Richard Brautigan

Je te comprends un peu Bix. Le seul truc c'est que c'est assez frustrant après, pour ceux qui ne connaissent pas, de voir un fil exister, être mis au portail, et ne pas avoir droit à "un peu plus".
Mais il y a des choses que l'on a envie de partager, sans savoir faire comment.

De toute façon, Brautigan fait partie de ces auteurs un peu oubliés ou
peu connus qui m' ont procuré du plaisir de lecture.
Et je suis content de courir le risque d' en parler meme si je ne suis pas suivi.
C' est un risque interessant que d' essayer de les faire connaitre.
Parce que j' ai l' impression, à tort ou à raison, qu' ils le méritent.
D' ailleurs sur la durée, certains auteurs comme Primo Levi , Rigoni Stern,
Margaret Laurence, Paula Fox s' en sont plutot bine sortis après avoir ramé pendant des mois.
J' ai des regrets de ne pas avoir été plus convaincant pour des auteurs comme Guimaraes Rosa, Svevo, Powys, Anna Maria Ortese, mais je ne
perds pas l' espoir.
Il suffit parfois de deux ou trois lecteurs courageux pour faire démarrer
un auteur. Et pour ça, Animal est très bon.
Et aussi Kenavo malgré la pression du forum sur elle.
Et Marko qui a de la curiosité.
Il en a été récompensé, parce que faire de Bosco un auteur à succès
n' était pas évident.
Et donc, je continue !

huhu, j'essaye volontiers des lectures mais il me faut un quelque chose à me mettre sous la dent, une branche à laquelle m'accrocher. et je crois qu'on est assez nombreux à essayer. sont courageux ces parfumés

Je te comprends tout à fait Bix, mais tout comme Animal je suis convaincue que beaucoup de parfumés sont 'courageux' mais il ne faut pas oublier que chacun a son rythme de lecture, ses préférences, la vie réelle qui ne laisse parfois pas trop de temps pour la lecture..

je suis de l'avis que ce forum va continuer - et du moment qu'un fil est créé, il a la chance d'être vu, lu.. et il va solliciter de l'intérêt - si ce n'est pas aujourd'hui, peut être demain, dans un mois, un an.. n'importe - mais le premier pas est fait et il ne faut certainement pas perdre l'espoir

C' est ce que je dis, Kena : je ne perd pas l' espoir...


Pas à titre poshume quand meme !

MEMOIRES SAUVES DU VENT

Un homme de 43 ans se remémore les évenements qui se sont passés
Trente deux ans auparavant.
Il avait alors douze ans et vivait avec sa mère et ses deux soeurs une vie
de misère. Sans voiture, sans livres, sans meme une radio.
Ils errent dans l' Oregon, d' un motel miteux à l' autre. Et sa mère est
souvent absente.
Et sinon obsédée par la misère, la solitude et les fuites du gaz.

"Un soir, elle rentra vers 10 heures, plus tot que prévu.
J' entendis la camionnette du couvreur au chomage s 'arreter
devant la maison...
Je sus que quelque chose n' allait pas quand j' entendis ma mère claquer la porte de la camionnette.
- Tu ne dors pas encore ? dit-elle quand elle rentra, la colère au visage.
Je voulais me concilier ses bonnes graces : je lui dis que j' avais lu le Reader's Digest.
Je ne sais vraiment pas pourquoi je croyais obtenir ses bonnes graces avec ça.
J' étais un gosse bizarre.
Je crois meme que vous pourriez ajouter "très".
Ma mère se contenta de me regarder lorsque je lui dis que j' avais lu le Reader's Digest.
ça n' avait pas marché. C' était l' heure d' aller prestement au lit.
Quelques intants plus tard, j' entendis ma mère au salon, qui se répétait sans arret, dans murmure chuintant : "Le gaz, le gaz, le gaz, le gaz."
A y repenser aujourd' hui dans la quarante quatrième année de ma vie, la seule chose qui fuyait vraiment chez nous, c' était ma mère."

L' un des rares plaisirs du gamin, c' est de bavarder avec un "vieux" de 35 ans, chez qui il récupère les cannettes de bière vide pour se faire un peu
d' argent et bavarder avec lui.
Et il aimait beaucoup parler avec les "vieux" de tout age !
Mais sa grande distraction, c' est de voir chaque année arriver dans un vieux tacot un couple extravagant.
Et de les observer.
Ils viennent pecher le posson chat dans un étang, mais d' abord ils
débarquent tous leurs vieux meubles d' occasion sur l' herbe.
Y compris une cuisinière à bois !

Je ne voulais pas les mettre en colère contre moi, parce que,
pour parler franchement, ils étaient ce que j' avais de plus interessant dans ma vie.
Parfois je souhaitais qu' il y en eut tout un lot comme des jouets
que je pusse emporte chez moi pour m' amuser : des petites
figurines miniatures en bois sculptés représentant un homme, une femme, tous leurs meubles et leur camionnette avec un morceau de tissu vert qui aurait eu la forme exacte de l' étang et sur lequel aurait été disposé tout ce qui l' entourait avec chaque chose exactement à sa place.

Et la vie aurait pu continuer ainsi...
Mais ce livre est surtout l' histoire d' une blessure d' enfance qui ne s' est jamais refermée.
Parce que le destin est parfois cruel et qu' on ne peur refaire ce qui a
été défait à jamais.
Ce jour-là, un jour comme les autres, l' enfant aurait pu acheter un hamburger au lieu d' acheter des balles pour sa carabine.
Mais il a acheté des balles, et un peu plus tard, il a tué accidentellement
son meilleur ami, en tout cas son ami secret.
Et tout est dit.

Mémoires Sauvés du Vent
Poussières d' Amérique...

Il remache son histoire, il remonte le fil du temps.
Mais c' est une histoire impossible, parce qu' il essaie de remettre en question un simple fait, un choix fortuit qui ont un jour pourri sa vie.
Alors, 32 ans après, il multiplie les paenthèses, les digressions avant de se raconter une fois encore cette hisoire fatale
et dont il connait la fin.

L' histoire, celle que nous raconte Brautigan, n' est que la sélection de souvenirs que la mémoire de son personnage a fixé à jamais.
Tout comme les personnages qui ne sont que des silhouettes, mais
que Brautigan a le don magique de faire surgir devant nous et de les
rendre inoubliables .

Comme le dit Marc Chenetier, l' excellent traducteur du livre :

Les images chez Brautigan constituent un récit parallèle qui relativise l' importance des faits narrés et invite à lire en creux dans les trous et manques ces récits qui débordent les faits rapportés.
Il avait la volonté de casser les cadres.

De loin le truc le plus dingue que j'ai lu c'est "Truite fishing in America",c'est court,complètement déjanté,des chapitres entiers ou le sujet est replacé par la phrase "truite fishing in America".
Le types qui li cela en pensant que c'est un manuel de pèche va tombé de nus.
Je trouve son écriture beaucoup plus original et moins accessible que Kerouac(que je n'aime pas beaucoup faut dire)C'est vraiment psychédélique.Peut etre qu'un peu de LSD m'aurais aidé a sa lecture.
J'ai été aussi pris par surprise.

Pour ce qui est de son suicide,nous avons un fils sur le world lit forum(pour ceux qui sont Anglophone)qui énumère les écrivains suicidaire.Cela fait froid dans le dos.
>Ici<

Tu veux dire, suicidés, Thomas...
Parce que des suicidaires, il y en a pas mal, sauf qu' ils ne sont pas
passés à l' acte.

Si tu veux Bix,une nuance linguistique.
En général,et c'est terrible, les gens réellement suicidaire ne se manque pas.

Mémoires sauvés du vent

Bix en parle bien , visiblement il a beaucoup aimé .
Je dois dire que jusquà la 1/2 du livre , ça m'a bien plu , je trouvais le ton original et quelques phrases très amusantes comme : Je m'habillai aussi doucement qu'une souris d'un kleenex



bon moi ça m'a fait souri(re)
Ensuite j'ai trouvé le procédé narratif un peu lourd pour arriver à ce fait divers (qu'on a deviné depuis longtemps) , j'ai envie de dire tout ça pour ça .
A trop parler de soi , on tourne en rond , enfin c'est l'impression que j'ai eue , à la fin il m'a laissée sur la rive de ce fleuve pourtant si riche en poissons chats.
Dommage car franchement pendant un moment je me suis régalée .

Dommage que tu n' aies pas apprécié Mémoires sauvés du vent jusqu' au bout, Darkanny ...

ça arrive de temps en temps avec les livres... le charme est rompu et on ne sait pas toujours (enfin moi) si c' est l' auteur qui est en cause ou nous...

Exactement , c'est tout à fait ce que j'ai ressenti , à croire que je n'étais pas la même entre hier et aujourd'hui

Moi, c' est tout le temps !

Cyclothimique je suis ! Et donc pas toujours très bon lecteur ...

darkanny a écrit:

Mémoires sauvés du vent

Bix en parle bien , visiblement il a beaucoup aimé .
Je dois dire que jusquà la 1/2 du livre , ça m'a bien plu , je trouvais le ton original et quelques phrases très amusantes comme : Je m'habillai aussi doucement qu'une souris d'un kleenex



bon moi ça m'a fait souri(re)
Ensuite j'ai trouvé le procédé narratif un peu lourd pour arriver à ce fait divers (qu'on a deviné depuis longtemps) , j'ai envie de dire tout ça pour ça .
A trop parler de soi , on tourne en rond , enfin c'est l'impression que j'ai eue , à la fin il m'a laissée sur la rive de ce fleuve pourtant si riche en poissons chats.
Dommage car franchement pendant un moment je me suis régalée .

Comme d'autres écrivains minimalistes, l'intérêt de ses livres ne réside jamais dans l'intrigue, les évènements, mais plutôt dans la création d'une atmosphère, plaisamment mélancolique dans ce cas-ci. Il y a quelque chose de bouddhiste ou d'oriental chez cet auteur. Une de mes très bonnes surprises de lecture de ces derniers mois.