Lenny Abrahamson (Garage, Room)

Queenie a écrit:

Parce que j'ai eu un peu la même impression qu'Animal. Un brin conventionnel et trop linéaire, et plat. en fait il manque de rythme, j'ai trouvé. Il y a quelque chose qui fait que je suis restée assez neutre et distante par rapport à toute cette histoire.

Je n'ai pas été génée par la lenteur, bien au contraire Queenie! Elle m'a au contraire permise de m'immiscer dans cette torpeur, cet ennui profond qui rythme la vie des personnages et surtout aide à comprendre Josie.

Comme toi Coline, j'ai aimé l'atmosphère minimaliste de ce petit bout de village irlandais dont l'on ne voit pas grand chose . Et j'ai surtout fondu devant Josie, sa générosité, sa candeur et son besoin de bien faire.
Il est dans sa bulle, protégé d'un monde auquel il ne comprend pas grand chose et dont il s'éloigne inévitablement. Sa naiveté le protège de la grisaille et du vide qui rend amères ses compagnons de pub. Leurs ricanements et leurs moqueries lui ouvrent parfois les yeux, mais il préfère garder ceux de son enfance. Peut-être par choix aussi, car ce balourd si touchant possède avant tout l'intelligence du coeur, cette sensibilité à fleur de peau qui lui permet d'écouter un vieil irlandais pleurer le temps révolu ou comprendre la solitude d'un ado.

Ses idéaux sont simples, sa vie bien réglée: sortir son présentoir, donner des pommes à un cheval solitaire, ou rêver lorsqu'il croise son ami routier. Il s'accroche à ses petits manies parce qu'elles le rassurent, et que pendant ce temps l'intolérance et l'âpreté du monde, il ne s'en soucie pas...
Une bien jolie histoire sur l'univers décalé d'un innocent, parfois drôle mais surtout débordant d'humanité. Sobre, bouleversant, à la fois triste et lumineux, j'en suis ressortie toute retournée...
Un cinéaste à retenir!

aériale a écrit:

Sa naiveté le protège de la grisaille et du vide qui rend amères ses compagnons de pub. Leurs ricanements et leurs moqueries lui ouvrent parfois les yeux, mais il préfère garder ceux de son enfance.

[...] Sobre, bouleversant, à la fois triste et lumineux, j'en suis ressortie toute retournée...

J'ai une vraie tendresse pour ce film alors tu me vois ravie qu'il t'ait plu aussi...

coline a écrit:

J'ai une vraie tendresse pour ce film alors tu me vois ravie qu'il t'ait plu aussi...

Et moi Coline! Je te suis vraiment reconnaissante de l'avoir si bien défendu et d'en avoir fait ce superbe commentaire
Pour moi un des films de cette année qui m'auront marquée, c'est sûr!

J'en ai mis du temps avant de l'écrire ce commentaire...Je l'ai fait grâce à Animal ...

je suis finalement allée voir ce film.. recommandé il y a plus d'un an par coline - heureusement que le petit cinéma de ma ville a toujours une guerre de retard dans son programme. Je n'ai rien à ajouter par rapport au commentaire de la page précédente. Magnifique. Triste. Puissant. Ce qui est précieux..
merci.

alaska a écrit:

je suis finalement allée voir ce film.. recommandé il y a plus d'un an par coline - heureusement que le petit cinéma de ma ville a toujours une guerre de retard dans son programme. Je n'ai rien à ajouter par rapport au commentaire de la page précédente. Magnifique. Triste. Puissant. Ce qui est précieux..
merci.

Ah!...Alaska!...D'abord te dire que je suis ravie de te retrouver sur Parfum de Livres...et de savoir que tu es finalement allée voir ce film qu'il m'a fallu défendre sauvagement...et surtout que tu l'as apprécié...

Tiens.
J'aurais pas cru que Room était du même réalisateur que Garage.

Adaptation de l'incroyable bouquin de Donoghue.

Scénario qui se tient, acteurs impecc, quelques chouineries.
La réalisation ne parvient pas tellement à faire ressortir le côté fantasmagorique et flippant qui hante cette femme et son enfant. Dommage.
Une histoire qui se suit. Et qui émeut.
Avec son petit moment de tension.

Reste que sans une histoire et des acteurs aussi prenants, le film ne brille pas par sa réalisation, et je trouve qu'il aurait pu, il en avait des portes.

Room

Je partage dans l'ensemble l'impression de Queenie. Le film transmet pourtant une forte intensité émotionnelle, grâce notamment à la tension exprimée par les interprètes. Lenny Abrahamson réussit également à trouver un équilibre sans véritable rupture entre les deux parties, soulignant ainsi la puissance et la fragilité du lien mère/enfant, à la recherche d'une continuité.

La mise en scène est par contre frustrante dans sa tendance à se disperser : à la hauteur de l'enfant, puis des adultes dans un aller-retour constant, Abrahamson veut saisir l'étendue d'un traumatisme mais le découpage des scènes devient presque trop visible. Les personnages secondaires manquent aussi de présence alors que des développements auraient mérité plus de nuances. Room impressionne souvent car le film ne masque pas l'ampleur d'une souffrance, d'une cassure, mais les ambitions du réalisateur ne sont pas assumées jusqu'au bout.

Room

On connait ces histoires depuis. Une jeune femme enlevée et séquestrée par un sale type. Des petites jeunes femmes qui sont libérés par hasard, qui se sont battus pour le faire, qui ne pensait plus à le faire, ou qui ne pensait pas qu’elle pouvait le faire. Room raconte une de ces histoires. La petite jeune femme a un enfant de son ravisseur et survit dans une petite chambre qui devient tout l’univers auquel son enfant et elle-même ont droit. Alors elle imagine des histoires qui supporte la thèse que le monde extérieur n’existe pas, qu’au-delà des murs de la chambre existe un autre monde. Et elle le raconte à son enfant pour qu’il supporte son enfermement. Elle vit en autarcie complète avec son enfant et s’occupe de lui magnifiquement mais ne se sent pas capable de se battre. Puis un événement arrive qui la fait se décider à tenter sa chance. Elle commence à raconter à son enfant le monde extérieur.

Toute la première moitié du film est excellente. Je me suis sentie de plus en plus oppressée et désespérée. Impatiente de les voir sortir. La deuxième partie était « moins » réussie. Je l’ai trouvée un peu bâclée, rapidement réglée. Et pourtant le message que le film voulait faire passer est tout à fait logique. L’enfant qui est plus "élastique" et se remettra mieux du traumatisme. Elle, qui devrait être heureuse mais sombre et ne s’adapte pas à sa nouvelle liberté età l’espace qu’elle possède désormais. La relation autarcique qui est brisée et qui ne se reconstruit pas dans un premier temps.

Le petit garçon, Jacob Tremblay, est absolument adorable et bon acteur. Incroyable ces metteurs en scène qui arrivent à comprendre assez les enfants pour les faire jouer (avec beaucoup d’aide surement). J’aime beaucoup Brie Larson. Malgré ma petite critique à propos de la deuxième partie, j’ai aimé le film.