INTIFADA DU COEUR
(Editions Perce-Neige Canada)
C'est le récit du doute, celui des interrogations. Les éléments du décor sont plantés, la vie a posé ses repères et puis que reste-t-il? Soi, au milieu de ce paysage qu'on craint ou qu'on chérit. C'est le temps des questions. Sur soi, sur ce monde, sur le temps, sur la vie. Des questions qui peuvent bien entendu ébranler nos certitudes. On le sent très bien dans ces textes poétiques de Rino Morin Rossignol. On a beau savoir où l'on est, connaître le décor, il n'empêche que le doute est là et que si on le laisse s'insinuer, c'est un cheminement sans fin. Jusqu'au coeur. Qui se soulève, qui s'interroge, qui bat un peu plus fort, un peu plus vite.
J'aime cette poésie pour tous ces non-dits qu'elle soulève, cet inconnu dans lequel nous évoluons que l'auteur appréhende avec une justesse certaine et beaucoup de sensibilité.
"Mais l'homme en moi veille au grain en pataugeant dans le mirage fluide de mon besoin. Qui sourd en moi? Mon double? Toi? Toi qui t'amenuises au loin sur une ligne d'horizon blême? Toi qui surgis sur l'écran, mimant la danse horrible du désir?"
(page vingt-huit)
"L'homme en moi fluctue dans sa course, gambade, ahane,
étouffe parfois, sous la lourdeur du désir. Mais que serait
l'oxygène sans le désir de le prendre en soi? De le happer
d'une bouffée de lumière? Mais je ne suis que là, et je respire
au compte-goutte." (page 47)