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| Ogawa Yôko | |
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Auteur | Message |
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kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Dim 13 Sep 2009 - 20:21 | |
| bonne nouvelle.. merci pour l'annonce eXPie | |
| | | bertrand-môgendre Sage de la littérature
Messages : 1299 Inscription le : 03/02/2007 Age : 69 Localisation : ici et là
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Lun 19 Oct 2009 - 15:17 | |
| Le réfectoire d'un soir et une piscine sous la pluie de Yôko Ogawa Broché: 109 pages Editeur : Actes Sud (4 janvier 1999) ISBN-10: 2742718753
Présentation de l'éditeur
Quelque temps avant son mariage, une jeune femme rencontre un enfant et son père, qu'elle retrouve un soir plongés dans la contemplation d'un restaurant scolaire. Quand l'homme lui raconte pourquoi l'image d'un réfectoire le soir évoque pour lui le souvenir d'une piscine sous la pluie, la mélancolie s'installe tel un lien dont elle ne pourra plus se défaire... Une jeune femme apprend la mort d'un camarade. Elle le connaissait peu mais cet accident la trouble plus qu'elle ne l'aurait imaginé. Dans l'ambiance étrange de la cérémonie funèbre, elle rencontre quelqu'un qui va faire basculer son quotidien. Avec finesse et subtilité, Yoko Ogawa effleure l'inconscient de personnages vivant des instants précieux, comme hors du temps, qui bouleversent leur existence. Attirés par l'autre, ils partent à la découverte des mystères de l'amour et de la mort aussi sereinement qu'ils se servent une tasse de thé.
Mon commentaire
Lorsque j'ai reçu le livre recommandé par les lecteurs écrivant de Vos Écrits, j'ai sauté à pieds joints dans cette piscine promise. Surprise. Sur chacune de trente-sept pages de la nouvelle, l'eau s'appropria trente-sept fois l'encre des mots liquides sous la forme de goutte, de brume, de vapeur, de bière, de mer, de pluie, de flaque, d'éclaboussures. Au minimum une évocation à chaque page. Étonnant. Est-ce pour noyer le lecteur ? Est-ce pour donner un ton humide à cette nouvelle ?
En lisant ce récit, la monotonie solitaire me fit repenser à la petite fille de monsieur Linh de Claudel. Pas de chance le personnage n'était pas japonais. Fausse route.
Puis, l'immobilisme mesuré des acteurs ravive ma mémoire lors des poses visionnées dans les plans-séquences de Wong Kar Wai pour les films In The Mood for Love ou 2046. Les protagonistes semblent enfermés dans une bulle, indifférents au monde vif qui les entoure. Mince, l'artiste est de Hong-Kong. Zut. L'univers est différent, les histoires n'ont rien à voir avec le Japon. Mauvais aiguillage. Tant pis je poursuis.
Et voilà Le passage de la nuit de Haruki Murakami qui refait surface au moment où l'homme raconte son histoire, car Yoko Ogawa a également cette manière dépouillée de mettre en lumière tour à tour les personnages. Le chien a sa part de gloire autant que l'enfant.
Pour résumer l'ensemble du propos, j'ai ressenti une certaine torpeur tout au long du récit, ce même genre d'engourdissement qui surligne les rares mots échangés entre les protagonistes. À la manière des créateurs de minuscules petits jardins japonais où le ratissage méthodique du sable a autant d'importance que l'objet mis en valeur (une sculpture, une plante, un bois ou des cailloux) l'auteur(e) jardine avec une plume lente et courtoise, soucieuse d'apporter au lecteur un instant de calme. Serait-ce le début de la Zen attitude ?
Je vais suivre certains conseils ici postés, pour découvrir cet auteur. | |
| | | Nathria Sage de la littérature
Messages : 2867 Inscription le : 18/06/2008 Age : 57
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Mar 17 Nov 2009 - 21:35 | |
| Cristallisation secrèteEtrange histoire entre rêve et cauchemar… Yoko Ogawa imagine une île coupée du monde. Régulièrement, (quotidiennement ?) une chose disparaît irrémédiablement ; ce peut être un objet comme un être vivant ou encore comme une partie d’être vivant. Il est impossible de vivre l’absence ou le manque puisque le pouvoir a mis en place une police du souvenir ou de la mémoire : il est interdit de se rappeler ou de garder des traces. Les contrevenants sont emmenés au risque de disparaître à leur tour. J’ai pensé à la façon dont certains régimes ont falsifié les photographies après avoir fait disparaître les individus, effacer les traces d’une existence. (Michel Guenassia explique bien le procédé dans « Le club des incorrigibles optimistes »). La protagoniste, dont la mère, sculpteur, a été emmenée pour ne plus revenir, est écrivain. Le récit, contemplatif, évolue lentement autour de la rencontre entre un professeur et un navigateur et elle. Oublier devient une habitude, se souvenir, un réel effort souvent vain. A quoi se rattache un mot ? Une écriture déroutante, un malaise sous-jacent, constant, une histoire sans fin, sans morale, sans espoir, un non-lieu terrible. Yoko Ogawa m’a laissée seule face à l’absurde… P 209 : - Citation :
- « Ces derniers temps je sens mon corps s’éloigner de mon cœur. C’est comme si ma tête, mes bras, mes mamelons, mon tronc et mes jambes flottaient dans un endroit que mes mains n’atteindraient pas. Je ne peux que le regarder jouer avec. Cela aussi c’est parce que j’ai perdu ma voix. Ma voix qui reliait ma chair à mon cœur a disparu, et je ne peux plus mettre de mots sur mes sensations ou ma volonté. Je suis réduite en morceaux à toute vitesse. »
P 222 : - Citation :
- « - Je ne me sens pas sûre de moi. Même ainsi, le mot « roman » commence à devenir difficile à prononcer. C’est la preuve que la disparition est en train de s’installer. Bientôt, j’aurai tout oublié. Impossible de me souvenir.
J’ai baissé la tête, glissé mes doigts à travers mes cheveux. Il s’est penché pour me regarder par en dessous, a posé ses mains sur mes genoux. - Non, ça va aller. Vous croyez sans doute qu’à chaque disparition le souvenir s’efface, mais en réalité ce n’est pas cela. Il est seulement en train de flotter au fond d’une eau où la lumière n’arrive pas. C’est pourquoi il suffit d’oser plonger la main au fond pour arriver peut-être à toucher quelque chose. Que l’on ramène à la lumière. C’est insupportable pour moi de regarder sans rien dire votre cœur s’épuiser. - En continuant à écrire des romans, on peut protéger son cœur ? - Bien sûr que oui. Il a hoché la tête. Son souffle a atteint mes doigts. » | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Mar 17 Nov 2009 - 21:50 | |
| Oui, plus que la chose, c'est l'essence de la chose, sa signification qui disparaît, et toutes les émotions qui y sont liées, et c'est parfois spectaculaire. Il y a de bonnes choses dans ce roman (il faut que j'en fasse un critique un peu constructive), mais il y a des choses qui auraient mérité d'être expliquées/explicitées. - Spoiler:
Par exemple, à un moment, des gens parviennent semble-t-il à quitter l'île avec un bateau/une barque qu'ils ont construit, seul moyen de fuir. Or, le téléphone existe. Est-ce que cela veut dire que l'on peut appeler le continent, et l'aide arriver ? Le même phénomène a-t-il lieu sur le continent, d'ailleurs ? Ce serait logique, parce que sinon, le continent laisserait-il une île habitée sans aucun contact ? Pour le savoir, il suffit de mettre la télé. Que passe-t-il à la télé, d'ailleurs ?
On pourra me dire que tout cela est symbolique, d'accord... Mais, plus grave : il y a un problème de cohérence interne au roman. A un moment (vers la page 110), les photographies disparaissent. Pourtant, page 143, on peut lire "On m'a montré des photographies de gens que je ne connaissais pas [...]" C'est le grand-père qui parle. Or, les photographies ont disparues ! Ce que confirme la page 154, là, la narratrice ne sait pas ce que c'est. Etrange, non ? Comment l'expliquer ? Il me semble incompréhensible que personne ne l'ai signalé à Ogawa, ou bien qu'elle-même ne s'en soit pas rendu compte. Alors, y a-t-il quelque chose de subtil qui m'a échappé ? | |
| | | Nathria Sage de la littérature
Messages : 2867 Inscription le : 18/06/2008 Age : 57
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Mar 17 Nov 2009 - 22:07 | |
| - eXPie a écrit:
- A un moment (vers la page 110), les photographies disparaissent. Pourtant, page 143, on peut lire "On m'a montré des photographies de gens que je ne connaissais pas [...]" C'est le grand-père qui parle. Or, les photographies ont disparues ! Ce que confirme la page 154, là, la narratrice ne sait pas ce que c'est.
Je vois ce que tu veux dire, on montre les photos au papi et elle n'a pas de réaction donc elle reconnait le mot alors que p 154, elle en recherche la signification. Elle l'a oubliée entre-temps? Un peu tordu... | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Mar 17 Nov 2009 - 22:26 | |
| - Nathria a écrit:
- eXPie a écrit:
- A un moment (vers la page 110), les photographies disparaissent. Pourtant, page 143, on peut lire "On m'a montré des photographies de gens que je ne connaissais pas [...]" C'est le grand-père qui parle. Or, les photographies ont disparues ! Ce que confirme la page 154, là, la narratrice ne sait pas ce que c'est.
Je vois ce que tu veux dire, on montre les photos au papi et elle n'a pas de réaction donc elle reconnait le mot alors que p 154, elle en recherche la signification. Elle l'a oubliée entre-temps? Un peu tordu... C'est carrément le papi qui raconte, qui utilise le mot "photographie"... et on lui montre des photos au commissariat, alors que les photos ont déjà disparu et que la signification liées aux photos a également disparu : les photos n'évoquent plus rien (alors, pourquoi en montrer ?). Le papi utilise le mot naturellement, les flics montrent des photos naturellement, et la narratrice comprend le mot. Ce n'est vraiment pas logique du tout... | |
| | | Nathria Sage de la littérature
Messages : 2867 Inscription le : 18/06/2008 Age : 57
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Mar 17 Nov 2009 - 22:35 | |
| Oui c'est vrai...Mais je suis sortie de ma lecture avec pas mal d'interrogations... (l'histoire du roman dans le roman par exemple, tu sais, lorsque tu te regardes dans un miroir qui fait face à un autre miroir: un reflet infini...) | |
| | | Polarber Posteur en quête
Messages : 63 Inscription le : 12/11/2009 Age : 47 Localisation : Belgique
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Mer 2 Déc 2009 - 20:27 | |
| Je suis en train de terminer "Les Paupières", que j'ai entamé désireux de découvrir mon premier auteur japonais, et obéissant au conseil du 4ème de couverture qui énonce que ce recueil de nouvelles est une bonne manière de découvrir Ogawa ...
Ben je suis rassuré de voir que ce recueil est considéré par beaucoup d'entre vous comme périphérique voire inférieur aux autres livres d'Ogawa. En effet j'accroche pas trop, pourtant le style littéraire est fluide et agréable, parfois même apaisant, jusqu'à ce que quelqu'un perde un membre ou découvre quelque chose de bien glauque. Ca me fait pas peur, ça me fait pas plaisir, ça me laisse juste perplexe.
J'ai cependant envie de dépasser cet état et de poursuivre la découverte de cet auteur, le tout étant de savoir par quelle lecture ... | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Mer 2 Déc 2009 - 21:55 | |
| - Polarber a écrit:
- Je suis en train de terminer "Les Paupières", que j'ai entamé désireux de découvrir mon premier auteur japonais, et obéissant au conseil du 4ème de couverture qui énonce que ce recueil de nouvelles est une bonne manière de découvrir Ogawa ...
Ben je suis rassuré de voir que ce recueil est considéré par beaucoup d'entre vous comme périphérique voire inférieur aux autres livres d'Ogawa. En effet j'accroche pas trop, pourtant le style littéraire est fluide et agréable, parfois même apaisant, jusqu'à ce que quelqu'un perde un membre ou découvre quelque chose de bien glauque. Ca me fait pas peur, ça me fait pas plaisir, ça me laisse juste perplexe.
J'ai cependant envie de dépasser cet état et de poursuivre la découverte de cet auteur, le tout étant de savoir par quelle lecture ... Les Paupières, comme le recueil La Bénédiction inattendue, qui se font mutuellement échos, sont des sortes de brouillons de ses textes plus intéressants. Mes préférés sont l'Annulaire (96 pages) et la Piscine (72 pages), disons. J'aime un peu moins La Grossesse (69 pages, prix Akutagawa). C'est un peu tordu, il y a une atmosphère originale... Ensuite, dans une catégorie plus "apaisée" (je l'avais qualifié de "confortable"), et qui est un "vrai roman" (247 pages), il y a La Formule Préférée du Professeur, qui a connu un beau succès au Japon (adaptation en film, et il me semble même en manga). C'est moins original que ses récits. En roman, il y a également Le Musée du Silence (318 pages) pour lequel je suis un peu partagé mais qui m'a marqué, finalement... | |
| | | Polarber Posteur en quête
Messages : 63 Inscription le : 12/11/2009 Age : 47 Localisation : Belgique
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Jeu 3 Déc 2009 - 7:23 | |
| Merci pour tes éclaircissements eXPie, je vais me procurer un de ceux que tu conseilles ! | |
| | | Scarabée Envolée postale
Messages : 231 Inscription le : 14/05/2008 Age : 40
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Jeu 17 Déc 2009 - 21:06 | |
| L'annulaireJ'ai tout de suite trouvé dans ce livre "l'ambiance Ogawa". Comment la définir... Une espèce d'atmosphère lugubre, voluptueuse, presque malsaine. A l'instar des autres livres que j'ai lus d'elle, je n'ai pas énormément accroché. En fait je me suis ennuyé et j'ai été lassé par cet espèce de fétichisme pendant le long du roman. C'est bizarre, c'est souvent des relations entre vieux pervers et jeunes filles dans les livres de cette auteur. Pourtant M. Deshimaru n'est pas vraiment décrit en homme dépravé, mais sa froideur presque clinique, son méthodisme, sa vieillesse me l'ont rendu très antipathique. Et je ne comprends la fascination qu'ont les héroïnes d' Ogawa pour ce genre d'homme. Bien déçu donc, mais ça doit être définitivement l'auteur. On accroche ou on accroche pas... | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Jeu 17 Déc 2009 - 21:22 | |
| - The Valuk a écrit:
- Bien déçu donc, mais ça doit être définitivement l'auteur.
On accroche ou on accroche pas... On a tous des auteurs avec lesquels on n'accroche pas, je crois... Tant mieux d'une certaine façon (qui aime tout n'aime rien). Ca te donnera plus de temps pour d'autres auteurs ! | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Lun 28 Déc 2009 - 22:02 | |
| Cristallisation secrète. (Hisoyakana kessho, 1994), traduit en 2009 par Rose-Marie Makino. 341 pages. Actes Sud. - Citation :
- "Je me demande de temps en temps ce qui a disparu de cette île en premier.
- Autrefois, longtemps avant ta naissance, il y avait des choses en abondance ici. Des choses transparentes, qui sentaient bon, papillonnantes, brillantes... Des choses incroyables, dont tu n'as pas idée, me racontait ma mère lorsque j'étais enfant. [...] Tu ne vas sans doute pas tarder à devoir perdre quelque chose pour la première fois. - Ca fait peur ? lui avais demandé, inquiète. - Non, rassure-toi. Ce n'est ni douloureux ni triste. Tu ouvres les yeux un matin dans ton lit et quelque chose est fini, sans que tu t'en sois aperçue. Essaie de rester immobile, les yeux fermés, l'oreille tendue, pour ressentir l'écoulement de l'air matinal. Tu sentiras que quelque chose n'est pas pareil que la veille. Et tu découvriras ce que tu as perdu, ce qui a disparu de l'île. Ma mère me racontait cela uniquement lorsque nous étions dans l'atelier su sous-sol." (page 9). Les choses qui disparaissent perdent leur identité propre, si l'on peut dire. - Citation :
- "Elle s'animait dès qu'elle parlait de parfum.
- A cette époque, tout le monde savait reconnaître un bon parfum, tu sais. On l'appréciait pleinement. Alors que maintenant ce n'est plus possible. On ne vend plus de parfum nulle part. Plus personne n'en veut. Le parfum a fini par disparaître à l'automne de l'année où nous nous sommes mariés, ton père et moi. Tout le monde s'est rassemblé au bord de la rivière avec son propre parfum. Chacun a ouvert son flacon, en a jeté le contenu dans l'eau. A la fin, certains ont approché avec regret le flacon de leur nez. Mais plus personne ne pouvait en percevoir l'odeur. Et tous les souvenirs liés à cette odeur avaient disparu également." (page 12). La narratrice s'étonne : comment se fait-il que elle, sa mère, se souvienne de tout cela ? Les années passent, la mère, sculptrice, et le père, ornithologue, décèdent. La narratrice devient écrivain (et, curieusement, ses écrits sont plus Ogawaiens - je veux dire ressemblent plus à ce qu'elle écrivait à l'époque, des textes un peu tordus - que le livre que l'on a entre les mains). "Je pense que c'est vraiment une bonne chose que la disparition des oiseaux ne se soit produite qu'après la mort de mon père." (page 16). Après des disparitions comme celle-ci, les gens dont la profession en est affectée changent de travail, par un phénomène quasiment naturel. Par exemple, un chapelier devient fabricant de parapluie. Personne ne râle... Il faut dire que la police secrète veille. - Citation :
- "De jour en jour, leurs manières deviennent de plus en plus autoritaires et brutales. A la réflexion, c'est il y a quinze ans, quand ma mère a été emmenée par la police secrète, que les traqueurs de souvenirs ont fait leurs débuts." (page 29).
Des rafles sont effectuées... Le ferry a disparu - même s'il est encore là, plus personne ne sait s'en servir. Nul ne peut quitter l'île. Plus troublant, personne du continent ne cherche à venir sur l'île ; le téléphone existe toujours, mais personne n'appelle à l'aide. La télévision et la radio fonctionnent encore, mais on ne sait pas si les disparitions n'ont lieu que sur lîle (on le suppose) ou également sur le continent. Les avions existent encore (on aperçoit un sillage d'avion, page 38). Evidemment, on n'ira pas chercher la petite bête, on voit bien qu'il s'agit d'un conte. On note quand même quelque chose de curieux : on peut lire, page 143 "On m'a montré des photos de gens que je ne connaissais pas"... ce qui n'est pas possible, puisque les photos avaient déjà disparu ("je ne me rappelle même plus la signification du mot «photographie»", page 119). L'atmosphère totalitaire est de plus en plus oppressante, les disparitions sont parfois sidérantes. Un roman vraiment intéressant, quelque peu différent du reste de la production d' Ogawa. Ici, le monde est différent du nôtre. Enfin, j'espère. Est-ce pour cette raison qu'il ne nous arrive que quinze ans après sa sortie japonaise ?
Dernière édition par eXPie le Lun 28 Déc 2009 - 22:23, édité 1 fois | |
| | | Chatperlipopette Zen littéraire
Messages : 7679 Inscription le : 24/02/2007 Age : 59 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Lun 28 Déc 2009 - 22:22 | |
| Titre apporté par le Père Noël! Bon ce que tu en dis (lecture en diagonale histoire de ne pas être influencée) je ne devrais pas être déçue | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
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| Sujet: Re: Ogawa Yôko | |
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| | | | Ogawa Yôko | |
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