Laurent Gaudé

Cachemire a écrit:

La porte des enfers

Reste la vérité décrite de la souffrance des parents, leur descente aux enfers psychique et le sacrifice du père qui touchent par leur justesse.

C'est aussi ce que j'ai préféré dans ce roman.

La porte des enfers

Un papa, une maman, un enfant.
Une histoire familiale tranquille qui bascule suite à une fusillade.
Mattéo et son fils se trouvaient au mauvais endroit, au mauvais moment !
A partir de là, rien n'est plus comme avant.
Le couple s'effrite ... Tout n'est que douleur.
Puis Mattéo fera une drôle de rencontre : un personnage prétendant possible la liaison avec le monde des morts.

Au départ, j'ai eu beaucoup de mal à entrer dans ce roman parce qu'il y a sans cesse des allers-retours entre 2002 et 1980. Je me perdais un peu en route, le temps que l'histoire s'installe vraiment.
Ensuite, c'est captivant.
On retrouve le mythe d'Orphée et Eurydice, avec ce refus de la mort de l'autre.
Chaque personnage tente, à sa manière, de continuer à vivre. En se battant, quitte à croire l'impossible . En gommant ses propres souvenirs voire même sa propre vie.
La folie côtoie la douleur. Le basculement de l'un à l'autre est permanent.

Une fois de plus un grand plaisir de lecture , un roman 'fantastique' !

Citation :

"Qu'y a-t-il ?" Mattéo venait de rentrer. Il avait trouvé Giuliana pleurant debout dans la cuisine. A l'instant où il posa la question, il sentit qu'elle n'avait aucun sens. Il savait bien ce qu'il y avait et pourquoi elle pleurait. Quelques minutes plus tôt, elle préparait calmement le repas du soir. La table était mise. L'eau des pâtes commençait à frémir. Et, tout à coup, elle avait été comme happée. Plus rien alors n'avait existé autour d'elle que sa tristesse. C'était ainsi. depuis la mort de Pippo, le désespoir les harcelait continuellement, les surprenant aux moments où ils s'y attendaient le moins. Il savait bien de quelle tristesse étaient ridés les yeux de sa femme.

Ravie de lire que ce roman t'a plue. Gaudé parvient toujours à nous embarquer. Il va falloir que je songe à passer à ses pièces de théâtre, à condition de parvenir à les emprunter. Gaudé est un auteur qui sort souvent.

Eve Lyne a écrit:

Il va falloir que je songe à passer à ses pièces de théâtre

Commence par Les sacrifiées...

coline a écrit:

Eve Lyne a écrit:

Il va falloir que je songe à passer à ses pièces de théâtre

Commence par Les sacrifiées...

Et Le Tigre bleu de l'Euphrate ...

Marko a écrit:

coline a écrit:

Eve Lyne a écrit:

Il va falloir que je songe à passer à ses pièces de théâtre

Commence par Les sacrifiées...

Et Le Tigre bleu de l'Euphrate ...

Oui...c'est ça Eve Lyne...Prends les deux...

La mort du roi Tsongor

Présentation de l’éditeur
Dans une Antiquité imaginaire, le vieux Tsongor, roi de Massaba, souverain d’un empire immense, s’apprête à marier sa fille. Mais au jour des fiançailles, un deuxième prétendant surgit. La guerre éclate : c’est Troie assiégée, c’est Thèbes livrée à la haine. Le monarque s’éteint; son plus jeune fils s’en va parcourir le continent pour édifier sept tombeaux à l’image de ce que fut le vénéré – et aussi le haïssable – roi Tsongor.
Roman des origines, récit épique et initiatique, le livre de Laurent Gaudé déploie dans une langue enivrante les étendards de la bravoure, la flamboyante beauté des héros, mais aussi l’insidieuse révélation, en eux, de la défaite. Car en chacun doit s’accomplir, de quelque manière, l’apprentissage de la honte.

Histoire de pouvoir, de guerre où l’on finit par ne plus savoir pour quoi ou pour qui on se bat, jusqu'à l'absurde, parce qu'une fois la guerre commencée, il faut un vainqueur. Parce que l’entêtement de l'un et de l'autre ne peut finalement mener qu’à la destruction de tous. Histoire de renoncement, de devoir, d'orgueil, d'amitié, de doutes et de souffrance, de la difficulté de vivre ses passions, de vaincre ses peurs.

Histoire d'amour…

Citation :

"Lorsqu’il eut fini, Kouame embrassa la main du mort, puis vint auprès des enfants, et à chacun d’entre eux, à voix basse, il présentât ses condoléances. Samilia attendait son tour. Elle gardait la tête baissée. Elle se répétait sans cesse qu’il ne fallait pas lever la tête, que cela serait indécent. Une excitation étrange s’emparait d’elle. Lorsque Kouame s’agenouilla devant elle, instinctivement, elle leva le visage et cette proximité la fit sursauter. Il était là. Devant elle. Il était beau. Les lèvres bien dessinées. Ce qu’il dit, elle ne l’entendit pas. Mais elle vit ses yeux qui la fixaient avec fièvre. Et elle compris à ce regard, elle comprit que Kouame la voulait encore. Même dans le deuil. Elle comprit qu’il était venu pour cela. Pour dire à tous que malgré cette mort, Samilia lui était promise et qu’il attendrait ce qu’il faudrait attendre pour pouvoir la faire sienne. Et elle en fut reconnaissante à cet homme. Un peu de vie était possible. Ce visage le lui disait. Au-delà de la douleur et du deuil, un peu de vie, malgré tout, s’offrait à elle. Tout pouvait ne pas être perdu. Elle ne pouvait détacher les yeux de cet homme qui lui disait que tout ne finissait pas aujourd’hui."

qui dure malgré tout…

Citation :

"Elle contemplait cette figure qui grimaçait devant elle, sans parvenir à reconnaître l’homme qu’elle avait vu autrefois. Le visage rond, large et confiant d’alors s’était creusé et ridé. C’était une face sèche et anguleuse qui semblait sous l’emprise de la fièvre. Seul le regard était le même. Ce même regard, oui, qu’elle avait croisé au pied de la dépouille de Tsongor. Ce regard qui la mettait à nu."

Mais jusqu'où ? Y a-t-il des limites ?

En tout cas, le bonheur n'est pas à sa portée

Citation :

"Il n’y a pas de choix possible. J’appartiens à deux hommes. Oui. Je suis aux deux. C’est mon châtiment. Il n’y a pas de bonheur pour moi. Je suis aux deux. Dans la fièvre et le déchirement. C’est cela. Je ne suis rien que cela. Une femme de guerre. Malgré moi. Qui ne fait naître que la haine et le combat ".

Une force dans l'écriture qui évoque la puissance des sentiments et les destins tragiques, on se laisse emporter bien volontiers. Ce livre se lit très vite parce qu'on n'a pas envie de le lâcher. Et comme l'a dit Marko, c'est digne d'une tragédie grecque et la plume de Gaudé est toujours aussi envoûtante.

Un excellent moment de lecture même si ce n'est pas mon préféré, son Soleil des Scorta reste largement en tête.

Littérature
Dans la nuit Mozambique de Laurent Gaudé :
La nuit africaine et autres ténèbres
Ecrivain à l’imaginaire épique et engagé,
Laurent Gaudé explore, de livre en livre,
la culpabilité européenne face à une Afrique
‘esclavagisée’, colonisée, puis abandonnée.

l’écrivain a souvent expliqué combien son imaginaire a été façonné par ses lectures des épopées antiques (l’Iliade et l’Odyssée), du théâtre grec (Sophocle et Eschyle), mais aussi par sa découverte des grands récits africains tels que La Geste de Ségou ou les Contes bleus. Cette obsession africaine chez ce jeune auteur s’explique aussi par sa conscience très aiguë des responsabilités de l’écrivain par rapport au passé et au présent.


l'article du walfadjri

Epi a écrit:

La mort du roi Tsongor
Un excellent moment de lecture même si ce n'est pas mon préféré, son Soleil des Scorta reste largement en tête.

N'oublie pas d'inclure Eldorado à ta LAL , tu ne regretteras pas

Encore un auteur consensuel. Je n'ai jamais été déçue depuis que je le lis. Chaque roman a sa thématique bien posée et on part en voyage jusqu'à la fin du livre. Un auteur à recommander à tous les Parfumés qui ne connaissent pas.

Eve Lyne a écrit:

Encore un auteur consensuel.

Désolée Eve Lyne. Personnellement je n'apprécie vraiment pas. Et du coup je ne le lis plus et n'en parle plus.

J'ai aimé tous les livres que j'ai lu de Gaudé et j'ai à chaque fois passé un très bon moment mais je pense que je vais m'arrêter là pour l'instant. La raison en est que je n'ai jamais retrouvé ce bonheur que m'a procuré Le soleil des Scorta et en ce sens, c'est un peu décevant.
Je le lirai encore très certainement et avec plaisir mais je ne suis pas vraiment très pressée. Il y a certains auteurs qui m'emballent et dont j'ai envie de lire tous les livres et ce n'est pas le cas avec Gaudé, il me plaît, mais à petites doses

Arabella a écrit:

Eve Lyne a écrit:

Encore un auteur consensuel.

Désolée Eve Lyne. Personnellement je n'apprécie vraiment pas. Et du coup je ne le lis plus et n'en parle plus.

Epi a écrit:

J'ai aimé tous les livres que j'ai lu de Gaudé et j'ai à chaque fois passé un très bon moment mais je pense que je vais m'arrêter là pour l'instant. La raison en est que je n'ai jamais retrouvé ce bonheur que m'a procuré Le soleil des Scorta et en ce sens, c'est un peu décevant.
Je le lirai encore très certainement et avec plaisir mais je ne suis pas vraiment très pressée. Il y a certains auteurs qui m'emballent et dont j'ai envie de lire tous les livres et ce n'est pas le cas avec Gaudé, il me plaît, mais à petites doses

Ce n'est pas grave du tout. On ne peut pas aimer toute l'oeuvre d'un auteur. Il est vrai que ses deux premiers romans étaient très différents des autres, plus aboutis certainement.

Personnellement je trouve toujours suspect un auteur à 100% consensuel, ça me donnerait plutôt envie d'aller voir ailleurs. Je pense qu'un auteur d'une certaine densité succite toujours un débat, voir une opposition de la part de certains.

Arabella a écrit:

Je pense qu'un auteur d'une certaine densité succite toujours un débat, voir une opposition de la part de certains.

Genre Musso ou Levy?...