Naomi Kawase

Oui, c'est ça.
An, c'est le nom de la pâte de haricots rouge. Le titre "les délices de Tôkyô" a dû être jugé plus accrocheur...

repris du fil Sukegawa Durian :

eXPie a écrit:

Chacun cache un secret, il y a quelques ficelles romanesques mais l'auteur, qui maîtrise son sujet, sait bien parler de pâtisserie, et il y a un autre thème important qui arrive, mais dont je ne parlerai pas de peur de gâcher un peu le livre. Ce thème présente un réel intérêt. Il aurait certes pu être plus développé, mais il l'est déjà plus que dans le film de Naomi Kawase.

     
Les affiches française et japonaise.

De façon générale, le livre m'a paru meilleur que le film, qui est globalement fidèle, mais n'est qu'illustratif et tire trop vers la joliesse appuyée et un peu molle. Par rapport au livre, il manque au moins une information importante. Il y a aussi plusieurs maladresses : par exemple, dans le livre, Sentarô effectue une recherche sur internet, alors que dans le film, c'est la petite jeune, Wakana, qui effectue la même recherche... mais dans une bibliothèque ! Il s'agit probablement de souligner la misère de son environnement familial, ou alors la scène a été jugée plus cinématographique. De plus, curieusement, le fait que Tokue n'ait pas eu d'enfants est expliqué de façon différente dans le film et le livre. A quoi est due cette modification ? Est-ce que ce qui est écrit dans le livre n'est pas vrai historiquement ? Ou bien ne fallait-il pas le dire au cinéma ?

De gauche à droite : Wakana, Tokue et Sentarô

Même si Les Délices de Tokyo n'est pas un chef-d'oeuvre (il y a des facilités, le style, sans être mauvais, est souvent passe-partout), c'est tout de même un roman très agréable à lire dans sa première partie (qui donne faim, plus que le film), et qui aborde ensuite un sujet peu traité : il faut bien dire qu'on apprend des choses assez sidérantes sur la société japonaise.


Bande-annonce du film Les Délices de Tokyo (Naomi Kawase, 2015) :

An / Les délices de Tokyo

Etant très attaché au cinéma de Naomi Kawase, je vais être plus indulgent même si j'ai trouvé le film inégal. Le thème de la filiation (toujours récurrent chez Kawase) est omniprésent et les personnages représentent avant tout des solitudes qui cherchent à se rejoindre, sans jamais complètement se retrouver. La tonalité des scènes est nourrie de tristesse, révèle des douleurs longtemps enfouies et je n'ai donc pas perçu une dimension mièvre ou fade. La contemplation des cerisiers en fleur apparait comme un moment d'apaisement passager et d'humilité, malgré une certaine maladresse dans la répétition des plans.

La mise en scène provoque en effet une déception, tant Kawase a pu faire mieux par le passé. Trop statique et empruntée, elle ne reflète pas suffisamment les états d'âme de Tokue, Sentaro et Wakana et le film manque de continuité dans ces développements, mais certains moments isolés m'ont touché. Dans ces circonstances, les dorayakis deviennent surtout le prétexte à un partage et représentent une dimension symbolique, qui n'a pas pour moi la lourdeur qui a tant agacé Marko. Je n'ai pas ressenti que Kawase voulait appuyer un message tant l'épilogue laisse une trace de doute, d'inachevé.

-Les délices de Tokyo-

L'avis de Marko m'avait mis en alerte. Je crains beaucoup ce genre de films un peu trop sucrés. Au final il m'a paru moins que je le pensais, j'ai bien aimé la première partie avec la présentation des personnages: Sentoro solitaire et taiseux, qui gère sa boutique sans passion et s'impatiente devant les confidences des lycéennes. Tokue, cette petite dame qui insiste pour se faire embaucher et lui propose de lui révéler le secret des dorayakis. La jeune Wakana avide d'indépendance, peu à peu complice de Sentoro... Je me suis laissé prendre par le charme et la lenteur de ce Japon en fleurs, et suivi avec délice ces haricots rouges se faire confire.

Par contre a partir du moment où ils se retrouvent dans ces fameux centres réservés, et que tous se mettent à geindre et à pleurer (J'ai trouvé que l'acteur Kirin Kiki jouait beaucoup moins bien la tristesse) là ça m'a paru, disons le, ridicule et surjoué. Et j'ai regardé ma montre. J'étais avec des amies qui ont versé leur larme, je n'ai pas voulu passer pour la sans coeur mais honnêtement, je n'ai ressenti aucune émotion sur la fin. Surligné, comme tu dis Marko, et rempli de jolieesses esthétisantes...C'est pas faux! Bon je n'irai pas voir Poetry, mais je retournerai voir les cerisiers en fleurs et goûter ces dorayakis, ça c'est dit :-)

je ne sais plus, tu avais vu Une vie simple de Ann Hui avec Andy Lau ? clic

de rien.

En tout cas, je suis assez étonné de ce qui me semble être un très grand succès pour ce film, qui après un mois et demi est encore largement à l'affiche à Paris, alors que le Géant Timide (par exemple) est beaucoup moins diffusé (mais je n'ai pas encore vu ce dernier film, je ne peux donc pas m'étonner en toute connaissance de cause).

La bande annonce m'a ôtée toute envie. Qui n'était déjà pas très forte.

Et toi Une vie simple ? pas impossible que ça te plaise aussi.

animal a écrit:

je ne sais plus, tu avais vu Une vie simple de Ann Hui avec Andy Lau ? clic

de rien.

Ah non, pas vu!

J'ai lu vos avis, eh oui, c'est peut être moins sucré, d 'après ce que tu en dis...

Citation :

Une vie simple ne traque pas systématiquement l'émotion mais la trouve, in fine.C'est triste aussi mais tellement beau et tellement doux (mais pas guimauve, c'est plus du plaid que de la guimauve).

Je le note dans les films à voir, merci Animal!