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| Marie Hélène Lafon | |
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+12Heyoka Queenie darkanny animal églantine topocl mimi54 kenavo Aeriale bix229 Camille19 coline 16 participants | |
Auteur | Message |
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topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Marie Hélène Lafon Sam 9 Mar 2013 - 10:41 | |
| Les Pays J'en suis encore toute tourneboulée. C'est l'histoire d'une émigration réussie, le roman de nos campagnes qui se vident. À travers le personnage de Claire, Marie-Hélène Lafon nous raconte son parcours. Enfant née dans une ferme du Cantal, pensionnaire pendant 8 ans à Saint-Flour, étudiante en lettres classiques à la Sorbonne pour finir enseignante à Paris. Marie-Hélène Lafon nous présente Claire à travers trois vignettes, l'enfant de 8 ans qui accompagna son papa au salon de l'agriculture à Paris, la jeune étudiante brillante qui s’appropria peu à peu les codes parisiens, et marqua le jour de sa première réussite universitaire (qui signifiait aussi le début de son autonomie de son indépendance), par l’achat d’un pantalon rouge, La femme mûre devenue à sa façon une intellectuelle, qui reçoit chaque année la visite de son père, mi admiratif, mi effrayé par le destin de cette enfant qu’il mit au monde. Et tout au long de ce parcours, l'empreinte indéfectible laissée par cette enfance, l’éclat réconfortant des rencontres occasionnelles avec des « pays », cousins, amis, inconnus qui, tous, naquirent là-bas. Mais il n'y a pas que cela, cette histoire de racines et de départ, il y a sensibilité de Marie-Hélène Lafon, que l'on retrouve de livre en livre, son style qui témoigne de l'amour qu'elle porte à la langue, une langue qu'elle n'a pas trouvé dans son berceau, qu'elle a appris à aimer, à dompter, où elle choisit chaque mot. sa façon de dire les choses, de bouleverser sans avoir l'air d'y toucher. Comme ici, pour évoquer la naissance d’une amitié entre Claire et une autre étudiante : - Citation :
- Après le cours, elles avaient descendu ensemble la rue Soufflot vers la Seine, elles avaient eu à se dire, sans chercher(…) Le lendemain, c’était version latine et ancien français, on se retrouverait, on continuerait, ça commençait.
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| | | églantine Zen littéraire
Messages : 6498 Inscription le : 15/01/2013 Age : 59 Localisation : Peu importe
| Sujet: Re: Marie Hélène Lafon Sam 9 Mar 2013 - 11:38 | |
| - Aeriale a écrit:
- -Les pays-
J'ai eu du mal, une écriture serrée, distante (on peut dire austère même) qui ne laisse pas beaucoup de place au lecteur s'il n'en fait pas l'effort. J'avais déjà noté cela dans l'Annonce, mais au bout d'un moment j'étais bien rentrée dans le récit et en avais gardé une bonne impression. Ici, la construction, le rythme (des phrases longues, quelquefois emphatique) le peu de respiration ont eu raison de moi, j'ai fini par m' y ennuyer. Peut-être juste un manque de disponibilité, ou une overdose de lectures? Il faudrait que je le reprenne, avec plus de temps devant moi, car cette auteure a quelque chose de particulier, c'est vrai..
j'ai lu au mois de janvier" Les pays ", puis "L'annonce ": sur le moment mes ressentis furent ambivalents , partagés entre l'admiration et l'agacement .....cette volonté de maîtriser l'écriture ,en cherchant le mot juste ,dans un langage soutenu à l'extrême, semble desservir la volonté de l'auteur qui écrit sur des thèmes qui devraient réveiller la sensibilité du lecteur mais qui nous glace et laisse le lecteur à distance ! Je continuerai cependant à découvrir Marie-Hélène Lafon en espérant un jour trouver "la brèche" qui m'aidera à rentrer dans son monde ! En revanche,j'ai découvert "Geneviève Damas" qui a publié un premier roman "Si tu passes la rivière" : là encore on aborde le monde rural ........Au début j'ai été déstabilisée par le parti pris de l'auteure à utiliser le langage parlé du terroir, agacée aussi ( oui je ne suis pas du genre "placide" ) : très pénible au départ j'ai failli renoncer mais je me suis très rapidement adaptée à cette écriture et la richesse du sujet (des sujets : le poids des secrets de famille et ses conséquences , ça va très loin et la fin laisse une ouverture positive.....), traitée avec une sensibilité à fleurs de mots (et de maux !) a eu raison de mes à-prioris ! Je n'ai jamais ouvert un FIL et ne sait pas trop comment procéder mais je pense qu'il serait bien que je le fasse pour Geneviève Damas trop méconnue à mon goût ! Quant à Marie-hélène Lafon ,elle doit venir faire une conférence en Savoie et j'espère pouvoir la rencontrer à cette occasion .....Ma perception sera peut-être différente après | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Marie Hélène Lafon Sam 9 Mar 2013 - 13:03 | |
| - églantine a écrit:
- églantine a écrit:
- la volonté de l'auteur qui écrit sur des thèmes qui devraient réveiller la sensibilité du lecteur mais qui nous glace et laisse le lecteur à distance !
Pas du tout glacée, pour ma part. Plutôt happée, à ne pouvoir le lâcher. Une emprise rude et douce à la fois.
Quant à Marie-hélène Lafon ,elle doit venir faire une conférence en Savoie et j'espère pouvoir la rencontrer à cette occasion .....Ma perception sera peut-être différente après
Et bien, voilà une femme que je rencontrerais avec plaisir! | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Marie Hélène Lafon Dim 22 Déc 2013 - 16:18 | |
| Traversée
Peu importe votre pays d’origine, votre « pays premier, séminal et infusé que chacun porterait en soi ». Si vous le portez en vous, si vous y sentez encore vos racines (réellement, sensuellement), ce texte de Marie Hélène Lafon va vous parler.
Son « pays » à elle est le Cantal. Elle l’a quitté pour aller enseigner, puis écrire. Si magnifiquement ! « Le pays premier peut être une prison peut-être un royaume suffisant, une source vive, un trésor. Je ne sais pas bien où passe la frontière entre la chance et le risque, le partir et le rester, l’attachement et l’arrachement ».
On n’est pas dans l’écrit dit « de terroir ». La langue de Marie Hélène Lafon est poétique, dense mais simple et façonnée par le souvenir des paysages de l’enfance. Elle me touche. Et dans cette Traversée (magnifique !) plus encore que dans d’autres textes.
« Quand je commence d'être, je suis plantée au milieu de la vallée, au bord du mouillé de la fente, plantée debout comme un arbre, et je sais, je sens, ça s'impose, que tout ce vaste corps du pays souple et couturé, avec la rivière, les prés, les bois, et par-dessus le ciel tiré tendu comme un drap changeant, je sens que tout ça était là avant moi, avant nous, et continuera après moi, après nous. La vallée, quand on l'envisage depuis le sommet du puy Mary, est inéluctable et vaste, comme si elle avait toujours déjà été là... ».
Ce texte court est sensible, il évoque non seulement la prégnance du pays d’origine sur l’auteure, mais aussi le souvenir des gens, des bêtes, du paysage, des émotions que ce dernier procure. Il s’en dégage une impression d’infinie douceur, de temps et de pensée qui s’attardent, de silence qui parle.
« Rien ne m’appartient, et tout me parcourt de ce dérisoire trésor d’un pays que sont le nom et le goût et le grain des ruisseaux et des rivières, des gens et des maisons, des prés et des bois, des bêtes et des nourritures ».
35 pages de pur bonheur de lecture garanti. Aux Edition Creaphis ( Collection « Paysages écrits »)
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| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Marie Hélène Lafon Dim 12 Oct 2014 - 21:37 | |
| - topocl a écrit:
- Et bien, voilà une femme que je rencontrerais avec plaisir!
J'ai pu l'écouter et... Possible que ça ait porté sur ma lecture, mais tant mieux car elle aurait de toutes les façons été bonne. Les paysPresque une vie entre le Cantal et Paris ou plutôt transplantée à Paris. Une vie sans rocambolesque, dont les excès possibles sont mis de côté. Une vie attentive, besogneuse, mais qui ne manque pas d'un humour discret mais sûr et surtout qui ne manque ni de volonté ni de mémoire et d'interrogation. Pourtant les grandes questions sont elles aussi escamotées du récit. Il est bien possible que les pièces amenées au puzzle par Marie-Hélène Lafon se suffisent. Des pièces qui ne sont pas les nôtres, pas franchement les miennes en tout cas, mais reconnaissables. Et ce qui se reconnait ce n'est pas que le temps qui passe et les mouvements d'une vie, ce qui risquerait de se réduire à une mélancolie retenue par le passé. Quand elle amène ses pièces de puzzle, ça fait plutôt un effet inverse, tout revient, tout est revenu à maintenant, et même si c'est différent, c'est bien là quand même. Que ça se planque derrière un paysage, un fromage, une image ou dans les projections et les souvenirs sur ses aïeux et ceux des autres ou même le monde qui continue de bouger "partout". Surtout il y a cette écriture précise, heurtée serais-je tenter de dire, sans être brusque, ce qui lui donne sa pleine mesure. Elle n'est pas hachée, elle a ses silences mais surtout son temps propice. Elle ne perdra pas le lecteur. Il y a des choses fortes, simples mais fortes, et dans leur simplicité révélée, affirmée, et dans cette écriture attentive et volontaire. On n'a pas l'impression de se faire embobiné dans une histoire ou une démonstration, pas même un brut témoignage qui serait une manière d'influencer. Il y a une distance mais une évidence de ... on ne parle pas à son livre, reste la solidité et la franchise de ce qui est une manière d'échange. Au moins un reçoit et quelque chose dans les pièces reçues pour le puzzle dont l'image finale s'égare entre "comment suis-je ici ?" et tout ce qui va avec (familles, boulot, lectures, doutes) fait du bien. Donc gratitude. Et le plaisir de la lecture pour cette écriture pas assagie, pas étouffée, forcée dans le rang. Ça rassure aussi par la forme, c'est sérieux. Lecture (et découverte) forte que je ne risque pas d'oublier. | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Marie Hélène Lafon Lun 13 Oct 2014 - 9:09 | |
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| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Marie Hélène Lafon Lun 13 Oct 2014 - 15:29 | |
| Je vais faire remonter le livre que j' ai d' elle et ainsi elle fera partie des 500 livres urgents à lire. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Marie Hélène Lafon Lun 13 Oct 2014 - 22:24 | |
| Extrait, on peut penser à un clin d’œil pour les gourmands et les affamés, aux amateurs de petites vérités aussi. J'aime bien tout ça mais dans cette rencontre aux airs de grand écart géographique passant par un carrefour, j'aime par dessus tout la finesse et l'élégance de cette rencontre assez animale, en pas à pas. C'est bô ! - Citation :
- Lucie la choisirait, elle, Claire ; entre tous et toutes, dans l’amphithéâtre, à l'heure de la pause, en cours de thème latin deuxième année, un lundi de fin novembre. Lucie viendrait s'asseoir à son côté, serviette de cuir en main ; cuir roux, souple, élimé, la serviette du père, des humanités du père, accomplies quarante ans plus tôt en d'autres lieux non moins augustes. Lucie avait surgi aux côtés de Claire, extirpant de la serviette increvable un sandwich au camembert emballé dans un fin torchon blanc repassé de frais. Elle avait souri, avait dit trois mots ; Claire avait souri aussi, avait pu sourire dans le charivari de ses dents, et commenter le sandwich, ses proportions, son fumet ; elle avait sorti son cake à croûte brune, trois tranches épaisses, piquetées de raisins noirs macérés dans du rhum, enveloppés dans du papier d'aluminium qui avait servi plusieurs fois. Lucie avait expliqué qu'elle avait remarqué ce cake, l'avait humé déjà, un autre lundi, avait pensé que cette nourriture ne venait pas de Paris, comme son camembert déniché pour elle par son père chez un fermier, elle ne disait pas notre fermier, ou l'un de nos fermiers, près de Coutances, en Normandie, où vivait sa famille. Le cake luisait, lesté de beurre, violemment jaune. Lucie avait goûté, mangé une tranche, partagé son camembert gras, demandé qui avait fait le cake et où. Elle ne savait pas où était le Cantal mais le mot Auvergne avait tout éclairé.
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| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Marie Hélène Lafon Mer 15 Oct 2014 - 13:49 | |
| -Joseph-Marie Hélène Lafon continue sa prospection de ce monde rural qu'elle connait bien, ici l'histoire de Joseph un ouvrier agricole entièrement voué à son travail Un homme résigné et solitaire qui approche de la retraite et économise pour ses obsèques. Comme tout un chacun, il a connu une histoire d'amour dont il est sorti exsangue. Son quotidien se borne à observer celui des autres, car lui n'a pas de vie réelle. Un parcours marqué par la figure imposante du père et quinze années d'alcoolisme. Pas des plus joyeux, mais il assume bravement et s'accroche à cet univers en voie d'extinction, incapable d'en sortir, à l'inverse du frère qui "a réussi en ville"et a investi dans un bar-tabac. C'est un portrait sans concessions, mais aussi sans amertume. L'écriture est directe, précise et dénuée de sentimentalisme. Très austère tout comme ce qu'elle y décrit. On sent bien que l'auteure a été imprégnée par cette culture de la terre. Mais j'avoue que ces 140 pages m'ont suffi, et que ce troisième récit clôturera pour moi cette étude que j'ai tout de même trouvée plombante assez rapidement. J'espère que le prochain sera plus "enlevé" car là, je sature un peu... (Désolée d'être à contre courant car je vois que vous êtes fans de l'auteure) | |
| | | églantine Zen littéraire
Messages : 6498 Inscription le : 15/01/2013 Age : 59 Localisation : Peu importe
| Sujet: Re: Marie Hélène Lafon Mer 15 Oct 2014 - 18:13 | |
| - Aeriale a écrit:
C'est un portrait sans concessions, mais aussi sans amertume. L'écriture est directe, précise et dénuée de sentimentalisme. Très austère tout comme ce qu'elle y décrit. On sent bien que l'auteure a été imprégnée par cette culture de la terre. Mais j'avoue que ces 140 pages m'ont suffi, et que ce troisième récit clôturera pour moi cette étude que j'ai tout de même trouvée plombante assez rapidement. J'espère que le prochain sera plus "enlevé" car là, je sature un peu...
(Désolée d'être à contre courant car je vois que vous êtes fans de l'auteure) Oui ton commentaire ne m'étonne guère : voilà une auteure que j'aurais eu du mal à te conseiller , ça semble te correspondre si peu ....même si on peut aimer tout et son contraire : là c'est vraiment très très austère . Pour ma part elle me plombe aussi avec sa sécheresse d'écriture dans cette volonté d'enlever toute fioriture et fantaisie de langage , bien à l'image de ces gens de terroirs : précis , économe , sans affect apparent .....Dans la vie , on a le temps pour appréhender de telles personnalités pour rencontrer les trésors cachés et apprivoiser ces "taiseux" , dans les livres de Marie Hélène Lafon c'est plus compliqué ...... | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Marie Hélène Lafon Jeu 16 Oct 2014 - 11:49 | |
| - églantine a écrit:
- Oui ton commentaire ne m'étonne guère : voilà une auteure que j'aurais eu du mal à te conseiller , ça semble te correspondre si peu ....même si on peut aimer tout et son contraire : là c'est vraiment très très austère .
Pour ma part elle me plombe aussi avec sa sécheresse d'écriture dans cette volonté d'enlever toute fioriture et fantaisie de langage , bien à l'image de ces gens de terroirs : précis , économe , sans affect apparent .....Dans la vie , on a le temps pour appréhender de telles personnalités pour rencontrer les trésors cachés et apprivoiser ces "taiseux" , dans les livres de Marie Hélène Lafon c'est plus compliqué ...... Oui, c'est vraiment sans affect aucun. Parfois ça peut me toucher bien sûr, mais là je dirais que c'est vraiment aride, aucune faille. Disons que je ne suis pas sensible à cette écriture, mais l'écouter parler ne m'ébranle pas plus. Une drôle de personnalité, cette Marie Hélène Lafon... . | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Marie Hélène Lafon Mar 4 Nov 2014 - 20:04 | |
| L'annonce
Pas si facile à résumer. Annette et Eric débarquent aux Fridières dans le Cantal. Annette et Paul se sont rencontrés deux fois à Nevers. Paul a une ferme, il avait passé une annonce. Annette vient du Nord. Paul vit avec sa sœur Nicole et ses deux vieux oncles, plus la chienne Lola.
Paul c'est un bon gars bosseur, qui sent un avenir incertain mais s'est décidé à "faire maison" malgré le vide régional et les usages et sa vie chiche et plutôt rude. Annette laisse derrière elle de très mauvaises années avec le père alcoolique et violent de son gamin.
C'est une sorte de récit de cette transplantation ou de cette greffe, mais c'est un peu plus si on n'oublie pas Paul parce que c'est lui aussi dans cette volonté commune même si peu bavarde. C'est aussi beaucoup plus, enfin beaucoup plus, si le beaucoup plus permet, allez savoir comment de dire justement juste ça. C'est terriblement moderne et actuel sans être psychologique au sens où on le craint quand on ouvre un livre tout frais de maintenant. Ce n'est pas plein d'états d'âmes sublimés ou brandis par delà les frontières floues de la pudeur. Ce n'est pas non plus dur gratuitement ou racoleur, ça ne cherche pas l'apitoiement.
Non, ce livre, celui là aussi à quelque chose de doux, et de résolu. Résolu aussi dans le sens et dans la forme. C'est à mes yeux aussi un livre, un auteur, qui en dit énormément sur notre aujourd'hui de chez nous hexagonal, rien de planqué sous le tapis pour maquiller le décor. Gens composites dans un pays composite avec des histoires, gens qui galèrent, agissent, pensent, sentent, ressentent.
Il y a beaucoup d'action(s) dans ce livre dans lequel il devrait se passer si peu de choses, des actions simples rendues à leur sensitive complexité, par là aussi nous ne sommes pas dans l'anecdote, nous sommes embrassés aussi dans l'ensemble, c'est humain. Il y a une part d'humanité rendue à une primordiale simplicité et à de vrais gens, avec des silences, des habitudes, des gestes.
Et ce que j'ai trouvé, encore, à cette deuxième lecture, me rassure encore. Lire ce geste littéraire, qui n'a pas forcément l'air de grand chose, mais qui fait du bien, parce qu'il a un sens. Et que d'une manière on apprend.
Evidemment il faudrait aussi parler du pays, de la terre, de ce que ça implique, c'est un partie de ce qui est caché dans les histoires.
Ce n'est pas que beau. | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Marie Hélène Lafon Mer 5 Nov 2014 - 8:36 | |
| Merci, animal, envie de le relire ! | |
| | | darkanny Zen littéraire
Messages : 7078 Inscription le : 02/09/2009 Localisation : Besançon
| Sujet: Re: Marie Hélène Lafon Mar 11 Nov 2014 - 11:04 | |
| Les pays
J'ai bien aimé cette histoire qui en dit ni trop ni trop peu. Et ça m'a touchée alors que l'auteur ne fait pas dans la dithyrambie, c'est le moins que l'on puisse dire. Comme quoi avec des phrases bien amenées, un ton ni larmoyant ni sec, des chapitres sans en avoir l'air, l'austérité n'est qu'apparente, on sent derrière tout cela une profondeur de sentiments et une émotion sous jascente. L'image du père de Claire au Louvre dans la toute dernière page est particulièrement forte.
Auteur à suivre en tous cas.
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| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Marie Hélène Lafon Mer 12 Nov 2014 - 21:20 | |
| Mini extrait de L'annonce avec un presque motif qui revient à plusieurs reprises : - Citation :
- Les bruits de la nuit étaient une aventure. Elle ne les avaient ni supposés ni redoutés, n'ayant vécu auparavant que dans des espaces confinés et chiches, avec son père et sa mère d'abord, dans la maison étroite collée à la rue et à d'autres maisons, avec Didier ensuite, ou Eric, dans divers appartements sans mystère. Les bruits de la nuit n'appartenaient pas aux vivants. Ils avaient partie liée avec d'autres forces qui, à Fridières plus que partout ailleurs, se cachaient derrière l'apparence des choses. La lumière du jour, fût-elle en hiver avare et sans aménité, tenait à distance ce qui, aux premières poussées de nuit, se déployait pour tout prendre.
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| | | | Marie Hélène Lafon | |
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