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| Coup de coeur et bar de la poésie | |
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Auteur | Message |
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Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie Mar 4 Mai 2010 - 22:55 | |
| - animal a écrit:
- Paris la nuit de Didier Lourenco ? (pour le "comment"... un petit tours sur le fil glanages... pratique le bazar !)
Merci ! ... tu es génial ! ce forum est génial ! Me reste à trouver ce fil "glanages", car il me manque le titre et l'auteur d'un autre tableau ... ps : Edition : j'ai trouvé le fil et le site de recherche par inversion = dans mes favoris ! et toc !
Dernière édition par Constance le Mar 4 Mai 2010 - 23:04, édité 1 fois | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie Mar 4 Mai 2010 - 23:03 | |
| ceux qui sont vraiment à remercier sont ceux qui font des moteurs de recherche sur des images ! par ici les glanages : clic ! ... un des joyeux bric(s ?) à brac(s ?) du forum... rangé "pratiques culturelles". | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| | | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie Jeu 6 Mai 2010 - 10:48 | |
| A la fenêtre, je sais qu'il y a des roses, des roses rouges d'arrière-automne, les plus hautes du rosier grimpant. Je n'ose les regarder, elles sont d'un autre monde, celui qui s'arrête au bord de ma fenêtre. Je me souviens d'avoir aimé les roses ; ce souvenir m'est odieux. Ne pas pouvoir oublier, voilà ce qui me dévore, et ces roses ne sont là, fleurs avancées du monde aux portes de l'enfer, que pour aviver le feu du souvenir ! Au-dessus des roses, je vois des arbres et des maisons, des arbres et des maisons quelconques; là-bas, la vie continue ; des femmes se penchent à la fenêtre, des enfants crient dans une cour, un tram démarre, une cloche sonne les heures; ici, le temps s'est arrêté. Le tintement de l'horloge, au-dessous de ma chambre, n'est plus qu'un son bizarre, hallucinant, dont j'écoute les vibrations, dans mes nuits d'insomnie ; le sommeil, lui aussi, s'est arrêté. Il n'y a plus de temps ni de sommeil : rien qu'une effrayante mémoire. Petites dents d'une scie aiguë, les vibrations de l'horloge me font mal au cerveau. Je voudrais pouvoir les saisir au vol. comme on fait des mouches irritantes, et les réduire au silence.
Par-dessus les arbres, il y a le ciel, visible par petits carrés, entre les barreaux de ma fenêtre, toujours hermétiquement close. La maison dort, mais non ceux qui l'habitent. Un long cri, soudain, rompt le silence, secouant les chiens de garde, sévères molosses. D'autres chiens, au loin, leur répondent. Un pas sourd fait craquer le bois de l'escalier, une porte s'ouvre, se referme. A côté de ma chambre, une femme se traîne, en poussant des soupirs qui montent d'un abîme. Elle s'assied. Avec effroi, j'épie un bruit sec et saccadé, frottement d'un faible doigt sur la table. On dirait que cette femme s'épuise à effacer une tache, une petite tache imaginaire, qui lui ôte le repos. Je crois voir cette femme dormant, les yeux ouverts. Chaque nuit, la scène se répète, invariablement la même. "Arrête !" lui criai-je enfin. "Par pitié, ne me tourmente pas ainsi, ou demain, le jour se lèvera sur un homme mort, mystérieusement frappé, sans blessure apparente !" Il n'y a pas eu de réponse. La maison dort, mais ceux qui l'habitent continuent le jeu, mûs par la force qui gît dans les ténèbres, devant d'impassibles témoins.
Edmond-Henri Crisinel
(Alectone)
Toile "Les coteaux de Colleville", de Van Gogh | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie Ven 7 Mai 2010 - 8:52 | |
| Hier, j'ai oublié de vous présenter Edmond-Henri Crisinel ... Poète suisse de langue française (Faoug 1897 – Nyon 1948). Après avoir détruit à la suite d'une dépression (qui le conduit, en 1919, en milieu psychiatrique) toute sa production poétique, puis pratiqué pendant de longues années le métier de journaliste, il écrit, de 1936 à 1948, plusieurs œuvres d'une étonnante modernité, parmi lesquelles le Veilleur (1939), Alectone (1944), ou Nuit de juin (1945) et le Bandeau noir (1949). D'une sensibilité excessive, il a souffert d'un sentiment de culpabilité insurmontable ; ses poésies reflètent les conflits d'une rare intensité, leur conférant une dimension existentielle qui permet d'y voir la quête et les désarrois des hommes et des femmes de notre temps. Malheureusement, la magie poétique n'est pas parvenue à dépasser les doutes d'une existence angoissée : en 1948, il mit fin à ses jours. (Article Larousse) Château bordé de calme et de feuillages épars c'est ici le séjour de la Mélancolie. De ces nobles bosquets la chaîne est un rempart Où vient mourir l'écho de Tes crimes, Folie. Passant, la grille est close et le soir tombe. Va ! Tu ne comprendrais pas ce qui tourmente et ronge Dans leur trouble sommeil les ombres d'ici-bas. Maison des morts, ilôt perdu, débris de songe.
Edmond-Henri Crisinel
(Extrait de "Elégie de la maison des morts")
Photo de Eugène Atget, parc de Sceaux | |
| | | Constance Zen littéraire
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| | | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie Dim 9 Mai 2010 - 9:26 | |
| Les bois, les ruines
Et l'élégie se renouvelle Au silence - et comme un fleuve Dans nos voix s'y perdant. Que l'homme, sa dernière heure Le reçoive sans cris, Comme une gare mal éclairée Mais chaude encore. Je le suis, Ne voulant pas partir, ne voulant Qu'une voix, parmi les servantes Et l'eau des quais. Mais, derrière la vitre, Tu étais la récitation Des prés et de l'histoire, le don Des hommes blancs, des bois Anéantis. Et ton silence est haut Comme l'auberge des idées, Avec sa chèvre Scintillante et les premiers chants, Puisque toute chose a reçu son nom Dans cette odeur de terre Et le premier silence. Et puisque l'épée du temps Se refuse Et que les champs ameutés, Les douces plaines, S'accompagnent du soleil blanc Comme un berger, Marcher, se perdre, et se sentir Transi, sans aucune clôture Qui puisse retenir Tout le flot anuité, les perçantes Étoiles, les ombres, C'est cela, dans la clarté Du gaz ou la pluie, Que tu aimes à laisser s'enfuir Comme si peu d'années Pesaient sur tes épaules. Ah qu'un charriot qui grince Au sommet d'une pente, Ou le gardien d'une maison fermée (Ses vergers, L'ombre des colonnes), Soient comptés par le silence Dans le récit sans nom. Rien ne nous connaît plus Sinon la crue des jours ; Rien ne nous veille, peut-être, Enfants à la mamelle, Et la barque est si proche ! Il faut tout dire, prier Pour qu'un livre lointain nous reçoive. Tu te rapprocheras, tes yeux Attristés verront le vin des jours, Tu auras peur Un instant, Et tu verras l'Antiquité. Une berge, l'éclair d'un fleuve, Et ce qui m'inspirait, La lumière se perdant, le vin, Le rêve des abeilles Affamées, C'était un autre fleuve, Comme une métaphore du flot des mains Priantes sur les feuilles, Ô combien, jour d'été, Je fus limon, mémoire, et flux, Je ne demandais rien. Je m'arrêtais sous la meule Du soleil, je regardais, Dans les briques et les affiches sales, La piété du temps. Or toi, Tu t'exclamais, jeune fille Aux yeux de génisse, Sauvant des airs les phrases Ou la beauté d'un temple Parmi les pins, Comme si la chaussée, les douces Prostituées assises sur un talus Devaient être aussi là Pour ton amour. Un vin sanglant Sur la jeunesse du ciel, Une moto passait Près des ruines.
Michel Orgel
(in Élégie, suivi de Parva Domus)
Toile "Les ruines d'Hampi", de Laurence Koenig | |
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| Sujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie Jeu 13 Mai 2010 - 8:32 | |
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Une morte demeure plus vivante en mon coeur Que la plus belle des vivantes, et vous mes femmes à venir, mes femmes d'aujourd'hui, Mes femmes de tous les âges Reculez Reculez dans la ruse et le pardon.
Si je m'oublie, elle vous efface, elle nous sépare Elle vous défie de son extrême absence Elle n'est plus mais elle est ma maîtresse Comme jamais je ne serai votre maître.
Je passe dans votre gorge, Je glisse à travers vos bras Je traverse votre regard Mais nulle de vos mains ne m'arrête.
Défense de saisir, défense de me saisir : Même une épaule est trahison.
Jamais je ne m'endormirai sur vos seins Je ne dormirai plus, je veille.
André Gaillard
(Oeuvres poétiques, Cahiers du Sud)
Toile "Voyageur contemplant une mer de nuages", de Caspar David Friedrich | |
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| Sujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie Sam 15 Mai 2010 - 10:05 | |
| Un bel hommage à André Gaillard : Gamme des alcools
Pour André Gaillard
Cristal haineux, miroirs où se penchaient des roses, Glaces où la rue morne entrait avec le soir, Me rendrez-vous un jour mes lèvres et ses poses Dans les tabacs marina et les violons épars ? Sur les quais charbonneux où des fanaux, s’allument, Aux accents étouffés des violes, tu viendras La rose entre les dents comme une fée des brumes Lorsque des remorqueurs éventrent les flots plats. Enfant aux yeux cernés et d’une nuit trop brève Dans quelque noir profond où pleurent les steamers, Te verrais-je venir dans quelques bar de rêve Quand las trottoirs sont nus sous la rosée d’hiver ? Nous goûterons alors une rampe jaune Les pâles gins, les blancs sodas, les ales d’or Et les tristes vermouths qui me disent l’automne Et les abois des chiens et les appels des cors. Je ne sais pas ton nom et tes minces épaules Frissonnent. Mon enfance est un regard lointain ...
Léon Gabriel Gros
("Fards pour notre jeunesse", revue "Les facettes")
Toile "Paul Alexandre devant un vitrage", de Modigliani | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie Dim 16 Mai 2010 - 10:13 | |
| Mon amour ma fonte des neiges, quels mots en cet instant disent tes mains, comment bat ton cœur ? La nuit a déposé sur ma table des fatigues, de vieilles histoires, et je me dis qu'importe qui nous avons été dans ces vies anciennes où je ne comptais pas pour toi, où tu n'existais pas pour moi. Le jour je marche dans des rues où le bruit de mes pas n'est pas celui que je connaissais. Ta peau de poivre doux, d'herbe d'été, a le goût du septième paradis, de la toute première lune accrochée aux flancs du ciel. La nuit avance et je pense à ce matin de primevères apparues sur mon bureau. J'écris ces mots mon amour, ma fonte des neiges, et je t'embrasse précisément, précieusement, au creux du ventre.
Francis Dannemark
(In Poèmes et lettres d’amour) Toile "Portrait de Guillaume Lekeu", de Servais Detilleux | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Coup de coeur et bar de la poésie Lun 17 Mai 2010 - 11:39 | |
| Dernier lied, Pâles amours solennelles ... Derniers feux. Derniers jeux. Pour mon guignol À mon trépas écarquillé Sur les quais du silence.
(In Déchu)
Ombres et Reflets
I
Sur la page blanche, nos crayons immobiles dorment sous le halo de mes lampes. Premières heures pacifiantes du soir, crépuscule ouaté de silences après les siestes longues, yeux et chair reposés, la jactance du poème n'est pas l'espoir des hommes. "Pensez aux maux dont vous êtes exempts", édicte la sagesse musulmane: L'abjection du "toboute" (cellule d'inculpés) du bureau de la police, la prison, et la cruelle solitude de l'esprit, le mal dormir, l'injustice des aigris, l'inquiétude douloureuse des lendemains éthyliques, les paroles irritées qui attristent et blessent nos amis ... Voici la table jonchée de cendres sur les vains discours de nos grimoires. Filles indolentes de minuit à l'effigie des stances esquissées, mon bel émoi étend son ombre sur mon buvard.
II
Avant l'aurore, l'haleine de la mer salue l'espoir de l'homme, et, vers l'orient, son regard embrasse l'horizon des montagnes couronnées d'étoiles. Fumées parfumées de la pipe culottée, cafés des bouges, balayeurs, et les mégots du soir, encore humides de la salive des beautés du bal, au bistrot, ma bouche recèle le dentifrice de la Muchacha. Gabriel Rousseau, au "National", et Elie Bazile, au "Matin", distribuent les journaux aux facteurs. Quatre heures du matin, Grand'Rue, c'est la halte, chez Angèle, des escogriffes en manches de chemise, voyous soûls, roulures, viragos dépeignées, pickpockets, sans-domiciles, dévoyés, pochards silencieux aux mines équivoques de mouchards ... Mais orientés vers la mer, nos pas, le long des trottoirs du boulevard, rejoignent ceux des villageoises, pieds menus dans des sandales de cuir. Échos multipliés des mélodies rehaussées, la Tanagra a perdu son porte-bonheur, et Djoméca, au dancing, rejoue la valse de Tennessee.
Magloire-Saint-Aude
(Le Nouvelliste, 22 décembre 1956) Biographie de Magloire-Saint-Aude :- Spoiler:
Le récit de la vie de Magloire-Saint-Aude ressemble à ce portrait contrasté qu'il fait de lui-même dans Dimanche. Comme si dans sa vie même, il avait voulu déjouer les tentatives de ceux qui essaieraient de mettre à jour son énigme, de donner à son oeuvre comme à sa personne une quiète permanence, une forme, un nom et un message, une promesse rassurante de signification. Mais que sait-on au juste de Magloire-Saint-Aude ? Des événements, quelques faits parfois contradictoires. Il naît à Port-au-Prince le 2 avril 1912, il porte alors le nom de Clément Magloire fils. Héritier d'une famille notable (son père est le célèbre fondateur du journal Le Matin), il étudie dans plusieurs écoles fréquentées par l'élite (Le Petit Séminaire Collège Saint-Martial, L'Institution Saint-Louis de Gonzague et L'Institut Tippenhauer). Il publie ensuite très jeune, ses premiers poèmes dans les revues "La Relève et Le Matin". Il participe au mouvement indigéniste des « Griots » aux côtés du poète Carl Brouard et du jeune François Duvalier qui allait devenir celui qu'on sait. Clément Magloire fils est alors secrétaire général de la revue du mouvement intitulée Les Griots et cette revue sera le premier espace où sa révolte trouvera à s'exprimer. Mais il se distancie assez rapidement des Griots pour suivre « d'instinct » une nouvelle voie et une nouvelle pratique d'écriture que Philippe Thoby-Marcelin préfaçant son premier recueil qualifiera de surréaliste. Adoptant cette appellation, il la fera sienne en revisitant et adaptant à sa propre recherche poétique le surréalisme de Breton. 1941 est une année décisive : il publie coup sur coup "Dialogue de mes lampes" et "Tabou" et devient Magloire-Saint-Aude en rejetant le prénom de son père et en ajoutant à « Magloire » le nom de sa mère. Il se crée ainsi son propre nom et sa propre écriture. Parallèlement à son oeuvre poétique, il se consacre au journalisme : il écrira quasiment jusqu'à sa mort un nombre impressionnant d'articles et de chroniques dans plusieurs journaux et quotidiens. Il vit alors en « paria » dans un quartier pauvre de Port-au-Prince (à Martissant), fréquente les bouges, les bars, les bordels, jouant jusqu'au bout ce personnage qu'il s'était créé. Cependant, ce monde de la rue et de la nuit l'inspire pour ses chroniques et, indirectement, pour sa poésie. Il rencontre et impressionne favorablement Breton lors du passage de celui-ci en Haïti, mais ne participe nullement à la révolte qui suivra ce séjour. Sa recherche poétique par contre s'intensifie : il assume et revendique pleinement son hermétisme et sa révolte. Il publiera quelques textes en prose, versions retravaillées de ses chroniques et articles dans les journaux, oeuvres courtes, incisives qu'il nommera, avec désinvolture, ses travaux « d'écrivain professionnel ». La qualité de ces textes est en effet inégale, mais certains, brillants au ton direct, ironique et percutant témoignent d’une autre facette très peu connue de son écriture. Son dernier recueil de poèmes, Déchu (1956), met délibérément fin à son aventure poétique. Tous les textes ultérieurs seront en effet des inédits ou des publications posthumes. À partir de 1967, celui qui est maintenant le président Duvalier père lui accordera, dans un geste assez ambigu, une allocation mensuelle dont il bénéficiera jusqu'à sa mort. Son profond pessimisme le tiendra cependant toujours éloigné du pouvoir et du politique, de droite, comme de gauche. Il ira à la même époque à l'hôpital et en prison. Il sera caustique dans ses articles envers les élites, silencieux sur ses intentions, un révolté du désengagement, souvent ivre et seul. Il ne sera l'homme d'aucun parti, d'aucun mouvement, d'aucune cause, d'aucune école. Il meurt finalement, après plusieurs séjours à l'hôpital, le 27 mai 1971 tout aussi seul et il a, paradoxalement, des funérailles officielles au cours desquelles des discours seront prononcés. Jusque là, il aura de moins en moins publié, ne se sera jamais véritablement expliqué sur rien et n'aura jamais écrit – si l'on excepte quelques articles souvent sibyllins – de manifeste ou d'Art Poétique. Magloire-Saint-Aude livrera par contre une poésie elliptique, dense, ciselée et traversée par le silence et l'opacité qu'il élève au niveau d'une véritable exigence éthique et esthétique. Ces quelques pages presque blanches constituent, avec la certitude immédiate que seule la beauté peut imposer d'elle-même, l'une des œuvres les plus grandes et les plus accomplies de la littérature haïtienne et mondiale. (Stéphane Martelly)
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