Hubert Haddad

D'autres extraits mais pas pour ceux qui ne l'ont pas lu et qui le souhaiteraient car ça dévoile un peu trop de choses à mon avis ...

Spoiler:

Géométrie d'un rêve

Un écrivain qui a pris la décision d'arrêter d'écrire, se retranche dans une ancienne maison en Bretagne, pour oublier son grand amour perdu. Il se met à écrire son journal, où il écrit les événements essentiels de sa vie : son enfance chaotique, suite au décès de sa mère, sa grand-mère, la haine réciproque que son père et lui se vouent, les relations avec sa belle-mère et demi soeur, la prison...Et ses amours, avec une Japonaise, Amaya, et surtout Fedora, son grand amour et diva. Même s'il a décidé d'arrêter d'écrire, il ne peut s'empêcher d'ébaucher des fictions, d'imaginer des débuts d'histoires, et d'évoquer les livres qu'il a déjà écrits, qui semblent pour lui aussi réels que la vraie vie.

Toutes ces histoires sont entrecroisées, racontées par petits bouts, entrecoupées par des considérations générales.

Autant dire que tous ces bouts d'histoire sont parfaitement invraisemblables.Et leur accumulation encore plus. En fait, le narrateur-écrivain donne la sensation d'inventer dans son journal sa vie, comme il le faisait naguère pour les personnages de ses romans. Ses amours déjà, une cantatrice improbable (aucune n'a jamais chanté tous les rôles qu'il lui attribue) une Japonaise qui rassemble plein de clichés de la Japonaise (mère irradiée à Nagasaki, père et frère yakusa, le tatouage intégral....), cela donne la sensation d'un homme qui rêverait des histoires d'amour les plus fous, peut être pour compenser un réel terne. Combler un vide.

Pourquoi pas, mais au final je n'ai pas complètement adhéré à cette démarche, d'autant plus que j'ai trouvé l'écriture un peu chargée (à rapprocher de la façon dont le narrateur charge ses histoire), choix de mots rares, de tournures de phrases un peu tarabiscotées....Surtout que c'est ponctué de courts paragraphes comme par exemple :

Citation :

La mort, c'est Dieu soudain planté dans l'ignorance.

Citation :

Trahir sa jeunesse, c'est encore un sport de jeunes gens.

Ce n'était peut être pas le meilleur livre pour aborder l'auteur.

C'est amusant comme les points de vue peuvent différer d'une personne à l'autre, on dirait presque un livre différent. Suite à ce commentaire je me dis que je vais peut-être continuer ma découverte avec un autre livre de lui que celui-ci.
Peut-être pourrais-tu essayer Le peintre d'éventail, c'est vraiment un régal

C'est celui que je voulais, mais comme c'est une nouveauté, il faut le réserver et attendre un certain temps.

Arabella a écrit:

C'est celui que je voulais, mais comme c'est une nouveauté, il faut le réserver et attendre un certain temps.

Tout comme moi !

Vous ne serez pas déçue enfin, j'espère ! j'aimerais bien avoir votre impression !

Probablement. Mais il faudra attendre un peu. La fin du rush.

églantine a écrit:

Arabella a écrit:

C'est celui que je voulais, mais comme c'est une nouveauté, il faut le réserver et attendre un certain temps.

Tout comme moi !

Moi aussi. Je l'ai réservé. Il ne devrait plus tarder.

Arabella a écrit:

Géométrie d'un rêve

Ce n'était peut être pas le meilleur livre pour aborder l'auteur.

Ca je le crois...mais je te trouve très sévère...
Ce livre est un peu baroque il est vrai...Et parmi toutes ces histoires (débuts de romans?), d'amour notamment, il y a la part des rêves, des fantasmes de l'amoureux éconduit et profondément malheureux qui s'invente un passé à embellir du côté du coeur, de sa séduction...
L'invraisemblance ne m'a pas gênée...Je ne me suis pas du tout posé la question de la réalité..."Géométrie d'un rêve"...La couleur était un peu annoncée...


Lis tout de même Le peintre d'éventail!

Très sévère? Arabella dit juste ce qu'elle pense, et je la comprends d'autant plus que j'ai partagé cette impression de surcharge et d'invraisemblance dans Opium Poppy . La grâce toute poétique qui m'avait séduite au départ, m'est apparue boursouflée à la longue, et je n'ai plus cru à l'histoire (tout comme Tina, j'ai vu)

Il s'agit vraiment d'un genre à part, très onirique. Dans Géométrie d'un rêve cela peut peut-être s'accorder davantage que dans celui ci qu' Haddad situait en pleine guerre Afghane.

Aeriale a écrit:

Très sévère? Arabella dit juste ce qu'elle pense.

Ben moi aussi, je dis juste ce que je pense...
Et je ne dénie à personne ce droit là que je sache...
Tout va bien!

coline a écrit:

Aeriale a écrit:

Très sévère? Arabella dit juste ce qu'elle pense.

Ben moi aussi, je dis juste ce que je pense...
Et je ne dénie à personne ce droit là que je sache...
Tout va bien!

Allez, vous battez pas! Vous savez bien qu'Arabella est quelqu'un qui hésite tpujours, qui n'ose pas dire quand elle n’est pas d'accord. Vous allez nous la casser , là!

topocl a écrit:

coline a écrit:

Aeriale a écrit:

Très sévère? Arabella dit juste ce qu'elle pense.

Ben moi aussi, je dis juste ce que je pense...
Et je ne dénie à personne ce droit là que je sache...
Tout va bien!

Allez, vous battez pas! Vous savez bien qu'Arabella est quelqu'un qui hésite tpujours, qui n'ose pas dire quand elle n’est pas d'accord. Vous allez nous la casser , là!

On ne se bat pas, rassure-toi...Et ça m'étonnerait qu'on puisse casser Arabella!
Il me semblait que je n'avais rien dit de très méchant...Mais bon...Je ne sais plus...

Je suis beaucoup plus fragile que vous ne le pensez.

J'avais vraiment hésité à mettre mes impressions, par peur de la réaction de Coline (et oui, Coline fait peur, avec toute la pugnacité dont elle fait toujours preuve pour défendre ses préférés, même si je ne la trouve pas méchante, loin de là). Mais une fois que j'ai décidé de le faire, je suis incapable de mentir, de ne pas donner mon ressenti. En sachant que ce n'est que mon ressenti.

Je n'ai ni dit, ni pensé que ce livre était sans intérêt. Au début j'ai même été séduite. Mais à la longue, j'ai eu de plus en plus de mal à continuer ma lecture, ces petites histoires, qui cumulaient de plus en plus l'invraisemblable (même si l'idée d'un auteur qui inventait sa vie comme un roman n'était pas sans intérêt, loin de là), et toujours un petit bout, et l'arrêt à un moment de suspens. Cela tournait un peu au procédé. Peut être que si livre aurait été plus court, j'aurais plus apprécié.

Bon et bien, moi je l'ai lu !! superbe, je reprendrai bien un peu de cet auteur que j'ai découvert. Merci les livres voyageurs !!

Le peintre d’éventail
Hubert Haddad
Editions Zulma
192 pages
Janvier 2013
ISBN : 9782843045974


4ème de couverture : C’est au fin fond de la contrée d’Atôra, au nord-est de l’île de Honshu, que Matabei se retire pour échapper à la fureur du monde. Dans cet endroit perdu entre montagnes et Pacifique, se cache la paisible pension de Dame Hison dont Matabei apprend à connaître les habitués, tous personnages singuliers et fantasques.
Attenant à l’auberge se déploie un jardin hors du temps. Insensiblement, Matabei s’attache au vieux jardinier et découvre en lui un extraordinaire peintre d’éventail. Il devient le disciple dévoué de maître Osaki.

Fabuleux labyrinthe aux perspectives trompeuses, le jardin de maître Osaki est aussi le cadre de déchirements et de passions, bien loin de la voie du Zen, en attendant d’autres bouleversements…
Avec le Peintre d’éventail, Hubert Haddad nous offre un roman d’initiation inoubliable, époustouflant de maîtrise et de grâce.
Matabei veut changer d’air, quitter Kobe, quitter sa notoriété de peintre moderne, et, surtout… oublier, tout oublier. Il se retrouve dans la pension de dame Hison, ancienne prostituée qui héberge une collection de gens « à part », particuliers. Dame Hison recueille au sens propre comme au sens figuré ce cabossé.
Sa vie va se transformer lorsqu’il rencontre le Maître Osaki, un très grand peintre d’ »éventail et jardinier hors pair qui va lui apprendre l’Art. Avec et grâce à lui, il va se transformer, retrouver la sérénité. Mais la grâce, la beauté, la poésie, l’harmonie ont un revers de médaille.

C’est un livre majestueux, poétique, dans un français splendide. Un hommage à la vie japonaise, à la civilisation japonaise. Un livre que j’ai dégusté avec le même cérémonial que les deux hommes mettent à boire leur thé. Des descriptions sublimes. Une promenade hors du temps dans la beauté d’un matin, sous la neige, dans la splendeur d’une soirée….
L’écriture d’Hubert Haddad pousse à la contemplation, on ressent la mélancolie mais les petits plaisirs n’y sont jamais absents. La beauté n’est jamais absente même lorsque arrive l’apocalypse, l‘impensable.

Ce roman d’initiation, de transmission des savoirs m’a transporté. Sandrine, je te remercie pour ce moment hors temps et cette très belle lecture. Tout au long de cette lecture envoûtante, je me suis demandée si Hubert Haddad n’était pas le traducteur, au lieu de l’auteur. Quel hommage au Japon pour un homme qui n’y est jamais allé. Quel talent. J’ai retenu plusieurs autres ouvrages de cet auteur à la bibliothèque.

Les éditions Zulma ont une politique d’exigence du contenu et du contenant qui ne peut que me séduire et je n’ai jamais été déçue par les quelques livres lus de cet éditeur.

Quelques Haïkus :

Prendre son envol –
à l’heure des migrations
peindre une plume

« Seuls endroit calme
dans cette ruée de mondes –
la remise aux selles »

Quelques extraits :

Par instants, une curieuse impression saisissait le promeneur, surtout en fin de journée, quand la lumière oblique faisait tourner les ombres :l’agencement de l’enclos révélait un el équilibre à le parcourir ainsi, sans hâte, en s’arrêtant aux emplacement choisis, qu’il croyait voir un miroir de verdure et d’eau, presque un regard tourné sur lui, manière d’attention impersonnelle qui accompagnerait chacun de ses gestes et de ses pensées avec un mélange d’indulgence et de gravité

Celui qui se tait n’attend rien de vous
Les années roulent doucement les pierres dans le lit du torrent. Un œil aiguisé peut voir croître les arbres entre la fête des carpes et l’équinoxe d’automne mais la précipitation des jours est telle qu’on ne porte guère attention à l’usure des or ou à l’affaissement du sol.

Je n’oublierai jamais les derniers mots de Matabei : « Ecoute le vent qui souffle. On peut passer sa vie à l’entendre en ignorant tout de mouvements de l’air ».