Richard Brautigan

D' accord avec toi, Willself. C' est d' ailleurs ce que j' ai dit quand j' aoi ouvert ce fil...

Bon nombre d' auteurs écrivent des fictions linéaires, chronologiques, puis s' en affranchissent,
c' est le cas de Ramuz que je lis en ce moment...

Je vais me risquer à survoler deux de ses livres. Le premier, Mémoires sauvés du vent, par lequel j'ai découvert l'écrivain, par hasard pour tout dire. On parle beaucoup de Tokyo Montana Express, j'ai noté que Queenie avait été déçue par ce livre, je ne peux pas en parler parce que je ne l'ai pas lu, mais pour l'avoir feuilleté aussi, je ne suis pas sûr qu'il soit si représentatif que ça de ce que Brautigan a pu écrire. Le 4ème de couverture d'une édition poche prétend d'ailleurs que ses livres sont tous différents les uns des autres. Je n'ai pas assez de recul pour en juger, mais il me semble quand même y avoir un point commun qui les unit, ce sens de la poésie qu'évoque Bix dans son premier message, et qui est à mon avis assez indicible. Personnellement, je n'arrive pas à le définir très précisément.

Bref, je vais me contenter de copier ce que j'ai posté ailleurs, parce que je ne trouve rien à en dire de plus.


Mémoires sauvés du vent



On trouve quelques clés de l'histoire et du cheminement personnel de Brautigan dans ce court récit, où l'écrivain se remémore un traumatisme d'enfance, en le faisant remonter à la surface, petit à petit. Mais il ne faut pas s'attendre à trouver dans ce livre des lamentations vulgairement larmoyantes, Brautigan est un écrivain, un vrai. Son style est empreint de poésie tout en restant sobre, de légèreté tout en traitant un sujet grave. L'écrivain manie l'émotion avec une étonnante dextérité, sans jamais en faire un matériau racoleur et vulgaire. Il retranscrit avec une fidélité étonnante tous les petits détails liés à l'enfance : l'innocence, la vulnérabilité, l'insouciance, l'impuissance... On retrouve tout cela dans la narration de Mémoires sauvés du vent. Un récit tragique traité sans une once de pathos. Des souvenirs intimes servis sans nombrilisme. L'oeuvre d'un écrivain extrêmement talentueux, parti trop vite.




La vengeance de la pelouse



Difficile de parler d'un recueil de nouvelles plusieurs mois après l'avoir reposé. Surtout lorsqu'il se compose de nouvelles courtes, parce qu'elles sont autant de souvenirs épars, dilués, dans le style de l'auteur, et dans les lectures qui ont suivi. Je ne vais pas tourner autour du pot, il ne me reste rien de précis de cette lecture, mais une impression d'ensemble. Agréable, apaisante, charmante. Il me reste la sensation d'avoir rencontré un nouveau moment de poésie, souvent désabusée, jamais noire, comparable à celui que m'avait offert Mémoires sauvés du vent. Mais je ne fais une fois de plus que survoler ce livre. J'aimerais en dire plus. Je ne le peux pas. J'aimerais comprendre ce qui me plait tant chez cet auteur dont la démarche s'éloigne de ce qui me séduit habituellement, de l'écriture percutante et sans fioritures que je cherche continuellement. Je ne le peux pas plus. Brautigan était sans doute ce que bien des critiques affirment : un ovni littéraire. Muni d'un aimant, qui me paraît agir sur des personnalités très différentes. Lisez-le, je ne vois que ça.

Hank a écrit:

oh oh, cette couverture nous vous dit pas quelque chose ?

Spoiler:

Nezumi a écrit:

oh oh, cette couverture nous vous dit pas quelque chose ?

elle ne peut pas échapper aux admirateurs d'un certain peintre

j'ai été inspiré de choisir le visuel de l'ancienne édition 10/18 on dirait

Hank a écrit:

j'ai été inspiré de choisir le visuel de l'ancienne édition 10/18 on dirait

en tout cas, couverture - et ton commentaire - m'ont donné envie de le noter, j'aime bien des nouvelles..

Le recueil de nouvelles : La Vengeance de la pelouse est excellent. Je vais le relire...

Brautigan, Carver retraduit : des bonnes nouvelles pour les lecteurs !

J'ai lu et apprécié les 2 bouquins qu'a présenté Hank, plus un troisième "Un privé à Babylone". Parodie de roman policier dans lequel le détective marche à côté de ses pompes ; ses enquêtes sont foireuses, entrecoupées par ses rêves de Babylone, sorte de royaume où il réussit tout ce qu'il entreprend. C'est un drôle de bouquin, vachement drôle. Et puis, il y a une anecdote qui s'y attache : Il y a quelques temps, j'ai accueilli un gamin qui devait partir en séjour de rupture au Sénégal. La veille de son départ, en douce, je glisse quelques bouquins dans son sac : Selby, Roth, Steinbeck et caetera... et Brautigan. Un an plus tard, je croise le gars dans un supermarché, il me remercie pour les livres, me dit qu'il les a lu et aimé (pour échapper à l'ennui). Et il ajoute qu'il ne pourra pas me les rendre car il les a vendu avant de partir du Sénégal pour pouvoir acheter des souvenirs...

Quel est le meilleur livre pour découvrir Brautigan?
Vous me donnez envie mais je ne sais pas par lequel commencer

lisette a écrit:

Quel est le meilleur livre pour découvrir Brautigan?

Je ne les ai pas encore tous lus, mais a priori, Mémoires sauvés du vent en fait partie. C'est en tout cas par celui-là que j'ai commencé et que j'ai eu envie d'en lire d'autres.

Merci Hank.
Une petite virée en bibliothèque s'impose demain

Un privé à Babylone

Un privé à Babylone est un roman d'un homme désabusé. L'écriture est décalée, assez déjantée (à remettre dans le contexte des années 1940), pour dire des choses sordides avec humour noir et un rendu assez poétique.
Le "héros", un privé plutôt minable, cherche à se faire une vraie place de détective, s'imagine alors l'argent qui va avec, la saveur des belles femmes qu'il pourrait rencontrer et la perspective d'être un jour reconnu par ses pairs.
En attendant, il vit dans une chambre crasseuse, pleine de détritus, le frigo vide et sale, et ne décroche aucune affaire. Sauf une. Commanditée par une femme. C'est cette affaire plutôt bizarre qui fait l'objet de ce livre.
Les chapitres sont très courts, le roman très imagé, porté sur le macabre. Il n'a rien à perdre, Card, ce anti-héros narrateur, et ses actions sans scrupules pour arriver à ses fins sont caricaturales.
Alors il part à "Babylone", lieu indéfini, dans sa tête. C'est sa façon de s'échapper d'une réalité très moche, de nourrir des fantasmes, de fric qui coule à flot dans un monde où il vivrait avec Nana-Dirat, sa femme sublime tout droit sortie de ses rêveries. Ses fantasmes ou ses rêves toujours renouvelés envahissent son présent, la vie intérieure prend le dessus.

Agréable moment de lecture, et de détente aussi il faut le dire, mais à mon humble avis un peu tiré par les cheveux !

Merci Flibustière ! Brautigan, c' est toujours plus ou moins tiré par les cheveux. 
Avec lui, il ne faut pas chercher la vraisemblance, la traduction des symboles... Il faut se faire léger.
Il n' empeche qu' au meilleur, il y a souvent de la poésie et de l' humour et parfois, du désespoir.
C' est le désespoir qui a eu le dernier mot.
Brautigan n' était pas très viable ou alors, pas de vrai chemin pour lui...

Suggestion de lectures :

- La vengeance de la pelouse (nouvelles)

- Retombées de sombreros

- Mémoires sauvés du vent

- Cahier d' un retour de Troie