Lettres d'amour dans la littérature (Lettera Amorosa)

sentinelle a écrit:

Je ne peux pas résister à remonter ce fil à la surface tant il est demeuré bien caché pendant des années. C'est bix qui m'y a amené malgré lui, en référence aux Lettres à Milena de Kafka.

Coline, tu m'épateras toujours ! Et tu arrivais à trouver des thèmes qui te motivaient bien à l'époque

Moi, je le connaissais bien ! Mais j' avais oublié qu' il y avait 2 fils...L' autre étant réservé aux parfumés.

sentinelle a écrit:

Je ne peux pas résister à remonter ce fil à la surface tant il est demeuré bien caché pendant des années. C'est bix qui m'y a amenée malgré lui, en référence aux Lettres à Milena de Kafka.

Coline, tu m'épateras toujours ! Et tu arrivais à trouver des thèmes qui te motivaient bien à l'époque

coline a écrit:

J'ai mis un peu de "c.l" sur le forum pour faire rentrer les lecteurs qui sont tous au jardin...

Oui...tu vois?...C'est vrai, c'est ce que je te disais l'autre jour, j'étais moins sage...

Je suis certaine que cette Colinette moins sage existe toujours, elle ne doit même pas être bien loin tu sais

sentinelle a écrit:

Je ne peux pas résister à remonter ce fil à la surface tant il est demeuré bien caché pendant des années. C'est bix qui m'y a amenée malgré lui, en référence aux Lettres à Milena de Kafka.

Coline, tu m'épateras toujours ! Et tu arrivais à trouver des thèmes qui te motivaient bien à l'époque

Quand je dis à Coline qu'on finit toujours par être lu à un moment ou à un autre; qu'il ne faut pas se décourager de poster, voilà la preuve !

C'est vrai que c'est un beau fil en plus.

Queenie a écrit:

sentinelle a écrit:

Je ne peux pas résister à remonter ce fil à la surface tant il est demeuré bien caché pendant des années. C'est bix qui m'y a amenée malgré lui, en référence aux Lettres à Milena de Kafka.

Coline, tu m'épateras toujours ! Et tu arrivais à trouver des thèmes qui te motivaient bien à l'époque

Quand je dis à Coline qu'on finit toujours par être lu à un moment ou à un autre; qu'il ne faut pas se décourager de poster, voilà la preuve !

Tu as raison Queenie! Il faudrait que je me remotive...

Mais qu'est-ce qu'elle veut dire cette phrase mystérieuse?

Bix a écrit:

Moi, je le connaissais bien ! Mais j' avais oublié qu' il y avait 2 fils...L' autre étant réservé aux parfumés.

.

Ah oui, je ne suis pas clair... J' ai pensé qu' un des deux fils était consacré à des écrivains et l' autre aux membres du forum...

bix229 a écrit:

Ah oui, je ne suis pas clair... J' ai pensé qu' un des deux fils était consacré à des écrivains et l' autre aux membres du forum...

Et tu n'avais pas tort!...
clic!

J'y suis passée.. Ça prend aux tripes en tout cas. Bravo à tous

coline a écrit:

bix229 a écrit:

Ah oui, je ne suis pas clair... J' ai pensé qu' un des deux fils était consacré à des écrivains et l' autre aux membres du forum...

Et tu n'avais pas tort!...
clic!

Je l'avais complètement oublié celui-la !

Je lis en ce moment Lettres à Felice de Kafka.

Quelques mots sur cette relation avant d’en citer quelques extraits. Kafka rencontre Felice en 1912. Il traverse une période difficile : outre ses maux ordinaires (son travail – la médiocrité de sa production littéraire), sa sœur Valli et son ami Max Brod se fiancent chacun de leur côté. Ne pouvant supporter cette solitude, Kafka veut à son tour se marier et il décide, le soir où il rencontre Felice Bauer, que ce sera « celle-là ». Nous sommes pourtant loin du coup de foudre : au premier regard, Kafka la prend pour une bonne à tout faire et la décrit plus tard comme ayant des traits grossiers. Dès les premiers contacts s’instaure un double jeu : un pas en avant, deux pas en arrière, je dis tout et son contraire à la phrase suivante. Quand on pense que cette relation épistolaire a duré cinq années, on ne peut que frémir et se demander comment cette jeune femme ait pu survivre aux enfers de Kafka pendant tout ce temps. . Une relation à jamais stérile, croupissante, stagnante, et ce dès le début. De Kafka, j’en aurais fait de petits pâtés à la place de Felice. Une question de tempérament j’imagine.

Je n’en suis qu’au tout début des correspondances mais je ne résiste pas à citer déjà quelques extraits de cette passion dévorante sans amour :

Citation :

Et cette demande, suis-je sincère en vous la faisant ? Bien entendu, je suis sincère. Et ne suis-je pas aussi insincère peut-être ? Naturellement, je suis insincère, et combien !

Citation :

N’êtes-vous pas importunée de recevoir des lettres recommandées ? Je ne vous les envoie pas seulement par nervosité, encore que ce motif existe aussi accessoirement, mais j’ai le sentiment qu’une lettre recommandée arrive plus directement entre vos mains, sans passer par le va-et-vient indolent de ces lettres simples condamnées à errer tristement, et, en y pensant, j’imagine toujours la main tendue d’un robuste facteur berlinois qui, le cas échéant, vous forcerait à prendre la lettre, même si vous vouliez vous en défendre. On n’a jamais assez de complices quand on est dépendant.

Citation :

Je vous fais souffrir, non pas exprès certes, c’est impossible – et quand cela serait, l’effet s’évanouirait devant votre lettre d’hier comme l’esprit malin devant le bon génie -, mais du seul fait de mon existence, c’est parce que j’existe que je vous fais souffrir.

Citation :

Et même si nous décidons de nous écrire tous les jours, y aura-t-il donc d’autres jours que celui-ci, et sommes-nous destinés à autre chose qu’à cette tâche impossible : nous fuir de toutes nos forces et avec ces mêmes forces demeurer unis ?

Citation :

[…] je suis resté seul et j’ai été pris d’un tel désir de vous voir que j’aurai voulu poser le visage sur la table pour me sentir vaguement soutenu.

Citation :

Si je venais en personne, je vous serais insupportable.

Citation :

Mais je ne vois pas d’issue et je me sens impuissant. Si nous étions ensemble, je me tairais ; mais comme nous sommes séparés, il faut que je vous écrive, sinon la tristesse me tuerait.

Citation :

Adieu ! J’ai besoin de plus de gentillesse que je n’en mérite.

Citation :

Je jette cette lettre à la boîte telle qu’elle est, parce que je souffre qu’il n’y ait pas au moins une lettre de moi en train de cheminer vers vous.

Citation :

Aurais-je eu l’intention de me dire tien en signant ? Rien ne serait plus faux. Non, je suis mien et éternellement lié à moi ; voilà ce que je suis et il faut que je tâche de m’en accommoder.

Citation :

Ma dernière lettre par exemple n’était pas écrite, elle était – pardonne-moi l’expression – vomie ; j’étais au lit et elle ne me venait pas à l’esprit dans la suite des phrases, mais comme une phrase unique en proie à une tension terrible et qui paraissait vouloir me tuer si je ne la mettais pas par écrit.

Citation :

Garde l’illusion que tu as besoin de moi. Ne va pas chercher plus loin. Car vois-tu, cela ne te fait vraiment aucun mal ; le jour où tu voudras te débarrasser de moi, tu auras toujours assez de force pour le faire, mais entre-temps tu m’auras fait un cadeau comme je n’aurais même pas rêvé d’en recevoir un dans cette vie.

Citation :

C’est que pour moi chacune de tes lettres est infinie […], je la lis jusqu’à la signature, puis je recommence et cela ainsi de suite en bouclant joliment la boucle. Mais en définitive, je suis bien obligé de me rendre compte que cette lettre a un point final, que tu l’as laissée et que tu es partie, vers quelque chose qui est pour moi l’obscurité. C’est à en perdre la raison.

Oh oui alors, elle a été bien trop patiente, Felice ! Mais elle était amoureuse sans doute... Kafka, non !

Si tu veux en savoir plus sur le sujet, lis donc L' Autre procès d' Elias Canetti...