Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Parfum de livres… parfum d’ailleurs
Littérature, forum littéraire : passion, imaginaire, partage et liberté. Ce forum livre l’émotion littéraire. Parlez d’écrivains, du plaisir livres, de littérature : romans, poèmes…ou d’arts…
une bio graphique qui ne présente pas de nouveautés sur la vie de Billie.. mais qui nous la montre quand même d'un autre angle Si on aime le style de José Munoz et Carlos Sampayo - à découvrir
et ils lui 'font chanter' deux chansons.. Strange fruit dont on a déjà parlé.. et puis Lover man IcI
Noel approchant, c' est le moment de rappeler le souvenir de Bilie Holiday. Sa vie, ses chansons et les biographies qui lui ont été consacrées. Il y a déjà son Autobiographie et aussi, parmi d' autres le livre de David Margolick : Strange fruit.
Margolick a étudié la généalogie de Strange fruit, cette chanson terrible que Billie Holiday interpreta de fçon bouleversante. Cette chanson a une histoire, celle des lynchages pratiqués sur des Noirs dans les Etats du Sud des Etats Unis. Cette chanson, après l' interprétation saisissante de B Holiday, eut un impact durable aux Etats Unis et ailleurs. Je me souviens moi-meme quand je l' ai écoutée pour la première fois, et aussi ensuite. Meme si on ne connait pas son histoire, on a un frisson en l' écoutant.
Je pense souvent à Billie et alors, je l' écoute ! Pour essayer d' oublier nos misères... Cette année j' ai meme découvert un livre récemment traduit en français et qui nous parle de Billie.
Souvenirs, parfois fictifs, de la romancière, essayiste et critique.
"Quand on ne dort pas, qu’est-ce que la nuit ? Une clarté dure et agitée, faite de souvenirs. Ils s’invitent, ils ont faim : des cadavres dans nos placards, plus vivants que les vivants. Leur précision nous emporte et nous isole de tout. Voici la chanteuse Billie Holiday, à New York, vers 1943: «Elle était grosse la première fois que nous l’avons vue. Massive, extraordinairement belle, et grosse. En cet instant unique, jamais retrouvé, elle avait presque l’air d’une mère de famille, un être réel et sensé qui déposait son argent à la banque, signait des papiers, possédait des rideaux assortis, des robes rangées dans la penderie et des paires de souliers, dorés et argentés, noirs et blancs, toutes prêtes. Apparition surprenante, trompeuse, folle, parce que jamais aucune femme ne fut moins épouse ou mère, ne s’attacha moins qu’elle. Difficile même d’imaginer qu’elle pût avoir des parents, être leur fille. Non, elle était éclatante, sombre et solitaire, encore que jamais seule, bien entendu, jamais. Imposante, sinistre et résolue.» Et ceci, parmi dix autres traits : «Une tendance au châtiment, issue de ses expériences passées, la contraignait à vivre de façon grégaire, mais sans le moindre échange affectif.» cruelle condensation. Mais, si les pages consacrées à Billie Holiday en font une apparition et un soleil noir, c’est parce qu’elles annoncent, comme Cerbère à l’entrée de l’enfer, le sens de cette autobiographie romancée, méticuleuse et fragmentaire, parfois imaginaire : un monde où l’aliénation et la liberté des femmes déploient aussi bien leur éclat que leur solitude, leur misère que leur lutte. Celle qui se les remémore paraît sortir d’un tableau de Hopper qu’elle leur offre en indivision : «Dans l’obscurité de mes nuits, parfois, sa vie me revenait en mémoire. Lorsque le couvre-lit froissé était repoussé de côté, que l’enseigne de l’Empire Hotel nimbait de rouge les lattes du store. Amours et alcool, vêtements sur le sol. Odeurs. Non, il ne pouvait s’agir de la même chose. L’histoire impersonnelle, celle qui s’infiltre partout, avait détérioré la chambre, altéré l’acte d’amour.» Les souvenirs vous construisent, puis vous ruinent, mais «on ne peut détruire une ruine». Dans la nuit, que faire ? Visiter les ruines. Rendre leur découpage au clair de lune. Eclairer un visage ici, un caractère là. Puisque «la société s’efforce d’écrire l’histoire de ces vies avant qu’elles ne soient vécues», l’écrire une fois qu’elles l’ont été, en quelques pages, vite et bien. Nuits sans sommeil est une visite sauvagement guidée. ../...
Extraits d' un très bel article de Philippe Lançon, Libération, 26 mars, 2 014