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| Guy Goffette [Belgique] | |
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Auteur | Message |
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coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| | | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Guy Goffette [Belgique] Lun 16 Juin 2008 - 23:52 | |
| UNE ENFANCE LINGERE
Ce deuxième roman de Guy Goffette a obtenu en 2006 le Prix Rossel et le Prix Marcel Pagnol.
Comme dans Un été autour du cou, Guy Goffette passe sans arrêt et volontairement, de façon troublante, du Je à Simon. Parce que c’est un récit d’inspiration largement autobiographique dont Guy Goffette précise tout de même que : "Simon-Je". C'est ce que j'appelle le mentir-vrai : en romance, on noircit le noir, on embellit le beau... Evidemment, cette aventure n'est pas la mienne, même s'il y a une part de mes souvenirs: j'ai été élevé au milieu des femmes, parce que les hommes travaillaient. J'ai aussi fréquenté une école religieuse... Simon me ressemble plus par ses défauts que par ses qualités. Dans sa candeur, sa naïveté, il me ressemble. Le reste je l'invente, ou ce sont des souvenirs revus et corrigés ».
Dans les deux romans de Guy Goffette l’éveil à la sexualité est au cœur du sujet. Dans le premier, Un été autour du cou, l’initiation était violente. Ici, dans Une enfance lingère, c’est sensuel et joyeux pour l’enfant qui traîne tout simplement ses guêtres en compagnie de sa mère et des femmes du village.
On est dans les années 50, à la campagne, et Guy Goffette ramène à la mémoire un monde qui n’est plus. Un monde où tout était tenu secret de l’intimité des corps et des dessous qui avaient un parfum d’interdit. Un monde paysan un peu rude aussi où l’on ne cajolait guère les enfants…Et le petit Simon, sensible, affectueux était curieux de tout et vite chaviré… «J’ai gardé une idée plutôt paradisiaque de mon enfance,dit Guy Goffette, même si j’étais un enfant pauvre, un enfant campagnard, qui court les bois, les champs, et qui vit un peu seul. »
Son récit se compose de sept histoires pétries d’humour et de nostalgie. La première donne le ton du roman .Elle raconte comment l’enfant va être fasciné par une expression que disait toujours son père : « Fiston, tu n'es pas né le cul dans la soie ! ».
«Mon père prisait fort ce genre de formules à l'emporte-pièce. Elles avaient pour lui qui parlait peu le double avantage de résumer sa pensée au plus juste et de frapper l'auditeur.» Une de ces expressions " plus usées que la pierre des chemins ou, comme de vieux souliers, tellement déformés que leur sens premier ne pouvait plus y glisser les pieds " « L'association de ces deux mots, déjà si choquante à mon oreille, ne laissait pas d'intriguer le petit amoureux des mots que j'étais. Il y avait aussi là-dedans quelque chose d'incongru, entre honte et volupté, qui me mettait mal à l'aise.» Le cul, l’enfant connaissait… Bien qu’à une époque où «Le cul n'avait pas la réputation flatteuse qu'il a de nos jours.»... Mais la soie ?...Demandant à sa mère, il eut cette réponse: «Mon pauvre Simon, c'est pas ici que tu risques d'en trouver, d'la soie. Ça, c'est du nanan pour les dames bien mises et qui en ont.»
"J'étais d'une timidité crasse à l'époque et le mot m'impressionnait tellement que je n'avais pas osé poser la question à mon maître d'école.» Alors l’enfant, curieux va chercher dans le dictionnaire où la réponse l’éclaire peu…Mais observateur, tous ses sens en éveil, il va bientôt élucider le mystère et connaître le plaisir sensuel du contact avec les dessous féminins.
Le corset de sa mère : " C'est au jardin, sur une corde à linge, et derrière le rideau de draps qui masquaient au voisinage la lingerie intime de la famille, que je vis la chose baleinière. Une espèce d'animal rose et plat avec quatre tentacules à pince métallique qui pendaient, tout un emmêlement suspect de ficelles sur l'arrière et deux sacoches à l'avant où mon père aurait pu confortablement loger ses poings de bûcheron."
Le décolleté généreux des lavandières… Les bas d’une paroissienne agenouillée dans un confessionnal… La réalité de « la bonneterie » ambulante de l’oncle Paul, un cavaleur qui ne vendait pas des bonnets comme Simon l’avait toujours pensé… Le dessous de la robe de la maîtresse d’école, une religieuse qui pour le faire tenir tranquille, lui coinçait sous sa jupe la tête entre ses genoux… La petite culotte bleue de Jeanine, sa camarade de jeu…
C’est un récit plaisant, souvent poétique. Drôle et charmant. Guy Goffette dit de ce roman qu’il est le deuxième d’une trilogie. Je me serais bien satisfaite de celui-ci sans lire le premier (Un été autour du cou)…Le troisième reste à écrire… | |
| | | Fantaisie héroïque Sage de la littérature
Messages : 2182 Inscription le : 05/06/2007 Age : 37 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Guy Goffette [Belgique] Mar 17 Juin 2008 - 13:16 | |
| Le parcours de Guy Goffette ,ainsi que son style (enfin ce que j'ai pu en lire pour l'instant) me font penser à Annie Ernaux...! | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Guy Goffette [Belgique] Mar 17 Juin 2008 - 13:24 | |
| - Fantaisie héroïque a écrit:
- Le parcours de Guy Goffette ,ainsi que son style (enfin ce que j'ai pu en lire pour l'instant) me font penser à Annie Ernaux...!
Qu'est-ce qui te fait dire cela Fantaisie? Je pense que l'on ne peut absolument pas faire le lien entre leurs styles. L'écrire est froide, clinique, chez d'Annie Ernaux. Chez Goffette, c'est une écriture empreinte de poésie et d'extrême sensibilité... Pour moi, ils seraient justement aux antipodes... "A la sortie du village, où commençaient les prairies, les champs de seigle et d'épeautre et les talus à coquelicots, se dressait une bâtisse sans fenêtres flanquée d'un abreuvoir deschiste: le lavoir communal. C'est un carré parfait, à ciel ouvert, avecune espèce de préau autour du bassin central pour abriter les lavandières. La fontaine recevait l'eau de pluie comme une grâce, car elle était généreusement alimentée par une source glapissante dont le chant eut vite fait d'intéresser Simon."Guy GoffetteOn ne retrouve pas cette poésie chez Ernaux (à laquelle je trouve bien d'autres qualités! )
Dernière édition par coline le Mar 17 Juin 2008 - 13:31, édité 1 fois | |
| | | Fantaisie héroïque Sage de la littérature
Messages : 2182 Inscription le : 05/06/2007 Age : 37 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Guy Goffette [Belgique] Mar 17 Juin 2008 - 13:27 | |
| En premier lieu, leur parcours et leurs origines, puisqu'ils sont tous les deux issus d'un milieu assez modeste et qu'ils sont tous les deux devenus enseignants...Après, en ce qui concerne le style, c'esta ssez subjectif puisque je n'ai rien lu de Goffette, juste les extraits proposés, mais j'avais l'impression d'avoir affaire à une écriture très posée, légère mais très travaillée, un peu comme A.Ernaux...par contre je ne t rejoins pas sur ce que tu dis d'Ernaux^^: son écriture sait également être très sensible :) | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Guy Goffette [Belgique] Mar 17 Juin 2008 - 13:38 | |
| - Fantaisie héroïque a écrit:
- En premier lieu, leur parcours et leurs origines, puisqu'ils sont tous les deux issus d'un milieu assez modeste et qu'ils sont tous les deux devenus enseignants...Après, en ce qui concerne le style, c'esta ssez subjectif puisque je n'ai rien lu de Goffette, juste les extraits proposés, mais j'avais l'impression d'avoir affaire à une écriture très posée, légère mais très travaillée, un peu comme A.Ernaux...par contre je ne t rejoins pas sur ce que tu dis d'Ernaux^^: son écriture sait également être très sensible :)
Nos ressentis sont différents...Je viens de compléter mon post précédent... Pour les parcours, je suis d'accord avec toi...Déjà la même époque à peu près d'enfance (bien qu'Annie Ernaux soit plus âgée que Goffette)...Leur modeste condition au départ, puis l'élévation sociale par l'instruction...(Mais on pourrait penser aussi à Charles Juliet dans ce cas...et à bien d'autres...) Pour le style, si tu te plonges dans Goffette tu verras que c'est très différent...Tu y trouveras une prose poétique absente chez Annie Ernaux. Une sensibilité aussi bien sûr chez Ernaux mais c'est sa façon de s'exprimer qui parait froide...Elle parle des faits et peu de ses sentiments. Guy Goffette lui nous livre sans cesse ses émotions. "A sept ans, j'avais des tristesses sauvages qui me jetaient contre ma mère en criant. Je croyais toujours avoir perdu en chemin quelquechose de rare dont je ne savais plus le nom, quelque chose que je n'arrivais plus à me représenter, comme s'il s'était agi d'un parfum de fleur, d'un toucher de velours, et mes sens mêmes ne me servaient plus de rien: j'étaisdésespéré. Je courais comme un perdu dans mes larmes et il me semblait que la route avançait à reculons."" Mon chagrin, comme un filet de pêcheur qui aurait ramassé tous les chagrins sans consolation, s'était mis à gonfler si fort qu'il avait crevé d'un coup en haut des escaliers. Sur le moment, je n'avais plus su où j'étais, tel un enfant à la croisée de chemins dans la forêt et tous se ressemblent et l'afflux de larmes l'empêche de se concentrer. J'étais déchiré entre la colère et un désespoir sans fond."
"J'avais soudain senti passer comme un souffle sur moi l'image de ce gamin timide et doux que j'avais été, et la force intacte de son chagrin me sauta au visage avec une telle crudité que je dusquitter la table et m'absenter du repas pendant un bon moment."Guy Goffette (Une enfance lingère)
Dernière édition par coline le Mar 17 Juin 2008 - 13:55, édité 1 fois | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Guy Goffette [Belgique] Mar 17 Juin 2008 - 13:44 | |
| - coline a écrit:
- Pour le style, si tu te plonges dans Goffette tu verras que c'est très différent...Tu y trouveras une prose poétique absente chez Annie Ernaux.
Une sensibilité aussi bien sûr chez Ernaux mais c'est sa façon de s'exprimer qui parait froide...Elle parle des faits et peu de ses sentiments. Guy Goffette lui nous livre sans cesse ses émotions. Ayant lu des livres des deux auteurs cités, je ne peux que confirmer l'impression de Coline.. Goffette est un poète.. et les poètes ont souvent une approche différente quand ils écrivent de la prose | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Guy Goffette [Belgique] Jeu 3 Juil 2008 - 18:59 | |
| MARIANA PORTUGAISE :Une fois de plus, me voilà charmée par la prose poétique, souvent même métaphorique ici, de Guy Goffette qui consacre ce recueil à Mariana Alcoforado (1640-1723). Mariana, réelle ou supposée auteur des fameuses Lettres d’une religieuse portugaise (1669).Pour en savoir plus : voir ce filJe ne vais pas paraphraser maladroitement le texte sublime de Guy Goffette. Je préfère en proposer quelques extraits.Difficile il me semble d’apprécier ces textes sans avoir auparavant pris connaissance (au moins un peu) du contenu des Lettres d’une religieuse portugaise. (en accès sur le Net)« La dalle glacée de sa cellule. Ce grand corps blanc de femme, écartelé à même le sol, près des vêtements en désordre, comme arrachés. Ce corps prêt à l’estrapade ou qui en revient. Cette nudité de la chair sur la dalle noire et glacée. Plus qu’offerte : étale. Plus que vive : ouverte. En croix sur le carreau, l’amant enfui (la croisée est au large). La bouche collée à la pierre. Ce baiser à la mort qui roucoule dans la rosée. »« Les roses d’Algarve qui fut maure quand Firdoûsi chantait, les roses d’Al-Rharb n’exhalent plus que la mort d’aimer. Mariana, reine en son alcôve dans les bras d’un capitaine fut rose sous la robe de bure. Rose bue jusqu’à la rosée. Rose la nuit, rose le jour, rose à tout heure. Rose ouverte et fermée sans épines. Rose portée au rouge dans l’extase et le cri. Rose sous la tempête mâtée, démâtée. Jusqu’à ce que la mer s’en aille. Jusqu’à ce que l’amer s’en vienne. Les épines dans les mains et les pieds. Les épines dans le côté sous le sein rond. Le sein rose (et la pointe fait mal sous la têtée de l’absent). Mariana de l’Incarnation fut rose sous la bure tout un été. »« Fausse fraîcheur des larmes qui coulent à flot sur le plastron et sur la feuille, y tracent de minuscules autant qu’inutiles ruisseaux. Les terres sont assoiffées, et chaque jour la mer s’éloigne un peu plus de Beja. A quoi bon pleurer ? A quoi bon écrire ? puisque le désert gagne toujours, puisque la mort était déjà au commencement, dans les regards et dans les gestes, dans les paroles, les sourires, et dans l’élan, dans l’envol, dans le spasme et le cri, dans la chute et le soupir, les sables de dormition. Ô mort douce comme le miel et perfide, achève ton tracé. »« A quoi bon Mariana ce vain rappel du soldat inconnu ? Il a fui au-delà des mers. Lâche sous l’uniforme et le plastron. Invoquant le devoir, la fidélité au roi, l’amour de la patrie. Lâche au petit matin, qui se lève sans bruit derrière tes lignes, Mariana. Lâche qui craint moins la faim et le froid d’un siège en règle que le sein bouleversé d’une femme trop tôt rendue, moins l’orage et le fracas des eaux que les larmes en silence de la belle abusée, moins la gueule des canons que l’étincelle dans ses yeux.[…] Lâche donc, Mariana, lâche à ton tour ce matamore et qu’il aille sur la mer houleuse trembler son soûl, ton incendiaire fétu ! » | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Guy Goffette [Belgique] Lun 21 Juil 2008 - 0:00 | |
| Je continue à mêler sur ce fil l'oeuvre romanesque et l'oeuvre poétique de Guy Goffette... Le Pêcheur d'eauune poésie toute de mélancolie... "J'ai toujours les mains vides. Je suis constamment dépossédé. J'étreins. Mais je n'étreins que des ombres."
"Quand j'étais enfant on me répétait que je n'étais rien, que je ne valais rien. Et je pense encore la même chose aujourd'hui. Les livres, la réussite littéraire, c'est de l'illusion. Et il n'y a rien à dire. En fait, il n'y a rien à dire, il y a à vivre. C'est parce que nous vivons mal que nous écrivons. Je suis un homme de désir, toucher enfin les choses, le beau, le vrai, dans une sorte de rage, et je n'y arrive pas. Je n'ai rien, je n'attrape rien, rien que de l'eau et des reflets. J'ai tout et tout me manque."Guy Goffette Le recueil est divisé en plusieurs parties: - Tout un dimanche autour du cou - Chantier de l’élégie - Une question de bleu - Quatre saisons pour Jude S. - Bureau des longitudes - Passant comme la pluie - Parties de chasse en Hollande - Blues du mur roumain Tout un dimanche autour du cou (extraits)
Des lions La caravane a chu dans l’herbe haute Et ce qui reste n’est plus qu’un grand trou Dans la nuit où vont toutes les routes Que nous avons laissé partir
Seules, à regret, comme des étrangères Qui savaient lire en nos yeux l’insoutenable Attente et l’effroi de mourir ici. Nous avons Baissé trop tôt les paupières,
Croyant couper à jamais les ailes du désir, Mais nos rêves sont des lions penchés Sur l’eau croupie des draps, des lions Et qui rugissent encore
Quand la caravane s’ébranle avec la lune.
Tant de choses Tu as laissé dans l’herbe et dans la boue Tout un hiver souffrir le beau parasol rouge Et rouiller ses arêtes, laissé la bise Abattre la maison des oiseaux
Sans desserrer les dents, à l’abandon laissé Les parterres de roses et sans soin le pommier Qui arrondit la terre. Par indigence Ou distraction tu as laissé
Tant de choses mourir autour de toi Qu’il ne te reste plus pour reposer tes yeux Qu’un courant d’air dans ta propre maison - et tu t’étonnes encore, tu t’étonnes
que le froid te saisisse au bras même de l’été.
Dimanche de poissons Et puis un jour vient encore, un autre jour, Allonger la corde des jours perdus A reculer sans cesse devant la montagne Des livres, des lettres ; un jour
Propre et net, ouvert comme un lit, un quai A l’heure des adieux -et le mouchoir qu’on tire Est le mêmequ’hier, où les larmes ont séché -un lit de pierres, et c’est là que nous sommes,
occupés à nous taire longuement, à contempler par cœur la mer au plafond comme les poissons rouges du bocal, avec une fois de plus, une fois encore
tout un dimanche autour du cou.
Chantier de l’élégie (extraits)
Mais la mort a passé sa main lourde dans la chevelure des étés
et le dernier soleil a fait une torche devant nous des oripeaux du tilleul
éclaboussant de pourpre et d'or le jardin fermé de notre amour
et nos yeux d'habitude, puis la brume est venue, et tes larmes, et l'hiver
accrochant aux barbelés de l'horizon la robe du premier bal, la robe
sans couture, et la promesse non tenue de changer l'eau des jours en vin,
de changer l'eau, chaque jour, et la soif, et la mer,
l'amer visage du monde, chaque jour
-en vain.
C'est ainsi, soir après soir, que nous sommes devenus mortels,
accusant la fatigue, le froid et la distance des corps soudain
rendus à la pesanteur, comme si la pomme en sa rondeur tenue
dans nos mains pâles, leur échappant, avait éparpillé sur la terre
les restes en nous de l'ancien paradis. C'est ainsi, nuit après nuit,
que nous sommes devenus seuls comme les miroirs des chambres d'enfants
dans la maison expropriée: ouverts sur la tapisserie des anges qui se décolorent,
et sansautre perspective désormais que la démolition, pierre à pierre,
de ce qui fut aussi notre ciel de lit, l'histoire sans fin
recommencée de l'amour ô flasque otage du temps et de l'ennui.
Une question de bleu (extrait) Le ciel est le plus précieux des biens de l'existence. Le seul qu'on puisse perdre le soir et retrouver au matin, à sa place exacte, et lavé de frais. Quatre saisons pour Jude S. (extrait)
Dévore, feu, beau feu, aux langues des démones tous ces papiers, ces livres, ces lettres mortes, et le vieil homme plein de rancoeur et plein de nuit, dévore-le
avec le mauvais drame de sa vie, cette vieille partition à une seule main sur la scène du coeur tandis que l'autre dans la coulisse bat le vide, cherchant quoi? un amour
qui ne ferme pas à clé les battants de l'horizon, mais porte plus haut que nous ses flammes dans le soir qui s'étire: amour qui te ressemble feu,
mais comme une pierre dans la paume de midi. | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Guy Goffette [Belgique] Lun 15 Déc 2008 - 19:58 | |
| Bix vient de parler de W.H.Auden sur le fil en exergue et c'est seulement à ce moment que je me suis souvenue que j'ai lu un autre livre de Guy Goffette - dont je ne faisais lors de la lecture pas attention - tellement W.H.Auden était la personne qui m'intéressait Auden ou l'œil de la baleineet aujourd'hui je comprends aussi pourquoi ce livre m'a tellement plu | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Guy Goffette [Belgique] Lun 15 Déc 2008 - 20:01 | |
| Ah!..Que vois-je?...Le fil Guy Goffette qui ré-apparaît!... Je ne le connais pas celui-ci Kenavo...Tu as quelques extraits?... | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| | | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Guy Goffette [Belgique] Lun 15 Déc 2008 - 20:15 | |
| Depuis la dernière fois, son éditrice m'a offert celui-là, édité en 1983 chez Ipomée...Un très bel objet... Et de très beaux poèmes bien sûr... A travers le feuillage des jours le soleil passe la main et lance sur le carrelage la monnaie de notre pièce Solo d'ombres et de voix pour que nous y trouvions la force de prendre le présent par l'avenir comme un enfant par ses yeux et rassemblions assez d'oiseaux pour croire en l'arbre fraternel qu'ensemble nous portons
Ma vie ne me regarde plus qu'à travers toi tu portes le poème tout le jour d'une épaule à l'autre ...et te voici devenu fleuve à force d'aimer l'image de ta soif
Allez dire une femmedescendant la colline un soir avant l'automne quand le soleil la pousse dans le dos et sa tête de fougères chassant les passereaux Allez dire qu'elle est nue flamme légère qu'elle gagnera le village comme feu de savane Allez dire à chacun que le temps est venu de brûler avec elle | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Guy Goffette [Belgique] Lun 15 Déc 2008 - 20:16 | |
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| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
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| Sujet: Re: Guy Goffette [Belgique] | |
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| | | | Guy Goffette [Belgique] | |
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