Primo Levi

Je note Si c'est un homme. et Refus de témoigner de Ruth Kruger aussi. "ça je n'oublies pas"!

Ok c'est noté topocl! Puis Le journal d'Anne Frank, si ce n'est pas encore lu pia.

Déjà lu! ça remonte à quelques années! D'ailleurs ça me fait penser à "La maison d'Anne Franck" à Amsterdam que j'ai visité il y a quelques années. La maison dans laquelle elle s'est cachée à la fin de sa vie. Je vais y retourner bientôt.

Alors c'était émouvant de s'y rendre?
Je crois que c'est un des rares livres qui m'a fait pleuré, à l'époque où je l'ai lu je ne savais pas qu'elle mourait suite à une déportation, je pensais que c'était le récit d'une survivante à la base.

Oui très émouvant. Il y régnait une sorte de recueillement. Mais nous avons du malheureusement écourter notre visite. J'étais avec mes deux fils, l'un aime bien marcher, découvrir, mais l'autre ne voulait que... sortir et pouvait manifester son mécontentement avec beaucoup de persévérence. Ma fille veut y retourner et je vais aller avec elle.

cela faisait longtemps que je me disais lis ce livre et voilà que la lecture de (parlons travail de P. Roth) m'y a amenée.

J'en sors évidemment, comme vous tous, bouleversée et désolée car il apparait que les décennies écoulées depuis la 2ème guerre mondiale n'ont pas prouvé que l'Homme, soit plus sage, que le message ait été compris.

juste quelques extraits :

"lors de la pendaison d'un homme qui voulait organiser une mutinerie comme à Birkenau :

"...et peut-être les Allemands ne comprendront-ils pas que la mort solitaire, la mort d'un homme, qui lui est réservée, le vouera à la gloire et non à l'infamie.

Quand l'Allemand eut fini son discours que personne ne comprit, la voix rauque du début se fit entendre à nouveau : Habt ihr verstanden ? (est-ce que vous avez compris ?)

Qui répondit "Jawolhl" ? Tout le monde et personne : ce fut comme si notre résignation maudite prenait corps indépendamment de nous et se muait en une seule voix au-dessus de nos têtes. Mais tous nous entendîmes le cri de celui qui allait mourir, il pénétra la vieille gangue d'inertie et de soumission et atteignit au vif l'homme en chacun de nous.


"Kameraden, ich bin der Letzte !" (Camarades, je suis le dernier!)

Je voudrais pouvoir dire que de notre masse abjecte une voix se leva, un murmure, un signe d'assentiment. Mais il ne s'est rien passé. Nous sommes restés debout, courbés et gris, tête baissée, et nous ne nous sommes découverts que lorsque l'Allemand nous en a donné l'ordre. La trappe s'est ouverte, le corps a eu un frétillement horrible : la fanfare a recommencé à jouer, et nous, nous nous sommes remis en rang et nous avons défilé devant les derniers spasmes du mourant."

"Le câble d'acier d'un treuil nous barre le passage ; Alex l'empoigne pour l'enjamber, mais Donnerwetter, le voilà qui jure en regardant sa main pleine de cambouis. Entre-temps je suis arrivé à sa hauteur : sans haine et sans sarcasme, Alex s'essuie la paume et le dos de la main sur mon épaule pour se nettoyer ; et il serait tout surpris, Alex, la brute innocente, si quelqu'un venait lui dire que c'est sur un tel acte qu'aujourd'hui je le juge, lui et Pannwitz, et tous ses nombreux semblables, grands et petits à Auschwitz e partout ailleurs."

"Nous constatons que de nos jours, dans tous les pays victimes d'une occupation étrangère, il s'est aussitôt créé à l'intérieur des populations dominées une situation analogue de haine et de rivalités ; phénomène qui, comme bien d'autres faits humains, nous est apparu au Lager dans toute sa cruelle évidence."

"Les prominents juifs constituent un phénomène aussi triste que révélateur. Les souffrances présentes, passées et ataviques s'unissent en eux à la tradition et au culte de la xénophobie pour en faire des monstres asociaux et dénués de toute sensibilité."

Bédoulène a écrit:

désolée car il apparait que les décennies écoulées depuis la 2ème guerre mondiale n'ont pas prouvé que l'Homme,  soit plus sage, que le message ait été compris.

ça.....

Bédoulène a écrit:

cela faisait longtemps que je me disais lis ce livre et voilà que la lecture de (parlons travail de P. Roth) m'y a amenée.

Un témoignage fort. Du coup, tu as eu peut-être une lecture un peu différente suite à l'interview de Parlons travail?

Je me posais une question, Primo Lévi ayant admis qu'il ne s'était pas servi de son expérience, que tout le récit était fictif, est ce toujours un témoignage ?

Tu tires ça d'où? Première fois que je lis ça.

non c'est bien une autobiographie ! et il me semble d' ailleurs la plupart de ces livres, sauf  Maintenant ou jamais  

Primo Levi dans son entretien avec Philip Roth dit mes récits autobiographiques avoués ou déguisés

Primo Levi a rencontré, après la libération quelques uns des rescapés, il les cite

Bix je relierai l'entretien avec Roth après avoir fini la clé à molette. Lequel entretien figure d'ailleurs en fin du  livre

et je compte lire aussi "la trêve" qui me parait indispensable et puis ............................

Un truc sur Arte qui avait pour thème la seconde guerre mondiale.

En lisant ce fil, j'ai pensé aussi à L'Espèce humaine, de Robert Antelme (Monsieur Duras ), mais cet auteur n'a apparemment pas de fil sur Parfum. J'en garde un souvenir plus marquant que le Si c'est un homme de Levi, mais peut-être parce que j'ai lu ce dernier il y a maintenant trop longtemps...

Sinon, j'ai sur mes étagères et dans mon cœur un autre très bel ouvrage "de" lui : À la recherche des racines, Anthologie personnelle.

Début de la quatrième de couv. : « Primo Levi compose au début des années quatre-vingt son anthologie personnelle, recueil de textes hétérogènes qu'il structure avec force autour de quatre axes de pensée : sauver le savoir, la grandeur de l'Homme, la souffrance injustifiée et sauver le rire. Ce livre de lecture passionnant est autant un voyage à travers la condition et la destinée humaine, des origines (Le livre de Job) à l'infini (les trous noirs), qu'un autoportrait, une mise à nu de l'auteur par lui-même... »

On y croise Conrad, Lucrèce, Celan, C. Clarke et d'autres... Bel hommage de la part d'un homme pour qui la littérature aura tant compté, y compris au cœur même du camp de concentration (j'ai souvenir d'un passage où il décrit le retour d'un sentiment de vie après avoir discuté d'un livre avec un autre détenu... il faut que je relise ça). Dans sa préface il écrit : « En m'attelant à cette tâche, je n'aurais jamais cru (...) que mon expérience concentrationnaire devait avoir si peu de poids ; que les magiciens allaient prévaloir sur les moralistes et ces derniers sur les logiciens... »

Et je réalise que je n'ai lu aucun autre titre de Primo Levi, c'est dingue ça.

L' Espèce humaine est un grand livre sur la Shoah. Mais je crois qu' il vaut mieux ne pas comparer Levi et Antelme. Chacun témoigne
à sa manière d' un ensemble faits qu' on a du mal à imaginer. Meme si depuis d' autres génocides ont eu lieu. Tout aussi monstrueux.
Mais qui ne seront sans doute pas les derniers. Ce sont les humains qui sont à mettre en cause.

Je souhaite aussi qu' on parle et qu' on écrive sur ceux qui, comme les juifs ont été exterminés par les nazis. Et notamment les
tziganes, éternels boucs-émissaires de l' Europe. Comme les juifs. Et puis les politiques aussi et les homosexuels.

bix229 a écrit:

L' Espèce humaine est un grand livre sur la Shoah. Mais je crois qu' il vaut mieux ne pas comparer Levi et Antelme. Chacun témoigne
à sa manière d'  un ensemble faits qu' on a du mal à imaginer.

Voilà pourquoi il est intéressant de les comparer.
Semprun a produit d'excellentes réflexions à ce sujet dans L'Ecriture ou la Vie...