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| Shirley Hazzard | |
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+4Arabella kenavo domreader Marie 8 participants | |
Auteur | Message |
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Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Shirley Hazzard Dim 6 Jan 2008 - 0:17 | |
| Née en Australie, fille de diplomates, amie de Graham Greene, Shirley Hazzard a beaucoup voyagé en Asie et en Europe. Elle est l'auteur de plusieurs romans, dont The Transit of Venus ( 1981) , mais aussi d'essais et de nouvelles. Aux Etats-Unis, Le Grand Incendie a été couronné par le National Book Award. | |
| | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: Shirley Hazzard Dim 6 Jan 2008 - 0:50 | |
| Le Grand Incendie traduit de l'anglais ( australien) par Claire Céra Editions Gallimard
En 1947, la moitié de la planète sort d'un grand incendie. Enfin, ceux qui ont survécu. Dans les ruines de Londres ou au Japon des environs d'Hiroshima, les hommes et femmes de l'immédiat après-guerre se savent rescapés mais n'ont pas assez de recul pour savoir sur quoi reconstruire. Le travail pour Alfred Leight, fils de romancier, le travail" seul moyen d'engendrer une vie à venir": "Il s'était fixé pour tâche de dépeindre les conséquences de la guerre au sein d'une société ancienne en voie de disparition. Ce projet visionnaire, ou insensé, l'absorbait totalement depuis deux ans.." Rien ne le prédisposait à tomber amoureux au Japon de la très jeune fille d'un administrateur de guerre.
Ceci pour les deux personnages principaux de cette histoire. Gravitent autour d'eux et traversent le livre beaucoup d'autres , le frère de cette jeune fille, en train de mourir d'une maladie dégénérative, l'ami de Leight, chargé d'instruire les procès des criminels de guerre japonais, etc .
" J'en suis arrivé à la conclusion qu'au fond, l'homme est un barbare" écrit un jour Alfred Leight à la jeune Helen. On souhaite à la fin de ce livre tout en retenue, en complexité, que l'amour de ces deux personnages puisse leur permettre de résister à cette barbarie. Très beau roman... | |
| | | domreader Zen littéraire
Messages : 3409 Inscription le : 19/06/2007 Localisation : Ile de France
| Sujet: Re: Shirley Hazzard Ven 11 Juil 2008 - 10:04 | |
| Je viens de le commencer et je suis vraiment séduite, transportée, pour ainsi dire !! Je vous en dirai plus une fois terminé. | |
| | | domreader Zen littéraire
Messages : 3409 Inscription le : 19/06/2007 Localisation : Ile de France
| Sujet: Re: Shirley Hazzard Jeu 17 Juil 2008 - 10:14 | |
| The Great Fire - Le Grand Incendie Shirley Hazzard Virago 2004 - 314 pAldred Leith est le fils d’un romancier reputé mais tous deux n’ont jamais été proches, toutefois une dernière lettre du père semble une main tendue à Aldred qui relit cette lettre dans le train qui l'emmène vers sa prochaine affectation. Au moment où débute le roman, en 1947 Aldred Leith est un officier anglais décoré pour sa bravoure, il a été affecté à Kure au Japon, non loin d’Hiroshima. Il travaille à un ouvrage qui traite des effets de la guerre sur des cultures et des civilisations anciennes telles que celles de la Chine et du Japon. Dans les collines qui dominent Kure, là où il a pris ses quartiers, il rencontrent deux adolescents Benedict et Helen Driscoll, les merveilleux enfants de l’officier Driscoll alors aux commandes du camp. Le brillant Benedict est atteint d’une maladie nerveuse dégénérative et sa sœur Helen reste toujours à ses côtés. Tous deux font front à la maladie et à l’imbécilité profonde et brutale de leurs parents grâce à la littérature et à la culture. Helen lit des livres et beaucoup de poésie à son frère et tous deux parlent, discutent, se nourissent de mots. Aldred leur est immédiatement sympathique, et leur amitié s’épanouit presque instantanément. A 32 ans, il a un mariage et un divorce derrière lui mais la fraîcheur, le sérieux et la profondeur de la jeune Helen le séduisent – tous deux tombent amoureux bien sûr. Pendant ce temps à Hong Kong, Peter Exley un ami d’Aldred qui veut être historien, fouille et analyse aussi l’après-guerre en interrogeant les criminels de guerre et leurs victimes. Les deux amis correspondent sur leurs expériences et par la suite, Peter aura un destin inattendu. Le roman nous mène de Kure à Hong Kong en passant par la Chine, l’Angleterre où se rend Aldred pour enquêter où voir des amis. Mais bientôt, la maladie de Benedict empire et tous vont être séparés par les milliers de kilomètres. Un critique du Guardian a dit que la maladie dégénérative de Benedict et ses conséquences symbolisait les effets de la bombe sur Hiroshima et ses populations. C’est une belle façon d’interpréter un des aspects de ce livre. Le thème principal en reste l’amour : le regard de l’auteur est désabusé sur l’immense chantier qui reste du ‘Grand Incendie’ de la guerre, sur les ruines fumantes du monde, sur les millions de vies bouleversées ou interrompues, mais le grand sauveur reste l’amour, le seul sentiment qui permet de supporter tout cela. C’est un très beau livre, doux et triste. Shirley Hazzard est un écrivain extrêmement subtil qui sait évoquer les sentiments de façon juste, avec beaucoup de nuance. Dans un style complexe mais clair elle parle de façon sensible et intelligente des relations entre les êtres. Quel talent ! J’ai eu bien du mal à sortir de ce livre envoûtant.PS: En lisant la biographie de SHirley Hazzard on découvre d'étranges similitudes avec la vie d'Helen Driscoll, surtout au début de sa vie et sur sa famille. Son regard sur le monde et ses turpitudes est très personnel. Elle a d'ailleurs travaillé pour l'ONU qu'elle a quitté tant elle trouvait cette grosse machine incapable de résoudre ou de gérer les conflits, d'où le ragard désabusé. | |
| | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: Shirley Hazzard Jeu 17 Juil 2008 - 19:45 | |
| - Citation :
- Elle a d'ailleurs travaillé pour l'ONU qu'elle a quitté tant elle trouvait cette grosse machine incapable de résoudre ou de gérer les conflits, d'où le ragard désabusé.
C'est intéressant, oui, peu ont l'honnêteté de faire coïncider leurs actes et ce qu'ils pensent! Je relirais volontiers Shirley Hazzard, tu as lu autre chose, Domreader? | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Shirley Hazzard Jeu 17 Juil 2008 - 19:49 | |
| - Marie a écrit:
- Je relirais volontiers Shirley Hazzard, tu as lu autre chose, Domreader?
je ne m'appelle pas Domreader - mais j'ai encore lu Le passage de Vénus - et à ce que je crois aussi le seul à part celui-là qui est pour l'instant traduit. Mais aussi un très bon livre. J'ai encore lu "Greene on Capri" - sur son amitié avec Graham Greene et la fascination de celui-là pour l'île de Capri | |
| | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: Shirley Hazzard Jeu 17 Juil 2008 - 19:51 | |
| Et Greene on Capri n'est pas traduit? Et pourquoi tu n'es pas traductrice de livres, Kenavo? Je note Le passage de Vénus! Merci! | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| | | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Shirley Hazzard Dim 4 Avr 2010 - 20:13 | |
| Le passage de Vénus Au tout début du roman, le professeur Thrale évoque ce passage de la planète Vénus en 1769 devant le soleil, qui aurait été à l’origine de la découverte de l’Australie par le capitaine Cook, parti observer ce rare phénomène astronomique. Mais Vénus étant capricieuse, il n’en a pas observé grand-chose mais découvert un continent. Le roman évoque la vie de deux sœurs originaires d’Australie, Grace et Caroline (Caro). Leurs parents meurent dans le naufrage d’un bateau, lorsqu’elles sont encore enfants, et c’est leur demi-sœur, Dora, qui les élève, les marquant à jamais de son sadisme culpabilisant. Elles viennent en Grande-Bretagne, Grace épouse le fils du professeur Thrale, Christian, un haut fonctionnaire diplomate, et Caro devient une femme indépendante, travaillant dans un ministère, vivant des aventures amoureuses, puis épouse un Américain très riche. Shirley Hazzard nous dépeint leurs vies, par petites touches, à des moments soigneusement choisis. Elle le fait d’une façon subtile et délicate, évoquant des sensations, un univers intérieur, plus que des événements en tant que tels. Elle capte l’évolution des personnages, leusr changements, leur maturation, la perte des illusions et des espoirs, en même temps que des instants de bonheur ou d’apaisement. Mais le goût de cendre et l’insatisfaction dominent. Il est difficile de faire les bons choix, surtout qu’au moment où les choses se décident, on en est rarement conscient, c’est rétrospectivement que l’on sait que l’on c’était trouvé à un carrefour. Shirley Hazzard à une écriture bien à elle, fait d’élégance et de distance, d’une très légère ironie, une façon de procéder par petites touches, comme dans un tableau impressionniste, et il faut se placer à une certaine distance pour appréhender les choses dans leur globalité. Cela demande un effort de concentration, mais le livre en vaut le coup, on est peu à peu happé dans ce récit sensible et fin, où à la fois on sent que l’auteur est en empathie avec ses personnages, mais en même temps elle les traquent pour mettre en lumière tous leurs secrets, leur vérité intérieure, même la moins flatteuse. Cela donne des portraits d’une extrême justesse, même si c’est mélancolique, comme le temps qui passe. Une jolie découverte que je n’aurais pas faite sans cette lecture commune, et sans les conseils comme toujours judicieux de Domreader. Il me reste encore son deuxième roman, Le grand incendie à lire, je ne vais pas tarder à le faire. | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Shirley Hazzard Mer 21 Avr 2010 - 15:21 | |
| Le grand incendie La trame du roman a déjà été racontée, je vais donc aller vite. Des personnages sans repères dans un monde en train de se disloquer, la guerre semble avoir enlever le sens aux choses ordinaires de la vie, celles qui rythmaient jusque là les existences, les habitudes, les convenances. De quel poids est tout cela en face de ces millions de morts, d'Hiroshima. Enfin pour les personnes sensibles, parce que certains n'ont rien vu, et ne rêvent que de retrouver la petite vie qu'ils menaient auparavant, en essayant même d'améliorer leur situation du fait de tous ces disparus. Shirley Hazzard analyse très finement les êtres, leurs ressentis, la façon dont ils perçoivent le monde qui les entoure et comment ils les modifient. De même elle met en lumière, par petites touches, les fonctionnements de la société, la façon dont les individus sont amenés à rentrer dans un cadre. Et de ce côté la Nouvelle Zélande de l'époque paraît redoutable. La condition des femmes est tout particulièrement désespérante. La vie mère de famille ou à défaut un petit emploi subalterne, ne permettant par grand chose. Mais l'auteur évoque toutes ces questions avec beaucoup de subtilité, rien d'appuyé ni lourd, nous voyons justes les êtres vivre, et leur horizon se rétrécir peu à peu, on les sent presque s'asphyxier progressivement. J'ai tout de même moins apprécier ce livre que Le passage de Vénus parce que j'ai été un peu ennuyé de voir Hiroshima ou d'autres lieux marqués par la guerre, n'être là que comme une sorte de décor à l'arrière plan, dont on nous rappelait l'existence de temps en temps, comme s'il y en avait besoin. Shirley Hazzard est infiniment plus à l'aise pour évoquer les êtres leurs blessures, les oscillations de leur conscience que des événements de l'histoire. Et ce servir de ce genre de cadre vraiment à l'arrière plan, j'ai du mal à voir ce que cela apporte à l'histoire du roman, qui est belle et touchante. Cet auteur semble surtout écrire à partir d'un certain nombre de choses qu'elle a vécu, et elle a peu écrit de fiction, et une partie n'est pas traduite, ce qui est dommage, parce que j'aurais bien poursuivi avec elle. | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Shirley Hazzard Dim 30 Mai 2010 - 17:07 | |
| Le Grand Incendie Je sors de ce roman à la fois bouleversée, étranglée et vivifiée. A la fois triste de le quitter et charmée par la découverte d'une écriture vraiment très particulière, très sèche et en même temps inventive, drôle et noire, dure, rocailleuse et limpide. Comment survivre à la guerre, à la destruction, à l'inhumain ? Comment échapper aux cauchemars vécus pendant la guerre, aux vies arrachées, détruites, écartelées ? Par l'amour, l'écriture, par la fuite, loin très loin, mais en 1947, il est impossible de ne pas voir les mutilés, les estropiés, les fous, les mélancoliques, de ne pas voir les villes exsangues, les appétits éteints, les fantômes dans les yeux d'inconnus. Sans doute, pour alléger la profonde noirceur de ce monde qui tente de se relever mais sera précipiter vers la Guerre Froide, la beauté de l'âme seule peut parvenir à illuminer la vie des personnages, et la culture... la littérature, la curiosité et l'échange... Ce livre bouleversant est un véritable questionnement sur la manière dont l'humanité se relève des tragédies du siècle (le XXème), comment les femmes prennent lentement leur essor, comment les hommes (parangon de la virilité) s'offrent aux larmes, à la tendresse, à la jeunesse. Aldred Leith est celui qui par sa bravoure, sa conscience ("Par ailleurs je crois que j'ai fini par me doter d'une conscience") sa volonté de témoignage, sa poésie intime est l'homme qui lie les deux mondes (celui de l'horreur de la guerre, Hiroshima et les camps et celui de la reconstruction nécessaire, difficile, douloureuse). Cependant tout comme Arabella, j'ai regretté que ni le Japon, ni la Chine ne soient pas des éléments plus importants de l'intrigue (un moment, le Londres de l'après-guerre devient l'image du monde occidental affamé, misérable, dépouillé comme sont les personnages anglais, perdus, blessés, malheureux et cependant en passe de s'ouvrir à une nouvelle forme d'humanité). Je me suis même parfois trouvée un peu perdue, délocalisée, incapable de savoir où l'action se déroulait, mais au fond, qu'importe... La richesse psychologique des personnages, leur douleur muette, leur ténacité ou leur volonté de sauveur ont palié à toutes les pertes (sporadiques) de repères. Un très beau livre, très doux, très dense, parfois cinglant, lucide (en particulier sur le rôle des armées de libération...), très riche et émouvant. Et je ne résiste pas à vous livrer ce court extrait : " Le moteur ralentit. Ils se lovaient au creux de l'île, qui leur tendait un rameau de lumière blanche en signe de bienvenue. Debout sur la jetée, un marin en uniforme attendait avec une gaffe. La chaloupe s'immobilisa, bascula, puis se glissa de côté en haletant bruyamment. Il y avait un quai en dallage, lessivé par l'écume, marbré d'océan -un plateau de théâtre d'où un escalier monumental s'élevait jusqu'à un portique de colonnes cannelées : une parodie de Venise, signée Mussolini. L'école navale des vaincus était devenue un hôpital pour les vainqueurs." et encore : " Mrs Driscoll, malgré sa taille moyenne, faisait illusion : ses attributs -tête taurine, épaules martiales, mousse de cheveux blancs relevés au sommet du crâne- contribuaient à lui donner de l'altitude. Derrière des lunettes, au milieu d'un verre épais, brillait l'oeil, petit, vif, dur comme une agathe." et les dialogues sont tous dans la même veine ou l'art de tirer une flèche acérée en plein coeur de la cible ! et pourtant il s'agit d'un roman d'amour mais de tellement plus également... | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Shirley Hazzard Dim 30 Mai 2010 - 19:49 | |
| Oui, vraiment un très beau livre. Shirley Hazzard a une écriture et un univers bien à elle et c'est vraiment dommage qu'elle n'ait pas écrit d'avantage. | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Shirley Hazzard Lun 31 Mai 2010 - 12:20 | |
| - Arabella a écrit:
- c'est vraiment dommage qu'elle n'ait pas écrit d'avantage.
elle vit encore, cela se peut qu'il y aura encore un, deux livres d'elle mais considérant le fait qu'elle a mit 20 ans à écrire Le grand incendie, les chances sont en effet pas très grandes mais - les éditeurs français ont encore du travail à faire: deux autres romans d'elle et deux recueils de nouvelles à traduire | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| | | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Shirley Hazzard Mer 8 Sep 2010 - 15:53 | |
| Shirley Hazzard : La Baie de midi. - Gallimard La rencontre salvatrice de deux femmes, à la lumière d' un style subtil et déroutant. Un récit enfin traduit. Un bel article de Christine Landrot dans Télérama, n° 3165 | |
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| | | | Shirley Hazzard | |
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