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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 43
Sujet: Mark Twain Dim 24 Fév 2008 - 14:13
Qu'on n'ait pas encore écrit sur Mark Twain a de quoi étonner... :)
Hemingway disait que Les aventures de Huckleberry Finn était définitivement à lire, un incontournable de la littérature états-unienne.
Parfois, à l'image de Jack London, on a confondu les livres de Twain comme étant de la littérature jeunesse. Mais c'est tout simplement le ton qui est nouveau, spontané, et qui fait la caractéristique des littératures nord-américaine, qui trace la ligne de démarcation.
De plus, Twain a également écrit une biographie de Jeanne d'arc et une autobiographie, en plus de livres relatant ses péripéties entourant la guerre de Sécession...
Dernière édition par Portouverte le Dim 24 Fév 2008 - 19:21, édité 1 fois
Dolce.vita Envolée postale
Messages : 147 Inscription le : 02/02/2008 Age : 44 Localisation : 93
Sujet: Re: Mark Twain Lun 25 Fév 2008 - 23:33
Tiens, Mark Twain !
ça me fait sourire parce que justement, pour mon anniversaire en janvier, une amie m'a offert "les aventures de Tom Sawyer" et celles de "Huckleberry Finn".
Je pense le lire bientot, j'ai très envie de mettre un texte derrière ce petit garçon que j'ai découvert petite dans le dessin animé ...
Pour ceux qui ne seraient pas encore convaincus du génie novateur de Mark Twain, l'éditeur gersois Tristram a demandé au traducteur Bernard Hoepffner une nouvelle traduction de Tom Sawyer et de Huckleberry Finn. Hoepffner s'est rendu compte que les traductions de ces deux livres ne tenaient pas : tronquées, édulcorées, gommant la dimension politique.
"Mark Twain, dit il est tout à la fois un écrivain reconnu, un notable de son temps, mais aussi un esprit dissident, une sorte de millionnaire anarchiste, qui pose un regard critique sur cette société sudiste dont il est issu, et notamment sur l'esclavage, qui en est une des assises."
Mais la critique principale que Hoepffner adresse aux traductions françaises, c'est de ne pas avoir assez tenu compte de la démarche radicale de Huckleberry Finn par rapport à Tom Sawyer dont il est la suite. Au lieu de faire un récit à la 3e personne, Twain fait s' exprimer à la 1e personne un gamin illettré et il donne aussi la parole aux esclaves en la personne de Jim. Et il introduit ainsi le langage parlé dans la littérature anglo-saxonne. Et je crois qu'au delà des commentaires, il faut relire L' ile au trésor, Robinson Crusoe, Les Voyages de Gulliver ou Moby Dick sans oublier ce qu' ils nous ont apporté enfant mais à travers des traductions nouvelles et surtout complètes. Et sur ce, je vais essayer de faire commander cette traduction à ma Bibliothèque. Les aventures de Tom Sawyer et Les aventures de Huckleberry Finn. Ed. Tristram, 2008. A noter que le nom de Tristram a été choisi par les éditeurs en se référant à Tristram Shandy de Sterne, un des chefs d’œuvre de la littérature anglaise.
coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
Sujet: Re: Mark Twain Sam 27 Sep 2008 - 21:01
bix229 a écrit:
Les aventures de Tom Sawyer et Les aventures de Huckleberry Finn.
Souvenir d'enfance...Je l'ai lu et relu plusieurs fois celui-là...
Sydney Envolée postale
Messages : 166 Inscription le : 14/10/2008
Sujet: Re: Mark Twain Mer 18 Fév 2009 - 12:48
Les aventures de Tom Sawyer et Les aventures de Huckleberry Finn. Ed. Tristram, 2008.
4e de couverture:
Citation :
Huck Finn, le camarade vagabond de Tom Sawyer, est retenu prisonnier par son père ivrogne dans une cabane au fond des bois. Il s'échappe, se réfugie sur l'île Jackson, où il retrouve Jim, l'esclave en fuite de miss Watson. Avides d'aventure et de liberté, tous deux commencent à descendre le Mississipi sur un radeau. Mais à chaque étape du voyage, toutes sortes d'événements surviennent qui obligeront Huck à prendre de graves décisions... Sa découverte, en Jim, d'un homme semblable à lui marque une date dans l'éveil de la conscience anti-raciste américaine. Mark Twain est l'un des auteurs les plus important de toute la littérature américaine. Pionnier d'une écriture "spontanée", il a introduit le langage parlé dans l'écrit. Comme l'a dit Hemingway: "Avant, il n'y avait rien. Depuis, on n'a rien fait d'aussi bien."
Son chef-d'oeuvre, Aventures de Huckleberry Finn [...], le plus souvent disponible dans des adaptations, tronquées, indifférentes à sa qualité d'oeuvre littéraires, n'avait pas encore bénéficié en français d'une traduction qui rende justice à la saveur et à l'énergie incomparables du texte original.
Comme beaucoup de membres de la génération télé-maniaque, j'ai découvert Tom et son pote Huck dans leurs aventures animées précédées d'un hymne à la pop rock française : Tom Sawyeeeer, c'est l'amériqueuuuh, le symboleuh de la libertéééé, tadada, tadataaah"... C'est donc avec une nostalgie non dissimulée (cachant un freudien fantasme de retour en enfance?) teintée de désir de connaissance que je me suis plongé dans ce fameux roman-base-de-la-littérature-américaine-d'après-Hemingway.
Évidemment, comme pour tout roman qui m'a passionné, j'ai un mal fou à prendre du recul. Un mois après la lecture, je me demande: Qu'ai-je lu de mieux? Ernest avait raison? En fait, je pense qu'Ernest à tord, mais de peu... presque raison. La langue de Twain est simplement ébouriffante, pleine d'invention, de vigueur, de vie. Une langue vivante, oui, mais plus vivante que celle, académique, qu'on apprend à l'école, c'est celle qu'on apprend dans la vie, c'est celle qu'on vit, celle qui est si difficile à coucher sur papier sans être dénaturée.
Par cette langue, celle de Huck Finn, Twain dresse un portrait sans concession mais débordant d'humour du sud américain, croyant, mesquin, ignorant et raciste au milieu duquel Huck, à travers sa naïveté (d'une lucidité insoupçonnée en fait), tente de faire son apprentissage de la vie, et surtout son apprentissage des autres.
Huck est souvent déçu, jamais le lecteur. 450 pages de talent, de bonheur, de génie.
tina Sage de la littérature
Messages : 2058 Inscription le : 12/11/2011 Localisation : Au milieu du volcan
Sujet: Re: Mark Twain Mar 20 Déc 2011 - 15:03
Le voyage des innocents
Un nom bien ironique pour ce groupe d’Américains en vadrouille un peu partout dans le monde, dans la seconde moitié du 19è (2 ans après la guerre de Sécession, précisément). Monsieur Twain, alors jeune journaliste curieux et avant tout AMERICAIN nous raconte tout ! Avec un regard amusé et vif, un brin décalé. Je vous passe les détails hilarants du côté pratique du voyage sur mer, avec des compatriotes tournés en dérision (il y a les pédants, les gourmands, etc..).
Le plus intéressant concerne la découverte des peuples : les Portugais aux Açores ou les Maures au Maroc, en passant par les Français, considérés comme les plus raffinés. Twain a le don de nous faire vivre en direct sa visite à l’Exposition Universelle ou ses bonnes bouffes. Il y a de l’émotion quand il se rend au Père Lachaise, sur la tombe d’Héloïse… Ou à Notre Dame de Paris. Je ne peux pas tout répertorier (et je n’ai pas fini ce délicieux périple), mais si vous avez l’envie de vous évader, accompagné par un guide loquace et malicieux, lisez le ! Des passages très drôles, d’autres emprunts de préjugés (comme quand il voit défiler Napoléon III et le Sultan Ottoman, dont il fustige le peuple « crasseux, ignorant et superstitieux »
Et aussi du fond.
Je note une remarque étonnante quand il visite le Louvre :
« Nous avons regardé ses milliers de peintures de vieux maîtres. Certaines étaient belles mais elles dénotaient en même temps une telle obséquiosité de la part de ces grands hommes que nous avons eu peu de plaisir à les examiner. Leur adulation écoeurante pour leurs patrons princiers était ce qui me frappait le plus, et elle retenait mon attention plus sûrement que les charmes de la couleur et de l’expression que l’ont dit présents dans les tableaux. (…) S’il existe une excuse plausible à l’adoration pour des hommes, alors n’hésitons pas à pardonner Rubens et ses semblables ». (p. 117)
Je rétorque car ça me démange : oui, il y a une « excuse plausible » à leur flatterie : L’ART.
tina Sage de la littérature
Messages : 2058 Inscription le : 12/11/2011 Localisation : Au milieu du volcan
Sujet: Re: Mark Twain Jeu 22 Déc 2011 - 18:20
Toujours avec cette lecture et voilà Twain arrivé en Italie ! Qui n'est pas en extase face à ce pays ?
Ben lui ! L'Américain !
Très choquant pour nous autres, qui considérons l'Italie comme notre joyau Européen.
Il en a ras le bol de voir des milliers de clous "originaux" ayant troué le Christ dans chaque église visitée, des ossements partout (tous de saints personnages !), des reliques et surtout reste outré de la richesse de l'Eglise.
Son point de vue, bien que prosaïque, est très intéressant. Il n'est pas dupe d'une certaine théâtralité de la religion chrétienne, en tout cas en Italie. Et oppose ce "trompe-l'oeil", comme il dit, à l'authenticité d'une Amérique laborieuse, pragmatique et ambitieuse. Quant aux peintres, il en est fatigué. Et leur reproche de traiter toujours les mêmes modèles (issus de la Bible) ou les princes. Il dit : quand on pense que Titien aurait pu peindre Shakespeare ! En bon esprit pratique, il confère un rôle plutôt historique aux porteurs de pinceaux, là où ceux-ci louent les pouvoirs temporels et/ou spirituels.
Il dénonce une idolâtrie excessive d'une culture tournée vers le panache et le clinquant (il cite Venise surtout, Florence, etc...)
Je me demande ce qu'il penserait de son pays aujourd'hui.
Lecture très stimulante en tout cas et qui sort des sentiers battus.
Et n' oubliez pas Tom Sawyer et Huckleberry Finn, récits plus ou moins autobiographqiues, plein de malices et de fraicheur !
tina Sage de la littérature
Messages : 2058 Inscription le : 12/11/2011 Localisation : Au milieu du volcan
Sujet: Re: Mark Twain Jeu 22 Déc 2011 - 20:33
A ma grande honte, jamais lus.
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Mark Twain Mar 16 Juil 2013 - 23:03
- Les Aventures de Tom Sawyer (The Adventures of Tom Sawyer, 1876), traduit de l'américain par Bernard Hœpffner en 2008. Tristram. 305 pages. Dans sa préface (une page), Mark Twain écrit :
Citation :
"La plupart des aventures que ce livre rapporte se sont réellement produites ; une ou deux d'entre elles sont des expériences personnelles, les autres sont celles de garçons qui étaient mes camarades d'école. Huckleberry Finn est dépeint d'après nature ; Tom Sawyer également, mais pas à partir d'un seul individu - il est la synthèse de trois garçons que je connaissais et appartient en conséquence à l'ordre composite en architecture." (page 9).
Tom Sawyer est - tout le monde le sait - un garçon orphelin qui vit dans un village du sud des Etat-Unis (un patelin nommé Saint-Petersbourg, dans le Missouri, près du Mississipi : il s'agirait en vrai de Hannibal - voir Wikipedia - et, détail amusant quand on connaît l'histoire : "la ville organise chaque année un concours de peinture de palissade en l'honneur de Tom Sawyer.") Il n'aime pas l'école, fait l'école buissonnière, est puni pour une raison ou une autre (les châtiments corporels n'étaient bien sûr pas interdits à l'époque)... Les raisons ne manquent pas !
Texte original
Traduction de Bernard Hœpffner
A brown spotted lady-bug climbed the dizzy height of a grass blade, and Tom bent down close to it and said, "Lady-bug, lady-bug, fly away home, your house is on fire, your children's alone," and she took wing and went off to see about it—which did not surprise the boy, for he knew of old that this insect was credulous about conflagrations, and he had practised upon its simplicity more than once. (Chapitre XIV)
"Une coccinelle à points bruns escaladait les hauteurs vertigineuses d'un brin d'herbe, et Tom se pencha sur elle et lui dit : « Au feu les pompiers, coccinelle, ta maison est en feu, tes enfants sont seuls », et elle s'envola pour aller voir ce qui se passait - ce qui ne surprit aucunement le garçon, car il connaissait bien la crédulité de cet insecte à propos des incendies et il avait déjà plus d'une fois mis sa naïveté à l'épreuve."" (page 133).
Sa tante, qui l'élève, essaye de lui inculquer les bonnes manières, mais c'est difficile, avec un garnement pareil ("I never did see the beat of that boy !", s'exclame sa tante dès le chapitre I) qui tape dans la confiture, prélève du sucre et chipe des pommes dès qu'il le peut. De plus, iI n'aime pas se laver, n'aime pas les vêtements du dimanche qui le serrent trop... "Tom ne possédait pas de mouchoir et considérait ceux qui en possédaient un comme des snobs." (page 53 - "Tom had no handkerchief, and he looked upon boys who had as snobs.", chapitre V).
Dernière édition par eXPie le Mar 16 Juil 2013 - 23:06, édité 1 fois
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Mark Twain Mar 16 Juil 2013 - 23:04
Travailler, étudier, bien se tenir, ne pas jurer... Il y apourtant tellement mieux à faire ! Par exemple, faire la guerre avec les copains :
Rejouer les grands moments de certains livres (Robin des Bois...).
Epater les filles grâce à des acrobaties hors du commun...
... ou bien, par des talents artistiques que les générations futures admireront toujours !
Mais tout cela n'est rien comparé au frisson des expéditions nocturnes !
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Mark Twain Mar 16 Juil 2013 - 23:05
Au début, il y a de la part de Mark Twain quelques leçons un tout petit peu appuyées, mais non dénuées d'humour et finalement pas fausses du tout.
Texte original
Traduction de Bernard Hœpffner
He had discovered a great law of human action, without knowing it—namely, that in order to make a man or a boy covet a thing, it is only necessary to make the thing difficult to attain. If he had been a great and wise philosopher, like the writer of this book, he would now have comprehended that Work consists of whatever a body is obliged to do, and that Play consists of whatever a body is not obliged to do. (Chapitre II)
""Il avait découvert à son insu une importante loi de l'activité humaine - à svoir que, pour qu'un homme ou un garçon désire quelque chose, il suffit de rendre la chose difficile à atteindre. S'il avait été un grand et sage philosophe, comme l'auteur de ce livre, il aurait à présent compris que le Travail est tout ce qu'on est obligé de faire, et que le Jeu est tout ce qu'on n'est pas obligé de faire." (page 28).
On craint que chaque chapitre ne se finisse pas une leçon de morale, mais heureusement ça ne sera pas le cas, et les leçons qui suivront seront globalement plus implicites.
On est dimanche, c'est l'école du Sabbat, puis c'est le service religieux : on comprend donc que c'est très ennuyeux, et que Tom aimerait mieux être ailleurs. Mais voici qu'arrivent des visiteurs...
Texte original
Traduction de Bernard Hœpffner
The middle-aged man turned out to be a prodigious personage—no less a one than the county judge—altogether the most august creation these children had ever looked upon—and they wondered what kind of material he was made of—and they half wanted to hear him roar, and were half afraid he might, too. He was from Constantinople, twelve miles away—so he had travelled, and seen the world—these very eyes had looked upon the county court-house—which was said to have a tin roof. The awe which these reflections inspired was attested by the impressive silence and the ranks of staring eyes. (Chapitre IV)
"L'homme d'une quarantaine d'années se trouvait être un personnage prodigieux - rien moins que le juge du comté - dans l'ensembel, la plus augste de toutes les cratures que ces enfants aient jamais vues - et ils se demandèrent de quoi il était fait - et ils auraient beaucoup aimé l'entendre rugir, et ils en avaient un peu peur qu'il se mette à rugir. Il venait de Constantinople, à douze miles de là - il vait donc voyagé, et visité le vaste monde - ces yeux s'étaient posés sur le tribunal du comté - que l'on disait recouvert d'un toit de zinc. Le respect qu'inspirait ces réflexions était attesté par le silence impressionnant et les rangées de regards fixées sur lui." (page 47)
La suite est très amusante !
Dernière édition par eXPie le Mar 16 Juil 2013 - 23:05, édité 1 fois
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Mark Twain Mar 16 Juil 2013 - 23:05
Mais voici l'autre personnage important du roman : Hucklebery Finn.
Texte original
Traduction de Bernard Hœpffner
Shortly Tom came upon the juvenile pariah of the village, Huckleberry Finn, son of the town drunkard. Huckleberry was cordially hated and dreaded by all the mothers of the town, because he was idle and lawless and vulgar and bad—and because all their children admired him so, and delighted in his forbidden society, and wished they dared to be like him. Tom was like the rest of the respectable boys, in that he envied Huckleberry his gaudy outcast condition, and was under strict orders not to play with him. So he played with him every time he got a chance. Huckleberry was always dressed in the cast-off clothes of full-grown men, and they were in perennial bloom and fluttering with rags.(Chapitre IV)
"Bientôt Tom se retrouva devant le paria juvénile de St. Petersburg, Huckleberry Finn, fils de l'ivrogne du village. Huckleberry était cordialement haï et craint par toutes les mères du bourg, parce qu'il était oisif, et hors-la-loi, et vulgaire, et un mauvais garçon - et parce que tous leurs enfants l'admiraient bueacoup, et prenaient grand plaisir en sa compagnie interdite, et auraient aimé avoir le cran d'être comme lui. Tom était pareil aux autres garçons respectables, en ce qu'il enviait à Huck son statut brillant d'exclu, en outre on lui avait intimé l'ordre le plus strict de ne pas jouer avec lui. Il jouait donc avec lui chaque fois qu'il le pouvait. Huckleberry portait toujours des vieilles frusques d'adulte, une floraison permanente de haillons voletant." (page 64).
Tom imite les héros des livres qu'il adore : pirates, brigands... sans toujours comprendre certains mots un peu compliqués. Le voici par exemple qui s'adresse à Huck :
Texte original
Traduction de Bernard Hœpffner
It's an awful snug place for orgies." "What orgies?" "I dono. But robbers always have orgies, and of course we've got to have them, too. (Chapitre XXXIII)
"C'est un endroit vraiment parfait pour les orgies. » « C'est quoi, un orgie ? » « J'en sais rien. Mais les voleurs ont tout le temps des orgies, et naturellement on devra en avoir aussi. [...] " (page 290).
Bien sûr, tout n'est pas rose dans le livre : il y a également des méchants, des passages dramatiques, du suspens et de l'émotion... Bref, tout ce qui fait une bonne histoire !
Un livre très sympathique, plutôt destiné à la jeunesse, mais qui passe très bien même pour les adultes. Mark Twain reconstitue très bien la psychologie des garçons, et il se moque allègrement des travers de la société américaine provinciale (ah, la lecture publique d'oeuvres "édifiantes" ! et ce passage, encore, lorsque toute la communauté, enfants comme adultes, "fanfaronne" pour impressionner le juge...).
On pourra lire le texte en anglais sur le site Projet Gutenberg (d'où proviennent les reproductions).
Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
Sujet: Re: Mark Twain Mar 27 Aoû 2013 - 11:36
Les Aventures de Tom Sawyer.
Quelle joie que de lire ce livre, et découvrir les Aventures de ce garçon intrépide, culotté et si futé !
Mark Twain arrive parfaitement à donner vie à son personnage principal (et aux personnages secondaires) : un point de vue qui ramène aussitôt à l'enfance, à ces moments où l'on se crée plein d'histoires, où l'on rejoue les aventures de nos héros (le Robin des Bois de Tom Sawyer et le Bioman de mes récrés !). C'est plein de fraîcheur et de vivacité. On colle aux talons dénudés de ce fieffé chenapan embarqué dans des histoires dont il ne mesure pas tout à fait le danger. Du coup, on file comme le vent, on se tapie dans l'ombre, on se bat dans la poussière, on ronchonne devant les corvées, on chipe une pomme, on fait le paon devant les jolies filles.
L'histoire va vite et ne connaît pas une seule fausse note. Et Mark Twain, mine de rien, parvient avec une grande habileté à rendre toute la complexité psychologique et émotionnelle inhérente à l'enfance, et à ce passage tumultueux du temps, et de la maturité.
Et comme dans toute vraie vie d'aventuriers, il y a : Des pirates. Un trésor. Des batailles. Du danger. Du mystère. De l'amour. Du sang. Des grottes.
Heyoka Zen littéraire
Messages : 5026 Inscription le : 16/02/2013 Age : 36 Localisation : Suède
Sujet: Re: Mark Twain Jeu 5 Sep 2013 - 13:01
Queenie a écrit:
Et comme dans toute vraie vie d'aventuriers, il y a : Des pirates. Un trésor. Des batailles. Du danger. Du mystère. De l'amour. Du sang. Des grottes.