Veqet [Russie]

Ecrivain tchouktche (la Tchoukotchka se situe à la pointe de la péninsule sibérienne), née en 1934 à Uvelen, Veqet est l'auteur de Peaux de phoque, traduit du tchouktche par Charles Weinstein (qui dans sa postface parle d'un deuxième roman en cours de création).


Peaux de phoque, 1988

Ce court roman narre l'existence de Tynenne, de ses deux fils et de son mari joliment décrit ainsi :

Veqet a écrit:

Son sobriquet, Alaloïnyn le Gros Excrément, un surnom moqueur dont on l'avait affublé en raison de sa piètre allure, lui était resté.

Le style, très efficace, nous apprend nombre de choses sur le mode de vie tchouktche et on suit avec enthousiasme l'ascension des deux fils dans les sphères de cette société.
C'est vachement bien.

Hé hé, je me vois bien, à la Fnac, demander le rayon de littérature tchouktche

Quelle idée de traîner dans un supermarché, aussi.

Pour développer un brin sur le roman de Veqet, il n'est pas sans faire penser aux récits éthnographiques de Jørn Riel (la trilogie du Chant pour celui qui désire vivre, par exemple (surtout)), mais c'est certainement un écho arctique. Dans Peaux de Phoques, il y a une compétition, une finalité meilleure, une réussite sociale qui n'est pas présente chez Riel, enfin pas sous cette forme. Ici, un passage m'a même fait penser à du Thorgal (dans les Archers), le tout reste captivant.
Et original, malgré tout.

EXPie, tu ne risques pas de trouver de "littérature tchouktche" à la Fnac ou
ailleurs, mais elle compte pourtant un romancier estimable, Iouri Rythkeou.

Hé hé, je ne me faisais pas beaucoup d'illusions, déjà que lorsque j'ai demandé, à la Fnac de la Défense, où se trouvaient les livres consacrés à l'analyse de la littérature norvégienne, le gentil monsieur qui sert de vendeur a ouvert de grands yeux ainsi que sa bouche, l'a refermée (sa bouche) mais a gardé ses yeux grands ouverts, et a failli téléphoner à Sainte-Anne.
Si je demande le rayon de littérature tchouktche, pas de doute, il tombe dans les pommes, se fracasse sa boîte crânienne - je ne qualifierai pas le bruit que cela rendra - , et je serais inculpé de meurtre.

Le bon côté, c'est que j'aurais beaucoup plus de temps pour me pencher avec profit sur Iouri Rythkeou...

Euh, dis-moi, il a écrit quoi, ce brave homme ? Y aurait-il un fil quelque part ?

eXPie a écrit:

Le bon côté, c'est que j'aurais beaucoup plus de temps pour me pencher avec profit sur Iouri Rythkeou...

Euh, dis-moi, il a écrit quoi, ce brave homme ? Y aurait-il un fil quelque part ?

J'ai lu de lui L'étrangère aux yeux bleus, j'en garde un souvenir assez vague, car je n'avais pas été vraiment convaincue par ce livre. Il s'agissait d'une ethnologue qui s'integrait à la vie d'une famille tchouktche, dans le contexte de la repression des minorités par les soviétiques. Enfin je pourrais pas en dire beaucoup plus

Ah, bah voilà !
Il y aurait eu un joli forum (ou un vrai rhum, d'ailleurs... il n'y a pas que l'aquavit dans la vie, surtout en pays tchouktche) littéraire à l'époque, tu aurais immortalisé ta critique en la projetant dans le cyber-monde, ce qui t'aurait servi par la suite... et à nous autres par la même occasion !

Bon allez, d'abord une rectification. Rytkheou s'écrit ainsi. Et vous pouvez essayer de lire de lui, Unna (Ed. Actes Sud).

Ce livre confirme qu'il y a maintes façons d'exterminer un peuple. Et que la plus sournoise, sinon la plus efficace consiste à détruire sa culture et son mode de vie.
On a vu comment le massacre des bisons a beaucoup contribué à la déchéance des Indiens d'Amérique du Nord.
Le renne, c'était un peu le bison des Tchouktche, une petite ethnie de quelques milliers d'habitants, voisins des Inuit et vivant prés du Détroit de Bering.
Le pouvoir soviétique obligea les enfants à fréquenter les écoles russes
dans les années 50 ou la langue tchouktche était interdite.
La population était sédentarisée dans des régions impropres à la pature des rennes. Le chamanisme et l'animisme bannis.
Pour finir, des projets d'exploitation minière, pétrolifère et gazière menacèrent durablement leur mode de vie.
Que reste t'il à un peuple aussi dépossédé, sinon boire jusqu'à se détruire...
C'est cet aspect là du roman qui m'a interessé surtout. Mais il y a une intrigue romanesque qui décrit la déchéance de ce peuple à travers
l'histoire d'une fille soviétisée et intégrée qui accede à un certain pouvoir
en tournant le dos aux siens, avant de sombrer elle meme de façon pitoyable...

Petit ajout extra-littéraire suite à une publicité entendue sur une radio d'Etat ce matin pour en savoir peut-être plus (et prolonger les lectures de ce sujet) sur les Tchouktches : ils feront l'objet d'un reportage dans le petit écran, vendredi : http://www.thalassa.france3.fr/index-fr.php?page=emission&id_article=1058

Merci, Gunnar, ça m' interesse !

Moi aussi ça m'intéresse Gunnar

Il y a eu un documentaire intéressant sur les Tchoutches récemment sur france 5. Je les admire de parvenir à vivre dans un tel environnement ! Et aussi de tenter de préserver ce qui demeure de leur culture ancestrale...
Je note le titre du roman, merci.