| Parfum de livres… parfum d’ailleurs Littérature, forum littéraire : passion, imaginaire, partage et liberté. Ce forum livre l’émotion littéraire. Parlez d’écrivains, du plaisir livres, de littérature : romans, poèmes…ou d’arts… |
|
| Ogawa Yôko | |
|
+50Bédoulène Avadoro pia jack-hubert bukowski Fantaisie héroïque Heyoka shanidar topocl zazy darkanny Anna Charlie Noémie mimi54 odrey Harelde Orientale Epi traversay Marko Maryvonne Polarber bertrand-môgendre LaurenceV pagesapages bix229 kathel Antigone Eve Lyne Scarabée Nathria Héri Mordicus Babelle soliman Cachemire Aeriale Acta est fabula domreader Arabella kenavo eXPie Chatperlipopette *Amandine* potheo coline Queenie Marie Lou sousmarin 54 participants | |
Auteur | Message |
---|
Cachemire Sage de la littérature
Messages : 1998 Inscription le : 11/02/2008 Localisation : Francfort
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Dim 29 Avr 2012 - 21:34 | |
| Il a l'air pas mal du tout celui-là. Je note! | |
| | | traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Sam 23 Juin 2012 - 10:33 | |
| - eXPie a écrit:
Les Lectures des otages (Hitojichi no Rôdokukai, 2011). Récits traduits du japonais en 2012 par Martin Vergne. 190 pages. Actes Sud. Et, sans doute pour passer le temps, chacun des huit otages avait lu l'histoire de sa vie, ou du moins d'un moment important de sa vie. Ces histoires composent les récits du recueil.
C'est un bon recueil, certes pas novateur dans l'oeuvre d'Ogawa : on retrouve les éléments, les types de lieux et de personnages qui lui sont chers et habituels, mais elle parvient encore à nous raconter des petites histoires avec des bizarreries qui fonctionnent bien. Je ne suis pas aussi connaisseur d'Ogawa. J'ai aimé modérément, on va dire. Entre 2008 et 2010, Yôko Ogawa a écrit 8 nouvelles pour une revue japonaise. Elle a ensuite imaginé un "subterfuge" pour les relier et cela a donné Les lectures des otages, récits enregistrés de huit personnages qui racontent non pas leur détention, mais un souvenir marquant de leur existence. Un neuvième témoignage conclut l'ensemble, signé d'un des membres de l'équipe d'intervention, qui a entendu les otages s'exprimer, sans les comprendre vraiment, puisqu'il n'est pas japonais. Comme dans tous les recueils de nouvelles, l'intérêt est inégal, mais le style et le ton d'Ogawa sont identifiables et inimitables. Des histoires ordinaires de gens normaux que l'auteure rend étranges et parfois maléfiques, dans une langue faussement simple, qui manie l'ironie ou le sarcasme, en filigrane. La nouvelle où une femme est sans arrêt harcelée parce qu'elle ressemble à la grand-mère disparue de ses interlocuteurs est particulièrement réussie. La dramatisation vient du fait que tous ses récits sont dits par des gens vivants, qui ne savent pas encore que la mort va les cueillir très vite. A travers chacun de leurs souvenirs, c'est la vie qui continue à palpiter, dans ce monde et dans l'au-delà. | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Sam 23 Juin 2012 - 10:57 | |
| eXPIe, les lectures des otages, c'est des nouvelles collées côte à côte ou c'est vraiment un roman? | |
| | | traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Sam 23 Juin 2012 - 11:00 | |
| Il est écrit Récits, sur la couverture, topocl. | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Sam 23 Juin 2012 - 11:02 | |
| justement, ces descriptifs de couverture sont souvent tellement sans rapport avec le contenu...je voulais l’appréciation de quelqu'un qui l'a lu et j'avais lu ton commentaire trop rapidement. | |
| | | traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Sam 23 Juin 2012 - 11:07 | |
| L'ensemble peut constituer un roman, si l'on veut, puisqu'il y a un lien, une explication au début et une dernière nouvelle qui rassemble un peu les différentes histoires, en les mettant en situation. Mais ce sont avant tout 8 récits indépendants les uns des autres, même s'ils sont dits/écrits par des gens qui partagent la même situation d'otage. La 4ème de couverture est effectivement un peu ambigüe. | |
| | | Chatperlipopette Zen littéraire
Messages : 7679 Inscription le : 24/02/2007 Age : 59 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Mer 22 Aoû 2012 - 11:01 | |
| « Cristallisations secrètes » est à l'image de son auteure : dire mille et une choses en-deça des mots, dans l'inter-texte voire le meta-texte. D'une plume assurée, légère et aussi grave, Yoko Ogawa, relate ce que pourrait être le plus grand malheur du monde : la perte programmée de tout ce qui le construit, de tout ce qui le fait vivre. Dès les premières lignes, elle plante le décor de son roman oscillant entre douleur et acceptation de la perte subie.
« Je me demande de temps en temps ce qui a disparu de cette île en premier. - Autrefois, longtemps avant ta naissance, il y avait des choses en abondance ici. Des choses transparentes, qui sentaient bon, papillonnantes, brillantes...Des choses incroyables, dont tu n'as pas idée, me racontait ma mère lorsque j'étais enfant. - C'est malheureux que les habita,ts de cette île ne soient pas capables de garder éternellement dans leur cœur des choses aussi magnifiques. Dans la mesure où ils vivent sur l'île, ils ne peuvent se soustraire à ces disparitions successives. Tu na vas sans doute pas tarder à devoir perdre quelque chose pour la première fois. - Ça fait peur ? lui avais-je demandé, inquiète. - Non, rassures-toi. Ce n'est ni douloureux ni triste. Tu ouvres les yeux un matin dans ton lit et quelque chose est fini, sans que tu t'en sois aperçue. Essaie de rester immobile, les yeux fermés, l'oreille tendue, pour ressentir l'écoulement de l'air matinal. Tu sentiras que quelque chose n'est pareil que la veille. Et tu découvriras ce que tu as perdu, ce qui a disparu de l'île. » (p 9)
Ogawa nous transporte dans une île, hors du temps et de l'espace, cela pourrait être partout et nulle part. Les habitants voient disparaître peu à peu des objets, des animaux, des plantes. Les oiseaux un beau jour sont partis et leur souvenir s'est aussitôt estompé pour s'éteindre complètement chez les habitants, puis ce fut au tour des bateaux....comment quitter l'île alors ? La police secrète est partout, à chaque disparition elle vient vérifier que rien ne rappelle cette dernière. Seulement....certains habitants ont le pouvoir, la chance ?, de ne pas oublier, dont la mère de l'héroïne. Une artiste sculpteur qui dissimule les vestiges des disparitions au creux de certaines œuvres ou dans des armoires anodines, au fond d'une cave. La jeune héroïne se liera d'amitié avec son éditeur et aidée de l'ancien mécanicien du ferry, le cachera dans le sous-sol de chez elle : son éditeur est comme sa mère, il ne peut oublier ce qui a disparu. Comme, souvent chez Ogawa, deux récits s'imbriquent l'un dans l'autre, « Cristallisations secrètes » ne déroge pas à cette règle : la jeune heroïne est romancière et écrit un roman dans lequel une jeune femme tombe amoureuse de son professeur de dactylographie et commence avec lui une relation étrangement semblable à la situation vécue sur l'île. L'amant opère un enfermement de sa maîtresse en la murant peu à peu dans un silence : il lui vole sa liberté en lui dérobant le langage. Ainsi, le lecteur voyage-t-il au centre d'un parallèle entre l'enfermement d'une société par un dictateur et celui d'une femme par un amant lors d'une relation amoureuse a-normale. Le dictateur, supposé de l'île, fait disparaître, de par la terreur subtile exercée sur ses concitoyens, les objets, les animaux, les fleurs puis les êtres tout simplement ; l'amant, serial killer en quelque sorte comme tout dictateur, prend la voix puis la volonté de sa jeune maîtresse avant de jeter son dévolu, une fois celle-ci « vampirisée » sur une autre proie.
On ne peut entrer plus dans les détails sans risquer de déflorer toute la subtilité de l'écriture et la vision du monde contemporain de l'auteure. Il y a des scènes touchantes, angoissantes et sublimes, où le lecteur touche du doigt l'intemporalité des choses, impermanence du monde. En quelques traits bien esquissés par les mots justes véhiculant des images qui parlent à notre âme de lecteur épris de liberté, Ogawa appuie là où le bât blesse dans notre société moderne, aliénante au possible, en raison des diktats produits par ceux qui font le monde et les pensées. Doucement, lentement, les citoyens que nous sommes, peuvent perdre peu à peu leur environnement s'ils n'y prennent garde. Il est tellement facile de se laisser porter par le flux majoritaire, celui qui draine un plus fort courant, il est tellement aisé de ne pas réfléchir et de se dire que c'est ainsi, qu'on y peut rien, qu'il faut vivre avec « son temps ». Justement, ce temps voleur d'âme qui au fil des anesthésies locales dépouille tout un chacun de ce qui fait son identité, de ce qui le construit. « Cristallisations secrètes » est un peu l'histoire de la grenouille plongée dans une casserole d'eau que l'on met doucement à bouillir sur le feu : la température augmente lentement, la grenouille s'y habitue puis au moment où elle sait qu'elle va mourir, n'a plus l'énergie de sauter hors de la casserole pour se sauver. ...Car il est des dictatures invisibles qui dérobent le bien le plus cher de l'être humain, sa liberté de penser et sa capacité à raisonner. Et ces dictatures sont celles qui nous gouvernent sans que nous y prenions garde... mais il y a toujours des Veilleurs, des Gardiens qui collectent, qui engrangent ce qui n'est plus : tant que la mémoire vit, le souvenir des belles choses perdure.
Un roman qui ne laisse pas indifférent... bien au contraire: un étrange écho résonne, lancinant, tout au long de la lecture.
| |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Mer 22 Aoû 2012 - 19:33 | |
| Oui, c'est vraiment un bon livre ; c'est curieux de penser que Cristallisation secrète a mis beaucoup de temps pour être publié chez nous ; il date de 1994 et n'a été publié qu'en 2009. J'ai cru comprendre que l'éditeur pensait qu'il était trop sombre, qu'il attirerait moins les lecteurs que ses autres livres. C'est vrai que même si on sent que c'est du Ogawa, il est quand même différent, j'ai failli dire "plus consistant". Plus de personnages, une atmosphère lourde... | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Mer 22 Aoû 2012 - 21:58 | |
| bon, j'ai tellement aimé son recueil de nouvelles La grossese-Les abeilles-La piscine et tellement survolé Hôtel Iris que je ne sais pas vraiment pas quoi poursuivre mais Cristallisations secrètes me semblent plutôt bien pour poursuivre avec cette auteure... | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Mer 22 Aoû 2012 - 22:14 | |
| - shanidar a écrit:
- bon, j'ai tellement aimé son recueil de nouvelles La grossese-Les abeilles-La piscine et tellement survolé Hôtel Iris que je ne sais pas vraiment pas quoi poursuivre mais Cristallisations secrètes me semblent plutôt bien pour poursuivre avec cette auteure...
La traductrice avait écrit : "Pour ce titre, il n'y a pas vraiment d'explication [du fait qu'il y ait eu tant de temps avant la publication], si ce n'est que l'histoire est longue et triste, donc pour des éditeurs, pas très vendable. Mais je suis têtue et obstinée. Et pour moi, c'est le livre fondateur de toute l'oeuvre de Yoko Ogawa. Et le plus important." | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Mer 22 Aoû 2012 - 22:18 | |
| - eXPie a écrit:
- shanidar a écrit:
- bon, j'ai tellement aimé son recueil de nouvelles La grossese-Les abeilles-La piscine et tellement survolé Hôtel Iris que je ne sais pas vraiment pas quoi poursuivre mais Cristallisations secrètes me semblent plutôt bien pour poursuivre avec cette auteure...
La traductrice avait écrit : "Pour ce titre, il n'y a pas vraiment d'explication [du fait qu'il y ait eu tant de temps avant la publication], si ce n'est que l'histoire est longue et triste, donc pour des éditeurs, pas très vendable. Mais je suis têtue et obstinée. Et pour moi, c'est le livre fondateur de toute l'oeuvre de Yoko Ogawa. Et le plus important." ce qui (bien sur) me donne d'autant plus envie. Merci eXPie ! [Yoko Ogawa pour moi, c'est la lame d'un poignard qui pénètre un corps et qui ne fait pas mal, qui ne fait pas saigner, qui ne donne aucune alarme et puis soudain, une main tourne la lame dans la plaie et le sang gicle, la douleur surgit, impérative, illicite, incoercible et l'histoire s'achève dans ce bain de sang/sentiment inattendu.] | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Mer 22 Aoû 2012 - 22:24 | |
| - eXPie a écrit:
- Oui, c'est vraiment un bon livre ; c'est curieux de penser que Cristallisation secrète a mis beaucoup de temps pour être publié chez nous ; il date de 1994 et n'a été publié qu'en 2009. J'ai cru comprendre que l'éditeur pensait qu'il était trop sombre, qu'il attirerait moins les lecteurs que ses autres livres.
C'est vrai que même si on sent que c'est du Ogawa, il est quand même différent, j'ai failli dire "plus consistant". Plus de personnages, une atmosphère lourde... Alors ce serait peut être le livre pour me réconcilier avec cet auteur que j'avais presque décidé d'abandonner ? | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Mer 22 Aoû 2012 - 22:32 | |
| - Arabella a écrit:
- eXPie a écrit:
- Oui, c'est vraiment un bon livre ; c'est curieux de penser que Cristallisation secrète a mis beaucoup de temps pour être publié chez nous ; il date de 1994 et n'a été publié qu'en 2009. J'ai cru comprendre que l'éditeur pensait qu'il était trop sombre, qu'il attirerait moins les lecteurs que ses autres livres.
C'est vrai que même si on sent que c'est du Ogawa, il est quand même différent, j'ai failli dire "plus consistant". Plus de personnages, une atmosphère lourde... Alors ce serait peut être le livre pour me réconcilier avec cet auteur que j'avais presque décidé d'abandonner ?
Je ne suis pas tout à fait sûr que ce soit pour toi, mais peut-être, qui sait ? Il est un peu à part (même si on a les thèmes ogawaiens : la disparition, etc.). Mais il y a plus de personnages, d'événements, de menaces que dans les autres, il me semble. (et je ne me formaliserais bien sûr pas d'une critique dévastatrice ) | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Mer 22 Aoû 2012 - 22:34 | |
| Ta circonspection freine un peu mon élan. Je verrais. Si je tombe dessus dans une bibliothèque sans l'avoir voulu. Mais j'ai constaté que ce genre de choses arrivent. | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Ogawa Yôko Mer 22 Aoû 2012 - 22:39 | |
| - Arabella a écrit:
- Ta circonspection freine un peu mon élan. Je verrais. Si je tombe dessus dans une bibliothèque sans l'avoir voulu. Mais j'ai constaté que ce genre de choses arrivent.
Tu liras une superbe critique de Shanidar, et tu n'auras plus d'autre choix moral que de le lire ! | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Ogawa Yôko | |
| |
| | | | Ogawa Yôko | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|