Nicole Krauss

swallow a écrit:

C´est impeccablement écrit, trop bien presque, car des fois celà en devient sophistiqué. Je me demande d´ailleurs si Nicole Krauss ne pense pas plus à la sensation que va causer son roman dans le petit monde littéraire auquel elle appartient ( son mari, son voisin de quartier Auster, etc.) negligeant un peu ses lecteurs, pour peu qu´ils soient (comme moi) encore peu initiés à la nouvelle géneration d´auteurs americains.
Oui, ce livre m´a semblé bien compliqué. Les personnages ne m´ont pas vraiment captivée, d´autant plus que le personnage principal du roman n´est autre que le roman lui-même.

C'est exactement la sensation que j'en ai gardée Swallow...
Il m'a semblé qu'elle tenait plus compte de la performance que des personnages de son roman et c'est dommage car ils peuvent être très attachants .
Mais à trop couper le récit pour le déconstruire ,le reconstruire, etc..elle les égare un peu en route et nous avec . Il en perdent forcément de leur consistance .
A part Léo qui reste mon petit favori !

Je n'ai pas ressenti de communion entre elle et nous lecteurs...Cette fameuse" intimité" dont nous parle souvent Auster, dommage! :|

Bien sûr Coline :

Citation :

Ce qui ne m'empêchera pas de continuer à louer de tout mon coeur ce qui me semble digne d'intérêt.

D´autant plus que j´avais tout interêt à voir un peu ce qui se passait aux USA après Roth et Auster... et puis j´ai adóré me perdre en ta compagnie. Tu m´as guidée, et sortie de mes petites habitudes et autres inclinations!! Merci Coline !

swallow a écrit:

Bien sûr Coline :

Citation :

Ce qui ne m'empêchera pas de continuer à louer de tout mon coeur ce qui me semble digne d'intérêt.

D´autant plus que j´avais tout interêt à voir un peu ce qui se passait aux USA après Roth et Auster... et puis j´ai adóré me perdre en ta compagnie. Tu m´as guidée, et sortie de mes petites habitudes et autres inclinations!! Merci Coline !

C'est bien, de temps à autres l'hirondelle se pose sur d'autres fils que ceux qui lui sont familiers... :)

L'histoire de l'amour vient d'être éditée en Folio Gallimard.
L'occasion de faire remonter le fil sur ce roman que j'avais aimé.

coline a écrit:

Nicole Krauss explore les mêmes thèmes que son mari , Jonathan Safran Foer. La condition juive-new-yorkaise et ses racines . Elle dédie d'ailleurs ce livre à ses grands parents venus de Hongrie, de Pologne, de Russie et d'Allemagne, exilés pour échapper aux nazis, « qui lui ont appris le contraire de la disparition ». Le reste de la famille a été décimé.

C’est un livre mélancolique et émouvant sur le thème de l’amour et celui de la perte. Puis comment on y survit grâce à l’écriture.

"J'ai perdu la seule femme que j'aie jamais voulu aimer. J'ai perdu des années. J'ai perdu des livres. J'ai perdu la maison où je suis né. Et j'ai perdu Isaac

The History of Love

Voilà bien longtemps que j'en avais envie de ce livre et voilà qu'on me l'a offert récemment.

Je l'ai emporté pendant les vacances, et comme d'habitude je le lisais en parallèe avec d'autres livres. Mais j'ai du bien vite me concentrer sur celui-là uniquement, sinon j'en perdais le fil.

Ceci dit, j'ai beaucoup aimé cette façon de raconter l'histoire, c'est vrai qu'elle porte la marque des ateliers d'écriture 'made in USA', mais néanmoins Nicole Krauss est une virtuose ici, et franchement je ne vois pas comment elle aurait pu raconter cette histoire autrement. Ces quatre voire cinq récits parallèles lui confèrent vraiment du relief et de l'originalité. Ces cinq récits sont autant de quêtes d'amour, autant de façons d'affronter la perte, le deuil.
Ce qui me perdait dans ma lecture était que chaque morceau de récit était si bien raconté, chacun dans son ton, qu'il m'absorbait complètement et que je finissais par oublier ce que j'avais lu avant ! Ceci était particulièrement vrai pour la petite Alma et pour Léo, les deux personnages les plus formidables. Bref j'étais un peu perdue, mais heureuse de l'être, une lecture très active en quelque sorte.

J'ai aussi noté des similarités avec Jonathan Safron Foer dans la narration (sans savoir qu'ils étaient mari et femme). Mais il reste que c'est tout de même un excellent roman et qu'il m'a captivée. Ceci dit, et la même chose vaut pour Safron Foer, si elle choisit de narrer tous ces romans de la même façon, forcément, ce sera moins intéressant.

domreader a écrit:

The History of Love

Voilà bien longtemps que j'en avais envie de ce livre et voilà qu'on me l'a offert récemment.

Je l'ai emporté pendant les vacances, et comme d'habitude je le lisais en parallèe avec d'autres livres. Mais j'ai du bien vite me concentrer sur celui-là uniquement, sinon j'en perdais le fil.

Ah oui!...Là impossible de lire un autre livre en même temps...Il y a déjà plusieurs histoires dans celui-ci...

Joli souvenir de lecture pour moi!
J'avais découvert presque en même temps Nicole Krauss et Jonathan Safran Foer.

Enthousiasme pour certains, quelques réserves pour d'autres, mais intéressant apparemment, j'ai bien envie de découvrir ce livre à mon tour. Je le note, il fera partie de mes prochains achats.

Great House
La Grande Maison
Nicole Krauss

Résumé inspiré en partie de celui de Publishers' Weekly
Ce roman est composé de 4 nouvelles dont le fil rouge un peu ténu est un bureau très imposant qui possède 19 tiroirs. Ce bureau, qui aurait appartenu à Garcia Lorca, apparaît dans différents lieux de vie. Le meuble est souvent au centre des souvenirs ou du mal-être existentiel des habitants de ces demeures parmi lesquels : une écrivaine américaine qui tenait ce bureau d’un poète chilien arrêté sous Pinochet, un vieillard Israëlien qui vient juste de perdre sa femme et qui revoit son fils parti depuis des années, un vieil antiquaire juif qui recherche dans le monde entier les meubles volés à son père par les nazis. Nicole Krauss tisse un lien délicat entre tous ces êtres, autour de la mémoire, de la perte, de l’écriture ou plutôt des écrivains, du couple et de l’amour qui sont eux aussi bien fragiles. Ce livre est traversé par une tristesse, une mélancolie qui s’immisce en nous au fil des histoires.

Nicole Krauss a un vrai talent littéraire, une voix bien à elle, une écriture superbe ; elle sait créer des atmosphères, conjurer des personnages sombres, habités de regrets, de non-dits et de mal être au point d’être parfois presque fantômatiques. Je dois dire que j’ai eu un peu de mal à relier les fils de ces quatre histoires tant j’ai été absorbée par les personnages de chacune de ces nouvelles. C’est un roman à tiroirs (comme ce monumental bureau !) et d’ailleurs dans chaque histoire on retrouve encore plusieurs récits, un peu comme des poupées russes. Néanmoins, malgré tout son talent Nicole Krauss écrit sur des sujets qui m’intéressent peu, mais ceci m’est vraiment personnel. Je lui reconnais toute sa compétence d’écrivain de grande qualité mais elle ne me touche pas.

PS: La même construction et les mêmes procédés littéraire que dans L'Histoire de l'Amour sont à noter. Pour le prochain, il faudra qu'elle innove !

La grande maison

Un roman qui évoque une douleur sourde, au ton plus grave et méditatif que L'histoire de l'amour. Nicole Krauss fouille l'intime avec délicatesse et une remarquable précision, creusant les méandres de récits qui se croisent puis se rejoignent.
Cependant, je partage l'avis de domreader sur le fait que l'écriture ne se renouvelle que trop peu par rapport à l'oeuvre précédente. Et si Krauss dévoile beaucoup de rigueur dans son exploration de sensibilités, l'ensemble apparait presque trop construit. La grande maison manque de fluidité, de spontanéité, et les personnages deviennent assez distants à force de surligner un parcours ou une découverte.
C'est dommage, car Nicole Krauss s'empare des thèmes qui lui sont chers avec maîtrise et créativité. Le propos, loin d'être désincarné, se révèle souvent passionnant...mais cette recherche personnelle s'essouffle avec une structure qui, par excès de contrôle, crée de la frustration.

J'avais juste lu l'article dans "Le Monde des Livres" sur ce livre...:
http://www.lemonde.fr/livres/article/2011/05/05/la-grande-maison-de-nicole-krauss_1517159_3260.html

Avadoro a écrit:

C'est dommage, car Nicole Krauss s'empare des thèmes qui lui sont chers avec maîtrise et créativité. Le propos, loin d'être désincarné, se révèle souvent passionnant...mais cette recherche personnelle s'essouffle avec une structure qui, par excès de contrôle, crée de la frustration.

Voilà Avadoro, tu as résumé pour moi ce qui me retient chez cette (talentueuse) auteure. J'avais déjà ressenti cela à la lecture de Histoire de l'amour, cela m'avait génée aussi, la maîtrise prend le pas sur la sensibilité et elle finit par perdre de vue ses personnages, et nous avec.
Dommage, elle semble persister dans cette voie d'après vos commentaires. Je ne pense pas la relire de suite en tout cas...

Avadoro a écrit:

La grande maison

Un roman qui évoque une douleur sourde, au ton plus grave et méditatif que L'histoire de l'amour. Nicole Krauss fouille l'intime avec délicatesse et une remarquable précision, creusant les méandres de récits qui se croisent puis se rejoignent.
Cependant, je partage l'avis de domreader sur le fait que l'écriture ne se renouvelle que trop peu par rapport à l'oeuvre précédente. Et si Krauss dévoile beaucoup de rigueur dans son exploration de sensibilités, l'ensemble apparait presque trop construit. La grande maison manque de fluidité, de spontanéité, et les personnages deviennent assez distants à force de surligner un parcours ou une découverte.
C'est dommage, car Nicole Krauss s'empare des thèmes qui lui sont chers avec maîtrise et créativité. Le propos, loin d'être désincarné, se révèle souvent passionnant...mais cette recherche personnelle s'essouffle avec une structure qui, par excès de contrôle, crée de la frustration.

Oui finalement avec encore un peu plus de recul, je la trouve trop cérébrale, presque trop 'technique', alors au final cela a pour effet que les préoccupations de ses personnages ne nous touchent pas.

La grande maison

J'avais beaucoup aimé l'Histoire de l'amour et j'attendais avec impatience celui-ci… J'avais envie de l'aimer à 100 % ayant beaucoup de sympathie pour cette auteure précise, mais extravagante, « technique » mais profondément humaine.
J'ai beaucoup aimé aussi La grande maison, je retournerai certainement lire certains passages qui font preuve d'une grande sensibilité, j’ai cependant des réserves à émettre.

La présentation du roman se plie à une maquette assez répandue : des personnages de très fortes personnalités, disséminés aux 4 coins du monde, n'ayant à voir entre eux qu'un fil ténu et qu’ils ne connaissent même pas, ce fameux bureau à 19 tiroirs, ayant pu appartenir à Garcia Lorca, et qu’ils se passent de l'un à l'autre. Premier hic : cela fait en fait 3 nouvelles, qui sont chacune formidable, certes. Le fil qui les réunit est finalement assez mince, même si cela nous réserve quelques pages sublimes sur l'histoire propre de ce bureau. Par ailleurs j'ai eu beau chercher, je n'ai pas vu apparaître le bureau entre les lignes de l'histoire du vieux juif israélien qui, après son veuvage, n'arrive pas à se réconcilier avec son fils. Donc, et ceci n'enlève rien à la qualité du texte, cet épisode-là apparaît vraiment comme un cheveu sur la soupe.
Tout cela laisse supposer (ou espérer ?) que Nicole Krauss va pouvoir progresser, trouver une réelle unité et progression dans sa narration, construire enfin un vrai roman, sans perpétuellement coller côte à côte des petits bouts artificiellement rapprochés.

Ces réserves faites, je trouve que Nicole Krauss décrit des personnages d'une grande humanité, tous plus ou moins perdus dans une solitude et un retrait du monde, un certain décalage, ce qui confère au récit une espèce de mélancolie désenchantée, une poésie triste. Nicole Krauss fait preuve une grande habileté à décrire ces personnages un peu différents, un peu hors du monde, avec une clairvoyance et une sensibilité séduisante.

Au fil du récit, j'ai pu penser à Les enfants terribles de Cocteau (pour le couple de jeunes frère et sœur abandonnés à eux-mêmes et à leur passion dans une grande maison).j’ai aussi pensé à Mon cœur mis à nu, de JCO pour leur relation avec leur père, faite d’autoritarisme passionné cachant un amour maladroit et démesuré.

Comme dans L'histoire de l'amour, tout n'est pas donné au lecteur : c'est une lecture qui mérite un effort, et dont j'imagine qu'il s'enrichit à la relecture, que certaines choses doivent s'éclairer. Cependant même après cette relecture, je pense qu'il doit rester des zones d'ombre, tout n'est pas parfaitement expliqué, comme dans la vie : on ne sait finalement jamais réellement tout vient ce bureau, qu'elle est son mystère, tous viennent certains personnages, pourquoi ils ont agi comme ils l'ont fait. Cela peut être pris directement comme un roman à énigmes, qui conserve ses interrogations, cela peut aussi ouvrir sur des suppositions, une rêverie qui continue après la fin du livre. Le lecteur garde des droits sur le roman, comme si l'auteur nous faisait une proposition dont nous pouvions disposer librement.

J’ai certainement une tendance à l'indulgence vis-à-vis de Nicolas Krauss, sans doute une affinité personnelle qui fait que je suis prête à lui pardonner ses erreurs, à apprécier pleinement ses qualités qui sont nombreuses, et que, à nouveau, j'attends avec impatience le prochain.