- Queenie a écrit:
- bon sang quelle chance de l'avoir vue en concert, j'aurai tant aimé
Ne pas l'avoir vue sur scène restera aussi un de mes grands regrets...
Vous savez, ou ne savez pas, que
Barbara a vécu (entre autres) un drame immense: le départ brutal de son père, sa disparition un jour, mais pas dans la mort ...Elle ne l'a plus jamais revu...Elle aimait ce père bien qu'il lui ai fait subir longtemps l'inceste...
Je remets ici les paroles de trois de ses chansons qui s'éclairent à la lumière de cet élément de sa biographie. Ce qui leur donne encore plus de force:
Nantes,
L'aigle noir et
Au coeur de la nuit.
La première fois qu'elle a chanté
Au coeur de la nuit, elle disait: "
Je veux que tranquille il repose"...Plus tard: "
Je sais que tranquille il repose"...et encore plus tard: "
Je crois que tranquille il repose"...
AU COEUR DE LA NUITJ'ai le souvenir d'une nuit,
Une nuit de mon enfance
Toute pareille à celle-ci,
Une longue nuit de silence.
Moi qui ne me souviens jamais
Du passé qui m'importune,
C'est drôle, j'ai gardé le secret
De cette longue nuit sans lune.
J'ai le souvenir d'une nuit,
D'une nuit de mon enfance,
Toute pareille à celle-ci,
Une longue nuit de silence.
Soudain, je me suis réveillée.
Il y avait une présence.
Soudain, je me suis réveillée
Dans une demi somnolence.
C'était au dehors. On parlait,
A voix basse, comme un murmure,
Comme un sanglot étouffé,
Au dehors, j' en étais sûre.
J' ai le souvenir d'une nuit,
D'une nuit de mon enfance
Toute pareille à celle-ci,
Une longue nuit de silence.
J'allais, à demi éveillée,
Guidée par l'étrange murmure.
J'allais, à demi éveillée,
Suivant une allée obscure.
Il y eut, je me le rapelle,
Surgissant de l'allée obscure,
Il y eut un bruissement d'ailesLà, tout contre ma figure.
C'était au cœur de la nuit.
C'était une forêt profonde.
C'était là, comme cette nuit,
Un bruit sourd venant d'outre-tombe.
Qui es-tu pour me revenir ?
Quel est donc le mal qui t'enchaîne ?
Qui es-tu pour me revenir
Et veux-tu que, vers toi, je vienne ?
S' il le faut, j'irais encore
Tant et tant de nuits profondes,
Sans jamais revoir l'aurore,
Sans jamais revoir le monde
Pour qu'enfin tu puisses dormir,
Pour qu'enfin ton cœur se repose,
Que tu finisses de mourir
Sous tes paupières déjà closes.
J'ai le souvenir d'une nuit,
Une nuit de mon enfance,
Toute pareille à celle-ci
Froide et lourde de silence...
NANTESECOUTER ICIIl pleut sur Nantes
Donne-moi la main
Le ciel de Nantes
Rend mon cœur chagrin
Un matin comme celui-là
Il y a juste un an déjà
La ville avait ce teint blafard
Lorsque je sortis de la gare
Nantes m'était encore inconnue
Je n'y étais jamais venue
Il avait fallu ce message
Pour que je fasse le voyage:
"Madame soyez au rendez-vous
Vingt-cinq rue de la Grange-au-Loup
Faites vite, il y a peu d'espoir
Il a demandé à vous voir."
A l'heure de sa dernière heure
Après bien des années d'errance
Il me revenait en plein cœur
Son cri déchirait le silence
Depuis qu'il s'en était allé
Longtemps je l'avais espéré
Ce vagabond, ce disparu
Voilà qu'il m'était revenu
Vingt-cinq rue de la Grange-au-Loup
Je m'en souviens du rendez-vous
Et j'ai gravé dans ma mémoire
Cette chambre au fond d'un couloir
Assis près d'une cheminée
J'ai vu quatre hommes se lever
La lumière était froide et blanche
Ils portaient l'habit du dimanche
Je n'ai pas posé de questions
A ces étranges compagnons
J'ai rien dit, mais à leurs regards
J'ai compris qu'il était trop tard
Pourtant j'étais au rendez-vous
Vingt-cinq rue de la Grange-au-Loup
Mais il ne m'a jamais revue
Il avait déjà disparu
Voilà, tu la connais l'histoire
Il était revenu un soir
Et ce fut son dernier voyage
Et ce fut son dernier rivage
Il voulait avant de mourir
Se réchauffer à mon sourire
Mais il mourut à la nuit même
Sans un adieu, sans un "je t'aime"
Au chemin qui longe la mer
Couché dans le jardin des pierres
Je veux que tranquille il repose
Je l'ai couché dessous les roses
Mon père, mon père
Il pleut sur Nantes
Et je me souviens
Le ciel de Nantes
Rend mon cœur chagrin
L'AIGLE NOIRECOUTER ICIUn beau jour, ou peut-être une nuit,
Près d'un lac je m'étais endormie,
Quand soudain, semblant crever le ciel,
Et venant de nulle part,
Surgit un aigle noir,
Lentement, les ailes déployées,
Lentement, je le vis tournoyer,
Près de moi,
dans un bruissement d'ailes,Comme tombé du ciel,
L'oiseau vint se poser,
Il avait les yeux couleur rubis,
Et des plumes couleur de la nuit,
A son front brillant de mille feux,
L'oiseau roi couronné,
Portait un diamant bleu,
De son bec il a touché ma joue,
Dans ma main il a glissé son cou,
C'est alors que je l'ai reconnu,
Surgissant du passé,
Il m'était revenu,
Dis l'oiseau, ô dis, emmène-moi,
Retournons au pays d'autrefois,
Comme avant, dans mes rêves d'enfant,
Pour cueillir en tremblant,
Des étoiles, des étoiles,
Comme avant, dans mes rêves d'enfant,
Comme avant, sur un nuage blanc,
Comme avant, allumer le soleil,
Etre faiseur de pluie,
Et faire des merveilles,
L'aigle noir dans un bruissement d'ailes,
Prit son vol pour regagner le ciel,
Quatre plumes couleur de la nuit
Une larme ou peut-être un rubis
J'avais froid, il ne me restait rien
L'oiseau m'avait laissée
Seule avec mon chagrin
Un beau jour, ou peut-être une nuit,
Près d'un lac, je m'étais endormie,
Quand soudain, semblant crever le ciel,
Et venant de nulle part,
Surgit un aigle noir,
Un beau jour, une nuit,
Près d'un lac, endormie,
Quand soudain,
Il venait de nulle part,
Il surgit, l'aigle noir...