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 Samia Serageldin [Egypte]

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eXPie
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Samia Serageldin [Egypte] Empty
MessageSujet: Samia Serageldin [Egypte]   Samia Serageldin [Egypte] EmptyDim 6 Jan 2008 - 20:37

Samia Serageldin [Egypte] Samia_10

Samia Serageldin est née au Caire dans les années 50. Elle a fait des études de politique à l'Université de Londres.
Elle vit maintenant aux Etats-Unis.


La Maison du Caire. Roman traduit de l'anglais par Rose-Marie Makino-Fayolle (traductrice de Yoko Ogawa, entre autres). 315 pages.

Il s'agit d'un roman semi-autobiographique.

Gihan (Gigi) est une femme qui revient en Egypte après de nombreuses années passées aux Etats-Unis.
Elle veut y retrouver son fils, resté au pays.

Entre autres sujets, ce roman parle de l'exil, de l'adaptation à d'autres cultures.

Au début du roman, alors qu'elle est encore dans l'avion, Gihan parle avec des Américains, elle agit en Américaine.
Mais dès qu'elle atterrit en Egypte, elle s'adapte.

Citation :
"Mais les véritables caméléons sont ceux qui ont un pied dans chaque univers, qui se déplacent doucement de l'un à l'autre, ajustant leur langue et le langage de leur corps, calibrant le choix des émotions qu'ils étalent, marchant sur le fil des manières et des coutumes. Fait avec élégance, cela peut paraître désespérément facile, mais il y a toujours un prix à payer. Cela n'implique aucune hypocrisie, seules les bonnes manières universelles sont impératives : faire les choses appropriées, pour que ceux qui se trouvent autour de vous se sentent bien. Pour le caméléon, c'est une question de survie." (pages 9-10 ).

Un peu plus tard, elle est à la douane :
Citation :
"On ne distingue ni le noir ni le blanc, seule une infinité de gris parmi cette population des plus mélangée et rétive aux couleurs. Dans quelques heures, je ne le remarquerai plus, comme je ne verrai plus l'inévitable voile de poussière de désert dans le soleil total, comme une couche de cendre sur les bâtiments gris, les véhicules couverts de suie, les feuilles des arbres et les sombres vêtements d'hiver de la population." (page 11 ).

Les mécanismes du caméléon se mettent en place…

La Maison du Caire, c'est la maison familiale dans laquelle réside le Pacha, le plus vieil oncle de la narratrice, qui est le chef du clan. C'est une famille importante, qui pèse politiquement.

Les souvenirs constituent les deux premiers tiers du roman : le sacrifice du mouton qui ne se déroule pas comme il l'aurait fallu, à cause de la petite Gihan, inaugure une année-charnière pour la famille. C'est le début de gros problèmes, la réforme agraire de 1961.

Citation :
"Nasser faisait son discours, une de ses harangues de trois heures régulièrement diffusées à la radio et à la télévision. La voix hypnotique et familière s'élevait et retombait, faisant écho, à travers les fenêtres ouvertes, aux radios marchant à fond dans les rues." (page 27 ).

Tout change… l'éducation aussi :

Citation :
"Le nouveau cours de socialisme arabe semblait se focaliser sur l'identification des « ennemis du peuple », et le professeur éprouvait une satisfaction évidente à l'enseigner. Il nous enfonçait dans la tête les noms du triumvirat du Malin : « Impérialisme, féodalisme et capitalisme. » Chaque fois qu'il répétait les mots « propriétaires terriens », ou « capitalistes », il regardait dans notre direction, à Aleya Bindari, qui était assise un rang derrière moi, et à moi." (page 33).

La situation matérielle se dégrade…

Vient la préparation du baccalauréat, mais Gigi préfère lire Stendhal plutôt que de la littérature arabe.
Shamel, son père, lui dit :
Citation :
"Alors, tu peux certainement arriver à lire une douzaine de pages par jour de Naguib Mafouz.
- Ses livres sont tellement… déprimants, dit-elle en feuilletant un volume intitulé Passage des Miracles.
Gigi avait déjà emprunté au cours d'un trajet en voiture quelques-unes de ces ruelles décrites par Naguib Mahfouz, le nez résolument plongé dans un roman français, évitant de regarder les mendiants, les carcasses de viande pendues à des crochets aux devantures des bouchers, les mouches sur le visage des enfants, la paysanne assise jambes croisées sur un quai de gare, la poitrine nue, un bébé tétant l'un de ses seins gonflés.[…]
- Un jour, tu apprécieras l'écriture de Mahfouz. Mais ce n'est pas important pour l'instant." (pages 63-64 ).

Avant Gigi, son père avait fait un mariage arrangé :
Citation :
"On admit de mauvaise grâce que le choix de Shamel était parfaitement approprié de bien des façons, et que sa fiancée avait la meilleure des réputations, c'est-à-dire aucune" (page 52 ).

Coup d'état, assassinats… la situation de la famille dépend étroitement de la situation politique.

Citation :
"Les partis politiques étant bannis en Egypte – il n'y en avait qu'un, le Parti national socialiste du régime – la manie du football était un substitut." (pages 80-81)
Du coup, Gigi, qui conduit une Simca rouge, a peur qu'elle se retrouve repeinte aux couleurs rouge et blanc d'une équipe. Heureusement, le minadi est là. Le minadi, c'est "l'un de ces hommes qui s'étaient élevés eux-mêmes au rang de préposé au parking et qui offraient de surveiller les voitures garées en triple file. En échange d'un petit pourboire, ils les mettaient à l'abri des rondes de police, ainsi on n'avait pas de contravention et la voiture n'était pas remorquée." (pages 79-80)

Puis vient Sadate, les Soviétiques sont jetés dehors et les Américains gagnent en influence…
Les choses changent… un peu.


Il y a quelques passages amusants dans le roman, comme par exemple :

Citation :
"La conversation s'orienta vers la politique, comme toujours en Egypte, peut-être parce que le temps était trop stable pour offrir un autre sujet." (page 251 )


Gigi n'est pas la seule exilée… Il y a aussi les exilés de l'intérieur :

Citation :
"Les portiers nubiens du Caire forment une caste à part. Ils émigrent au nord de leurs villages très étendus en Nubie et au Soudan, laissant femmes et enfants derrière eux, pour s'engager dans la vie monastique des sous-sols, cages d'escalier, garages des villas et des immeubles partout dans la cité. Deux fois par an ils rentrent chez eux en Haute-Egypte, sans doute pour produire la nouvelle génération de leur profession.Cette entière confrérie semble entretenir des liens qui en font un formidable réseau souterrain courant à travers les rues de la capitale." (page 290-291 ).


Lorsque l'exil dure trop longtemps, on a du mal à trouver sa place : les souvenirs emmènent vers un ailleurs, et lorsque l'on y retourne, c'est pour s'apercevoir que le temps a passé, emportant irrémédiablement ce que l'on a connu, pour laisser quelque chose de différent à sa place. La société évolue sans nous.

Un roman intéressant et instructif, dépourvu des amourettes calibrées grand public et d'exotisme de pacotille.
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http://www.plathey.net
 
Samia Serageldin [Egypte]
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