Abbas Kiarostami

Marko a écrit:

Like someone in love


Enfin un film qui sort du lot en ce moment. Une épure d'une grande délicatesse qui touche à l'universel en racontant une histoire ténue et réduite au strict minimum. J'ai été envoûté par ces personnages, leur justesse, la beauté et la sobriété des moyens. Kiarostami ne peut plus tourner dans son pays mais le japon lui réussit bien.

Enfin...un nouveau Kiarostami!...

Je recommande vivement en complément du film l'écoute de l'émission de Laure Adler sur France Culture. Il y a un podcast disponible et tout ce que dit Abbas Kiarostami est d'une lucidité et d'une humanité saisissantes. Il se réfère à Ozu et Bresson et évoque sa conception du cinéma. Un immense artiste.
Laure Adler: Abbas Kiarostami

Faut que je trouve le temps !

Plutôt d'accord avec Marko sur Like Someone in Love avec notamment l'importance des fonds naturels du film, vu depuis la voiture ou les coins d'appartement, éléments indispensables au portrait avec un japon ainsi très banalisé par ses grandes enseignes et son pittoresque réduit. d'accord aussi pour le côté tranquille, touchant... agrémenté de fluidités plus légères à base de reflets sur le pare-brise du break du vieux bonhomme. Et puis le film entretien un milieu assez savamment en évitant d'érotiser la présence de la fille tout en la laissant au centre des rapports un peu strange et paternalisants des deux types en fin de compte.

par contre le milieu et l'indécision ou inaction sont peut-être trop entretenus, notamment en regard de la toute fin (comme un coup de souligné sur le titre ?) et ça m'a laissé une impression tangente si on s'avoue tout de même que le film est très typé et que c'est plus troublant que touchant cette fille qui ne dit rien et fait un peu greluche. me manque un petit quelque chose quand même pour être à l'aise (la profession occasionnelle est elle aussi banalisée et un peu patho-poético justifiée par la tonalité du film).

et pour marko :


YAZAKI, Chiyoji, Training a parrot, 1900

Content de retrouver ce tableau Merci!

Marko a écrit:

Like someone in love


Enfin un film qui sort du lot en ce moment. Une épure d'une grande délicatesse qui touche à l'universel en racontant une histoire ténue et réduite au strict minimum. J'ai été envoûté par ces personnages, leur justesse, la beauté et la sobriété des moyens. Kiarostami ne peut plus tourner dans son pays mais le japon lui réussit bien.

Une jeune étudiante harcelée par son copain possessif et jaloux pathologique se transforme en Call Girl à l'occasion. Elle rencontre un soir un vieil écrivain et traducteur qui donne encore quelques conférences. Il vit seul dans un appartement rempli de livres, de photographies de son passé et de la reproduction d'un tableau lumineux dont il nous dit qu'il est la première oeuvre japonaise d'inspiration occidentale (Une belle jeune femme qui apprend à parler à un perroquet.... je n'ai pas trouvé d'image de ce tableau mais il est d'un certain Yazaki et date de 1900). De ce trio improvisé nait une histoire à la fois simple et pleine de richesse où rien n'est stéréotypé, ou chacun a ses paradoxes et ses faiblesses, jusqu'à une fin ouverte qui ne résout rien là où d'autres films en auraient fait une parabole morale plus convenue.

Certains trouveront peut-être qu'il se passe peu de choses mais la façon dont Kiarostami inscrit ses personnages dans cet espace urbain en prenant le temps de poser un cadre, de dilater une séquence, de capter l'atmosphère d'un lieu ou de laisser une émotion surgir offre un moment de cinéma magique et profondément touchant.
Coup de coeur de la rentrée!

Il faut laisser au thé le temps d'infuser. Pareil pour le dernier Kiarostami, made in Japan, et abusivement comparé à Ozu comme si tout ce qui sortait du territoire nippon et était filmé avec lenteur devait ressembler aux oeuvres du réalisateur de Voyage à Tokyo. Déjà, Like someone in love, avec son titre à la Wong Kar-wai, se déroule l'espace de 24 heures et se réduit pratiquement à trois personnages : la jeune femme, le vieil homme et le garagiste, fiancé de la première, tandis que le deuxième n'est pas le grand-père ce celle-ci. Qui est qui et qui fait quoi, il y a comme un doute qui plane et cela suffit à Kiarostami pour délivrer un scénario, ou une ébauche de. On est proche du service minimum dans cette histoire toute mince où tout réside dans les impressions, soleil levant. Comme une estampe japonaise ? On s'attache à deux hommes et à cette fille, dans une lente dérive tokyoïte, parfois troublante par sa beauté intrinsèque, par son mystère (trop ?) savamment entretenu. Le thé a largement le temps d'infuser, on se prend un coup de saké sur la tête lors d'une dernière scène pour le moins surprenante. Comment dit-on dubitatif en japonais ?

Ecoute l'émission de Laure Adler, Traversay. Et aussi les vidéos suivantes sur youtube. Elles apportent beaucoup d'éléments pour mieux apprécier encore ce très beau film bien plus riche qu'il n'y paraît.



Malgré le titre et l'esthétique de l'affiche le film n'a pas grand chose à voir avec Wong Kar Wai. Avec Ozu non plus mais il reste un auteur admiré par Kiarostami et auquel il rend quand même hommage en partie dans ce film. Il s'en explique un peu d'ailleurs.

Like someone in love

J'ai été touché par la fluidité et la douceur de la mise en scène. Si Kiarostami part à la rencontre du Japon, son approche stylistique privilégie la continuité et il faut alors se laisser porter par un univers familier. L'usage du hors-champ permet de saisir des absences, des incertitudes alors que la durée des séquences invite à la patience, à la découverte d'émotions inattendues. La relation entre l'écrivain traducteur et la jeune fille trouve ainsi une intensité dans l'instant, rempart face aux déceptions d'un quotidien, à l'impasse d'un parcours.
J'ai trouvé que l'harmonie du premiers tiers nocturne était fragilisée par l'introduction du troisième personnage, excessivement dépendante de rebondissements qui deviennent assez vite prévisibles. Like someone in love marque tout de même par son état d'esprit et l'humilité ample de ses intentions.

Like someone in love.

Je me suis ennuyée ferme.
J'ai eu l'impression d'être tenue en huis clos dans des espaces étroits où rien ne se passait, rien ne s'échangeait, ne se modifiait. Il y a une rigidité dans ce film qui m'a gênée. Un immobilisme des personnages : ils restent ancrés dans leur personnalité archétypale, et rien ne les déplacent. Pourtant, la confrontation des uns avec les autres semblaient amener cela.

Je n'ai pas ressenti l'atmosphère inhérente aux lieux, ou alors trop ténue pour qu'elle me touche. Je m'endormais presque avec tous ces moments dans la voiture.
Tout est peut-être trop prévisible entre eux. Trop figé.

La scène quand Aki arrive chez Watanabe, lui qui a préparé un repas aux chandelles, elle qui va dormir, était pourtant prenante. Puis plouf.

Je n'ai pas trouvé qu'il sortait des clichés habituels sur le Japon, mais qu'il les contournait, sans savoir du tout quoi proposer d'autre.

Je vais regarder les vidéos proposées par Marko, mais je ne crois pas au miracle. Trop déçue.

Tu aurais du aller voir In another country. Là tu aurais adoré.

Queenie a écrit:

Je vais regarder les vidéos proposées par Marko, mais je ne crois pas au miracle. Trop déçue.

Il faut surtout écouter l'émission de Laure Adler qui est très bien faite. Et le dernier quart d'heure de la 2e vidéo avec les questions des spectateurs avec un dernier commentaire extra.

Il dit notamment que l'acteur qui joue le vieil homme n'avait jamais interprété un rôle au cinéma auparavant bien que faisant le figurant depuis 50 ans! Et lorsqu'il lui a proposé de refaire un film avec lui il a préféré retourner faire le figurant. Kiarostami concluant que c'est pour lui l'expression même de la sagesse (d'inspiration bouddhiste) que de préférer l'ombre à la lumière après avoir été exposé au regard des autres. Jolie anecdote.

Arabella a écrit:

Tu aurais du aller voir In another country. Là tu aurais adoré.

Et toi tu devrais voir le Kiarostami Arabella... Et le Hou Hsiao Hsien qui doit bien encore passer sur Paris.

Arabella a écrit:

Tu aurais du aller voir In another country. Là tu aurais adoré.

En plus j'ai hésité entre les deux...

Marko a écrit:

Queenie a écrit:

Je vais regarder les vidéos proposées par Marko, mais je ne crois pas au miracle. Trop déçue.

Il faut surtout écouter l'émission de Laure Adler qui est très bien faite. Et le dernier quart d'heure de la 2e vidéo avec les questions des spectateurs avec un dernier commentaire extra.

Il dit notamment que l'acteur qui joue le vieil homme n'avait jamais interprété un rôle au cinéma auparavant bien que faisant le figurant depuis 50 ans! Et lorsqu'il lui a proposé de refaire un film avec lui il a préféré retourner faire le figurant. Kiarostami concluant que c'est pour lui l'expression même de la sagesse (d'inspiration bouddhiste) que de préférer l'ombre à la lumière après avoir été exposé au regard des autres. Jolie anecdote.

C'est bien d'un mythe du Japon ça. Croire qu'un vieux japonais qui refuse de refaire l'acteur et préfère la figuration, que ce soit parce que c'est un sage qui préfère l'ombre à la lumière...
C'est peut-être juste que ça la saoulait de bosser avec Kiarostami ! Ou que c'était trop de travail d'avoir des mots à apprendre !

Marko a écrit:

Arabella a écrit:

Tu aurais du aller voir In another country. Là tu aurais adoré.

Et toi tu devrais voir le Kiarostami Arabella... Et le Hou Hsiao Hsien qui doit bien encore passer sur Paris.

Pour le Kiarostami c'est prévu, il va passer dans mon cinéma de proximité la semaine du 31 octobre au 6 novembre.
Quand au Hou Hsiao Hsien, j'ai vu deux de ses films en vidéo et je ne suis pas aussi enthousiaste que toi.

Queenie a écrit:

En plus j'ai hésité entre les deux...

Tu sais ce qu'il te reste à faire !