se situait en Bretagne - évident que je devait l'avoir ) Je ne connaissais pas avant - mais c'était certainement pas le dernier livre de cet auteur que j'ai lu. | |
| | | Le Bibliomane Zen littéraire
Messages : 3403 Inscription le : 21/02/2007 Age : 58 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: Pierre Pelot Sam 17 Nov 2007 - 7:21 | |
| Merci Alfred d'avoir ouvert ce fil sur cet auteur dont je n'ai jusqu'ici lu qu'un seul roman. Mais quel roman ! "C'est ainsi que les hommes vivent" fut pour moi un grand moment de lecture, un de ces livres qui vous laissent pantois, une odyssée tragique à l'époque de la Guerre de Trente Ans. Bref, ce livre est magnifique (très dur aussi) et je ne peux que le conseiller à toutes celles et tous ceux qui ne l'ont pas encore lu. Mais je n'en dirai pas plus car à l'époque où j'ai lu ce livre je n'écrivais pas mes sentiments et mes réactions à propos de ceux-ci. Aimant commenter mes lectures "à chaud", je n'irais pas plus loin et je préfère m'effacer devant ce très beau commentaire d'Alfred qui, j'en suis sûr, vous donnera envie de découvrir cet immense roman. | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Pierre Pelot Sam 17 Nov 2007 - 15:12 | |
| Alfred Teckel, merci de ce superbe commentaire! | |
| | | Le Bibliomane Zen littéraire
Messages : 3403 Inscription le : 21/02/2007 Age : 58 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: Pierre Pelot Mar 18 Déc 2007 - 20:33 | |
| "Méchamment dimanche"
Printemps 2004 : Qui est cet homme corpulent, d'une soixantaine d'années, qui a pris une chambre au café-hotel-restaurant de St. Maurice-sur-Moselle ? C'est la question que se posent le patron et sa femme ainsi que les clients. Est-ce un touriste ? Un journaliste ? Un flic ? Les gens s'interrogent car depuis quelques semaines, ils en ont vu défiler, des policiers et des scribouillards! Un vrai défilé ! Et tout ça à cause de l'affaire du « prophète », un simple d'esprit qui, quelques semaines auparavant, s'est retranché dans une maison abandonnée vouée à la démolition et qui – au moment où arrivaient les ouvriers chargés de raser la vieille bâtisse – en a tué cinq et en a blessé quatre autres.
Quel est le lien entre ce fait-divers sanglant et les évenements qui se sont déroulés près d'un demi-siècle plus tôt, au cours de l'été 1957 ? En ce début juillet commence pour les enfants de St. Maurice-sur-Moselle une longue période – les vacances d'été – consacrée à l'élaboration de cabanes dans les bois, à la fabrication d'arcs et de flèches, à de longues heures de pêche et de palabres au bord de la rivière. Mais au soir du 13 juillet, alors que tout le village se réunit sous les flonflons du bal qui ouvre la célébration de la fête nationale, Zan et son ami Tipol – deux gamins turbulents et inséparables – sont victimes d'une mauvaise farce orchestrée par leur ennemi intime : « Ce grand con de Nano Grandgirard ».
Dès le lendemain, la guerre est déclarée entre les deux bandes d'enfants. Zan prend la tête du groupe composé de Tipol, de Belette et de sa soeur Zita, de Tonto, ainsi que de Grand Dédé, Zinzin et Jean-Do. Sans oublier le chien Jean-Claude. Tous se préparent pour les hostilités et se lancent fébrilement dans la fabrication d'arcs et de flèches dont les pointes – faites de clous écrasés par le passage du train sur la voie ferrée – devront venger la fierté et l'honneur bafoué de Zan et Tipol.
Un plan d'attaque est mis au point et une embuscade est organisée. Mais l'escarmouche – qui devait au départ n'être qu'un simple règlement de comptes entre gamins – va prendre des proportions inattendues pour les belligérants qui vont voir – au lendemain de leur passe d'armes – arriver chez eux les gendarmes. Pour la plupart des membres de la bande, l'épisode se soldera par une distribution de taloches parentales et une interdiction de sortir pendant plusieurs jours. Mais pour Zan et Tipol, la guerre n'est pas finie. L'été va donc continuer, sous une chaleur lourde et implacable jusqu'à ce qu'enfin l'orage se déchaîne dans les coeurs et que la violence jusqu'ici contenue parvienne à son paroxysme.
Qu'on ne s'y trompe pas, malgré les apparences, « Méchamment dimanche » n'est pas un remake de « La guerre des boutons ». Dans ce roman, Pierre Pelot nous parle du monde de l'enfance en évitant tous les écueils de mièvrerie et de sensiblerie qui vont souvent de pair avec ce genre de sujet romanesque. Bien sûr, certaines évocations ne manquent pas de susciter une certaine nostalgie envers cet « âge d'or » que certains d'entre nous ont connu : l'âge des cabanes, des guerres de bandes, des arcs, des lance-pierres et des genoux badigeonnés de mercurochrome. Mais si ce roman de Pierre Pelot devait être comparé à une autre oeuvre littéraire, ce serait – pour moi – avec la nouvelle de Stephen King intitulée « The body » dont Rob Reiner a tiré en 1986 l'extraordinaire film « Stand by me ». On y retrouve les mêmes thèmes de la fin de l'enfance et de l'entrée dans cette douloureuse période de transition vers l'âge adulte qu'est l'adolescence, de la confrontation brutale avec la violence et la mort, de la nostalgie du monde perdu de l'innocence et de l'insouciance ainsi que de la découverte d'un monde insoupçonné où les bons ne l'emportent pas nécessairement sur les méchants, où l'injustice, les trahisons et les désillusions prennent le pas sur l'amitié, la confiance et l'imaginaire.
On trouve aussi dans ce roman tout un monde à jamais disparu, celui de la fin des années cinquante dans une petite ville de province, avec ses petits commerçants et ses figures locales, ses journées rythmées par les émissions radiophoniques : Raymond Souplex et Jeanne Sourza qui incarnent Carmen et La Hurlette dans le feuilleton « Sur le banc », Geneviève Tabouy et ses « Attendez vous à savoir... », Rina Ketty qui chante « Sombreros et mantilles », etc... Mais c'est aussi l'époque de la guerre d'Algérie, du lancement du Spoutnik par l'Union soviétique, la victoire de Jacques Anquetil au 44ème Tour de France... Pierre Pelot nous restitue avec talent et fidélité cette époque en n'oubliant pas de souligner – dans cette Lorraine qui est la sienne – la forte empreinte laissée par la classe ouvrière, particulièrement dans les manufactures textiles. Bon nombre des camarades de Zan sont enfants d'ouvriers italiens et soulignent par leur présence l'apport des communautés étrangères dans le paysage socio-culturel de cette région
Une fois de plus, Pierre Pelot, à travers le prisme de ses oeuvres romanesques, comme dans le stupéfiant « C'est ainsi que les hommes vivent », nous invite à revisiter le passé de la Lorraine, à en découvrir ses gens et sa culture, son parler et ses paysages. Avec « Méchamment dimanche » il signe un roman tendre et cruel, un récit épique sur l'enfance, une tragi-comédie pleine de rires et de soudains éclats de violence où les fantômes du passé reviennent inlassablement pour tourmenter et égarer les vivants. | |
| | | Alfred Teckel Envolée postale
Messages : 259 Inscription le : 16/11/2007 Localisation : Lorrain en exil à Paris
| Sujet: Re: Pierre Pelot Mer 19 Déc 2007 - 16:29 | |
| Une belle chronique cher Bibliomane! | |
| | | Hexagone Envolée postale
Messages : 260 Inscription le : 18/01/2010 Age : 53 Localisation : Ile de France
| Sujet: Re: Pierre Pelot Mar 3 Aoû 2010 - 8:33 | |
| Je vien de terminer " L'été en pente douce" . Tous les ingrédients d'une histoire bancale sont réunis pour nous faire passer un agréable moment de lecture. Quand des soiffards, bras cassés sont réunis au coeur d'une cité ouvrière, quand on achète une femme pour une caisse de bière, un lapin et cinquante francs, avouez qu'on a mis les pieds dans un nid de guêpe. Fane, Lilas et Mo sont les protagonistes de ce court roman digne d'un roman social du meilleur crû. Dès le départ, malgrè l'agréable histoire d'amour que tente de nous proposer l'auteur, on sent poindre la catastrophe inéluctable. Cette spirale infernale qui attire les gens toujours plus bas et les fait sombrer. Fane hérite de la maison de sa mère dans un bled pourri, son frère est débile, fane a perdu l'usage de sa main et des cicatrices marbrent sont visage. Cela suite à des jeux de gamins avec des grenades de la dernière guerre.. Au milieu de ces pieds nickelés, évolue Lilas la belle, l'incandescente, la rayonnante. Imaginez ce trio singulier dans un village perdu aux mentalités confinées dans la langueur d'une province arrièrée. C'est sur, Lilas la bombe va mettre le feu aux sangs et aux poudres. Jusqu'à l'explosion finale. Je ne connaissais pas l'auteur, je n'ai jamais vu le film qui, s'il retrace l'athmosphère lourde, écrasante du bouquin doit être agréable. C'est là le tour de force de Pelot, placé en quelques pages une athmosphère lourde comme le plomb et entêtante comme des vapeurs d'essence prêtent à s'enflammer. Un bon moment de lecture. | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Pierre Pelot Mar 3 Aoû 2010 - 8:50 | |
| - Citation :
- Je ne connaissais pas l'auteur, je n'ai jamais vu le film qui, s'il retrace l'athmosphère lourde, écrasante du bouquin doit être agréable. C'est là le tour de force de Pelot, placé en quelques pages une
athmosphère lourde comme le plomb et entêtante comme des vapeurs d'essence prêtent à s'enflammer. Un bon moment de lecture. Merci Hexagone pour ce commentaire de L'été en pente douce dont j'avais vu le film et qui retraçait bien ce que tu en dis effectivement (atmosphère lourde, spirale infernale) Un film plus qu'agréable en tout cas, très humain et sensible, de Gérard Krawczyk avec les regrettés Jacques Villeret et Pauline Laffont. JP Bacri était aussi très bien, juste dans le ton. Je ne savais pas qu'il était tiré d'un roman, mais si tu le trouves en DVD n'hésite pas! Je note l'auteur Pierre Pelot par contre dont vous vantez tous le style... | |
| | | Hexagone Envolée postale
Messages : 260 Inscription le : 18/01/2010 Age : 53 Localisation : Ile de France
| Sujet: Re: Pierre Pelot Mar 3 Aoû 2010 - 22:38 | |
| Je vais essayer de voir ce film quand il passera à la télé ( qui n'a pas fantasmé sur la regrettée pauline lafont et ses lolos ( désolé j'ai pas pu éviter)) . Le style de Pelot n'est pas extraordinaire en tant que tel. En revanche c'est un bon conteur qui sait planté la situation et surtout faire naître un climat. Dans ce livre on sent dès le départ que quelque chose va clocher. On attend et puis boum. A mon humble avis je ne vois pas comment on peut être déçu par ce livre. J'attends ton avis. | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Pierre Pelot Mer 4 Aoû 2010 - 9:30 | |
| - Hexagone a écrit:
- Je vais essayer de voir ce film quand il passera à la télé ( qui n'a pas fantasmé sur la regrettée pauline lafont et ses lolos ( désolé j'ai pas pu éviter)) . Le style de Pelot n'est pas extraordinaire en tant que tel. En revanche c'est un bon conteur qui sait planté la situation et surtout faire naître un climat. Dans ce livre on sent dès le départ que quelque chose va clocher. On attend et puis boum. A mon humble avis je ne vois pas comment on peut être déçu par ce livre. J'attends ton avis.
C'est vrai qu'elle était jugée très sexy par la gente masculine et qu'elle avait beaucoup de peps on va dire J'avais adoré la prestation de Villeret en benêt transi d'amour, ou plutôt de désir, pour la belle qui se contentait finalement de le rendre heureux avec le fameux "C'est la nature" dit de façon si évidente que l'on est convaincu! Je revois toujours cette scène où il se laisse "séduire". C'est une scène magnifique où l'aspect drôle s'efface complètement pour une vraie émotion. Lui si naïf, si dérouté et effrayé, elle si naturelle, ils sont aux antipodes et en même temps une douleur muette les relie. Il y a beaucoup de choses qui passent... Ici | |
| | | Hexagone Envolée postale
Messages : 260 Inscription le : 18/01/2010 Age : 53 Localisation : Ile de France
| Sujet: Re: Pierre Pelot Mer 4 Aoû 2010 - 18:29 | |
| Dans le livre, cela ne se passe exactement comme ça et Lilas n'est pas sans arrière pensées. Fane ne veut pas d'enfants et on se demande si elle ne va pas utiliser Mo pour parvenir à ses fins. Il se trouve que Mo ne parveint pas faire l'amour avec elle, ce que ne semble pas indiquer l'extrait. | |
| | | GreatGatsby Posteur en quête
Messages : 88 Inscription le : 24/07/2010 Age : 31 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Pierre Pelot Mer 4 Aoû 2010 - 21:14 | |
| Merci pour réactualiser ce post! Je dois dire que le post de Alfred Teckel me donne plus qu'envie de lire C'est ainsi que les hommes vivent. Ce roman a l'air vraiment poignant! | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Pierre Pelot Jeu 5 Aoû 2010 - 8:26 | |
| Oui, le post d'Hexagone permet de remonter le fil de cet auteur qui mérite le détour il me semble. - Hexagone a écrit:
- Dans le livre, cela ne se passe exactement comme ça et Lilas n'est pas sans arrière pensées. Fane ne veut pas d'enfants et on se demande si elle ne va pas utiliser Mo pour parvenir à ses fins. Il se trouve que Mo ne parvient pas faire l'amour avec elle, ce que ne semble pas indiquer l'extrait.
J'ai un souvenir assez flou du film, par contre il me semble que Fane est stérile et que Lilas n'est pas si innocente, c'est sûr. Mais elle a cette légèreté incandescente qui permet tout. Je crois que Mo arrive à ses fins dans cet extrait, en tout cas il y prend goût et sa transformation en est d'autant plus joviale! | |
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| | | | Pierre Pelot | |
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