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| Maurice Scève | |
| | Auteur | Message |
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Le Baron Posteur en quête
Messages : 75 Inscription le : 25/02/2008 Age : 43 Localisation : Italie
| Sujet: Maurice Scève Lun 3 Mar 2008 - 20:18 | |
| J'ai découvert Maurice Scève durant le cours de littérature francaise de l'année dernière et je suis tomber amoureux de lui. J'ai lu "Délie" et j'ai essayé à percer le mystère qui entourent plusieurs dizaines écrits dans ce livre magnifique et à la fois insaisissable! Voilà la biographie: Maurice Scève est le chef de file de ce qu'il a été longtemps convenu d'appeler l'« École lyonnaise », même si aucun manifeste, aucune publication théorique collective explicitant ce magistère et l'homogénéité d'un groupe soudé autour de lui ne viennent justifier l'expression. Issu d'une bourgeoisie aisée et qui a pignon sur rue (son père est juge-mage, son frère Guillaume est un humaniste renommé), il fréquente de bonne heure artistes et gens de lettres, comme Marot, Étienne Dolet, Charles de Sainte-Marthe et Guillaume du Choul son cousin. Son érudition, son sens artistique très sûr et son prestige dans la capitale des Gaules des années 1540 le feront désigner comme principal organisateur de l'entrée solennelle de Henri II en septembre 1548. Il ne semble pas pour autant avoir cultivé les honneurs, mais multiplie au contraire les retraites solitaires, ne signe quasiment jamais ses œuvres, et disparaît sans laisser de traces après 1560.
Maurice Scève acquiert sa renommée poétique en remportant le concours des Blasons, lancé par Clément Marot en 1535, grâce à son « blason du sourcil ». Humaniste passionné par l'Antiquité et l'Italie, son œuvre se place sous l'influence de Platon et de Pétrarque (il prétendra d'ailleurs, en 1533, avoir retrouvé à Avignon le tombeau de Laure, l'inspiratrice du Canzoniere). Ses sources sont toutefois plus diverses qu'il n'y paraît : au-delà de Marot, qui est en quelque sorte son incontournable aîné, et qui est déjà célèbre quand lui ne fait que débuter, il se souvient des techniques d'écriture virtuoses des Grands Rhétoriqueurs, de la densité des poètes du Dolce stil novo et de Dante, eux-mêmes héritiers des troubadours sachant crypter le nom de leur Dame. Sa poésie convoque aussi de nombreux motifs et récits bibliques : cette culture a longtemps été sous-estimée, mais est corroborée à la fois par ses traductions de nombreux psaumes, et par l'épopée métaphysique de sa dernière oeuvre, Microcosme, qui récrit l'histoire humaine depuis la Création. (Albert-Marie Schmidt dit cependant s'être un peu moins étonné de l'ampleur des connaissances mises en œuvre dans ce poème quand il s'aperçut que Scève avait fait des emprunts à la Margarita Philosophica de l'Allemand Gregor Reisch[1].)
Son œuvre majeure fut publiée quasi anonymement (portrait et initiales de l'auteur seulement) en 1544. Délie est dédiée à une femme aimée d'un amour impossible, longtemps identifiée à sa jeune élève Pernette du Guillet, sans que cela soit prouvé. C'est un long recueil de 449 dizains en décasyllabes, séparés entre eux par 50 « emblèmes » composés d'une gravure, à sujet mythologique ou familier entourée d'un motto, c'est-à-dire la devise qu'elle illustre et d'un cadre à la forme géométrique variable. Ces « emblèmes » donnent à chaque fois son thème au premier de la série de 9 dizains.
L'écriture de Scève, entre formules elliptiques, culture de l'ambiguïté et déroutante érudition, est à la fois saluée par une minorité d'amateurs de "riche invention" (Thomas Sébillet, François Habert), et critiquée par une majorité de contemporains hostiles à cet hermétisme (Charles Fontaine, Jacques Peletier du Mans, et dans une certaine mesure les chefs de file de la Pléiade (XVIe siècle)) . De nos jours, cet hermétisme tend, à l'inverse, à devenir la marque d'une « poésie pure » qui rapprocherait Maurice Scève des symbolistes et de Mallarmé. Entre les deux périodes, c'est d'abord le Classicisme, et son goût pour la fameuse "clarté", puis le Romantisme, et sa propension à l'épanchement lyrique, qui ont successivement maintenu Scève dans l'oubli. | |
| | | Le Baron Posteur en quête
Messages : 75 Inscription le : 25/02/2008 Age : 43 Localisation : Italie
| Sujet: Re: Maurice Scève Lun 3 Mar 2008 - 20:26 | |
| Pardon je me suis trompé de section. J'aurais du le mettre dans la section poèsie....pardon! | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Maurice Scève Lun 3 Mar 2008 - 21:45 | |
| Très intéressante et fort documentée présentation de ce poète, si mal connu j'en ai bien peur des Français d'aujourd'hui, qui fait un lien entre le moyen-âge et la rennaissance, et aussi entre l'Italie et la France. Peut être juste quelques vers tirés de Délie pour donner aux Parfumés une idée de cette vieille poésie: - Citation :
- Comme Hécaté tu me ferais errer
Et vif et mort cent ans parmi les ombres; Comme Diane au Ciel me resserrer, D'où descendis en ces mortels encombres; Mais comme Lune infuse dans mes veines Celle tu fus, es, et seras Délie, Qu'Amour a joint à mes pensées vaines Si fort, que Mort jamais ne l'en délie. | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Maurice Scève Mar 4 Mar 2008 - 9:02 | |
| Sujet déplacé en section poésie | |
| | | Le Baron Posteur en quête
Messages : 75 Inscription le : 25/02/2008 Age : 43 Localisation : Italie
| Sujet: Re: Maurice Scève Mar 4 Mar 2008 - 11:56 | |
| - arabella a écrit:
- Très intéressante et fort documentée présentation de ce poète, si mal connu j'en ai bien peur des Français d'aujourd'hui, qui fait un lien entre le moyen-âge et la rennaissance, et aussi entre l'Italie et la France.
Peut être juste quelques vers tirés de Délie pour donner aux Parfumés une idée de cette vieille poésie:
- Citation :
- Comme Hécaté tu me ferais errer
Et vif et mort cent ans parmi les ombres; Comme Diane au Ciel me resserrer, D'où descendis en ces mortels encombres; Mais comme Lune infuse dans mes veines Celle tu fus, es, et seras Délie, Qu'Amour a joint à mes pensées vaines Si fort, que Mort jamais ne l'en délie. Bravo arabella! J'aime la facon dont il commence le dizain,on voit comme il a de l'espoir,mais au fur et à mesure que l'on avance dans le dizain l'spoir se fane..... J'en posterai des autres dès que j'aurai un peu plus de temps! | |
| | | Le Baron Posteur en quête
Messages : 75 Inscription le : 25/02/2008 Age : 43 Localisation : Italie
| Sujet: Re: Maurice Scève Mar 4 Mar 2008 - 19:17 | |
| Voilà un autre magnifique dizain(ouvert à plusieurs intérpretation):
Le fer se laisse et fourbir et brunir Pour se gagner avec son lustre gloire Où mon travail ne me fait qu'embrunir, Ma foi passant en sa blancheur l'ivoire. Je contendrais par dessus la victoire Mais hasardand hasards en mes malheurs, Las!je me fais dépouille en mes douleurs Qui,me perdent,au perdre me demeurent, Me demeurant seulement les couleurs De mes plaisirs qui,me naissant,me meurent. | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Maurice Scève Mar 4 Mar 2008 - 20:00 | |
| Plusieurs interprétations en effet Un autre que j'aime bien - Citation :
- En tel suspens ou de non ou d'oui,
Je veux soudain et plus soudain je n'ose. L'un me rend triste, et l'autre réjoui Dépendant tout de liberté enclose. Mais si je vois n'y pouvoir autre chose, Je recourrai à mon aveugle juge. Réfrenez donc, mes yeux, votre déluge: Car ce mien feu malgré vous, reluira. Et le laissant à l'extrême refuge, Me détrusant, en moi se détruira. | |
| | | jack-hubert bukowski Zen littéraire
Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 43
| Sujet: Re: Maurice Scève Mar 4 Mar 2008 - 23:54 | |
| - Citation :
- Me détrusant, en moi se détruira.
Faut-il y voir une faute opportune, arabella, quand vous dites détrusant et non détruisant... | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Maurice Scève Mer 5 Mar 2008 - 22:14 | |
| - jack-hubert bukowski a écrit:
-
- Citation :
- Me détrusant, en moi se détruira.
Faut-il y voir une faute opportune, arabella, quand vous dites détrusant et non détruisant... C'est bien sûre une faute, il faut lire détruisant, désolée. | |
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| | | | Maurice Scève | |
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