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| Hubert Aquin | |
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+3animal Bédoulène jack-hubert bukowski 7 participants | |
Auteur | Message |
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topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Hubert Aquin Ven 31 Jan 2014 - 7:41 | |
| Prochain épisode - shanidar a écrit:
(je me demande si topocl va accrocher !??!) Eh bien.... Euh... Non, pas du tout Je n'ai rien compris à ce livre, ni la pensée, ni les actions, ni beaucoup de phrases. J'ai relu vos commentaire et relu le livre scrupuleusement mais je me trouve dans un monde étrange, qui a un sens que je ne parviens à saisir, désorientée par une espèce de façon très intellectuelle et un phrasé complexe extrêmement travaillé, pleins d'allusions et de pré-requis que je n'ai pas. Un homme incarcéré écrit, on ne sait trop ce qui tient de ce roman qui s'écrit devant lui ou de ses propres aventures, un amour qu'il a laissé échapper, de même que l'homme qu'il devait tuer,. Tout cela au nom de la révolution. - Citation :
- Ce livre est le geste inlassablement recommencé d'un patriote qui attend, dans le vide intemporel, l'occasion de reprendre les armes
L'homme qu'il poursuit (qui le poursuit?), autant qu'un ennemi de la cause, est sans doute un double pour lequel il éprouve une étrange fascination/empathie. La femme est tout aussi mystérieuse. J'ai trouvé cela implacablement lourd et sérieux, et je ne suis arrivée à approcher ni la pensée,ni le message, ni l' émotion. J'ai bien vu passer une tristesse, une soif d'absolu et le désespoir d'un inachèvement, mais d'une expression si empesée qu'il ne m'ont même pas touchée. | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Hubert Aquin Ven 31 Jan 2014 - 7:43 | |
| En prime pour me faire pardonner, Simenon qui pourrait être dans sa Mercedes mais qui est dans son coupé MG | |
| | | jack-hubert bukowski Zen littéraire
Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 43
| Sujet: Re: Hubert Aquin Ven 31 Jan 2014 - 10:55 | |
| - Topocl a écrit:
- J'ai trouvé cela implacablement lourd et sérieux, et je ne suis arrivée à approcher ni la pensée,ni le message, ni l' émotion. J'ai bien vu passer une tristesse, une soif d'absolu et le désespoir d'un inachèvement, mais d'une expression si empesée qu'il ne m'ont même pas touchée.
jypeurien Pour le sérieux... il ne faut pas s'y laisser prendre. Semble-t-il qu' Aquin est t-aquin... | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Hubert Aquin Ven 31 Jan 2014 - 12:43 | |
| - topocl a écrit:
- dans son coupé MG
le veinard... Aquin était très branché automobile aussi ai-je cru comprendre (mais recherches infructueuses). | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Hubert Aquin Lun 3 Fév 2014 - 11:47 | |
| je rejoins assez topocl sur le côté sérieux de l'affaire, en particulier à cause du spectre du suicide qui hante la narration et qui est tout sauf drôle ou cynique, mais vraiment le cri d'un cœur désespéré, meurtri, abîmé et sensible. Ce qui n'empêche pas certains dérapages (recadrages du genre espionnage ?) ou certaines illusions narratives qui par leur décalage apportent légèreté au récit. | |
| | | jack-hubert bukowski Zen littéraire
Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 43
| Sujet: Re: Hubert Aquin Mar 4 Fév 2014 - 8:32 | |
| Je confirme également pour la tangente suicidaire d'Hubert Aquin, après tout il y pensait depuis l'âge de quinze ans. Il faut tout de même regarder au-delà du thème et c'est souvent ce qu'on dit et répète à travers les cours que je suis au programme. La vaste majorité de l'oeuvre aquinienne touche de près à ce thème, mais il faut justement voir ce qui «magnifie» à côté de ce thème plus morbide. | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Hubert Aquin Mer 20 Aoû 2014 - 20:41 | |
| Prochain épisode
Plusieurs commentaires ont déjà évoqué ce livre. L’auteur, incarcéré puis interné dans un institut psychiatrique, suite à sa déclaration de vouloir se lancer dans une révolution violente, se décrit dans son enfermement. Et écrit, invente une histoire d’espionnage qui se passe en Suisse. Comme une façon d’essayer de se libérer ? De se projeter dans un personnage d’espion efficace, libre comme le vent, et capable de déjouer ses ennemis ? Ce que j’ai le plus apprécié dans cette histoire d’espionnage, c’est l’humour, l’auteur écrit une histoire à la manière de, avec plein de clins d’œil, des moments où il s’interroge à la suite à donner à son récit…Distanciée et pas vraiment réaliste, mais follement amusante.
En parallèle, il exprime sa souffrance dans son enfermement, dans son rapport à son pays et son histoire, d’une façon pudique et touchante. Les deux s’entremêlent comme d’évidence. Et puis l’histoire d’espionnage tourne mal, notre héros n’arrive pas à exécuter sa mission, à tuer l’homme qu’il devait tuer, et il perd trace de la femme qu’il aime. L’échec du personnage de fiction rejoint l’échec de l’auteur, ils se rejoignent et leur histoire se confond.
Je crois qu’un des passages clés est celui dans lequel est évoqué l’impuissance supposée de Balzac, quelque part ce livre est le livre de l’impuissance. L’impuissance d’obtenir l’indépendance, dans l’histoire et par une action violente contemporaine, l’impuissance à vivre son amour, et cette impuissance se matérialise de façon forte par l’enfermement. Et le personnage d’espion alter ego ne peut donc que se montrer impuissant à remplir sa mission. Malgré son sentiment de toute puissance, de maîtrise totale à certains moments du récit.
L’écriture est belle entre oscillant entre la maîtrise (ou son illusion) et quelque chose de plus abandonné, de plus désarmé. C’est cérébral, bourré de références, intelligent et brillant. Et en même temps pathétique et triste. Un mélange étonnant. C’est au final très personnel et très original.
Même s'il demande un effort, et dérange par moments c'est un livre à connaître. J'aime pour ma part la littérature qui dérange mes habitude et me demande un effort. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Hubert Aquin Mer 20 Aoû 2014 - 20:47 | |
| ah. youpi. et très juste cette synthèse. | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Hubert Aquin Mer 20 Aoû 2014 - 20:48 | |
| Je connais peu la littérature québécoise, cela donne envie de lire plus. | |
| | | jack-hubert bukowski Zen littéraire
Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 43
| Sujet: Re: Hubert Aquin Jeu 21 Aoû 2014 - 10:31 | |
| Enfin, Arabella. Te voilà prête à en découvrir un peu plus... Prends tout ton temps pour déguster lentement ce qui fait la particularité de la littérature québécoise. Quant à Hubert Aquin, il faut dire qu'il s'est surpassé à certains endroits. Comme tu dis, - Arabella a écrit:
- Les deux s’entremêlent comme d’évidence. [...] L’échec du personnage de fiction rejoint l’échec de l’auteur, ils se rejoignent et leur histoire se confond.
J'ai pris des libertés avec les citations. Quoi qu'il en soit, il y en a d'autres à voir! | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Hubert Aquin Jeu 21 Aoû 2014 - 11:37 | |
| brillante analyse Arabella, qui met bien en perspective les deux éléments du texte : l'humour et le désespoir. Très intéressante intuition à propos de l'impuissance de l'auteur/héros... Je ne me souviens même plus de ce passage sur Balzac (j'aurais compris Stendhal mais Balzac...), il faudrait que je le retrouve ! En tout cas merci pour ton intervention. | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Hubert Aquin Jeu 21 Aoû 2014 - 18:05 | |
| Oui, pour Balzac cela m'a frappé, c'est pour cela que je parle de la supposée impuissance. C'est un peu une élucubration du personnage, à partir d'indices rien moins que concluants. Et je crois que c'est de nouveau un jeu d'Aquin. Parce qu'il cite plusieurs fois Ferragus, qui lui est un personnage qui dans l'action est plutôt efficace. | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Hubert Aquin Jeu 21 Aoû 2014 - 20:33 | |
| - Arabella a écrit:
- Oui, pour Balzac cela m'a frappé, c'est pour cela que je parle de la supposée impuissance. C'est un peu une élucubration du personnage, à partir d'indices rien moins que concluants. Et je crois que c'est de nouveau un jeu d'Aquin. Parce qu'il cite plusieurs fois Ferragus, qui lui est un personnage qui dans l'action est plutôt efficace.
ah oui j'avais noté ce Ferragus mais je connais très mal Balzac (pour ne pas dire que je ne l'aime pas beaucoup). Il faudrait... il faudrait... mais avec le temps il arrive que certains auteurs mal-aimés trouvent enfin leur place... | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Hubert Aquin Jeu 21 Aoû 2014 - 22:49 | |
| Balzac fait partie de grands écrivains de ma vie. Alors évidemment, que cela trouve sa place chez Aquin...
Après, il ne faut pas forcer. | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Hubert Aquin Mar 20 Jan 2015 - 23:38 | |
| - Prochain Episode (1965). Bibliothèque Québécoise, 269 pages. (le roman lui-même fait 168 pages ; cette édition critique comporte une présentation, des notes, des variantes, divers appendices). Le livre s'ouvre avec une citation d'Alfred de Musset, extraite d'une Lettre à George Sand : "« Tu es donc dans les Alpes ? N'est-ce pas que c'est beau ? Il n'y a que cela au monde. »" Puis, le roman commence : - Citation :
- "Cuba coule en flammes au milieu du lac Léman pendant que je descends au fond des choses. Encaissé dans mes phrases, je glisse fantôme, dans les eaux névrosées du fleuve et je découvre, dans ma dérive, le dessous des surfaces et l'image renversée des Alpes. Entre l'anniversaire de la révolution cubaine et la date de mon procès, j'ai le temps de divaguer en paix, de déplier avec minutie mon livre inédit et d'étaler sur ce papier les mots clés qui ne me libéreront pas." (page 5).
Le narrateur, un terroriste arrêté avant d'avoir pu passer à l'acte, est dans un hôpital psychiatrique. - Citation :
- "Car je suis désemparé, depuis que Bakounine est mort dans la prison commune de Berne, couvert de dettes et oublié. Où es-tu, révolution ?" (page 69).
Pour s'occuper, il décide d'écrire un roman d'espionnage dont l'action se déroule à Lausanne. - Citation :
- "Au fond, un seul problème me préoccupe vraiment, c'est le suivant : de quelle façon dois-je m'y prendre pour écrire un roman d'espionnage ? Cela se complique du fait que je rêve de faire original dans un genre qui comporte un grand nombre de règles et de lois non écrites. Fort heureusement, une certaine paresse m'incline vite à renoncer d'emblée à renouveler le roman d'espionnage. J'éprouve une grande sécurité, autant l'avouer, à me pelotonner mollement dans le creuset d'un genre littéraire aussi bien défini." (pages 5-6).
Dès le début, on voit que l'auteur/narrateur veut faire beaucoup... mais revoit ses ambitions à la baisse. Ceci dit, est-ce important d'être original ?, se demande-t-il. Il reviendra à cette question plus tard : - Citation :
- "On peut donc entreprendre un roman d'espionnage dont l'action se déroule comme une anomalie sur les bords du lac Léman, avec un autre motif que d'en faire une oeuvre unique ! L'originalité à tout prix est un idéal de preux : c'est le Graal esthétique qui fausse toute expédition. [...] C'est la retransposition mythique du coup de fortune sur lequel s'est édifié le grand capitalisme." (page 88).
Message énigmatique, mission dangereuse, hommes mystérieux aux identités multiples, organisation terroriste, banquiers suisses, rien ne manque. La réalité et la fiction se mêlent parfois. À de nombreuses reprises, le narrateur/auteur (ou son double, son "délégué de pouvoir") se languit de K, une femme à la chevelure léonine. - Citation :
- "Avant de te rencontrer, je n'en finissais plus d'écrire un long poème. Puis un jour, j'ai frémi de te savoir nue sous tes vêtements ; tu parlais, mais je me souviens de ta bouche seulement. Toi, tu parlais en attendant et moi, j'attendais. Nous étions debout, tes cheveux s'emmêlaient dans l'eau-forte de Venise par Clarence Gagnon. C'est ainsi que j'ai vu Venise, au-dessus de ton épaule, noyée dans tes yeux bruns, et en te serrant contre moi. Je n'ai pas besoin d'aller à Venise pour savoir que cette ville ressemble à ta tête renversée sur le mur du salon, pendant que je t'embrassais. Ta langueur me conduit à notre étreinte interdite, tes grands yeux sombres à tes mains humides qui cherchent ma vérité. [...] Dans notre plaisir apostasié, germaient tous nos projets révolutionnaires." (page 27).
Clarence Gagnon : Canal San Agostino, Venise 1905, Eau-Forte "il s'agit en fait du Rio de la Pergola", précise http://mescarnetsvenitiens.blogspot.fr/2009/04/clarence-gagnon-1881-1942.html Un peu plus loin : - Citation :
- "Ce matin-là c'était le beau temps, celui de la jointure exaltée de deux jours et de nos deux corps. Oui, c'était l'aube absolue, entre un 26 juillet qui s'évaporait au-dessus du lac et la nuit immanente de la révolution. Les mots qui s'encombrent en moi n'arrêtent pas le ruisseau clair du temps fui de fuir en cascades jusqu'au lac. Le temps passé repasse encore plus vite qu'il n'avait passé ce matin-là, dans notre chambre de l'Hôtel d'Angleterre avec vue sur le glacier disparu du Galenstock qui descendait un jour sur la terrasse de l'hôtel à l'endroit même où K et moi nous nous étions assis à l'aube. Glacier fui, amour fui, aube fugace et interglaciaire, baiser enfui très loin sur l'autre rive et loin aussi de la vitre embuée de mon bathyscaphe qui plonge à pic sous la fenêtre de la chambre où Byron a pleuré dans les stances à Bonnivard et moi, dans la chevelure dorée de la femme que j'aime." (page 29).
Il interrompt son texte par des "vues" de la cellule de sa chambre à l'hôpital psychiatrique. - Citation :
- "J'écris pour tromper le temps que je perds ici et qui me perd, laissant sur mon visage les traces avinées de son interminable alluvion et la preuve indélébile de mon abolition. J'écris pour tromper la tristesse et pour la ressentir." (pages 68-69).
Un roman cryptique (d'autant plus quand on maîtrise mal l'histoire du Québec des années 60), qui peut prêter à des centaines de pages d'analyses (les rapports entre l'histoire d'espionnage imaginaire et l'histoire réelle de terrorisme, la façon dont l'histoire avance selon que l'on se trouve en Suisse ou en France...), de références. Il est très bien écrit, mais parfois (et ceci concerne plus particulièrement les pages consacrées à l'amour pour K.) j'ai ressenti un trop-plein étouffant de style, un peu comme à la lecture de Jours de colère, de Sylvie Germain, comme si ce style, luxuriant, étouffait tout le reste... et là mon intérêt a nettement faibli. Mais c'est un livre pas banal (et on revient, paradoxalement, sur le thème de l'originalité). | |
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