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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Messages : 6473 Inscription le : 04/08/2013 Age : 56 Localisation : Entre Paris et Utrecht
Sujet: Re: Ôé Kenzaburô Lun 5 Jan 2015 - 9:34
eXPie a écrit:
Définition du roman sur le site de Larousse : http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/roman/88882 "Œuvre d'imagination constituée par un récit en prose d'une certaine longueur [...]"
On est bien avancé.
"Je vous avoue qu'encore aujourd'hui il m'arrive de me réveiller en pleine nuit et, en repensant à mon passé, de ne plus pouvoir faire la différence entre ce que j'ai écrit dans un roman et la réalité." (Oé Kenzaburô, l'Ecrivain par lui-même, entretiens avec Ozaki Mariko, Editions Philippe Picquier, page 260).
C'est un peu ce que j'ai ressenti. c'est à mi-chemin. Surement un peu romancé, avec des aspects autobiographiques. Et si Ôé le dit lui-même....
Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
Sujet: Re: Ôé Kenzaburô Lun 5 Jan 2015 - 19:14
merci Expie !
je vais tenter donc cet auteur.
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Ôé Kenzaburô Lun 12 Jan 2015 - 23:08
Couverture : Ferdinand Hodler, Adoration III (détail). Kunsthaus Zürich. A droite, l'oeuvre entière.
Une Existence tranquille (Shizukana seikatsu, 静かな生活, 1990). Récit traduit du japonais par Anne Bayard Sakai. 289 pages. Folio.
Citation :
"Cela se passe l'année où mon père fut invité comme writer in residence par une université californienne et où, pour diverses raisons, ma mère choisit de l'accompagner." (page 9).
La narratrice, étudiante en littérature française, s'appelle Mâ. Elle est la fille d'un célèbre écrivain, K. Elle a un grand frère, Eoyore, qui est anormal, et un petit frère, Ô. La famille est le double de la famille de Oé Kenzaburô.
Le père étant parti aux Etats-Unis, et la mère l'ayant accompagné (car K traverse une crise moralo-spirituelle profonde), c'est Mâ qui doit s'occuper de quasiment tout, son petit frère Ô étant concentré sur la préparation d'un concours. En plus des cours auxquels elle doit assister, elle doit s'occuper de la cuisine et du ménage, sans compter qu'il faut accompagner Eoyore à l'atelier des services sociaux où il travaille, ainsi que chez un ami du père qui lui donne des cours de composition... et guetter les signes qui indiquent une crise imminente (de nature épileptique). Lorsqu'il est à la maison, Eoyore écoute la radio, surtout de la musique classique, et il compose. Bref, il est la version romanesque d'Hikari, le fils de l'écrivain.
Ecoutons quelques musiques d'Hikari Oé. A gauche : Adagio en ré mineur pour flûte et piano ; "Grief" (chagrin) no 3 pour piano ; nocturne n° 2 pour flûte et piano. A droite : une autre musique, indiquée comme étant "ふたたび 夜のカプリーズ"
Le portrait du père, le fameux écrivain, se dessine par les yeux de Mâ. Il se doit de "prouver à tous sa dignité de chef de famille." (page 48). Plus loin, Mâ dit que "parler avec mon père, je dois l'avouer, me rebute" (page 182). Pas très glorieux. Tout cet auto-dénigrement rappelle un peu certains livres de Shusaku Endo.
En quoi consiste exactement la crise que traverse le père ? Voici ce qu'en dit l'ami qui donne des cours de composition à Eoyore :
Citation :
"Le motif immédiat de la « crise » c'est, semble-t-il, que le roman sur lequel il travaille ne marche pas bien. Le problème qu'il a placé ces derniers temps au cours de ses interrogations l'aurait donc entraîné dans des chemins bien périlleux. Quand il parvient à trouver à un problème de ce genre un traitement romanesque même provisoire, ça lui permet d'y faire face avec une certaine distance. K est un romancier qui a ainsi bâti son existence au fur et à mesure. Il s'en tient à cette manière d'être et de vivre en romancier, au point que j'en suis parfois déçu, moi qui, une fois lesté d'une question embarrassante, n'ai d'autre solution que de m'y heurter encore et toujours, indéfiniment. « Mais si on prend les choses dans l'autre sens, quand un roman ne marche pas, ça signifie pour K que toute une période de sa vie, pendant laquelle il l'a conçu, écrit, réécrit, s'est soldée par un échec global, que cet échec est peut-être définitif, et que c'est alors la fin du parcours. " (pages 66-67)
Mais cela n'est pas tout : la religion est un sujet qui le travaille. "Depuis, n'a-t-il pas toujours craint d'être un jour obligé de tout abandonner pour s'occuper de son âme ?" (page 96).
En l'absence de ses parents, Mâ tient le "journal au titre de la maison" : elle y consigne les petits faits quotidiens. Elle écrit aussi des lettres à ses parents, et en reçoit. Exceptionnellement, elle téléphone ou reçoit un appel (ça coûte cher).
Chaque chapitre (il y en a six) forme presque une histoire à part. Dans le premier chapitre, le danger est là. Un inconnu dépose une bouteille d'eau. Qui est-il ? Que veut-il ?
Photo du film de Itami Jûzô, Une existence tranquille, 1995. Mâ découvre une nouvelle bouteille qu'un inconnu a déposée avant de s'enfuir...
Et voilà qu'un satyre est signalé dans le voisinage, et qu'une agression sexuelle a lieu...
Dans cette histoire, quelle est la part de réalité ? Quelle est celle de fiction ? (précisons que Mâ avait l'âge de la fille d'Oé dans la vraie vie). Ecoutons Oé Kenzaburô : "Alors que mon fils aîné suivait des cours dans une école spécialisée nous est parvenue une rumeur selon laquelle une jeune fille du voisinage avait été violée, et nous en avons été ébranlés. Sans preuve particulière, j'ai été saisi par la peur que le jeune garçon innocent que je connaissais comme mon fils pourrait avoir un autre visage et être capable d'attaquer une jeune fille. Si une telle chose arrivait, notre famille se trouverait en rupture totale avec la société. Cela m'a amené à réfléchir à la fragilité de la relation entre la société et l'individu, et aux risque encourus par notre famille." (Oé Kenzaburô, l'Ecrivain par lui-même, Entretiens avec Ozaki Mariko, page 175).
Tout ce petit monde est bien sympathique. Les conversations, (notamment celles avec l'ami du père), sont très intéressantes. Par exemple, ce qu'ils disent de Stalker, le film de Tarkovski, dans le troisième chapitre. Mais le livre paraît à charge contre le père. Ce point de vue (celui de la fille de l'écrivain) est très étrange. "Même si le narrateur est une femme, il n'en reste pas moins que c'est moi qui raconte, et c'est uniquement pour les besoins de ce roman que j'ai choisi de faire parler une femme. J'ai imaginé une narratrice qui serait suffisamment crédible sur le plan du réalisme." (Oé Kenzaburô, l'Ecrivain par lui-même, page 162). Et qu'en est-il de K, l'écrivain dans le roman ?
"Dans mes romans j'inclus un personnage qui me ressemble. Ce personnage diverge de moi qui écris le roman dans la réalité ; il est différent de ce que je suis dans la vie, mais je l'installe dans un décor proche de ma vie réelle et je le construis jusqu'à ce qu'il ait pris clairement forme." (Oé Kenzaburô, l'Ecrivain par lui-même, page 261). Il lui ressemble quand même énormément, jusque dans son attirance pour Blake, l'histoire des merveilles de la forêt, etc.
Que signifie ce roman ? Voici ce qu'en dit Ozaki Mariko : "Comme l'annonce le titre d'Une Existence tranquille, il s'agit effectivement de la vie paisible de la sérieuse Mâ et de son jeune frère O dans l'arrondissement de Setagaya à Tokyo, mais cette stabilité est le résultat d'une incessante sagesse et attention, qui n'est jamais coupée des réalités sociales. On sent bien comment la société japonaise fait pression sur cette famille et crée une tension et une inquiétude quotidiennes. La tension et l'inquiétude que supporte cette famille sont aussi celle que connaissent les citoyens d'aujourd'hui, soudain entraînés dans un drame : la menace nucléaire qui semble hélas ne jamais devoir disparaître... Les cinq membres qui constituent la famille de votre roman ont quelque chose d'une sainte-famille mais en même temps c'est le modèle du foyer citadin de la fin du XX° siècle dont le lecteur sent bien qu'il est toujours possible qu'il soit mis à l'épreuve par la société contemporaine." (pages 174-175)
Un très bon livre, un peu perturbant : tout du long, on se demande où est la frontière entre réalité et fiction... mais cela a-t-il vraiment de l'importance, au fond ? "Je vous avoue qu'encore aujourd'hui il m'arrive de me réveiller en pleine nuit et, en repensant à mon passé, de ne plus pouvoir faire la différence entre ce que j'ai écrit dans un roman et la réalité." (Oé Kenzaburô, l'Ecrivain par lui-même, page 260). Par contre, l'adaptation qu'en a faite Itami Jûzô (pourtant réalisateur de bons films, comme Tampopo, ou encore L'Inspectrice des Impôts...) en 1995 est malheureusement un ratage quasi complet.
Les acteurs en font des tonnes, rien n'est subtil, et ce qui est censé être drôle est grotesque. Il y a quelques différences avec le roman (par exemple le père va en Australie, et pas aux Etats-Unis, peut-être que les vues de l'opéra de Sydney coûtaient moins cher) ; les discussions sur Stalker, Céline, etc. passent évidemment à la trappe, mais les faits principaux sont là. N'empêche que c'est raté, que rien ne fonctionne.
"Bientôt, on commença à « améliorer » ses films pour en faire une sorte de formule, une production « Itami ». Parmi les échecs (à la fois commerciaux et artistiques) qui en découlèrent, on compte Une existence tranquille (Shizukana seikatsu, 1995), inspiré de la vie et l'oeuvre du beau-frère du réalisateur, l'écrivain Kenzaburo Oé" (Donald Richie, Le Cinéma Japonais, Editions du Rocher, page 281)
Hikari Oé est l'auteur de la musique (il a été nominé aux Awards of the Japanese Academy !). Bande-annonce :
Dernière édition par eXPie le Sam 17 Jan 2015 - 22:21, édité 1 fois
pia Zen littéraire
Messages : 6473 Inscription le : 04/08/2013 Age : 56 Localisation : Entre Paris et Utrecht
Sujet: Re: Ôé Kenzaburô Ven 16 Jan 2015 - 21:26
J’ai écouté. C’est son fils donc. J’avais beaucoup aimé que la famille motive ce fils à explorer ces facultés Artistiques. A les prendre au sérieux comme allant de soi, faisant parti de ses spécificités. J’ai aimé ce refus de la stigmatisation et cette fusion qui se fait dans la famille. Il y a une unité, quoi que Ôé pense de lui-même. Malgré les limites de la réalité et de la fiction qui se confondent, cette dimension a bien dû exister tout de même.
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Ôé Kenzaburô Ven 16 Jan 2015 - 22:21
pia a écrit:
J’ai écouté. C’est son fils donc. J’avais beaucoup aimé que la famille motive ce fils à explorer ces facultés Artistiques. A les prendre au sérieux comme allant de soi, faisant parti de ses spécificités. J’ai aimé ce refus de la stigmatisation et cette fusion qui se fait dans la famille. Il y a une unité, quoi que Ôé pense de lui-même. Malgré les limites de la réalité et de la fiction qui se confondent, cette dimension a bien dû exister tout de même.
C'est sûr qu'il semble y avoir une réelle "fusion", comme tu dis. "Encore aujourd'hui Hikari se réveille toutes les nuits après minuit pour aller aux toilettes. L'été, ce n'est pas un problème mais en hiver, comme il ne sait pas bien se couvrir, il attrape souvent froid. Comme il est faible des bronches, c'est dangereux pour lui. C''est pourquoi [...] je reste travailler jusque tard dans la nuit dans la salle à manger proche de sa chambre, et quand il se lève, je le raccompagne jusqu'à son lit pour le couvrir. Depuis plus de quarante ans, ajuster sa couverture sur mon fils est la dernière tâche de ma journée." (Oé Kenzaburô, L'Ecrivain par lui-même, page 93)
Un peu plus haut sur le fil, j'avais posté un petit doc sur Hikari, qui rejoint le livre (on voit l'atelier pour handicapés ; à un moment, il a une crise...) :
eXPie a écrit:
Documentaire de 7'30 sur Hikari Oé, le fils de Kenzaburô :
pia Zen littéraire
Messages : 6473 Inscription le : 04/08/2013 Age : 56 Localisation : Entre Paris et Utrecht
Sujet: Re: Ôé Kenzaburô Sam 17 Jan 2015 - 13:14
Il est transfiguré quand il commence à écrire de la musique et on retrouve sa façon si particulière d’écrire les notes. Dans son livre ôé en faisait une description mais je ne la retrouve pas. J’imagine que ce n’est pas seulement ôé qui a aidé à ce que son fils puisse trouver une place dans la vie, il y a donc une certaine unité de la famille autour de Hikari. Et ses professeurs sont aussi à saluer aussi. Mais je suis touchée que ôé, dans ce bouquin, se fustige autant. Et quand j’y pense, il donne le beau rôle à sa fille. J’imagine qu’il doit y avoir un fond de vérité, il doit avoir besoin de prendre de la distance pour pouvoir écrire, mais dans les extraits que tu as mis, je trouve qu’on peut se dire que c’est un sacré bon père. Peut-être que d’écrire à propos d’eux est aussi une façon (très artistique ) de leur prouver son amour. Je suis impressionnée par ce qu’Hikari a réussi à composer et jusqu’où il a réussi à aller.
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Ôé Kenzaburô Sam 17 Jan 2015 - 22:25
pia a écrit:
J’imagine qu’il doit y avoir un fond de vérité, il doit avoir besoin de prendre de la distance pour pouvoir écrire
Oui, il disait, dans le livre d'entretiens, qu'il a tendance à garder de la distance avec les gens, même avec les amis (et même selon les critères japonais - j'ai cru comprendre que les Japonais ne s'invitent que très rarement les uns les autres chez eux... peut-être parce que leur chez eux est étroit ? et peut-être aussi que les restaurants coûtant nettement moins cher au Japon qu'en France, par exemple, c'est aussi simple de manger au restaurant).
pia Zen littéraire
Messages : 6473 Inscription le : 04/08/2013 Age : 56 Localisation : Entre Paris et Utrecht
Sujet: Re: Ôé Kenzaburô Mar 20 Jan 2015 - 19:05
eXPie a écrit:
peut-être parce que leur chez eux est étroit ?
ça peut freiner, c'est sûr.
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Ôé Kenzaburô Jeu 4 Juin 2015 - 20:18
On peut écouter Kenzaburo Oé dans l'émission La Grande Table de France Culture sur : http://www.franceculture.fr/emission-la-grande-table-1ere-partie-kenzaburo-oe-2015-05-29 Durée : 35 minutes.
pia Zen littéraire
Messages : 6473 Inscription le : 04/08/2013 Age : 56 Localisation : Entre Paris et Utrecht
Sujet: Re: Ôé Kenzaburô Jeu 4 Juin 2015 - 21:10
Super, J'écouterai.
ArturoBandini Sage de la littérature
Messages : 2748 Inscription le : 05/03/2015 Age : 38 Localisation : Aix-en-Provence
Sujet: Re: Ôé Kenzaburô Mer 22 Juil 2015 - 20:50
Arabella a écrit:
Gibier d'élevage
Pendant la seconde guerre un aviateur américain tombe entre les mains d'un village japonais, qui doit le garder le temps que les autorités militaires, fort occupées, prennent la relève. Or l'homme est noir, le premier que voient les villageois. Le récit est fait par un enfant, qui donne sa vision d'enfant de ces événements.
Récit cruel, sur l'altérité, sur le regard porté sur l'autre, la violence qui couve. D'autant plus fort que raconté par un enfant qui dit les choses telles qu'il le vit dans l'instant, sans censure, sans forcément tout comprendre, et donc très descriptif. La violence de la guerre qui s'exerce sur tous et qui lui paraît évidente car il ne se souvient pas tellement d'autre chose. Le comportement qui peut changer en un seul instant sans véritable raison. Les rapports de force, les hiérarchies sociales. Et tout cela sans l'air de rien, et surtout sans faire de morale.
C'est époustouflant, et déprimant à la fois.
Un court récit très bien écrit, avec une plume riche dans la description. Pas tendre avec la vision que se faisaient/font des Japonais sur les Noirs, les êtres très différents physiquement d'eux. Sans faire de morale? Mais n'y a-t-il pas une morale sous-jacente derrière tout ceci? Reprochant l'isolationnisme japonais?
En tout cas, j'ai envie de lire d'autres livres de cet auteur, une belle écriture.
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Ôé Kenzaburô Mer 22 Juil 2015 - 22:22
ArturoBandini a écrit:
Un court récit très bien écrit, avec une plume riche dans la description. Pas tendre avec la vision que se faisaient/font des Japonais sur les Noirs, les êtres très différents physiquement d'eux. Sans faire de morale? Mais n'y a-t-il pas une morale sous-jacente derrière tout ceci? Reprochant l'isolationnisme japonais?
En tout cas, j'ai envie de lire d'autres livres de cet auteur, une belle écriture.
Le message, plus que la morale, ne porterait-il pas sur quelque chose de différent ? Je veux dire que les Noirs au Japon, ça ne me semble pas un vrai sujet (on notera que, à un moment dans l'après-guerre, les Noirs ont été considérés comme très "cools", un modèle pour la jeunesse, qui pour un certain nombre se sont fait foncer la peau - allant ainsi à rebours des goûts habituels japonais qui se portent vers une peau claire). Par contre, la façon dont les enfants traitent cet homme, la façon dont ils tentent de le déshumaniser, ça ferait sans doute plutôt référence au comportement des Japonais vis-à-vis d'autres peuples... Et puis sans doute met-il en évidence le fond de sauvagerie qu'il y a en l'Homme en général, quelque chose comme ça... Les thèmes de la forêt et de l'enfermement, on les retrouve dans plusieurs textes de l'auteur.
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Ôé Kenzaburô Mer 22 Juil 2015 - 22:46
il y a quand même par exemple des films "populaires" des années 60 ou 70 qui les utilisent volontiers dans le registre pas cool, par exemple en GI violeur (quand il n'y a pas un type genre Sonny Chiba pour taper dessus).
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Ôé Kenzaburô Jeu 23 Juil 2015 - 7:13
animal a écrit:
il y a quand même par exemple des films "populaires" des années 60 ou 70 qui les utilisent volontiers dans le registre pas cool, par exemple en GI violeur (quand il n'y a pas un type genre Sonny Chiba pour taper dessus).
Ah oui, mais là on s'éloigne de l'immédiate après-guerre. Et puis, je peux me tromper complètement, mais il y a peut-être un lien avec la reconduction du traité de sécurité nippo-américain (voir http://www.universalis.fr/encyclopedie/traite-de-securite-nippo-americain/ qui donne pour dates 1960 et 1968 ) contre laquelle il y a eu des manifestations violentes...
ArturoBandini Sage de la littérature
Messages : 2748 Inscription le : 05/03/2015 Age : 38 Localisation : Aix-en-Provence
Sujet: Re: Ôé Kenzaburô Jeu 23 Juil 2015 - 8:12
eXPie a écrit:
Le message, plus que la morale, ne porterait-il pas sur quelque chose de différent ? Je veux dire que les Noirs au Japon, ça ne me semble pas un vrai sujet (on notera que, à un moment dans l'après-guerre, les Noirs ont été considérés comme très "cools", un modèle pour la jeunesse, qui pour un certain nombre se sont fait foncer la peau - allant ainsi à rebours des goûts habituels japonais qui se portent vers une peau claire). Par contre, la façon dont les enfants traitent cet homme, la façon dont ils tentent de le déshumaniser, ça ferait sans doute plutôt référence au comportement des Japonais vis-à-vis d'autres peuples... Et puis sans doute met-il en évidence le fond de sauvagerie qu'il y a en l'Homme en général, quelque chose comme ça... Les thèmes de la forêt et de l'enfermement, on les retrouve dans plusieurs textes de l'auteur.
Oui, je ne réduisais pas mon propos aux Noirs, mais bien à l'altérité, qui au vu du passé isolationniste de l'archipel a laissé des traces.