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| Juan Rulfo [Mexique] | |
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Auteur | Message |
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coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Juan Rulfo [Mexique] Jeu 22 Fév 2007 - 22:00 | |
| - Citation :
- Juan Rulfo, de son nom complet Juan Nepomuceno Carlos Pérez Rulfo Vizcaíno (Sayula (Jalisco), 16 mai 1917 – Mexico, 8 janvier 1986), est un écrivain, scénariste et photographe mexicain
Bibliographie1953 Le llano en flammes, nouvelles, 1959 Pedro Páramo, 1980 Le coq d'or, "El llano en llamas" (Le llano en flammes) est un recueil de 8 nouvelles. Les protagonistes en sont des paysans et des villageois, dans le Mexique ravagé par les violences et la guerre civile. Un monde où l'on n'arrive plus à distinguer parfois les morts des vivants. Les bouleversements sociaux frappent aveuglément la population rurale métisse. C'est à ce moment là que son père, Cheno, qui avait des terres, a été assassiné, en 1923, pour une histoire de pâture refusée et d'orgueil blessé. Juan Rulfo a alors 6 ans. Juan Rulfo donne à entendre, dans "Le llano en flammes", la voix des muletiers, des bergers, des journaliers. Jamais il n'a pu retourner sur le lieu de l'assassinat mais son fils, Juan Carlos, a réalisé le film "El abuelo Cheno" (Le grand'père Cheno) où il a fait parler les derniers témoins de l'assassinat de son ailleul. J'ai mis un temps à entrer dans la première nouvelle que j'ai lue: "El hombre" (L'homme) parce que c'est un dépaysement total que d'aller avec le vengeur sur la trace du fuyard assassin...en ce temps...en ces lieux...dans cette langue (un espagnol abrupte)...Et puis la magie des mots opère et...finalement j'ai lu les huit nouvelles en une journée... Un univers sauvage et puissant. Des textes très forts. Un choc quoi.
Dernière édition par coline le Dim 31 Aoû 2008 - 22:50, édité 1 fois | |
| | | bertrand-môgendre Sage de la littérature
Messages : 1299 Inscription le : 03/02/2007 Age : 69 Localisation : ici et là
| Sujet: Re: Juan Rulfo [Mexique] Dim 11 Mar 2007 - 9:02 | |
| Le Llano en flammes de Juan Rulfo
Juan Rulfo écrit sur la vie des péones. Ces travailleurs agricoles bien qu’instigateurs actifs de la révolution, restent souvent déçus par la répartition des terres, soi-disant équitable. Il a suffit, pour mettre le feu aux poudres, d’un gouailleur plus fort en gueule que les autres, pour entraîner la masse populaire dans un combat sanglant, meurtrier (un million de morts pour quinze millions d’habitants). L’auteur se promène parmi ces gens tel un journaliste photographiant ça et là des scènes de la vie courante, s’inspirant d’histoires rarement bucoliques, mais plutôt dramatiques.
En France nous avons les paysans des Causses du Larzac, en Argentine les gauchos de Patagonie, au Mexique les péones du Llano. Juan Rulfo visite ses habitants usés par la révolution. Meurtris dans leur chair, trop contents de posséder ou de louer le lopin de terre attribué par le gouvernement, ils baissent la tête et aménagent leur tranquillité en travaillant la terre aride, les cailloux brûlants, la parcelle ingrate.
A travers ce recueil de nouvelles, l’auteur donne la parole aux gens simples, aux survivants résignés, teigneux avant d’être taiseux. Dans un environnement séchant, la désertification des campagnes accentue la froideur de ceux qui restent. Les valeurs essentielles des survivants, justice, vérité, équité, ne doivent pas être bafouées par un quelconque étranger sous peine de représailles immédiates, tragiques.
Aucune joie, aucun sourire, aucun bien être ne suintent de ses témoignages soigneusement répertoriés par Juan Rulfo. C'est l'auteur qui "enjolive" les mésaventures de ce peuple. Enjolivé n'est surement pas le terme approprié, car loin d'être bucoliques, les textes annoncent les drames, dénoncent les intrigues, renoncent aux rêves. Si défauts il existe dans l'élaboration de certaines nouvelles, chute trop "téléphonée" de l'une, redondance du style narratif pour l'autre, ou statisme récurant du récitant imbibé d'alcool dévoilant un lourd secret au lecteur investit trop souvent comme confident dans plusieurs, les victimes parfois transformées en héros restent avant tout des hommes simples et vrais.
Il suffirait de commencer certaines nouvelles par « il était une fois… » et Juan Rulfo, à la manière d’un conteur, construirait l’histoire pour transmettre de génération en génération la vie commune de ses péones devenant au fil du temps les héros de légendes immuables. | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Juan Rulfo [Mexique] Dim 11 Mar 2007 - 23:32 | |
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| | | bertrand-môgendre Sage de la littérature
Messages : 1299 Inscription le : 03/02/2007 Age : 69 Localisation : ici et là
| Sujet: Pedro Paramo de Juan Rulfo Lun 12 Mar 2007 - 12:27 | |
| Pedro Paramo de Juan Rulfo
Juan Préciado, le fils de Pedro Paramo, part à Comala rencontrer son père inconnu. Comala (le lieu sur les braises), est un petit village mexicain, situé sur les pentes du volcan de Fuego de Colima (toujours en activité). Pour le voyageur novice, c’est l’occasion de découvrir ses racines, dussent elles se nourrir de l’âme des fantômes. L’un après l’autre les personnages s’adressent à Juan Préciado. Mais ce ne sont que des ombres qui parlent de fantômes. Ainsi le vide des rues se comble de vies pleines d’intrigues et d’arrangement chuchotés. Les bruits fourmillent d’images fortes. Contre les pierres des maisons, l’échos des voix troubles, chuchotent les paroles éteintes. Les murs décrépis s’effritent sous le vent sec de ce désert, déplaçant les vagues silhouettes des habitants absents. Dogville de Lars von Trier, un film surprenant avec pour seul décor, les traces de l’emplacement des maisons peintes sur le sol, invitant l’imaginatif à se représenter les murs et les cloisons inexistants. Dans son roman, Juan Rulfo nous promènent dans ce village bien réel (voir la photo de l’auteur illustrant l’ouvrage), tout en faisant apparaître les personnages en pointillés, habillés d’ombre et d’incertitudes pesantes. Les personnages sont dessinés à la craie (souvent rouge), au coin d’une rue, au centre d’une maison, sur un lit ou assis à l’abri du soleil cuisant. Dérange t’il par un sursaut de souvenir, une pensée, qu’une image devient nette pour tracer son anecdote comme un sillon dans le sable et disparaître aussitôt poussée par le vent. La transparence des corps dissimule les secrets des âmes casanières.
Juan Rulfo, auteur mexicain, écrivit fort peu, écrivit fort. Ce roman « Pedro Paramo », tente de décrire l’indescriptible image que peut nous laisser la mort. Doit on y voir le désenchantement de l’auteur face à l’histoire révolutionnairement sanguinaire du Mexique ? Avant de lire, il faut se libérer des conventionnelles habitudes romanesques, (sécurisant notre logique), en découvrant ici, l’essence même du travail sur le souvenir impalpable des êtres vivant en nous. L’écrivain reste dévoué aux êtres en leur âme et conscience, sans cesse attentif aux conséquences post-mortem de leurs actes, bons ou mauvais, accomplis au cours de leur courte vie terrestre.
De cette tristesse s’en dégage la force et la puissance de ce roman murmuré, comme un cri étouffé par tant de retenue et d’accablement contenu. J’illustre en conclusion, un moment fort de ce roman par l’une de ses phrases clé « chaque soupir est un souffle de vie dont on se défait » | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Juan Rulfo [Mexique] Lun 12 Mar 2007 - 12:34 | |
| - bertrand-môgendre a écrit:
- J’illustre en conclusion, un moment fort de ce roman par l’une de ses phrases clé :
« chaque soupir est un souffle de vie dont on se défait » Toute la vie se trouve dans la littérature... | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Juan Rulfo [Mexique] Lun 15 Sep 2008 - 19:12 | |
| Pedro ParamoAvant que cet auteur n'est venu au portail, je ne le connaissais pas (je ne savais même pas qu'on avait un fil pour lui ) Après lu un peu les commentaires des deux livres sur ce fil, je me suis décidée de lire Pedro Paramo. Et puisque c'est Bertrand qui m'a convaincu - je lui laisse la parole - bertrand-môgendre a écrit:
- Pour le voyageur novice, c’est l’occasion de découvrir ses racines, dussent elles se nourrir de l’âme des fantômes. L’un après l’autre les personnages s’adressent à Juan Préciado. Mais ce ne sont que des ombres qui parlent de fantômes. Ainsi le vide des rues se comble de vies pleines d’intrigues et d’arrangement chuchotés. Les bruits fourmillent d’images fortes. Contre les pierres des maisons, l’échos des voix troubles, chuchotent les paroles éteintes.
Les murs décrépis s’effritent sous le vent sec de ce désert, déplaçant les vagues silhouettes des habitants absents. Moi j'ai ressenti ce roman surtout comme un chœur de chant.. à tour de rôle différentes personnes prennent la parole - et ce n'est pas toujours évident de définir qui est en train de parler. Mais le tout prend vie – bien qu’il n’y a pas de « vie » dans ce village – et même pour un lecteur comme moi qui n’aime pas trop le ‘fantastique’, cette lecture était faite pour m’enchanter. - bertrand-môgendre a écrit:
- Avant de lire, il faut se libérer des conventionnelles habitudes romanesques, (sécurisant notre logique), en découvrant ici, l’essence même du travail sur le souvenir impalpable des êtres vivant en nous.
L’écrivain reste dévoué aux êtres en leur âme et conscience, sans cesse attentif aux conséquences post-mortem de leurs actes, bons ou mauvais, accomplis au cours de leur courte vie terrestre. | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Juan Rulfo Lun 15 Sep 2008 - 19:49 | |
| Oui, Pedro Paramo, ce voyage au pays des morts est un des grands livres de l' Amérique Latine, poétique, envoutant et d'une construction extraordinaire. Tout à fait en marge du courant "baroque", ce qui l'a peut etre pénalisé par rapport à un romancier comme Garcia Marquez. Meme remarque pour Juan Carlos Onetti ou Felisberto Hernandez... | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Juan Rulfo [Mexique] Lun 15 Sep 2008 - 19:54 | |
| - bix229 a écrit:
- Tout à fait en marge du courant "baroque", ce qui l'a peut etre pénalisé
par rapport à un romancier comme Garcia Marquez.... oui.. certe.. mais le bonheur de lecture n'est pas moindre - bix229 a écrit:
- Meme remarque pour Juan Carlos Onetti ou Felisberto Hernandez...
cela se trouve que ces deux auteurs m'attendent encore dans ma PAL | |
| | | Steven Zen littéraire
Messages : 4499 Inscription le : 26/09/2007 Age : 52 Localisation : Saint-Sever (Landes)
| Sujet: Re: Juan Rulfo [Mexique] Lun 15 Sep 2008 - 21:36 | |
| J'ai fini Le Llano en flammes. J'ai apprécié la force des mots, le poids que met l'auteur dans chacune des histoires qu'il écrit, la détresse et le sentiment de révolte qui imprègnent ses écrits. J'ai quand même eu l'impression de lire plusieurs fois la même histoire, le même destin au travers de ces nouvelles qui charrient le sang, la mort et le malheur du peuple mexicain. Les mots utilisés sont précis et véhiculent des images très fortes. Je sais que Rulfo n'a écrit que très peu d'autres textes, je pense que le Llano en flammes est le bon recueil pour aborder l'oeuvre de Juan Rulfo. Il m'a fait penser - par la forme choisit, l'oralité - à certains textes de Kemal. ( Tu écraseras le serpent ou Le pilier). | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Juan Rulfo [Mexique] Mer 16 Déc 2009 - 13:17 | |
| Pedro Páramo y el Llano en llamas.
Pendant ma lecture de ce livre, tout au long des pages, j’ai été un peu irritée par cet auteur. Ce n’est qu’un dialogue de morts…. Et puis, je l’ai « digéré ». Je ne connais pas le Mexique, mais je suppose que cette proximité animique entre les vivants et les morts doit être profondément ancrée dans l’inconscient collectif. (hum…parler de ce qu’on ne connaît pas très bien est un exercice périlleux, mais grisant….) Je retrouve un peu (un tout petit peu) de ça dans la région d’Espagne où j’habite (Galice), où il y a aussi cette familiarité avec les âmes des défunts. J’ai apprécié aussi le côté métaphorique du lien entre Pedro Páramo, ce monstre, et cette femme séquestrée, moribonde : Susana San Juan. Enfin, en général, l’atmosphère, les paysages, la chaleur, la sécheresse. Tout cela est assez envoûtant. Le recueil de nouvelles El Lano en llamas, par contre, m’a beaucoup plu et tout de suite. Plus terre à terre, plus rationnel, plus vivant. Douleur, misère, contexte social plus compréhensible. |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Juan Rulfo [Mexique] Mer 16 Déc 2009 - 15:11 | |
| Pedro Paramo est un livre à la construction dérangeante, où l' imaginaire se mele au réel et les morts aux vivants. C' est ce qui en fait la difficulté mais aussi le prix, car c' est un grand livre. Et c' est pourquoi, il faut le relire. J' ai appris qu' il y avait une nouvelle traduction fraçaise, c' est ce que je vais esayer de faire. | |
| | | domreader Zen littéraire
Messages : 3409 Inscription le : 19/06/2007 Localisation : Ile de France
| Sujet: Re: Juan Rulfo [Mexique] Mer 30 Déc 2009 - 16:12 | |
| Pedro Paramo Juan Rulfo
Quel beau roman où se mêlent les voix des vivants et celles des morts. Le héro, enfant naturel, part à la recherche de son pèreà la mort de sa mère. Il arrive dans le village natal de sa mère et y fait les rencontres les plus étonnantes. L’histoire du village se révèle à lui à travers des personnages vivants ou morts qui lui racontent la vie de sa mère, celle de son brigand de père et toutes les anecdotes qui font la vie d’un village. C’est un grand roman, les narrateurs sont multiples ainsi que les temps de la narration, présent, passé lointain ou plus proche. Tout les récits s’enchaînent, s’emboitent ou s’entrecroisent pour former une trame qui nous porte avec une langue magnifique et très singulière. C’est court, c’est beau, c’est vraiment à découvrir.
PS: Et pourtant, d’habitude je n’aime guère les auteurs d’Amérique latine. | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Juan Rulfo [Mexique] Mer 30 Déc 2009 - 16:15 | |
| - domreader a écrit:
- PS: Et pourtant, d’habitude je n’aime guère les auteurs d’Amérique latine.
à peu près le même fait pour moi.. et j'ai aussi bien aimé | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Juan Rulfo [Mexique] Mer 30 Déc 2009 - 17:40 | |
| Domreader, Rulfo a toujours été en marge des modes et engouements. Un peu comme l' Uruguayen Juan Carlos Onetti et bien entendu Guimaraes Rosa... | |
| | | Sigismond Agilité postale
Messages : 875 Inscription le : 25/03/2013
| Sujet: Re: Juan Rulfo [Mexique] Mar 15 Oct 2013 - 15:33 | |
| Merci à Coline, Bertrand-Môgendre, Steven et Dom pour leurs commentaires de "Le Llano en flammes", dont le titre sonne mieux en castillan: "El Llano en llamas", allitération...
Bonne claque, bonne reculée que ce livre. Il a fallu que je repousse sine die toute autre tentative de lecture après, ce qui est, chez moi, un indice de livre vécu comme un chef-d'oeuvre.
C'est un recueil de dix-sept nouvelles, souvent courtes (et non huit comme Coline l'indique dans le message d'ouverture de ce fil).
Une langue proche de l'oralité, typique, "facile" allez-vous dire, mais, essayez - j'ai essayé - de faire du Rulfo-style, vous n'êtes pas au bout de vos peines.
La toile de fond est la révolte, la rébellion ou plutôt, pour employer le mot exact que les ultimes, vraiment tout derniers survivants appliquent encore à ces évènements, la révolution des Cristeros.
1925. Le Président du Mexique, Plutarco Elias Calles décide d'établir le contrôle absolu de la religion par l'Etat et la fermeture des églises. La plus grande partie de la population des Etats ruraux du centre du Mexique se soulève et initie une opposition armée, la guerre des Cristeros, d'après un surnom douteux donné par l'armée fédérale aux insurgés du sanctuaire de la Vierge Noire de Guadalupe, à Guadalupe. L'affrontement s'étendit jusqu'en 1929.
Il faut imaginer des campesinos et des peones pauvres, des miséreux, armés de bonne volonté et d'escopettes de réforme, contre l'armée fédérale, puissamment armée, commandée et organisée, et appuyée par l'aviation, des blindés et des canons, toutes armes en version dernier cri de la technologie d'alors.
Juan Rulfo est enfant, et écolier dans une institution Catholique. Son propre père a trépassé, assassiné en 1924 dans les troubles pré-révolutionnaires et son grand-père est mort pendu, après que ses deux pouces lui soient arrachés vifs.
Gamin, sa mère lui mettait la main sur les yeux afin qu'il ne puisse voir les Cristeros amenant au poteau leurs prisonniers pour l'exécution. Au reste, et même si le Llano en flammes décrit de l'intérieur, en insider en somme, bien davantage les Cristeros que les troupes fédérales, nous ne sommes pas sur un brûlot révolutionnaire. Le renvoi de la violence se fait dos à dos. La nouvelle éponyme au titre du recueil est, du reste, assez parlante à cet égard.
Il nous reste un recueil écrit "près de l'os" (NB: il faut rester près de l'os, disait Cioran).
Dépouillé, avec parfois une touche d'humour, on rit certes un peu jaune, un rire-cicatrice si vous voulez, mais il se peut que le rire prenne, rarement il est vrai, le dessus. Pour ceux qui souhaitent comparer la version d'origine avec la traduction, quelques-unes d'entre ces nouvelles en langue originale sont disponibles ici
Je continue ce message demain, en le centrant davantage sur l'ouvrage lui-même, avec adjoint, s'il n'y a pas d'objection, peut-être un petit laïus, un éclairage sur la vie et la carrière de Rulfo, écrivain à la trajectoire loin d'être banale, et qui ne paraît pas avoir fait l'objet de la traditionnelle présentation ? | |
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