Charles Guérin Charles Guérin, né le 29 décembre 1873 à Lunéville (Meurthe-et-Moselle), où il est mort, le 17 mars 1907 est un poète français.
Il appartient à une grande dynastie d’industriels lorrains, propriétaire
de la célèbre Faïencerie
de Lunéville-Saint-Clément, connue aussi sous le nom Keller et Guérin. Au sein
de sa famille, où il est l’aîné
de huit enfants, il reçoit une solide éducation humaniste et religieuse, dont l’influence sur l’œuvre poétique a été déterminante. Il fait ses études à Saint-Pierre-Fourier (Lunéville), puis à la Faculté des Lettres
de Nancy, où il prépare une licence d’allemand (1894-1897).
À ses études, le jeune homme préfère largement la poésie. Il publie son premier recueil « Fleurs
de neige » en 1893, puis « Joies grises » en 1894 et « Le Sang des crépuscules », en 1895, trois recueils marqués par l’influence du poète symboliste belge Georges Rodenbach. Il fait également
de nombreux séjours à Paris, où il fréquente les cercles poétiques et littéraires à la mode, en particulier le salon
de José-Maria
de Heredia, et les célèbres « Mardis symbolistes »
de Stéphane Mallarmé. Alfred Vallette, directeur du Mercure
de France, lui confie la rédaction
de quelques articles
de critique littéraire et artistique et édite ses œuvres : « Le Cœur solitaire », « Le Semeur
de cendres » et « L’Homme intérieur ». Le poète se consacre désormais entièrement à la littérature et collabore à plusieurs revues. Il rencontre ainsi
de nombreux jeunes écrivains : Paul Léautaud, Maurice Magre, Paul Fort, Jean Viollis, Albert Samain, et surtout, à partir
de 1897, Francis Jammes, auquel le lie une grande et profonde amitié.
La vie parisienne
de Charles Guérin est entrecoupée
de nombreux voyages à l’étranger : Allemagne, où il se passionne, à Bayreuth, pour l’œuvre
de Richard Wagner, Belgique, Suisse, Italie… Il se rend souvent aussi sur la Côte d’Azur, ou à Orthez (Basses-Pyrénées), chez Francis Jammes.
Une vive déception sentimentale, un amour malheureux et contrarié, mais surtout une sensibilité irrémédiablement mélancolique et une santé fragile épuisent vite le poète, qui meurt prématurément d’une tumeur au cerveau, à l’âge
de 33 ans, en 1907.
La sincérité et la profondeur
de son œuvre situent Charles Guérin dans la tradition lyrique
de la poésie français, entre le Parnasse et le Symbolisme, à la fin du XIXème siècle.
Source : unjourunpoeme.fr
- Citation :
- Ton image en tous lieux peuple ma solitude.
Quand c'est l'hiver, la ville et les labeurs d'esprit,
Elle s'accoude au bout de ma table d'étude,
Muette, et me sourit.
A la campagne, au temps où le blé mûr ondule,
Amis du soir qui tombe et des vastes couchants,
Elle et moi nous rentrons ensemble au crépuscule
Par les chemins des champs.
Elle écoute avec moi sous les pins maritimes
La vague qui s'écroule en traînant des graviers.
Parfois, sur la montagne, ivre du vent des cimes,
Elle dort à mes pieds.
Elle retient sa part des tourments et des joies
Dont mon âme inégale est pleine chaque jour ;
Où que j'aille, elle porte au-devant de mes voies
La lampe de l'amour.
Enfin, comme elle est femme et sait que le poète
Ne voudrait pas sans elle oublier de souffrir,
Lorsqu'elle me voit triste elle étend sur ma tête
Ses mains pour me guérir.
L'homme intérieur - Charles Guérin