Yoshimura Akira

Arabella a écrit:

Akira Yoshimura nous laisse suivre l'évolution de son personnage, en restant en quelque sorte en arrière, dans un style relativment dépouillé. Et ce n'est jamais prévisible, on suit cette histoire jusqu'à la fin sans savoir ce qui va suivre. Une lecture plus qu'intéressante.

décidemment un de ces auteurs dont je veux lire tout..

C'était une première pour moi, mais je ne vais pas m'arrêter là

Le convoi de l'eau:

Coup de coeur

Quelle écriture magnifique! Sur les traces du pardon, du respect...
Que dire? Invitation à la lecture sans aucun doute!

extrait:

« Je croyais qu’il y avait tapi au fond de moi quelque chose de mystérieux que je ne pouvais absolument pas contrôler. Une fois que la violence s’emparait de moi, elle s’exacerbait sans que je puisse l’arrêter, pour éclater soudain comme si une digue se rompait. Alors, mon corps se remplissait comme d’eau chaude d’un vif plaisir. »

Le convoi de l'eau-

Ayé, à mon tour j'ai flanché...

Très beau roman, court et intense, qui laisse comme l'impression de sortir d'un songe!
Beaucoup en ont parlé, il est vraiment question d'atmosphère ici, avec un personnage entre deux mondes: le passé qui lui revient par bribes et dont il cherche à s'échapper, celui du hameau appelé à disparaître, et le présent qui broie dans le fracas ces vestiges d'humanité. Il y a des parallèles constants entre le retour à la terre, l'ensevelissement (de sa femme, de son passé, du village) et la résurgence de la vie, de ce mouvement perpétuel symbolisé par ces habitants reconstruisant inlassablement leurs toits de mousse, comme le feraient des fourmis -j'aime bien l'image des insectes dont parle Nezumi. Ils sont toujours vus de loin effectivement! -

Le héros est un homme à part, au passé flou et aux coutumes bizarres aussi- je vous laisse la surprise -un peu perdu au milieu de ses semblables, eux-mêmes frustres et condescendants face à des villageois dont les rites étranges le fascinent plus qu'ils ne l'inquiètent, au contraire des autres.

Je n'en dévoilerai pas plus mais je vous incitererai vivement à mon tour à découvrir ce beau texte à l'écriture limpide et concise, jouant superbement sur l'attrait que peut exercer la confrontation de deux univers, sur cette impression de mystère indéfini qui entoure le récit et qui envoûte totalement.
Comme les protagonistes on erre entre deux états, la curiosité et un certain dégoût lorsqu'il décrit les chairs en décomposition ou ces crânes que l'on déterre.
C'est un sentiment étrange, assez flou mais qui nous tient jusqu'à la fin. Pour finir sur une note ultra poétique et un bien être évident! Toujours ce plaisir de refermer le livre la tête encore dans les nuages où le narrateur nous laisse d'ailleurs...

Merci aux Parfumés pour cette belle surprise!

aériale a écrit:

Merci aux Parfumés pour cette belle surprise!

et merci à toi pour ton commentaire..
ce livre va figurer dans mes coups de coeur de cette année

Je vois qu'il fait l'unanimité...je vais donc le noter...Et le conseiller à ma libraire...

coline a écrit:

Je vois qu'il fait l'unanimité...je vais donc le noter...Et le conseiller à ma libraire...

oui.. bonne idée.. ce livre est vraiment

Ça fait plaisir que tu l'aies apprécié aussi, Aériale.

kenavo a écrit:

ce livre va figurer dans mes coups de coeur de cette année

Moi aussi, sans conteste.

Nezumi a écrit:

kenavo a écrit:

ce livre va figurer dans mes coups de coeur de cette année

Moi aussi, sans conteste.

à tout les moments quand je vois la couverture.. quand quelqu'un en parle - j'ai ce 'frisson' d'enthousiasme..
et c'est marrant - un tel coup de cœur m'arrive depuis des années toujours en début d'année.. je suis sûre que je vais encore avoir de belles lectures pendant cette année.. mais ce livre est déjà au dessus de tous

Nezumi a écrit:

Ça fait plaisir que tu l'aies apprécié aussi, Aériale.

Oh oui les filles, je l'ai aimé et c'est grâce à vous (faut ajouter Expie quand-même )
Mais surtout Coline, conseille le à Laurence pour sa librairie!

Il y a plein de lectures parallèles dans ce récit. Quelqu'un dit plus haut qu'il renferme plein de richesses en peu de lignes. Et c'est si vrai!
Un coup de coeur tout en douceur ...

Oui, vraiment un superbe livre rempli d'humanité derrière une certaine violence teintée de poésie. Un monde singulier et fascinant. Auteur magistral pour moi.

LE CONVOI DE L'EAU.

C'est un roman qui narre la confrontation de deux mondes : celui des habitants du hameau, calme, mystérieux, silencieux, à l'écart de la civilisation ; celui des ouvriers auquel le narrateur appartient, plus bruyant (dialogues), plus proche du nôtre. On sait d'entrée de jeu que le hameau sera détruit en raison de la construction d'un barrage par les ouvriers. Entre ces deux mondes, il n'y aura jamais d'échanges verbaux, exception faite peut-être de l'épisode de l'indemnisation, encore qu'un accord sans parole de la part du hameau est plausible. Pour le narrateur, ce travail lui donnera l'occasion de se délester d'un lourd passé, d'autant plus que le séjour s'étale au moins sur six mois (caractère rédempteur).

De nombreux parallèles sont à faire. Par exemple : ce hameau qui ne croît pas face à des ouvriers dont le nombre augmente de six cents personnes, créant un sentiment d'oppression, l'idée aussi que le hameau va se faire massacrer par ces ouvriers ou le monde qu'ils représentent. L'auteur joue en permanence sur l'opposition de ces deux blocs.

Les descriptions sont nombreuses, minutieuses, alternant des scènes assez paisibles à des scènes bien plus violentes, et tout cela dans un style très fluide. La nature est magnifiée avec un style très poétique.

Les habitants du hameau ont des rites étranges, dont l'interprétation est laissée à notre libre arbitre. C'est là l'un des points les plus troublants car notre interprétation fluctue au fil des événements et des pensées du narrateur.

Dualité de l'atmosphère : calme et oppressante. L'envol de chauves-souris vers la fin renforce le sentiment de noirceur.

Le roman fourmille de thèmes : la mort, la sexualité, la trahison, la nature, la solitude, la guerre, la prison, etc. Il se termine sur une interrogation : que deviennent les habitants du hameau ? Où partent-ils ainsi ?

Un véritable coup de cœur. J'ai adoré !

Eve Lyne a écrit:

Un véritable coup de cœur. J'ai adoré !

Merci pour ton commentaire.. je pense que ce livre ne peut qu'être un coup de coeur

à chaque fois que je lis qu'il y a un nouveau avis de lecture, j'ai envie de le relire

Citation :

à chaque fois que je lis qu'il y a un nouveau avis de lecture, j'ai envie de le relire

Alors je vais en rajouter, et tu vas le relire!
Non, je crois que tout a été dit sur ce troublant- et beau- récit d'une rédemption , Nezumi emploie le mot:

Citation :

rédemption trouvée auprès d’un monde animal mutique…

Rédemption par assimilation après des gestes symboliques similaires, difficile d'en dire plus, et pardon accordé par procuration, en quelque sorte..

La posture de la fille disait bien qu'elle expiait sa faute...Dans mon état d'esprit actuel, je me disais que si ma femme avait eu la même attitude, je n'aurais pas pu ne pas lui pardonner...

Peut être pas vraiment d'accord sur les termes " animal mutique": dans quelle société animale un élément femelle est-elle contrainte au suicide après "souillure"?
Et j'ai vu un véritable échange dans les gestes réciproques du narrateur et du frère de la jeune femme, mais, bien sûr, et comme tu le dis aussi, chacun y voit un peu ce qu'il veut..