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| Alona Kimhi [Israël] | |
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+3Marie Bédoulène Alfred Teckel 7 participants | Auteur | Message |
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Alfred Teckel Envolée postale
Messages : 259 Inscription le : 16/11/2007 Localisation : Lorrain en exil à Paris
| Sujet: Alona Kimhi [Israël] Ven 30 Nov 2007 - 15:14 | |
| Alona Kimhi, Lily la tigresse, Gallimard "La magicienne de Tel-Aviv Voilà ce que j’appelle un grand roman ! Un « sâpré » grand roman même ! Alona Kimhi, cette ancienne actrice d’origine juive ukrainienne a eu la bonne idée de se lancer dans la littérature, avec grand succès, et un succès largement mérité. Car quelle magicienne de l’écriture que ce diable de femme ! Au début, perdu dans ce qui ressemble furieusement à « un bouquin de femme », que les ligues féministes me pardonnent cette vilaine expression, la question se pose : « C’est quoi ce truc ? ». Doutes, interrogations, questions… Mais pourtant, on ne lâche pas cette lecture, tant le style est prenant, riche, travaillé, les métaphores ourlées. Certains passages sont dignes des plus belles pages du XIXème français ; puis, sans prévenir, brusquement, en quelques dialogues plus courts, efficaces et crus, nous revoilà dans l’amère réalité d’une quasi-trentenaire de Tel-Aviv. Bridget Jones, en pire… Et encore, la faune qui gravite autour des 112 kilos de chair sensuelle et sexuellement avide de Lily est bien plus fêlée qu’elle-même ! Et là, le roman prend des allures beaucoup plus baroques. L’on navigue dans les bas-fonds de la pègre et du proxénétisme en suivant la vie de Ninouch, la meilleure (la seule surtout) amie de Lily ; on croise une chauffeuse de taxi bavarde et meurtrie ; Taro, le premier amant de Lily, un japonais qui fait de son corps une œuvre d’art ; et un bébé tigre. La grande force d’Alona Kimhi est de conserver son style, qui relève du très grand art, tout au long de ce roman où elle nous ballade, avec une facilité presque indécente, selon son gré, passant avec aisance de la volupté décrite à grand renforts de métaphores, à la « baise » la plus crasse avec des accents frôlant le célinien, pour repartir dans le roman quasiment picaresque ou observer une pègre à la Audiard virer l’ultra-violence, pour enfin s’achever dans le fantastique, mais je n’en dis pas plus ! (Toutefois, l’auteur fait une grosse boulette à un moment : « dans les yeux des Incas lorsqu’ils accueillirent les conquistadors de Cortès. » Que je sache, Cortès n’a jamais vu un Inca de toute sa vie, mais plutôt des Aztèques…) Alona Kimhi est toujours « presque », mais au final, elle n’est qu’elle-même, et c’est sa force et sa grandeur. Un roman très enthousiasmant. Quelque chose me dit que cet auteur sera parmi les plus grandes dans la décennie à venir. A suivre avec attention !" | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: Alona Kimhi [Israël] Ven 30 Nov 2007 - 16:08 | |
| Merci pour ce commentaire très élaboré, ton enthousiasme est communicatif.
On a l'impression que tu décris plusieurs auteurs très différents mais je relève une phrase rassurante : "La grande force d’Alona Kimhi est de conserver son style"
lorsque j'aurai lu ce livre (dans quelque temps) je reviendrai confronter mes impressions aux tiennes.
à bientôt | |
| | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: Alona Kimhi [Israël] Ven 30 Nov 2007 - 18:55 | |
| Elle est née en Ukraine, Alona Kimhi... Je l'aime beaucoup aussi, elle a un humour qui décoiffe! Je conseillerais également Suzanne la pleureuse, Suzanne Rabin ( mais pas de la même famille qu'Ytzhak, est-elle contrainte de toujours préciser -enfin pas toujours, quand cela doit lui servir à quelque chose, elle oublie volontiers...), qui pleurniche en permanence...C'est très drôle et un très bon document sur la société israélienne! | |
| | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: Alona Kimhi [Israël] Sam 1 Déc 2007 - 1:28 | |
| Un petit extrait de Suzanne la Pleureuse
Ma mère dit que le pays est déprimé. Une détresse nationale qui s'exprime diversement chez chacun. D'après elle, même ceux qui ont voté pour le Likoud sont plus ou moins inconsciemment tristes que les travaillistes n'aient pas été élus. Même les tribus de Papouasie-Nouvelle- Guinée sont déçues par ce triste renversement. Personnellement, je ne m'associe pas à cette dépression nationale parce que malgré mon nom, Suzanne Rabin, et comme je l'ai déjà fait remarquer, je ne suis pas une proche de. Je ne contribue pas à faire progresser ni la paix nationale ni la paix au Proche-Orient. Je me débne. Je suis quelqu'un de très petit. A mon avis, la dépression nationale est celle de ma mère et, quand ma mère est déprimée, Suzanne Rabin est toute puissante.
En revanche, ma mère et Nehama font sans cesse progresser la paix au Proche -Orient. Sans elles, nous serions tous en train de nager avec un couteau dans le dos , ou bien d'étudier la Torah dès cinq heures du matin et de nous multiplier à travers le trou d'un drap. Je suis persuadée que c'est grâce à ma mère, à Nehama et à quelques citoyens responsables comme elles, lecteurs de journaux et détenteurs d'idées, que le monde n'a pas encore sombré pour de bon. Les parasites comme moi ont de la chance que d'autres fassent le travail à leur place.
Ma mère et Nehama débattent pendant des heures de la défaite des travaillistes aux dernières élections. Elles critiquent les petits films de propagande, analysent le choix du moment des attaques terroristes, dissèquent la personnalité de Shimon Peres qu'elles aiment beaucoup mais ne cessent de réprimander entre elles comme un enfant qui aurait échoué aux examens. Parfois, j'ai l'impression que ce triangle- ma mère, Nehama et les élections- est une espèce de perpetuum mobilequi ne s'arrêtera jamais et que, à l'image de la fin de l'univers en perpétuel réchauffement et expansion, on entendra dans les espaces éternels , vides et inutiles, leur voix qui raillent la première apparition américaine de Bibi, et l'extrème gauche capricieuse et irresponsable qui, le jour venu, a refusé d'aller aux urnes.....
Une lecture ICI | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Alona Kimhi [Israël] Sam 26 Avr 2008 - 15:23 | |
| Cet aperçu me donne encore plus envie de rencontrer Alona Kimhi lors du festival Etonnants Voyageurs à Saint Malo! - Citation :
- «D'une manière ou d'une autre, il est clair comme le jour que nous vivons dans une ambiance problématique!» s'exclame, dépitée, cette jeune femme qui a peur de finir par ressembler à un personnage de BD israélienne, une Mama caricaturale et impulsive, ployant sous sa crinière teinte au henné rouge. L'univers romanesque d'Alona Kimhi – auteur des très remarquées Suzanne la pleureuse et Lily la tigresse – est à l'image du CV de Mor Elkabetz: brillante photographe telavivienne, officier dans l'armée, athlète, licence d'études cinématographiques, expérience du journalisme et… seul petit bémol, «boulimique-névrotique-hystérique-troubles de la personnalité, et par-dessus tout un sale caractère».
A quoi bon «moudre le blabla végétarien-spirituel-antiatomique» alors que – tout le monde l'a compris entre-temps – l'espace de notre vécu occidental est bourré d'énergies négatives? Violence, haine, trou d'ozone, crises boursières, sexe sans capote, nouveaux immigrants, familles recomposées… la liste des fléaux est longue et Alona Kimhi ne se prive pas du plaisir pervers de la distiller dans l'oreille distraite de ses lecteurs. Cela dit, «malgré ce savoir ancestral, quelque part au fond de notre âme cupide», nous espérons nous procurer de l'amour gratuit: «Nous tournons la roue et attendons le sept rouge qui fera pleuvoir dans la poche de notre Tuxido tous les jetons posés sur le feutre vert. Parfois ça arrive. Mais parfois seulement.» (Poème pour un cauchemar ou le sevrage inaccompli de Mor Elkabetz)
L'ère de Narcisse
Dans l'arithmétique élémentaire d'Alona Kimhi, un être humain doué de sentiments est moins qu'un zéro: mou, faible, piétiné, il ne fait peur à personne. «Vieux rat de laboratoire qui court quand s'allume une lumière rouge, et salive quand s'allume une lumière verte. Et en prime, il lèche la main du laborantin qui lui apporte des restes de fromage puant.» Et c'est justement parce que le règne des sentiments avilit que la jeune Gali se réjouit de se retrouver… dans un dispensaire pour dépressifs. Alors qu'à l'extérieur «les gens pensent à d'autres gens pleins de pensées poubelle», dans le service du docteur Wasserman, électrochocs et Valium aidant, chacun pense gentiment à soi. Dans l'atmosphère agréable d'un vrai nid de coucous, les fous sont censés guérir, devenir plus ou moins normaux et rentrer chez eux au bout de quelques mois pour empoisonner la vie de leur proches (Journal de Berlin). Rencontres inattendues avec les amants d'autrefois, humiliations, frustrations, nausées, doigts dans la gorge – bref, toute la beauté sombre de l'existence qui imprègne Moi, Anastasia converge vers ce constat implacable: «Ainsi va le monde. Ainsi va le mal du monde. (…) Ainsi va l'affreux monde des mâles.» Et le plus cruel des paradoxes, c'est que dame Elkabetz, nullement dupe, continue à avaler ses tablettes de chocolat pour être grande et forte «comme Papa, comme Rocky, comme Schwarzenegger, comme le beau président Kennedy»… Après tout, murmurent les narratrices en canon, nous ne sommes que des humains: de la chair, des os et une poignée de sentiments vacillants. Dès l'instant où vous comprendrez cela, prévient Alona Kimhi, vous pourrez assassiner des vieilles ou vous masturber dans le hall de l'opéra, «et tout ira bien. Dans les clubs, chacun danse avec lui-même. C'est l'ère des solistes. L'ère de Narcisse. Dites, vous me trouvez vieux jeu? Alors, dites-le-moi.» Source: Le Jeudi | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Alona Kimhi [Israël] Sam 26 Avr 2008 - 19:18 | |
| - kenavo a écrit:
- Cet aperçu me donne encore plus envie de rencontrer Alona Kimhi lors du festival Etonnants Voyageurs à Saint Malo!
J'espère que tu vas nous raconter cette rencontre. | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| | | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Alona Kimhi [Israël] Mar 13 Oct 2009 - 18:01 | |
| vient de paraître Moi, AnastasiaRecueil de nouvelles écrit avant les deux romans publiés en France. Mais peut être cela donne quand même envie de découvrir et voilà aussi moyen de relancer un peu son fil | |
| | | traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Alona Kimhi [Israël] Mar 13 Oct 2009 - 18:43 | |
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| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| | | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Alona Kimhi [Israël] Ven 5 Fév 2010 - 8:06 | |
| Suzanne la pleureuse - Citation :
- J'essaie de me rappeler quand j'ai appris à dire "non" à la vie, cette vie qui est un produit si désiré par d'autres. Quand j'ai décidé de fermer une fois pour toutes et hermétiquement la porte de fer de la cave dans laquelle je vis et d'où j'inspecte la vie à l'aide d'un périscope. Je n'ai pas de réponse.
Suzanne a 33 ans, un nom difficile à porter -Rabin -et une mère encombrante qui tente de combler le vide laissé par la mort brutale de ce père qu'elle adorait. Depuis, traumatisée et instable, Suzanne se terre, refuse de sortir seule et se cache pour manger car pour elle tout ce qui a trait au corps est trop intime. Bref, elle ne parvient pas à s’accepter en tant que femme. Un jour Nior un cousin éloigné, aussi extraverti qu'elle est blindée de névroses, charmeur et désinvolte, va faire irruption dans leur vie et chambouler leur quotidien... Le parcours chaotique de Suzanne est drôle et touchant, on la suit dans ses délires et ses angoisses le coeur ballotté, car il y a une vraie douleur, parfois même violente, et puis très vite Alona Kimhi désamorce ce malaise par ses réflexions pleines d'humour. Il est facile de suivre Suzanne car elle ne quitte jamais cette distance ironique envers elle-même, toujours lucide ou presque, elle aussi ballottée entre l'envie de vivre et le profond mal-être qui la ronge. Un roman réjouissant, très bien écrit, avec en toile de fond une évocation de la situation politique et des relations inter communautaires de ce pays bien complexe. Merci Marie pour cette jolie découverte. Une auteure que je relirai surement, c'est certain! | |
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